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MAX PYRO 2.0

Record du monde de freefly de nuit

Le 21 mars 2024, un très spectaculaire record du monde de grande formation tête en bas de nuit a été réalisé à Eloy, Skydive Arizona, avec une formation à 42. Elle a illuminé le ciel grâce aux systèmes pyrotechniques et aux LED emportés par les freeflyers.

Photo Benjamin Forde

Interview de Franck Eloffe, par Bruno Passe

Les images du record ont rapidement envahi les réseaux sociaux tant leur puissance était décuplée par le double effet lumineux de la grande colonne de feu, produite par la pyrotechnie, et de la brillante coloration de la figure, illuminée par les LED.

Vue du sol par les "terriens", elle donnait l’impression d’être une météorite déchirant le ciel noir du désert, certains ont cru voir d’autres phénomènes extraterrestres !

Nous rencontrons Franck Eloffe, un Français qui vit aux États-Unis depuis quelques années. Avec Domitille Kiger, Karine Joly et Greg Crozier, il fait partie des quatre parachutistes français qui sont dans ce record. Basé à Eloy et travaillant à Skydive Arizona, Franck était doublement aux premières loges, en tant que résidant et aussi en tant que participant au record. En sa compagnie, nous allons revivre l'événement de l'intérieur.

Nous avons déjà eu l’occasion d’interviewer Franck en 2019, en tant que double recordman du monde. En juillet 2019, à Chicago, il faisait partie du record du monde de grande formation tête en haut à 84 (Cf. ParaMag n°388 de septembre 2019). Quelques semaines plus tard, il intégrait le record du monde de séquence de grande formation en vol relatif de nuit : 4 points à 22 (Cf. ParaMag n°391 de décembre 2019).

Les quatre parachutistes français dans le record à 42 (de gauche à droite) : Franck Eloffe, Karine Joly, Greg Crozier et Domitille Kiger. Photo Javier Peyrat

Avant d’interviewer à nouveau Franck sur ce fameux record du monde de freefly de nuit, nous avons décidé de nous intéresser à sa carrière et à son parcours. Sur son CV, il est écrit ceci :

"Avec plus de 20 ans d'expérience dans le sport et en tant que parachutiste de troisième génération, j'ai acquis les connaissances et la formation nécessaires pour exceller dans diverses disciplines. J'ai développé avec succès des compétences pour guider et former le personnel militaire, les élèves, les pratiquants de tous niveaux. J'ai eu l'occasion de travailler avec des organisations telles que l'USPA, la FFP et Swiss Parachute, ce qui m'a permis d'acquérir des connaissances sur les séances de saut au quotidien, dans un environnement de travail professionnel et sûr."

Démarré par une formation PAC à Pujaut en 2006, son parcours parachutiste est atypique, et il l'a transporté du Lavandou, en bord de Méditerranée, à Eloy, dans le désert d’Arizona. Nous lui avons demandé qu’il nous en raconte un peu plus…

ParaMag : Avant d'enchainer sur ta vie américaine, revenons un peu sur tes débuts en France ?
Franck Eloffe : En 2004, j'ai fait un saut d’initiation PAC avec Benoît Serrell et Arnaud Fletcher, chez "Tombé du ciel', à Pujaut. Ce n'est qu'en 2006 que j'ai complété ma PAC. Pour info, mon grand-père était parachutiste, plutôt militaire, ma mère et mon père également. Mais ce n'est pas d'eux qu'est venue ma vocation, car je n'ai pas connu mon père et j'étais bébé lorsque ma mère pratiquait encore, avant son divorce.

Ta carrière s'accélère en France après 2010, c'est ça ?
Oui, j'ai pratiqué la compétition en freefly, coupes de France et championnats de France, j'ai démarré dans la même équipe de freefly que Greg Crozier, et en 2010 j'ai été sélectionné en équipe de France espoir. J'ai passé mes qualifications françaises d'initiateur B2, Bi4 et B4. Ensuite j'ai travaillé durant deux ans en Suisse où j'ai obtenu mes qualifications moniteur AFF et tandem suisses et américaines.

