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Pharaohs Challenge

Les plus grandes formations vertical les pyramides d’Égypte

Record d’Égypte et d’Afrique avec cette figure à 50 au-dessus du plateau de Gizeh et la pyramide de Khéphren au centre. Photo Juan Mayer

Texte par Patrick Passe, photos de Juan Mayer

Article à apprécier de préférence sur écran large, tablette ou ordinateur.

Un premier contact début 2023 avec Skydive Pharaohs grâce au photographe professionnel Juan Mayer, ainsi commença l’aventure que je nommais Pharaohs Challenge. L’idée étant de réaliser les plus grandes formations en Égypte, du 15 au 20 novembre 2023, avec 50 parachutistes au-dessus des Pyramides de Gizeh, les plus grandes formations en Afrique aussi. Le package parachutiste comprend six sauts d’Hercules C-130, tous les transferts en bus et cinq nuits au Grand Nile Tower, un hôtel de luxe 5 étoiles au centre du Caire.

En provenance de Marseille, avec mon épouse Yasmina et Jeff Ronzevalle nous arrivons trois jours avant le début de la manip. Je suis impatient de repérer l’aire d’atterrissage, ma principale préoccupation… sécurité d’abord.

Depuis maintenant six ans, les annuels rendez-vous paras se succèdent au pied des pyramides. Quelques habitués avertis m’ont prévenu que la zone d’atterrissage s’avérait peu large pour 50 personnes, caillouteuse aussi. Nous avons réservé une chambre au bord du plateau de Gizeh où dominent les pyramides de Khéops, Khéphren et Mykérinos. Arrivés à l’aéroport du Caire au milieu de la nuit, nous traversons la ville semi-agitée, ne sachant pas si les gens tardent à se coucher, ou s’ils se lèvent avant le soleil.

Je me jette sur le lit, je sombre.

À l’heure semi-tardive d’un café du matin, je m’empresse vers le rooftop où l’hôtel sert les petit-déj. La vue me fascine. De face, le Sphynx géant rayonne à 200 mètres de moi. Derrière, les pyramides s’imposent dans le panorama. Il en est ainsi depuis plus de 4500 ans.

Repérage

Yasmina, Jeff et moi cheminons sur le plateau de Gizeh. Nous marcherons 10 km durant l’après-midi, nous attardant davantage aux alentours de la pyramide de Khéphren à côté de laquelle se présente la zone d’atterrissage, grande pour des posés par groupe de 8 à 10 personnes, mais peu rassurante pour un 50. Yasmina, qui n’a pas sauté depuis longtemps, me dit "Je me poserai-là sans problème !". Ça me rassure. Fort de sa longue expérience, Jeff semble plus songeur quant au fait d’avoir 50 voiles qui convergent vers cette zone. Jeff et moi examinons sur-le-champ les possibilités d’atterrir en périphérie.

Il me faut établir un plan précis avant le rendez-vous du soir où les participants se réuniront pour un briefing général. La sécurité maximum résidera d’abord dans un étagement et un étalement des voiles engendrés par un premier break de la formation suffisamment haut (1900 mètres), puis dans un large choix de zones de posé alternatives, et elles s’avèrent suffisantes. Présent aussi en Égypte avec un groupe de 10 relativeurs, Angelo Declerck approuve le plan. Il a lui aussi repéré une large zone sans obstacle, proche de la pyramide de Mykérinos, pour des posés en toute sécurité et à cinq minutes de marche de la principale zone de posé.

Embarquement de l’Hercules C-130. Les pilotes ont toujours fait preuve d’efficacité et d’exactitude pour les 6 sauts effectués durant l’événement. Photo Juan Mayer

Le soir, environ 80 participants se retrouvent dans une des vastes salles de conférence du Grand Nile Tower, notre hôtel cinq étoiles sur la rive du Nil qui, du haut de ses 41 étages, se dresse au cœur du Caire. L’équipe Skydive Pharaohs se montre de suite très efficace. Les trois jours de sauts semblent planifiés comme le souhaite le plus exigeant des parachutistes friands de ce genre de manip. Mohamed Hesham, principal interlocuteur de Skydive Pharaohs, fera preuve d’une efficacité inaltérable sur tous les plans et durant tout l’événement.

