Les 17 et 18 novembre, la sixième édition du Weembinamic a attiré 64 équipes et 215 compétiteurs à Lille-Lesquin. Cette compétition internationale de vol en soufflerie a encore battu un record de participation cette année !
Par Bruno Passe, photos Antoine Alacusos
Ce bond en avant dans la participation est considérable : environ 15% d'augmentation par rapport à l'an dernier. Dans le contexte actuel, c'est même remarquable. Cela démontre que le format de compétition mis en place en 2017 par les dirigeants de la soufflerie Weembi plait toujours autant et que la façon dont ils ont géré l'organisation depuis toutes ces années satisfait les participants.
Le format du Weembinamic est fondé sur le thème des "battles" et du jugement en direct dans toutes les disciplines et sur toutes les manches. Il est calqué sur celui des compétitions de vol dynamique, plus spectaculaire que le format VR (vol relatif) habituel.
Le Weembinamic fut la première compétition de ce genre en France. Elle fut aussi la première à y rassembler en soufflerie toutes les disciplines du vol relatif : VR-4, VR-8, VRV (vol relatif vertical) et vol dynamique.
En 2017, lors de la première édition, une vingtaine d'équipes s’étaient engagées dans les deux disciplines proposées : vol relatif à 8 et vol dynamique à 2 (avec déjà deux catégories : "open" et "débutant"). Le VR-4 N1 et le VRV sont apparus lors de la deuxième édition, en 2018.
La vocation du Weembinamic était également de devenir un rendez-vous intermédiaire, dans le calendrier, avant les autres compétitions indoor, qu’elles soient nationales (championnats fédéraux) ou internationales (championnats et coupes FAI, ou autres). Et c’est ce qui s’est passé. Sans faire de jeu de mots, on peut dire que le Weembinamic a insufflé une bonne dynamique dans le vol relatif indoor !
C'est ainsi que le Weembinamic a battu cette année encore le record de participation avec 64 équipes inscrites (contre 51 l'an dernier) et 215 compétiteurs (contre 191 l'an dernier), sur la répartition suivante :
- 14 équipes VR-8,
- 18 équipes VR-4 N1 et 11 VR-4 N2,
- 6 équipes VRV,
- 12 équipes Dynamique 2 way Pro et 3 intermédiaire.
Pourquoi ce format plait-il autant ?
Avec le jugement traditionnel, il est courant d’enchainer plusieurs manches sans en connaitre les scores. Pour les compétiteurs, connaître son score avant de partir pour la manche suivante donne une tout autre dimension au déroulement de la compétition.
Et même si les premières manches de qualification placent les équipes en bas de tableau, les battles peuvent les faire remonter (l’inverse est vrai également !), car durant ces manches de tournoi, elles se confrontent deux par deux jusqu’aux manches finales.
En fonction des disciplines, le nombre de manches de qualification et de finales varie, afin de s’adapter au nombre d’équipes en lice. En VR-4 et VR-8 il y a quatre manches de qualification, en vol dynamique il y en a trois et il n’y en a que deux en VRV. Les manches de finales varient entre huitièmes, quarts et demi.
L’attrait pour les battles s’explique aussi par une autre spécificité : certaines manches sont constituées de deux vols qui s'enchaînent. Les deux équipes en battle doivent donc préparer ces deux vols avant de rejoindre l’antichambre pour se confronter l'une à l'autre. Elles n’ont chacune que le temps de vol de l’autre équipe entre leurs propres vols.
Et pour la finale, cerise sur le gâteau, il y a une manche rapide, un tirage dévoilé plusieurs mois à l’avance et sur lequel les équipes peuvent donc s’entrainer autant qu’elles le veulent.
Et puis il n’y a pas que le format qui plait, il y a aussi la bonne ambiance qui règne chez Weembi. Le Weembinamic est un des événements phares de cette soufflerie, et pour l’occasion, tout le monde est sur le pont, et chacun met la main à la patte, que ce soir au bar, dans la veine ou dans l’organisation en général.
Et d’autres petits plus sont également bien appréciés par les compétiteurs, comme des temps de vol offerts en lot aux équipes victorieuses, des massages offerts par les étudiants de l'école de kinésithérapie IKPO de Lille, le repas du samedi soir fourni sur place (et avec efficacité !), la présence d’un groupe rock qui a chauffé l’ambiance de la soirée, puis d’un DJ qui a boosté la fête jusque tard dans la nuit.
Les revers de la médaille
Revers 1 : Cette année, la rencontre a "affiché complet"... La vocation du Weembinamic est aussi d’être une compétition ouverte à tous. C’est la raison pour laquelle il y a une catégorie N2 en VR-4 (en plus de la catégorie N1) et une catégorie intermédiaire en vol dynamique (en plus de la catégorie pro).