Selon ton CV, on situe ton implantation aux États-Unis aux alentours de 2018, ou 2019, c'est bien ça ?
À peu près, oui… Disons que j'ai suivi mon petit bonhomme de chemin, de façon plutôt discrète, d'abord parce je ne cherche pas à être connu, je fais du para surtout parce que ça me fait kiffer. Dans le milieu, je suis surtout connu pour être marié avec la célèbre parachutiste américaine Amy Chmelecki… Mais comme nous avons gardé nos noms, ça n'est pas évident pour tout le monde.

Franck Eloffe traverse un mur de feu durant un flare, une pratique assez typique en Arizona. Photo Mike Mac Gowan

Ce serait donc pour rejoindre ton épouse que tu t'es basé à Eloy, en Arizona ?
Nous sommes en couple depuis neuf ans. Après s'être rencontrés sur le boogie Pachangon, au Mexique, en 2015, nous avons commencé par passer des vacances ensemble, mais alternativement dans nos régions respectives. À cette époque, je résidais dans le sud de la France. Ensuite nous passions six mois d'été en Europe et six mois d'hiver à Eloy. On participait ainsi à toutes sortes d'évènements dans nos pays respectifs.

Au début j’ai cru que je serai plutôt dans l'ombre d'Amy, car elle est très connue dans le milieu parachutiste. En fait, je suis plutôt dans sa lumière et cela m'a permis de faire plein d’autres choses dans le parachutisme. J'ai passé pas mal de qualifications américaines et j'ai commencé à avoir du travail à Eloy. Mais j'étais toujours limité par la législation US et je devenais suspect à force de faire de nombreux allers-retours. Il y a cinq ans, après avoir été arrêté à la frontière - puis relâché ! - nous nous sommes mariés et j'ai obtenu la nationalité américaine, tout en gardant la française. Et je me suis basé à temps plein à Eloy.

Franck Eloffe (à droite sur la photo) après un tandem VIP pour Red Bull, avec Jeff Provenzano (à gauche) et une passagère tandem. Photo Mike MacGowan

En quoi consiste ton travail à Eloy ?
Je travaille beaucoup avec les militaires, j'entraîne les forces spéciales, que ce soit US Navy, Navy Seals, Marines, Air Forces, etc. Cela va depuis le niveau débutant, c'est-à-dire AFF, jusqu'aux hyper confirmés à 6 ou 7000 sauts et qui continuent de s'entraîner dans diverses disciplines. Cela me prend la moitié de mon temps, l'autre moitié je suis occupé à l'école para de Skydive Arizona, pour du tandem et de l'AFF.

Je fais entre 1300 à 1600 sauts par an dont 200 ou 300 tandems. Je suis aussi qualifié rigger USPA (plieur réparateur) et S&TA (Safety and training advisor, USPA). Et je continue de pratiquer en compétition : en 2020, j'étais dans une équipe de MFS qui s'est classée deuxième au Nationaux US.

C'est quoi le MFS ?
MFS : Mixed Formation Skydiving, c'est du vol relatif mixte : tête en bas, tête en haut et à plat. Cette discipline a fait ses débuts en 2013 aux États-Unis lors des championnats nationaux. Elle est assez populaire et elle se pratique par équipe de deux performeurs plus un vidéoman.
Une nouvelle catégorie intermédiaire a été créée récemment, avec des programmes de bloc et de figures libres plus ludiques, et où un seul membre de l'équipe doit être compétent pour voler tête en bas, ce qui permet aux équipes moins expérimentées de concourir.

Parle-nous des records de grande formation auxquels tu as participé précédemment ?
Les records de France de freefly tête en bas, j'ai participé à plusieurs tentatives et aux records de 2011 (formations à 33, 38 et 40), et de 2014, une formation à 48. Le 48 de 2014 a tenu presque 10 ans puisqu'il n'a été battu que l'année dernière à Nancy (2 points à 39, formation à 51, formation à 54), mais je n'y étais pas.

