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Records de France de freefly

3 records en 3 jours : 2x39, 51 et 54

Photo Ewan Cowie Photography

Le record de France de grande formation "tête en bas" a été porté à 54 parachutistes le 24 août 2023 à Nancy-Azelot. Cela faisait 8 ans que le record à battre était une formation à 48, établi à Avignon-Pujaut en 2014.

Par Domitille Kiger, Bertrand Demont, Rémi Figueredo et Marjorie Ricbourg

Après des années de travail et d’entraînement, les freeflyers se sont de nouveau réunis, du 21 au 25 août à Nancy-Azelot, pour tenter une fois de plus de battre le record à 48 de 2014.

La longue histoire du record de France de freefly peut se résumer par les chiffres :
- Records à 33, 38 et 40 en 2011, à Avignon-Pujaut,
- Record à 48 en 2014, à Avignon-Pujaut,
- Tentatives en 2017 à Chalon, en 2021 à Brienne et entraînement en 2022 à Pamiers.
Une quête longue d’une décennie, 8 années sans record et puis, durant l’été 2023, ce sont 3 records qui sont réussis, en 3 jours :
- Mardi 22 août, record 2 points à 39,
- Mercredi 23 août, record à 51,
- Jeudi 24 août, record à 54.

ParaMag a suivi et soutenu cette aventure depuis ses débuts, en 2011. Nous voilà en 2023 et voici les récits d’un coach, de deux participants, suivis du mot des organisateurs.

Le record de France de grande formation "tête en bas" à 54. Photo Ewan Cowie Photography

ON L’A FAIT !

Photo 4runners

Par Domitille Kiger

L’année dernière, alors que nous devions annoncer pour la troisième fois le report des tentatives de record, nous écrivions aux participants : “Mais les plus beaux succès sont ceux qui viennent après les plus grosses difficultés, et nous n’abandonnerons pas.”

Nous n’avons pas abandonné quand, en 2017, les tentatives organisées à Chalon se révélèrent infructueuses.  Nous n’avons pas abandonné quand, en 2020, le covid rendit impossible la tenue d’un rassemblement de cette ampleur. Nous n’avons pas abandonné quand, en 2021, la pluie nous cloua au sol pour cinq jours consécutifs. Nous n’avons pas abandonné en 2022 quand la logistique aérienne nous a fait défaut.

En 2014, l’animosité d’un contrôleur aérien nous limita à 4200m, et cette adversité, affrontée ensemble, donna naissance au 48. On pourrait légitimement penser que l’adversité forge les motivations, soude les effectifs, et catalyse les succès. Mais l’aventure du record de France de freefly, c’est plus que cette série d’épreuves affrontées ensemble, cette résilience façonnée par les obstacles.

Photo Ewan Cowie Photography

C’est une convergence de talents, de compétences, d’énergies et d’influences. Je pense particulièrement au travail d’Amy Chmelecki et Sara Curtis, elles-mêmes inspirées et épaulées par Dan BC: des procédures opérationnelles standardisées et communiquées aux participants en amont, un leadership à la fois inclusif et charismatique, une communication empathique et efficace, une organisation millimétrée, une implication personnelle sans faille : elle est là, la véritable révolution de ces dernières années dans le milieu du big way vertical. Et ce fut un honneur et une joie de la propager dans mon pays.

Mais le Record de France de Freefly, c’est surtout une communauté de copains qui s’est fixé un objectif, comme un prétexte. Avec son lot d’avantages collatéraux, finalement le coeur vrai d’une telle entreprise : passer du temps ensemble, se dépasser individuellement et collectivement ; partager le ciel, apprendre sur soi-même, apprendre des autres ; rire, pleurer de joie, avoir peur, faire quand même. Aimer. Vivre, avec intensité et passion.

Après tout, c’est ça, le parachutisme.

 

ON S'Y ATTACHE, AU RECORD DE FRANCE DE FREEFLY

Photo 4runners

Par Bertrand Demont

C'est le plus beau travail d'équipe que je connaisse. Un objectif impossible, une équipe soudée, des entrainements et répétitions, un encadrement sportif et logistique au poil, des avions calés d'entrée. Du stress, de l'énergie et des joies tout en même temps. Tant de pièces qui doivent s'imbriquer parfaitement au sol et dans le ciel pour 50 secondes.

