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Double Record en Floride

42 et 47 "tête en haut" à Skydive Sebastian

Photo Ewan Cowie

Du 9 au 11 mars 2023, à Skydive Sebastian en Floride, 12 nationalités se sont jointes aux Américains pour établir un nouveau record d’état de grande formation tête en haut.
Brésil, France, Mexique, Allemagne, Koweït, Belgique, Paraguay, Écosse, Canada, Israël, Nouvelle-Zélande et Turquie. Contrairement aux records nationaux, les records d'état autorisent sans limites des étrangers à participer.
Mais d’où vient cet engouement international pour les Big Ways ?


Texte par Karine Joly, Airwax Team

Photos Ewan Cowie

Pour moi, ces sauts techniques sont similaires à ce que l’on peut vivre en compétition : Ils nécessitent de l’entraînement spécifique et beaucoup de maitrise, tant sur le plan physique que mental. Tout comme en compétition, la répétition au sol et la projection mentale sont indispensables pour performer.

Photo Ewan Cowie

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Retour d’expérience

Pendant le dirt dive, je prends mes repères : trajectoire, couleurs à ma droite et à ma gauche. Je m’imagine arriver sur la formation, me placer pour avoir le visuel de l’arène ou parapluie inversé, puis gripper sans tension en maintenant mon regard droit (qui passe par le centre de la formation).

Photo Ewan Cowie

Ce parcours, je me le répète plusieurs fois pendant la montée d’avion, une fois après le décollage et plein de fois de 4000 à 6000 mètres. C’est là que je me repasse les détails auxquels je dois faire attention (proxi, niveau, grip, niveau-niveau-niveau).

Je mets mon casque et mes gants vers 3600 mètres, juste avant de commencer à respirer l’oxygène distribué par des canules. L’idée c’est de bouger le moins possible, de garder mon rythme interne calme pour ne pas provoquer l’hypoxie et rester concentrée.

Photo Ewan Cowie

Quand la porte s’ouvre, je sais ce que je dois faire :
● Focus sur l’optimisation de la sortie, je colle celui de devant en "crabant" pour éviter l’espacement avec celui qui me suit.
● Je sors comme je peux, groupée, puis me déploie dans la bonne position (tête en bas si piqueur, sur le dos si flotteur).
● Mes premiers mètres sont à fond. Quand la base arrive à 45° dans mon champ de vision, je commence à ralentir un peu, ajuste ma position et viens m’approcher effacement, mais avec précaution, de mon secteur.
● Les deux derniers mètres sont très précis : tout pour l’exagération du niveau.
● Comme en compétition, si l’on veut gagner, on doit penser à l’équipe. Comment aider celui qui est devant tout en présentant mon autre bras afin de faciliter l’appontage de la personne derrière moi ?
● La clé c’est l’anticipation : je sais que lorsque ça va gripper sur moi, il risque d’y avoir des tensions qui vont me sortir de mon niveau et potentiellement tirer sur la personne devant. J’exagère alors mon placement : quand on dit avoir une tête au-dessus de celui de devant, j’en mets au moins deux ! Le bras légèrement fléchi, je me prépare à amortir la bataille qui peut avoir lieu dans mon dos.

Photo Ewan Cowie

Vient maintenant tout le travail grippé : sans lâcher du regard mon cross partner (celui qui a la même place que moi de l’autre côté de la formation) pour rester axée, j’analyse en permanence ce qui se passe autour de moi et ajuste mon vol à chaque seconde.

C’est une partie ultra active qui demande 100% de mon attention.
Quand le Dytter retentit, je fais ma transition et gaine tout ce que je peux pour partir efficacement le plus loin possible.
Tonneau de vérif, je continue à dériver jusqu’au deuxième bip, et ouvre en contrôlant mon axe.

Super attentive aux autres, je m’insère dans le circuit et viens me poser sans chercher à faire le swoop de ma vie. Dès que ma voile touche le sol, je me place devant et garde la tête levée pour le trafic.

Photo Ewan Cowie

Ces dernières années, avec les deux tentatives à 200 de 2018 puis 2022 qui n’ont pas réussies, on a bien compris qu’il ne suffisait pas de se pointer à un record pour qu’il ait lieu.
Il n’y a pas de magie, chacun doit être préparé et donner le meilleur de lui-même.
Au-delà du niveau individuel de chacun, les organisateurs doivent placer stratégiquement les flyers pour assurer un cœur de formation solide et savoir prendre les décisions à temps pour assurer au moins un record.

Lorsque tout est rassemblé et que le record arrive, un sentiment d’accomplissement personnel, mais surtout global nous unit dans cette performance réalisée.