J'ai participé aux tentatives de record du monde tête en bas à 200 en 2018 et en 2022 à Chicago, mais elles ont échoué. J'étais dans le record du monde tête en haut à 84 à Chicago en juillet 2019. La même année, j'étais dans le record du monde de séquence de grande formation en vol relatif de nuit : 4 points à 22, à Eloy, donc chez moi "à la maison".

Je suis très content d'avoir participé ce mois-ci à ce record du monde à Eloy, car j'avais déjà un record du monde à plat, un autre record du monde tête en haut, mais il me manquait un record du monde tête en bas. Et en plus, on a fait deux records et tous les deux de nuit !

Comment est venue cette idée de record du monde de nuit MAX Pyro 2.0, avec les LED et la pyrotechnie, et pourquoi l'appeler comme cela ?
Ça remonte à 2020, au Texas, lorsque Konstantin Petrijcuk a imaginé un événement expérimental baptisé "MAX Pyro". Konstantin était déjà connu pour sauter avec des voitures ou pour mettre le feu à sa voile de parachute.
Au mois de mars 2020, assisté de Matt Fry, Steve et Sara Curtis, il a réuni une vingtaine de freeflyers qu'il a équipés de LED et de système pyrotechnique afin d'établir une première mondiale.
Après des sauts d'entraînement de jour, pour apprendre à utiliser les LED et le matériel pyrotechnique en toute sécurité, le groupe était prêt. Mais la météo s'est dégradée et ils n'ont pu faire qu'une seule tentative qui n'a pas abouti. Et puis est arrivé le Covid-19….

Mais ça avait enthousiasmé les participants et les organisateurs. De là est venue l'idée de réorganiser un événement encore plus grand pour tenter d'établir un record du monde de nuit tête en bas. Konstantin et Matt, les instigateurs de l'événement de 2020, ont demandé à Steve et Sara Curtis de les aider à nouveau et ils ont également demander Amy Chmelecki de rejoindre l'équipe. Il a fallu un an pour planifier et préparer ce deuxième événement.

On suppose que la sélection était très serrée ?
Oui, il faut les compétences en freefly bien sûr et aussi suffisamment d'expérience pour gérer l'aspect des sauts de record du monde, à haute altitude, donc avec oxygène, de nuit, avec les LED et la pyrotechnie. La sélection est donc très technique, mais elle est aussi financière, avec un coût de 2000 dollars pour les six sauts ! Ce qui est justifié par la fourniture du matériel pyrotechnique, en plus du surcoût habituel des records en grande formation (mise en place des systèmes oxygène, vidéo et jugement, etc.). Les participants ont été mis à contribution, mais cela aurait été encore plus cher sans les sponsors de l'événement. C'est vrai que c'était plus facile pour moi puisque j'habite sur place, mais même s'il n'y avait pas eu de record, ça ne m'aurait pas posé de problème de payer un tel prix, c'était tellement hallucinant. C'est vraiment exceptionnel de pouvoir être dans des sauts comme ceux-là !

Peux-tu nous donner des détails sur le système pyrotechnique ?
Il a été fourni à chacun un kit pyrotechnique spécifique pour cet événement. Il est constitué de deux détonateurs télécommandés et de quatre bougies pyrotechniques. Un premier détonateur allume deux bougies durant la chute libre et l'autre est utilisé sous voile pour allumer les deux autres bougies. On utilise deux déclencheurs télécommandés, un pour chaque pair de bougies. Ces déclencheurs télécommandés rentrent parfaitement dans les bracelets Viso de Larsen&Brusgaard. C'est donc très pratique pour les installer sur le poignet. Une télécommande sert à déclencher en chute et l'autre sous voile.

Konstantin Petrijcuk explique le fonctionnement du dispositif pyrotechnique. Photo Gustavo Cabana

Les bougies pyrotechniques sont fixées sur un montage spécial qui reçoit également les deux détonateurs. Le dispositif, qui pèse entre 3 et 5 livres, est porté sur la cheville gauche. Ces bougies pyros sont choisies et conçues pour fonctionner pendant une durée de 30 à 45 secondes, avec un mélange qui produit un "feu froid", approprié pour ne pas brûler les parachutes. Seule la base des gerbes d'étincelles (là où l'on voit les flammes réelles) est chaude. La queue de gerbe brûle plus froidement, et la vitesse de la chute la refroidit encore plus. La distance qui sépare les engins pyrotechniques du parachute (et de nous-mêmes !) permet de les utiliser en sécurité.