Domi a construit un beau groupe, elle et son entourage de coachs français de 1ère catégorie, qui ont fait corps autour du projet. Les années de travail de fond, de questionnements et d'ajustements, ont payé de la plus belle manière qui soit. Stratégie annoncée, éléments tactiques couchés sur le papier, les participants n'avaient qu'à étudier, visualiser, appliquer.

Photo Ewan Cowie Photography

Des participants dont les origines freefly sont diverses. Les prodiges récents du tunnel se mélangent aux anciens virtuoses d'Aerokart comme aux phénix du ciel qui ont tout appris un sac sur le dos à 4000. Ils sont tous là, avec leur enthousiasme et leurs talents, pour un projet unique dans lequel ils croient. Pas de copinage ici - il faut performer pour en être - mais une sacrée belle bande de copains quand même.

Marjorie et Domi, avec les soutiens qu'elles mobilisent, font vivre le record de France de Freefly. Mieux, elles en perpétuent la culture, et lui donnent une discipline. Une sacrée belle base, qui ouvre sur du head-up, sur de plus gros records à un point, ou sur du séquentiel. On lui souhaite une longue vie, au record de Freefly français.

POD-CLOSER STORY

Photo 4runners

Par Rémi Figueredo

Pour moi, cette aventure a commencé au début de l’année.

Janvier, je reçois un mail qui a fait ma journée : Une confirmation pour faire partie du 40 central de la formation à 60 que nous avons tenté de construire cet été dans le ciel de Nancy. Le mail raconte également la vision et la démarche qu’on va entreprendre, et je dois vous avouer que la pression monte déjà…

Avant même les week-ends d’entrainement, je me projette dans les sauts. J’ai ma petite idée de ma place dans la formation, ça fait un petit moment que je ferme des pod… Pour le reste, je laisse volontiers les organisateurs choisir pour moi, je pense qu’ils me connaissent mieux que moi-même à ce petit jeu du Big-way. Depuis le temps qu’ils me suivent, qu’ils me coachent, qu’ils me tirent vers le haut.

Les premiers mois de l’année passent, et tout me revient en tête, avec ces dernières tentatives compliquées. Mais de deux choses l’une, soit je repense à ce qui peut facilement gâcher une semaine de tentative comme on l’a vécu, et je crois qu’on a tout eu, non ? Météo, altitude, avions… Soit je me remémore 2014 à Pujaut, et ces sauts… anthologiques qui font du Big-way la “plus belle discipline collective de tous les temps” (dixit Riton). Et finalement, celle avec qui je partage ma vie, mon idylle, me dit de ne pas réfléchir et de foncer.

Au départ des trois avions. Photo Ewan Cowie Photography

Je pars à Nancy avec mon Roland, tous les deux en mode Veni, vidi, vici.

Roland conduisait, et moi en co-pilote, j’ai lu à voix haute toutes les procédures opérationnelles de Domi, honneur à son implication. Bon, un moment j’ai mal lu un truc, et Roland s’est fait afficher au briefing général…

On arrive et on rejoint une deuxième famille, fidèle et ambitieuse, avec qui, je le sens, il va se passer un truc de dingue, c’est notre record du monde, et on ne repartira pas bredouille. Les prévisions météos sont pas mal, les avions sont là, Nancy et toute l'organisation sont sur le qui-vive, ça gère de ouf autour de moi ! Et je ne vous ai pas dit, ma place dans la formation : pod-closer. La pression monte encore plus, la peur de mal faire, de décevoir, mais encore une fois ils me connaissent mieux que moi-même, donc je vais gérer !

Photo Ewan Cowie Photography

Le premier jour, le 40 se concrétise. Dans le secteur rouge, je ferme le pod à tous les coups, j’ai quatre machines devant moi qui me facilitent bien la tâche, ça fly de ouf, les sauts sont puissants, big up les rouges ! Il y a toujours à dire et à redire, le perfectionnement est dans les détails. Il y a des “chanmax” dans les débriefings (dixit Pedro).