Jour 1

Nous quittons l’hôtel avant l’aube avec deux bus. Deux tiers des sautants n’ont pas vu la zone de saut. Cette première reconnaissance s’avère incontournable pour notre sécurité. La veille, de grandes installations furent montées aux abords de l’aire d’atterrissage délimitée par des dizaines de windblades et panneaux publicitaires. Nous dirons plus tard que nous avions le sentiment d’être sur une vraie drop zone. Nous avons maintenant une heure avant de remonter dans les bus pour repartir vers la zone militaire de l’aéroport du Caire où nous attend le C-130.

Angelo et moi emmenons le groupe vers toutes les zones de posé possible. Elles sont variées, plus ou moins caillouteuses, plus ou moins éloignées les unes des autres. J’entends les commentaires positifs qui me rassurent. Et quand je demande au groupe combien de personnes se poseront sur la principale zone d’atterrissage, moins d’une trentaine de personnes l’envisage. C’est parfait, l’espacement des atterrissages s’orchestrera naturellement grâce à l’initiative de ces parachutistes expérimentés.

Au largage de l’Hercules C-130, Mohamed Hesham est l’un des représentants très actif de Skydive Pharaohs, entité organisatrice de l’événement. Photo Juan Mayer

Un briefing sur les possibles points de largage s’impose également. Il se résume simplement. Si l’on chute à la verticale des abords du Caire, le break sera plus haut. Quant à un largage trop long au-dessus de la ville, c’est inenvisageable. Impossible de s’y poser en sécurité. Par conséquent, un deuxième passage est prévu afin d’éviter les risques d’un largage trop long pour le groupe d’Angelo et les quelques parachutistes après lui.

Sortie à 50 d’un des Hercules C-130 de l’armée égyptienne. Photo Juan Mayer

Dans mon groupe à 50, une petite vingtaine de personnes n’a jamais sauté d’Hercules C-130. Mais ce saut est une première pour tout le monde. Jamais une aussi grande formation n’a volé à la verticale du plateau de Gizeh avec des posés au pied des pyramides. Durant la montée, l’excitation se mêle à un tant soit peu de pression. J’espère que cette plus grande formation en Égypte, et au-dessus du continent africain, se réalisera dès la première tentative. Le niveau de l’équipe le permet. Mais dans ce genre de circonstances, il suffit d’un détail pour contrecarrer les plans.

Les piqueurs n’ont pas sauté d’un C-130 depuis longtemps, ils sont prudents, attentifs et appontent dans les temps. Un des flotteurs ressent de vagues effets de l’hypoxie. Nous volions à près de 5000 mètres sans oxy individuel et avec une prise d’axe plutôt longue. Le flotteur entre dans la figure, à la mauvaise place. La formation est complète à 50, mais avec une prise manquante.

Vertical le plateau de Gizeh. Premier saut à 50 pour le groupe Pharaohs Challenge, et première tentative de la plus grande formation en Égypte. La figure est complète, mais une seule prise manque. Photo Juan Mayer

Quel rush d’adrénaline ce premier saut, quelle vision en dérive au-dessus du plateau de Gizeh, et quel spectacle sous voile en nous approchant des pyramides. C’est au deuxième saut que nous réalisons le record, quand les rayons du soleil déjà bas étirent l’ombre des pyramides. Il est 16 heures, le sunset est à 17 heures.

Jour 2

Tous excités de remettre ça !... S’élancer de la tranche arrière de l’Hercules… Voler au-dessus des pyramides… Un nouveau saut est prévu, une séquence à deux points. Les piqueurs sont maintenant affûtés, la première figure se construit plus rapidement que la veille, elle vole bien, mais l’un d’entre nous est dessous… pffff… pas ici… Khéops doit se retourner dans son sarcophage. À nouveau l’émerveillement sous voile, de larges sourires au posé, les yeux qui pétillent.

Joëlle Perrin au-dessus de la pyramide de Khéphren, fils de Khéops, qui culmine à 136 mètres. À gauche de la voile, on distingue la principale zone d’atterrissage et ses installations. Photo Juan Mayer

Notre DZ s’agite. On installe des rangées de chaises parées de dorure. Ministres et officiels des ministères du tourisme, de la jeunesse et des sports sont attendus pour notre deuxième saut. On flirte avec les 5000 mètres à nouveau, sans oxy individuel, juste une bouteille à l’arrière pour distribuer quelques bouffées. La prise d’axe est un peu longue, l’hypoxie arrive doucement pour certains, engourdissement aux extrémités des doigts, papillons dans les yeux. On part à temps. Les parachutistes expérimentés que nous sommes savent gérer ces effets s’ils ne sont pas trop invasifs.