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Le dernier record de Floride en vol tête en haut datait de 2021 et comptait 32 flyers.
Le Texas était en tête avec une formation à 45 (hors record du monde puisque le 84 réalisé à Chicago compte aussi comme record d’état).
Cette année, l’organisateur, Brad Hunt, visait un 50 pour tenter de devenir la plus grande formation hors record mondial.
Brad est un multi champion national en VRV, dans le sport depuis 23 ans, féru de Big Way. Rencontré lors du record du Monde de 2015 à Chicago, il organise régulièrement des records d’états et c’est lors des dernières tentatives à 200 cet été, qu’il nous a parlé de son événement.

Photo Ewan Cowie

La figure comptait quatre pods sur une base à huit, des stingers de chaque cotés et des branches de deux stingers main droite sur chaque pod. Cette architecture peu commune tient compte des préférences de grip de la majorité des inscrits.


Deux videomen étaient là pour capturer ces moments : Ewan Cowie et Elliot Byrd.
Trois avions de Skydive Chicago nous ont emmenés en parfaite formation à 5800 mètres : un Skyvan en lead suivit par deux Twin Otter de chaque côté.
Brad en chef d’avion pour le Skyvan, Chris Dare pour le left trail et Greg Crozier pour le right trail.

Photo Ewan Cowie

50 inscrits, triés sur le volet, pour une formation à 50. Brad était confiant dans sa sélection et ne souhaitait pas de bench (banc).

Le but était annoncé dès le début : tout le monde a les capacités de fermer ce record, même si l’on doit réduire la formation, tout le monde a sa place et sera réintégré dès que possible.

Le jeudi, nous commençons par deux sauts où les extérieurs viennent juste se placer en no grip. Ça permet un temps de repérage et de prise d’informations sans stress et pression. Cette stratégie porte ses fruits, car nous enchainons trois tentatives plus que prometteuses !

Le lendemain, nous continuons les sauts à 50, et même si la formation est à deux doigts d’être fermée, il y a toujours quelque chose qui l’en empêche.
Pour éviter la frustration et assurer un record, Brad accepte de descendre drastiquement à 42, ne gardant que ceux qui ont systématiquement fait le job.
Ça devrait nous prendre qu’un seul saut avant de ramener progressivement le reste de l’équipe.

Chauds bouillants, on attend qu’un pneu de Twin soit changé et qu’un plein soit effectué…
Entre les problèmes d’organisation de la DZ et le décollage d’une fusée depuis Cap Canaveral, on a perdu l’opportunité de faire quelques sauts supplémentaires.

Enfin prêts à nous embarquer, nous partons pour le premier saut du samedi. La figure à 42 se ferme calmement et vole pendant huit secondes.

Photo Ewan Cowie

L’optimisme et l’enthousiasme remontent : nous ajoutons cinq personnes pour construire un 47, et bim, c’est un deuxième record de validé !

Photo Ewan Cowie

Il ne reste plus beaucoup de temps, mais nous partons tout de même pour deux autres tentatives à 50 afin de clore cette belle journée.
La pression et la fatigue ne permettent pas à la figure de se compléter, mais le visuel de notre groupe sous la lumière du coucher de soleil au-dessus de la baie de Sebastian est un sacré spectacle !
Heureux du travail accompli, nous célébrons ces trois jours dans une belle ambiance conviviale.

Si l’on prend le temps d’analyser ce qui a fait la réussite de ce record d’état de Floride ou celui du dernier record féminin, on remarque ces points communs :
● La base s’est entrainée en amont pour assurer un noyau solide.
● Sur les premiers sauts, les extérieurs venaient se placer sans prendre le grip, uniquement concentrés sur leur approche, leur niveau et leur proximité.
● Après quelques essais avec le nombre visé, une figure plus petite était réalisée puis au fur et à mesure des réussites, des flyers s’ajoutaient.

Le record du monde tête en haut est de 84 (Chicago en 2019) quand on en est à 164 pour la tête en bas (Chicago en 2015). Cet écart montre à quel point la grande formation tête en haut est technique ! Les approches se font tête en bas puis, lorsqu’on est proche de son emplacement, on transite tête en haut pour faire les derniers mètres.

Une fois grippés, impossible de se servir de ses bras pour flotter, il faut tout gérer avec ses jambes et l’arrière de sa tête. C’est chaud !

En tête en haut, on veut être plus haut que la personne devant. Voilà pourquoi il est toujours bon d’avoir une combi qui a du bon grip sur les jambes. Dress for Success  😉

Alors, tenté par l’aventure ?

Photo Ewan Cowie

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Quelle est la recette pour battre ces records ?
Dans cet autre article intitulé "RECORDS de FREEFLY en grande formation", Greg Crozier livre sa vision et une réflexion stratégique sur cette belle discipline du freefly en grande formation.

Photo Ewan Cowie

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GALERIE PHOTOS

Retour en images sur le double record "tête en haut" de l'état de Floride , avec les photos d'Ewan Cowie. (Cliquer sur une des photos pour l'agrandir et afficher la galerie en mode diaporama)

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