Le lendemain, le 40 est prêt à accueillir les flyers extérieurs. Là, c'est une autre paire de manches ; en pod-closer, je sens que ça tire de partout. Je prends conscience qu’il faut se surpasser davantage, rien n’est acquis. En fait, je suis trop passif, et il n’y a plus de “chanmax” dans les débriefings…

Pourtant, j’étais focus à 100% la veille, aujourd’hui je dois être à 200%. Objectif : Encaisser et tenir le niveau/l’axe pour qu’à l’extérieur les moins expérimentés soient en confiance et que ça leur paraisse simple de venir construire sur nous. Il est peut-être là le sens du collectif, être propre pour les autres. Et puis, il commence à y avoir des changements, même dans le 40, glouss !… Finalement notre pod reste le même, mais en face de moi, j’ai Virginie Bouette en cross-partner, re-glouss…

Ninie a un pod plus hétérogène à gérer, et quand elle le ferme, elle ne lâche rien, du coup, pas moyen que je lâche ! Les sauts s’enchainent, et tout le monde s’améliore. C’est de plus en plus prometteur. Mais dans notre grande lancée, mauvaise nouvelle, le Supervan tombe en panne, malédiction ! Autour de moi, ça parle de chercher un nouvel avion en urgence, mais c’est frustrant, on loupe des éventuelles tentatives.

On a une après-midi devant nous, qu’est-ce qu’on fait ? Là, Karine a l’idée de Jolie : on a les juges, on a les deux Skyvan, c’est parti pour un record de séquence à 40. Le 40 est confiant, et moi je pense que c’est dans la poche. La première tentative n’est pas validée… Rien n’est acquis, pas grand-chose à dire, le diable est dans les détails, on repart pour une deuxième tentative, mais à 39 cette fois, et c’est réussi ! La victoire est modeste, on reste tous focus sur l’objectif initial.

Photos Ewan Cowie Photography

Le jour suivant, on retrouve nos trois avions, le temps est compté (annonce d’orages à partir de jeudi après-midi, et vendredi c’est bâché). Les organisateurs font des choix stratégiques, les sauts s’enchainent en réduisant le nombre. Fin de journée, je suis un peu sur les rotules, on a fait les cinq sauts, je m’attends à un “on arrête là, reposez-vous, soyez près pour demain !”. Sauf qu’on a eu une Domi sortant du bureau criant “Alerte générale !”, et Riton “C’est ma réplique !”. Sur le tarmac, tout le monde écoute Domi parler, et ce qu’elle dit c’est simplement de la suivre une petite dernière fois pour un 51 au sunset, ah bin oui ! Et pourquoi un ?

Le record tombe, c’est la délivrance ! Pour Bertrand !

Le record de France de grande formation "tête en bas" à 51. Bien qu'éphémère, il restera gravé dans les mémoires et dans les registres FAI. Photo Jim Gares

Le soir, le mot d'ordre c’est “pas de chouille”, restons cool et déterminés pour augmenter le nombre. Au gîte avec mes Quatre fantastiques, Alexandra la wonder-moldave, Roland la paupiette-de-paname et Jim le couteau-suisse, on se fait une petite séance vidéo à huis clos, et des courgettes à la Georgio ! Et sans rentrer dans les détails, on voit que le 51 est un peu crade, voir “Sale !” (dixit Jim). C’est clair, vu l'arrêt sur images qui valide le 51, on ne pourra pas en faire un cadre…

Jeudi, la météo n’est pas si terrible et les orages arrivent plus tard que prévu. Je pense que cette journée a été celle où toutes les planètes étaient alignées : On fait péter le 54 ! Et la photo d’Ewan est propre (dixit tout le monde).

Explosion de joie dans la réussite du record à 54. Photo Ewan Cowie Photography

L’aventure s’est terminée dans l’avion, en descente… On était remonté pour tenter le 60, mais les nuages se sont refermés trop vite. Dans l’avion qui descendait, je regardais le ciel par le hublot, totalement serein. J’avais une pensée émue pour ceux qui avaient embarqué dans cette dernière occasion d’en faire partie, leur tour viendra. J’avais une pensée admirative pour l’ensemble de l’organisation (coachs, Margotte, pilotes, Nancy). Et une grosse pensée d’amour pour toute ma famille.

Les roues touchent le sol, on applaudit le pilote (kiss landing oblige). On sort de ce sous-marin volant, on déambule vers les hangars, toujours équipés, sous un ciel nuageux pré-apocalypse. Bref, toutes les planètes sont alignées pour faire la chouille !