Mais à cause du grand nombre d’équipes, les inscriptions en ligne ont été temporairement fermées quelques semaines avant l’évènement. Les dernières équipes à vouloir s’inscrire devaient le faire par e-mail et les demandes ont été traitées dans l’ordre chronologique de réception.
Cette méthode a permis de prendre cinq équipes en plus, pour arriver à 64 équipes, ce qui est un maximum pour le Weembinamic. Et cela a été rendu possible en allongeant au maximum les temps d’exploitation de la veine, notamment en avançant la programmation des speed tests.
Revers 2 : une erreur de jugement… La manche rapide, avec un tirage connu à l’avance, a donné lieu à des performances et à des scores époustouflants, surtout en VR-4 où le tirage était composé à 100% de figures libres (pas de bloc). Et à un joli spectacle !
En VR-8, l’équipe After 8 Weembi marque le meilleur score avec 47 points. En VR-4, quatre équipes marquent plus de 70 points sur le tirage des figures Q-M-F-C-N et trois autres marquent plus de 60 points ! Mais cette manche met aussi en exergue les limites du jugement live, avec le très beau score de 83 points des Black Hole Dynos.
Il s’agirait du plus gros score jamais réalisé en soufflerie, mais une fois la compétition terminée, il s’est avéré qu’il y avait une erreur de jugement. Le score réel est de 75 points (78 -3 fautes), la bonne nouvelle c’est que même avec 75 points au lieu de 83, le résultat de cette ultime battle, et donc le résultat final, restent les mêmes et assurent la victoire des Blacke Hole Dynos.
La direction de la compétition s’est exprimée très clairement à ce sujet, en publiant, dans un communiqué officiel Weembi (voir en bas de page*) l'analyse complète de l'erreur de jugement, de pourquoi elle est arrivée, et de ce qu'elle met en place pour l'éviter le plus possible dans le futur.
Légitimité
Bien que "non officielle", au sens où elle n’utilise pas complètement ni le règlement FAI, ni le règlement FFP, la compétition Weembinamic trouve sa légitimité auprès des compétiteurs qui lui accordent une participation soutenue, leur confiance et leur reconnaissance dans la durée.
Cette compétition trouve aussi sa légitimité auprès d’autres souffleries, comme Aerokart (Argenteuil), Fullfly (Bordeaux), Luxfly (Luxembourg) et ISR (Rosendaël, Hollande) qui présentent des délégations d’équipe(s) à leurs couleurs.
Cette réussite n’est évidemment pas le fruit du hasard. Outre les arguments exposés dans cet article, il faut aussi souligner le travail fédérateur réalisé en amont par des coachs comme Julien Degen et Martial Ferré (pour ne citer qu’eux !). Ils assemblent, motivent et entraînent des équipes bien en amont de la compétition.
Grâce au format soufflerie, la multiple appartenance est possible, dans le cas de Julien elle est foisonnante puisqu’il concourt dans huit équipes : quatre en VR-4 N1, une en VR-4 N2, trois en VR-8. On le retrouve ainsi à tous les niveaux du classement, au plus haut bien sûr (il est sur deux marches du podium à 8 !), mais aussi en VR-4 N2. Car le Weembinamic attire également beaucoup de relativeurs de la région Hauts-de-France qui se constituent en équipes autour de coachs Weembi, dont Julien.
Quant à Martial Ferré, cette année encore il a organisé sa fameuse Hell’week durant la semaine précédant la compétition. À lui seul il assure déjà une bonne participation internationale avec des coéquipiers américains, anglais, italiens, belges, allemands, hollandais, et bien d’autres. Au total ce sont huit équipes de VR-8 estampillées Hell’week qui participent au Weembinamic, soit plus de la moitié des équipes engagées dans cette discipline.
En conclusion : l’esprit sportif !
Au final, outre la participation au top et les superbes performances réalisées, ce qui est remarquable au Weembinamic, c’est l’esprit sportif.
Il s’illustre de nombreuses façons, si nombreuses qu’il est impossible ici d’être exhaustif, mais commençons par exemple avec l’engagement de pas moins de quatre équipes en provenance de l’EFP Nancy Lorraine.
Continuons avec la participation d’illustres compétiteurs, membres actuels ou anciens des équipes de France (que nous ne pouvons pas tous les nommer ici !) ou des équipes nationales d’autres pays (par exemple Sven Ibens pour la Belgique, Marco Arrigo pour l’Italie ou Kirk Verner et Jeana Billings pour les États-Unis).