Photos ci-dessus : vue de détail du dispositif pyrotechnique installé sur le poignet et la cheville. Photos Gustavo Cabana

Et à propos de sécurité, n'est-ce pas stressant de voler sous oxygène dans un avion avec de tels dispositifs pyrotechniques ?
Le premier jour, un briefing de sécurité de plusieurs heures a permis de nous familiariser avec l'équipement, d'apprendre à l'utiliser et à le vérifier. Nous avons fait de nombreux exercices. Les organisateurs avaient pris des mesures particulières et mis en place des procédures spéciales pour la sécurité. Nous devions laisser les détonateurs verrouillés pendant le vol et les déclencheurs pyrotechniques étaient en position d'arrêt jusqu'à l'ouverture de la porte. Tout le monde connaissait les procédures à suivre en cas de déclenchement intempestif à bord, notamment l'utilisation des couvertures anti-feu et des extincteurs répartis dans les avions.

Pour info, il n'y a que les dirigeants de Skydive Arizona qui ont accepté d'organiser ce record et de relever le défi, d'autres grands centres ont refusé. Chez Skydive Arizona, ils l'ont l'avantage d'organiser régulièrement des sauts de nuit, mais la partie pyrotechnique avait tout de même de quoi les stresser ! Ce n'est qu'après avoir pris connaissance du plan minutieux et approfondi des organisateurs de Max Pyro 2.0, et des procédures de sécurité mises en place, que Shawn Hill, le boss de Skydive Arizona, s'est montré ouvert à accueillir un tel événement.

Un long briefing de sécurité a été tenu par les organisateurs. Photo Gustavo Cabana

Comment ça se passait pour les recharges des dispositifs pyrotechniques entre chaque saut de tentative ?
Il y avait une équipe technique qui s'en occupait, elle était chargée d'enlever et de jeter les pièces pyrotechniques usagées, d'en monter des neuves, et de les connecter en toute sécurité aux détonateurs et aux déclencheurs.

Elle devait gérer les 45 démontages et remontages des bougies pyrotechniques, et les 90 connections de détonateurs. Et ensuite vérifier que tout était bien synchronisé pour éviter les déclenchements intempestifs. Elle devait aussi prendre en charge les dispositifs pyrotechniques qui n'avaient pas bien fonctionné durant les sauts, car sur les 45, il y a parfois des défaillances. Les six membres de cette équipe étaient appelés les "Pyrotechniciens" ou les "Minions" et ils ont largement contribué au succès de l'événement.

Toujours au sujet des dispositifs pyrotechniques, comment ça s'est passé durant les sauts ? Est-ce que tout le monde en était équipé ?
Oui, ce n'était pas obligatoire, mais tout le monde en a voulu. Il a fallu un peu de réglages, certains allumaient leur système trop tôt en début de saut. Il a été rapidement demandé de respecter un délai minimum de 5 secondes après le départ avant de déclencher la pyrotechnie. Il fallait donc déclencher les détonateurs durant le piqué ou l'approche vers la formation. En chute on ressentait bien la petite explosion correspondant à l'allumage.

Pour la base accrochée, la mise en route se faisait différemment il n'y avait qu'un seul détonateur qui télécommandait les sept autres. C'était une base à six accrochée avec deux breakers qui viennent apponter pour ouvrir et compléter la base à huit. C'est un des deux breakers qui avait le détonateur télécommandé.

Peux-tu nous donner des détails sur les systèmes de LED ?
Tout le monde en était équipé également. Le système était fourni et chacun devait l'adapter sur sa combinaison. Chacun était libre de faire comme il voulait pour installer les LED sur toute la longueur des bras et des jambes, mais il y avait un codage couleur à respecter en fonction des différents secteurs de la formation. Il y avait possibilité d'avoir une combinaison spécifique auprès d'un sponsor, un fabricant de combinaison qui proposait une remise.