La première figure se complète assez vite. Avant d’envoyer la clé pour le deuxième point, je jette un coup d’œil au sol. Nous chutons vertical les abords de la ville, je préfère breaker plus haut, à 2100 mètres. Pas de deuxième point, mais un sacré vol sous voile pour revenir vers les pyramides. Au sol, l’enthousiasme rayonne, les officiels applaudissent puis participent à notre briefing. Les yeux s’écarquillent, on baigne dans le bonheur. Pour le diner, l’organisation nous fait la surprise d’une soirée en mode "cruise" sur le Nil… un moment délicieux.

16 nationalités étaient représentées au Pharaohs Challenge 2023 dont le Mexicain Poncho Saavedra qui survole la pyramide de Mykérinos. Au-delà, on distingue une vaste zone d’atterrissage. Photo Juan Mayer

Jour 3

Je souhaite que nous réalisions une figure à 50 totalement ouverte afin que Juan Mayer notre caméraman-photographe y mette au centre la pyramide de Khéphren, qu’elle apparaisse assez grosse au beau milieu du 50. Par conséquent, la photo doit être prise en dessous de 2000 mètres. Pour ce faire une étoile à 6 branches est prévue en deuxième point.

Pour notre premier saut de la journée, les nuages sur axe obligent le largueur à demander un deuxième passage à l’issue duquel le plateau de Gizeh n’est toujours pas dégagé. L’hypoxie guette à nouveau. Je demande que l’Hercules descende dans des couches moins hostiles, à 4500 mètres. Nous finirons par redescendre, la zone de largage restant bâchée. Une heure d’attente sur Cairo West Air Base, un lieu stratégique de l’armée égyptienne aux portes du désert. Des avions de combat, des C-130 et autres bijoux montrent une attitude opérationnelle, bien que la vie en Égypte et son flux touristique ne frémissent pas au regard de la situation bouillante au-delà de Rafah.

Nous rembarquons avec trois heures retard sur le planning. L’étoile à 6 branches s’ouvre à la verticale des pyramides. Il nous reste peu de temps pour le sixième et dernier saut de la manip. On repart sans pouvoir briefer un autre saut. Cela nous permet d’ouvrir une deuxième fois notre étoile, plus belle encore, se dessinant sur le sol ocre du plateau de Gizeh avant que le soleil se couche. En son centre, la pyramide de Khéphren est comme parée de dorure.­­

Sixième et dernier saut à 50 baptisé le Grand Final. Ce fut une étoile ouverte à six branches se détachant sur le sol ocre du plateau de Gizeh avant que le soleil se couche. Photo Juan Mayer

On se retrouve, on s’embrasse après ce dernier saut fabuleux, déjà nostalgique à l’idée de quitter ce groupe chaleureux et ce lieu pharaonique, nous ayant fascinés durant quelques jours.

Après une ou deux journées de visite dans des lieux chargés d’histoire, au Caire et non loin, nous quittons l’Égypte, comblés, charmés, le cœur gonflé d’émotions.

Les groupes de Patrick Passe et Angelo Declerck devant l’Hercules C-130 avant d’embarquer sur la zone militaire de l’aéroport international du Caire. Photo Juan Mayer

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● 16 nationalités étaient représentées au Pharaohs Challenge 2023, dont 20 Français et une belle délégation du Parachute Club de Paris.
Les Français : Rabia Ameerally - Remi Aguila - Pierre Collet - Sandro d’Aloïa - Isabelle Dreyssé - Olivier Herlan - Rénald Louchart - Jean-Claude Maestroni - Stéphane Mattoni - Tom Mattoni - Arnaud Morey – Patrick Passe - Joëlle Perrin - Blandine Quizy - Jeff Ronzevalle - Marie-Anne Rouche - Franck Rouyer - Jean-Jacques Roy - Jean Simon - Alain Véjux.

● Pharaohs Challenge 2024 est d’ores et déjà prévu durant la première quinzaine de novembre. Les dates exactes seront communiquées sous peu. Si vous êtes intéressés, contactez Patrick Passe par e-mail.

● Une courte vidéo fut réalisée juste après le record à 50 en Égypte, à regarder sur YouTube ou en intégration de page ci-dessous.

 

GALERIE PHOTO

 

Retour en images sur le déroulement du Pharaohs Challenge, avec les photos de Juan Mayer et celle de Maverick Verdegem.
(Cliquer sur une des photos pour l'agrandir et afficher la galerie en mode diaporama)

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