Ces illustres champions participent en double (ou multiple) appartenance dans des équipes de niveaux variés et/ou dans diverses disciplines. Et certains pratiquent aussi bien le vol à plat que le vol vertical, affichant compétence et polyvalence… C’est le cas, par exemple, de Damien Gouriou (actuel membre de l’équipe de France VR-4 et vice-champion du monde 2023 et 2021) engagé en vol dynamique à 2 et en VR-8 catégorie pro.
Et pour illustrer encore davantage cet esprit sportif, le coup de projecteur final sera porté à la fois sur Thierry Boitieux (un des doyens de la compétition), Jaïna Duteil et Eliott Hamouchi-Simons (les deux plus jeunes) :
● Thierry Boitieux est un ancien membre de l’équipe de France, multimédaillé, champion du monde VR-4 en 1999, pratiquant le vol 3D en soufflerie depuis plus d'une décennie, il est aussi pilote largueur sur Pilatus. Cette année, il était engagé en double appartenance en vol dynamique à 2 et à 4 lors du championnat de France 2023 à Fullfly Bordeaux. Et pour cette édition 2023 du Weembinamic, il était engagé en VRV et il gagne la deuxième place avec son équipe Les Fat-Astics.
● Jaïna Duteil, 12 ans (née le 28/04/2011), est la plus jeune compétitrice en 3D. Elle gagne la première place en vol dynamique à 2 (catégorie intermédiaire) avec son équipe Aerokart AKdemie.
● Eliott Hamouchi-Simons, 12 ans (né le 28/06/2011) est le plus jeune compétiteur en vol relatif. Il gagne la deuxième place en VR-4 (catégorie N2) avec son équipe Aerokart AKdemie Monaco.
La prochaine compétition qui aura lieu à Weembi sera le championnat de France de VR8, les 12 et 13 avril 2024. Quant au prochain Weembinamic, la date exacte n'est pas encore fixée au moment où nous bouclons ce reportage, mais ce sera vraisemblablement durant le mois de novembre 2024.
LES PODIUMS
Résultat finaux des battles, pour voir le global des résultats complets publiés par Weembi, cliquer ici, pour voir les résultats complets par discipline (publiés par la FFP), cliquer sur le lien en bas de chaque podium.
VR-4 N1
(sur 18 équipes)
1 - Black Hole Dynos
Julien Degen, Pal Kolbenstvedt, Vana Parker et Sian Stokes
2 - ISR Fireflash
Lena Clynhens, Glenn Cuylaerts, Sven Ibens et Maya Van Campenhout
3 - Unicorns Weembi
Julien Degen, Federico Angelotti, Alessandra de Rango et Mathieu Quizy
Lien vers les résultats complets
VR-4 N2
(sur 11 équipes)
1 - Aerokart AKdemie Monaco
Logann Troussier, Eliott Hamouchi Simons, Sienna Louvet et Thomas Willig
2 - Kit4 de Luxe
Pamela Lissajoux, Axelle Breuillet, Anthony Doule et Benoit Palmer
3 - Womanizer
Sabrina Limousin, Cloé Cappelaere, Elodie Matuszak et Laura Papin
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VR-8
(sur 14 équipes)
1 – Ultim8
Julien Degen, Marco Arrigo, Jeana Billings, Martial Ferre, Julien Losantos, Erwan Pouliquen, Emmanuel Sarrazin et Kirk Verner
2 - QRF1
Martial Ferre, Petra Barenfanger, Jeana Billings, Paul Hofstee, Paul Kolbenstvedt, Ericson Seth, Uwe Soppa et Henning Stumpp
3 - After 8 Weembi
Alexandre Rondelaere, Cyrille Aguinet, Mathias Barbaste, Christine Malnis, Axel Martinez, Thomas Misztal, Marie Pineau et Laetitia Pivon
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VRV
(sur 6 équipes)
1 – Les Biscottes
Ludovic Francois, Stephane Baniere, Christophe Bezelga et Nicolas Faure
2 - Les 4 Fat-Astics
Rémi Figueredo, Roland Barriot, Thierry Boitieux et Nicolas Schouler
3 - Les Dépanneurs
Guillaume Doisy, Johann Forethier, Sylvain Pernet et Nicolas Schuller
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D2W Intermédiaire
(sur 3 équipes)
1 – Aerokart AKdemie
Mathis Hamouchi Simons et Jaïna Duteil
2 - Les Muffins Weembi
Laura Papin et Thierry Baude
3 - Superbust
Pascal Bazin de Jessey et Fabien Picard
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D2W Pro
(sur 12 équipes)
1 - Maverick
Johann Forethier et Romain Martin
2 – Polars
Marco Mazzanti et Alexandra Vujicic
3 - OBNI
Benjamin Perreaux et Laura Papin
Lien vers les résultats complets
Les juges :
- En vol relatif (VR) : Mathieu Bernier, Johan Van Eeckhout, Franck Cottigny, Bruno Perin, Thomas Perrin
- En vol relatif vertical (VRV) : Thomas Perrin, Arnaud Mille
- En vol dynamique : Jean-Philippe Chatelain, Robin Dorval, Romain Danerval, Alexandra Dand
Les informaticiens du jugement :
- Thomas Perrin et David Pétraco, qui ont assuré le transfert du système de jugement du vol dynamique au vol relatif et la mise en place des tableaux.