Pour les LED, il fallait emporter une petite télécommande et un pack de batteries.
À cela s'ajoutait l'équipement obligatoire pour sauter de nuit aux US : un altimètre visuel éclairé, une lampe stroboscopique et deux bâtons lumineux sur le casque : un rouge devant et un vert derrière (pour éviter les collisions). J'emportais aussi une grosse lampe, celle que j'utilise habituellement pour les sauts de nuit à Eloy, en cas d'atterrissage dans le désert.
Et pour ce type de saut en freefly, il est obligatoire d'emporter deux altimètres sonores.

Ce record nécessitait donc d'emporter beaucoup d'équipements ! Cela a-t-il ajouté du stress supplémentaire par rapport à un record de jour ?
Oui, car en plus de gérer la partie technique du record et celle du saut de nuit, il y avait toute la partie équipement, avec la préparation, vérifier que tout est fonctionnel et bien installé avant d'embarquer. Et également le respect des procédures dans l'avion : à 4 mn, c'était l'allumage des LED. Pas trop tôt pour ne pas éblouir les pilotes, mais suffisamment tôt pour permettre aux parachutistes de s'habituer à l'intensité lumineuse.

À 2 mn, la lumière jaune nous donnait l'ordre de nous lever, de ranger les banquettes, d'ouvrir la porte de l'avion et de mettre en service nos détonateurs.
Et puis nous attendions le feu vert pour sortir.

La vue embarquée de Franck Eloffe durant le saut du record à 42.

À quelle altitude vous sautiez pour les records ? Quelle était ta position dans la formation ?
Nous sautions à une altitude de 16.500 pieds, environ 5000 mètres. J'appontais troisième stinger sur la base. C'était un visuel fabuleux, je partais avant-dernier piqueur d'un Skyvan, et je voyais les pyros qui s'allumaient les unes après les autres devant moi, c'était incroyable.

À la fin, ce n'est plus vraiment un saut de nuit, car il y a tellement de lumière que tu vois très bien l'opposé de la figure. Je me souviens que dans le record de nuit en VR (4 points à 22) c'était compliqué pour voir de l'autre côté de la base et pourtant nous avions tous des LED.

Mais là, avec la pyro, il y avait une sorte d'aura autour de la formation, c'était un visuel de dingue !
La séparation se faisait en deux vagues, vue depuis le sol, il paraît que c'était très spectaculaire de voir la colonne lumineuse se diviser en de nombreux fragments de lumières.

Et sous voile, comment ça se passait ? Pourquoi y avait-il de la pyrotechnie sous voile également ?
C'était un peu le même délire illuminé… C'était aussi un plus pour la visibilité entre nous. Une fois ouvert et la voile mise en œuvre, en plus de la pyrotechnie, on allumait les stroboscopes. Et la zone d'atterrissage était éclairée. Que ce soit en chute ou sous voile, le visuel était incroyable !

La vue embarquée de Franck Eloffe sous voile.

Les organisateurs avaient prévenu les autorités des communs avoisinantes : pompiers, polices, etc. et heureusement, car il y a eu beaucoup d'appels de personnes qui croyaient voir une météorite, une comète ou une attaque terroriste. Comme nous avons sauté à 5000 mètres, la formation était visible de loin, à plusieurs kilomètres à la ronde, jusque Arizona City et Casa Grande.

Comment se sont déroulés les sauts d'entraînement, jusqu'aux tentatives et au record ?
Le programme des sauts c'était un saut de jour, en fin d'après-midi, puis deux sauts de nuit. L'évènement a débuté un jeudi. Le tout premier saut, de jour, nous avons tout de suite réussi la formation à 42 qui a volé pendant plus de 10 secondes. Ça met immédiatement une bonne ambiance, car on sait qu'on sait faire, et il reste juste à le faire de nuit.