GALERIE PHOTO

Plus d'images des records de France de grande formation "tête en bas" , avec les photos de Ewan Cowie, Jim Gares et 4runners. (Cliquer sur une des photos pour l'agrandir et afficher la galerie en mode diaporama)

 

LE MOT DES ORGANISATEURS

Photo 4runners

Par Marjorie Ricbourg, Avignon Parachutisme SC420

Toute l’équipe du Record de France de Freefly souhaite remercier chaleureusement tous les participants de cette édition 2023, au cours de laquelle nous avons réalisé l’exploit de battre trois records en trois jours, c’était juste incroyable !

Photo 4runners

Nous tenons à adresser nos remerciements à nos partenaires institutionnels la FFP - Fédération Française de Parachutisme, La Ligue de Parachutisme Provence-Alpes-Côte d’Azur, l'Agence nationale du Sport qui nous apportent un soutien précieux dans la promotion de notre sport.

Nous aimerions également remercier nos généreux sponsors de la tombola, sans lesquels cette édition n’aurait pas été aussi réussie : LB Altimeters, UPT, Aerodyne, Tonfly, Cypres, Xaw France, Los Gringos - Flight Club, Brienne Aube Parachutisme, JYRO, F-WESC, Boogie Man, Babylon Freefly School & Team.

Cathy Bouette, team Babylon, au débriefing. Photo Ewan Cowie Photography

Un grand merci aux DZ qui nous ont accueillis à bras ouverts pour les entrainements : Skydive Pamiers, Skydive Pujaut. Nous ne saurions oublier l’ EFP Nancy Lorraine pour son organisation exceptionnelle tout au long de la semaine du record. Avec des remerciements spéciaux à Yves Grosse, Olivier Metrot, Nicole, Yaya, les plieurs et tous les bénévoles qui ont accompli un travail remarquable, toujours avec sourire et gentillesse.

Yves Grosse, président de l'association parachutiste à Nancy-Azelot et médecin fédéral. Photo Ewan Cowie Photography

Merci aux juges, Christine Letourneur, "Gus" Gérard Foubert et Amadou Leye, on compte sur vous pour la prochaine édition.

Et bien sûr, nous tenons à exprimer notre profonde gratitude envers notre team de coachs exceptionnelle, Domitille Kiger (avec son plan d’action de folie millimétré), Cathy Bouette, Virginie Bouette, Karine Joly, Stéphane Fardel, Pierre Rénié, David "Pedro" Livet, William Dalban, Jasper Van Der Meer qui partagent sans compter leur expérience, leurs précieux conseils techniques, leur énergie inépuisable et bonne humeur contagieuse : vous êtes tout simplement incroyables !

Girls power ! Photo 4runners

Cameron Malié (à gauche) et Laurent Jeannicot, respectivement le plus jeune (2002) et le plus ancien du record (1963). Laurent était dans le premier record organisé par Avignon Parachutisme en 2011. Photo 4runners

Un grand merci à nos vidéomen et photographes, Ewan Cowie et Jim Gares (notre couteau suisse) pour leurs prises d’images incroyables dans le ciel, et Greg (4Runners) pour les vidéos et photos au sol.

Enfin, une mention spéciale à notre mécène qui a soutenu tous les participants et le Record, garantissant ainsi que cet évènement reste financièrement accessible à tous.

Le Record de France de Freefly est organisé par Avignon Parachutisme SC420, une association loi 1901 à but non lucratif.

Domi et Marjorie. Photo 4runners

GALERIE PHOTOS

Zoom sur les participants avec la photo de 4runners.(Cliquer sur une des photos pour l'agrandir et afficher la galerie en mode diaporama)

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À lire également
Retrouvez (ou découvrez) l'histoire des records de France de freefly à travers les articles publiés par ParaMag :

ParaMag n°292 de sept. 2011

● 2011 : Article "Records de France de freefly : 33, 38 et 40", par Gyl Gutierrez et Fred Fugen
● 2014 : "Record de France de freefly...vitesse" par Domitille Kiger
● 2017 : "60 en freefly : Tentatives de record de France tête en bas à Chalon", d’après une interview d'Arno Fletcher
● 2021 : "Vous avez dit record … ?...", par Pierre Rénié, team Los Gringos
● 2022 : "Entraînements à Pamiers", par Johann, équipe Maverick Freefly

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