- Guillaume Dubois qui a assuré l’affichage des résultats sur le site de la FFP.
À propos de l'erreur de jugement sur la manche 10 de l'équipe Black Hole Dynos
"Ce saut ayant le plus gros score jamais réalisé en soufflerie, il était important pour nous, même si ce n'est pas un record officiel et que les équipes avaient un an pour le préparer, de vérifier la réalité du score (et aussi pour laisser une plus grande chance aux compétiteurs de le battre un jour... ). C'est pourquoi nous l'avons rejugé consciencieusement …/…
Nous avions fait 2 erreurs distinctes dans le jugement :
- La première est une erreur de comptage de cycles (d'où le 83 au lieu de 78 points). En effet sur un saut à 83 points - euh pardon 78 - il est difficile de suivre la cadence en direct et un petit décalage à la fin du vol entre le freeze frame et le compteur, s'il est rattrapé dans le mauvais sens, décale le score total d'un cycle.
- La 2ème erreur de jugement, les 3 fautes non vues, sont dûes au vol extrêmement propre des Dynos. Même en jugeant le vol au ralenti, il a fallu de nombreuses revues pour les détecter. Nous l'avons toujours dit, ce format de jugement favorise les équipes ayant un vol plus propre, volonté de notre part quand nous l'avons imaginé, les Dynos ont su en tirer parti, bravo à eux !
Pour ces erreurs nous vous demanderons non pas de blâmer les juges mais l'organisation d'un jugement live ! En effet, nous Weembi, afin de garder un format et un planning de compétition cohérents, nous imposons aux juges une durée limitée allouée à chaque équipe pour les juger. Le re-jugement du saut nous a pris plus de 15 minutes contre 1m45s accordées aux juges par vol en moyenne sur l'ensemble de la compétition ! On comprend alors que ce n'est pas envisageable dans le format live que nous vous proposons de prendre 15 minutes par vol quand on accueille 45 équipes ! Participer à une compétition live, c'est accepter ce genre de marge d'erreur.
Toutefois, expliquer ce qu'il s'est passé ne veut pas dire ne rien changer ! Et bien au contraire, c'est grâce à ce genre de problème qu'on découvre de nouveaux axes d'amélioration. Sachez que nous sommes déjà en contact avec les équipes de DynamR et les juges pour ajouter de nouvelles fonctionnalités techniques côté DynamR, et de nouvelles méthodes côté juges afin que les deux combinées permettent de vous proposer un jugement toujours au plus proche de la réalité dans le temps imposé par l'organisateur.
Encore un grand merci à tous pour votre participation, pour nous avoir signaler l'erreur de jugement, c'est en effet tous ensemble, compétiteurs, juges et organisateurs que nous arrivons à améliorer toujours plus ce format de jugement live.
Amicalement, l'équipe Weembi"
À lire également
Au sujet du jugement…
L’article (prémonitoire...?) "Réflexion de l'Iconoclaste sur LES ROBOTS-ARBITRES", par Yves-Marie Guillaud, paru dans ParaMag n°382 de mars 2019.
Au sujet du règlement…
- Pour le jugement du VR-4, du VR-8 et du VRV c’est le règlement officiel indoor (disponible sur le site de la FFP) qui s’applique. Les points de divergence ne concernent que le déroulement de la compétition, pas le jugement des vols.
- Pour le jugement du D2W et D4W, ce sont les règles officielles FAI qui s'appliquent, mais les manches de "free" sont remplacées par des manches de "speed". La compétition ne comporte donc que des manches de speed.
Même principe pour le D2W Intermédiaire, mais avec un programme réduit des figures imposées.
Lien vers le règlement du Weembinamic
GALERIE PHOTOS
Encore plus de photos du Weembinamic 2022, avec le travail d'Antoine Alacusos. (Cliquer sur une des photos pour l'agrandir et afficher la galerie en mode diaporama).
Toujours plus de photos du Weembinamic 2022, dans la galerie Flickr d'Antoine Alacusos