À la première tentative de nuit, il ne manquait qu'une seule personne. On est reparti super confiant, mais la deuxième tentative a été catastrophique, même la base a explosé. On est allé se coucher…

Il a tout de même été décidé de faire un changement dans les avions, qui étaient au départ un Skyvan et un Twin Otter. Pour les sauts suivants, ce serait deux Skyvan, afin de faciliter la mise en place avec l'équipement de nuit, trop encombrant dans un Twin Otter.

La séance de sauts de nuit était précédée par un saut de jour. Les photos montrent Jeff Provenzano en flotteur dans les deux configurations. Photos Gustavo Cabana

Durant le tout premier saut de jour, la formation à 42 est réussie et elle vole pendant plus de 10 secondes. Photo Gustavo Cabana

Le lendemain on a refait un saut de jour qui a marché à 100% avec une formation complète à 42. Le premier saut de nuit du deuxième jour, donc la troisième tentative de record, s'est déroulé comme la veille : une seule personne manquante.

À ce moment-là, les prévisions météorologiques commençaient à annoncer des vents violents et de la pluie. Il ne fallait pas trainer à faire le record et il a été réussi au saut suivant. C'était le deuxième saut de cette deuxième nuit, la quatrième tentative et le quatrième saut de nuit, et le sixième saut au total. L'incroyable formation a volé durant plus de six secondes.

Photos ci-dessus : Le record de nuit à 42 ! L'incroyable formation a volé durant plus de six secondes. (Le freeflyer à droite de la photo est un caméraman). Photos Gustavo Cabana

Sur place, le juge FAI était Randy Connell, et il était assisté à distance des juges Jim Rees et Amanda Smalley. Lorsque Randy a confirmé que la formation avait été construite correctement et que nous avions le record, l'ambiance nocturne est partie à la fête.

On était vendredi soir et il restait encore deux jours. Mais le samedi il y a eu une couche nuageuse qui est arrivée, à un peu plus de 4000 mètres, et il n'était pas question de passer au-dessus. Pas question non plus d'attendre, car le vent s'annonçait de plus en plus violent.

Les organisateurs ont alors décidé de tenter un record séquentiel à 21 de nuit, toujours avec la pyrotechnie et en sautant à 4000 mètres.

Le point positif, c'est que le règlement FAI prévoit que si deux groupes de même nombre (21 personnes dans notre cas) réalisent le même jour, le même record sur la même performance, la totalité des deux groupes (42 personnes dans notre cas) a le record du monde. Cela maintient la dynamique pour tout le monde.

Deux groupes ont été constitués et ils ont tenté leur chance successivement. J'ai eu de la chance, j'étais dans le premier groupe qui a réussi à faire deux points, avec Greg et Karine. L'autre groupe n'a fait que le premier point.

Pour moi, c'était la cerise sur le gâteau, car il me manquait un record du monde tête en bas, c'était le seul qui me manquait et on en a fait deux ! J'étais attaché à avoir un record dans chaque discipline, ce n'est pas pour le papier, honnêtement c'est pour être complet et aussi pour le plaisir et pour ces images incroyables. Même si les organisateurs ont des plans pour d'autres projets, on ne sait pas avec certitude si ça se refera un jour, un record comme ça.

Propos recueillis le  28 mars 2024

Les sponsors de Franck Eloffe :
Aerodyne, Tonfly, Cypres, Larsen&Brusgaard, Phreshair, Skydive Arizona.

LE RECORD EN VIDÉO

(Cliquer sur une des images pour lancer la vidéo)

Vidéo ci-dessus : Le saut du record filmé en extérieur par Gustavo Cabana

Vidéo ci-dessus : Le saut du record filmé en vidéo embarquée par Franck Eloffe

MAX PYRO 2.0

Quelques chiffres :
● Le groupe était composé de 42 participants originaires de dix pays : Australie, Argentine, Brésil, Allemagne, France, Finlande, Norvège, Turquie, Émirats arabes unis et États-Unis d'Amérique.
● Il était composé de femmes pour près d'un tiers, une proportion qui est en augmentation par rapport à la représentation moyenne de 13 % de femmes lors de la plupart des records du monde en parachutisme.
● Au départ, c'est un record à 43 qui était prévu avec trois caméramans : Gustavo Cabana, James Kunze et Nathan Roth.
● Steve Curtis s'est sorti de la formation à 43 pour occuper le poste de caméraman supplémentaire, sans obligation artistique. Son rôle était d'assurer des d'images qui soit jugeables, pour que les juges puissent bien voir les prises, malgré la nuit et les effets lumineux.

Les organisateurs :
Amy Chmelecki, Sara Curtis, Steve Curtis, Matthew Fry et Konstantin Petrijcuk.

Les organisateurs posent avec les "Pyrotechniciens" surnommés les "Minions" (d'où le bonnet et les lunettes). Photo Gustavo Cabana

Les cameramans :
Gustavo Cabana, James Kunze, Nathan Roth, Steve Curtis.

Les juges :
Randy Connell, Jim Rees, Amanda Smalley.

Les sponsors de l'événement :
SSK, Blick Bags, Cypres, Cookie, L&B altimeters, Phreshair, Neotein, Broken Records, Arizona Arsenal.

GALERIE PHOTO

Encore plus d'images sur le déroulement du MAX PYRO 2.0, avec les photos (en chute et au sol) de Gustavo Cabana et de Benjamin Forde (au sol).

(Cliquer sur une des photos pour l'agrandir et afficher la galerie en mode diaporama)

 

Toujours plus d'images dans la galerie de Gustavo Cabana 


Légende de l'illustration ci-dessus : "Ne laissez jamais la vérité interférer avec une bonne histoire". Cette composition photo a été créée par Benjamin Forde, parachutiste, photographe et designer. Il commente : "Un palmier m'a obstrué la vue alors que je photographiais depuis le sol. Sans me décourager, j'ai capturé la lune de ce soir-là et je l'ai combinée en post-production avec une photo de la formation MaxPyro 2.0 traversant le ciel nocturne, prise quelques minutes plus tôt". Benjamin Forde dirige FORDESIGN, une société de publicité et de stratégie de marque "qui permet une interprétation créative complète plutôt qu'une stricte adhésion à l'exactitude des faits, nous sommes un divertissement".

LE PROLOGUE D'AIRWAX

Coup double en Floride

Avant de participer au MAX Pyro 2.0, les deux Français Karine Joly et Greg Crozier se sont arrêtés en Floride, à Skydive City, pour un autre type de record : un record d'état en grande formation séquentielle tête en haut.

L'année dernière, dans cette même catégorie, à la même époque et dans le même état de Floride, un double record d'état était établi à Skydive Sebastian avec une grande formation tête en haut à 42, puis une autre à 47. (ajouter lien vers l'article)

Cette année encore, les organisateurs Brad et Mallory Hunt visaient une formation à 50 pour tenter de devenir la plus grande formation d'état, hors record mondial.

Pour rappel, le record du monde tête en haut est de 84, il a été établi à Chicago en 2019 et il compte aussi comme record d’état. Car ce type de record n'impose pas d'avoir la nationalité américaine, simplement d'avoir une licence FAI.

Aux États-Unis, le dernier décompte dans la course aux records d'état tête en haut (hors record du monde, on le répète) était :
- en 2021, Floride avec une formation à 32,
- Texas avec une formation à 45,
- Floride à nouveau, en 2023, avec la formation à 47.

Les Hunt étaient donc repartis cette année pour tenter un record de Floride à 50, mais ils ont revu leur plan à la baisse suite à des annulations et des blessures chez certains candidats. Ils ont décidé de réduire le groupe à 32 personnes et de partir pour un record séquentiel de grande formation tête en haut : 2 ou 3 points.

Objectif atteint dès la quatrième tentative pour le record de 2 points, qui est non seulement un record d'état en grande formation séquentielle tête en haut, mais également un record du monde. Le record à 3 points a été tenté quatre fois, mais sans succès.
Il y avait trois Français dans le record de 2 points à 32 : Guillaume Doisy, Karine Joly et Greg Crozier.

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