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Ma vie entre ciel et terre

Mémoires d'un parachutiste passionné : Jean COUPÉ

Photo de couverture (en bas) : Dominique Charbouillot. Photo de droite : André Garandet

"J'aurai donc fait mon dernier saut à 89 ans, non en wingsuit, mais avec le parachute d'une victime d'un accident mortel". La carrière de Jean Coupé est aussi longue qu'atypique. À travers ses mémoires, publiées en novembre 2023, c'est l'histoire du parachutisme depuis 70 ans qui nous est transmise.
ParaMag vous en ouvre les pages.

Par Bruno Passe

Depuis 1953, date à laquelle il effectue son premier saut, Jean Coupé a consacré sa vie au parachutisme, menant de front une carrière professionnelle et une carrière sportive.

Ingénieur civil et parachutiste d'essais pour le Ministère de la Défense pendant 30 ans à Toulouse, il a contribué au développement de parachutes (militaires et civils) et de techniques de parachutage, en tant que chargé d’études. Il a aussi collaboré avec le CNES (centre national d’études spatiales) à la récupération de missions spatiales. Parmi ses missions les plus atypiques, il y a la conception d'un système de parachutes qui a permis la récupération de deux singes lancés dans l'espace.

En activité au sein d’un service d’expérimentation basé à Pau, il a rejoint le Centre d’essais en vol de Brétigny, pour le quitter en 1958, recruté à titre civil par le Centre Aéroporté de Toulouse.

Recordman du monde de saut sans inhalateur en 1957 (qui lui valut huit jours d’arrêts de rigueur !), Jean Coupé compte parmi les premiers parachutistes professionnels brevetés dans le civil, en 1962 (brevet n°30), avec quelques pionniers de cette époque : Gil Delamare, Henri Violin, Sam Chasak, et bien d’autres. Il fait partie des neuf membres à avoir créé, à l’initiative de Max Cros, le premier groupement des "paras-pros".

Instructeur parachutiste civil, il fut directeur du premier centre école de parachutisme de la région Midi-Pyrénées, y ouvrant la voie du parachutisme sportif dès 1955.

Le dernier saut tandem de Jean Coupé, avec son ami Jean Grivet. Photo Dominique Charbouillot

Tout au long de sa carrière, il a souvent été sollicité en tant qu’expert auprès de la Cour de Cassation (liste nationale) ou auprès de la Cour d’Appel de Toulouse, dans des enquêtes sur des accidents de parachutisme. Dans le cadre de ses expertises, il lui est arrivé de sauter avec les parachutes des victimes, pour démontrer que le matériel n’était pas impliqué.

En 1986, après de multiples accidents de saut, la plupart survenus lors d’essais, suite à l’avis prononcé par le Centre médical de l’aéronautique, sa licence de parachutiste professionnel n’est pas renouvelée. Décision qui aura pour conséquence son départ volontaire du Centre aéroporté.

Instructeur breveté d’État B2, membre d’honneur de la Fédération française de Parachutisme, il y fut successivement président du Conseil technique, puis CTN (conseiller technique permanent), puis consultant auprès du Conseil de sécurité et membre du Conseil des sages.

C’est en tant que président du Conseil technique de la fédération, qu’il a joué un rôle clé, dès 1987, dans l’évaluation et la sécurisation de la pratique du tandem en France. Jean a également formé de nombreux moniteurs tandem et participé à la rédaction de réglementations pour le parachutisme sportif.

Membre d’honneur de la FFP et décoré de la Médaille d’or de la jeunesse et des sports en 1987, il a contribué inlassablement à la sécurité dans ce sport. Avec plus de 7000 sauts à son actif et pratiquant la wingsuit jusqu’à 89 ans, sa vie est un témoignage vibrant de sa passion pour le parachutisme.

À l’embarquement pour un saut en wingsuit, en 2017. À partir de 1954, Jean Coupé n’a jamais cessé d’apporter son concours à l’essor du parachutisme sportif, activité qu’il exerçait principalement au CEPS de l'Ariège, à Pamiers.

L’OUVRAGE

Il contient 370 pages, au format 16x24cm, illustrées d'une centaine de photos et croquis. Le contenu est aussi riche que varié, et la forme est atypique : il ne s’agit pas vraiment d’un récit chronologique.

Tandis que le premier tiers du livre (les 141 premières pages) a bien la forme de mémoires, les 175 pages suivantes sont constituées d’annexes dont certaines sont croustillantes : saut avec canapé, sauts militaires à très grande hauteur, torche volontaire et ouvertures basses en meeting, tournages parachutistes, record du monde de hauteur, etc. Les 36 dernières pages contiennent des pièces jointes intéressantes sur le plan technique et/ou historique.

La table des matières permet de naviguer facilement entre les diverses activités et travaux, les entreprises, les entités et les rencontres qui ont jalonné le parcours de Jean Coupé.

MA VIE ENTRE CIEL ET TERRE
70 ans de passion parachutiste, par Jean COUPÉ
ISBN : 9791039643580
370 pages, format 16x24
Illustré d'une centaine de photos et croquis
(Impression intérieur couleur)
Prix de vente : 25 euros (hors frais de port)
Renseignements et commandes : 70ansdepassionparachutiste@orange.fr
L'ouvrage est également référencé dans la bibliothèque de l'éditeur : www.coollibri.com

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EXTRAITS DU LIVRE (publiés avec l’autorisation de l’auteur)

LES OUVERTURES BASSES

"La réglementation en vigueur à cette époque rendait obligatoire le déclenchement de l'ouverture du parachute à une hauteur égale ou supérieure à 400 mètres. La police de l'air, qui contrôlait les meetings, avait pour mission de s'assurer que les présentations aériennes se déroulaient bien suivant le respect de ces règles.

Dans la région Midi-Pyrénées, j'étais connu des agents de la police de l'air qui me rappelaient, avant mes présentations, de respecter la hauteur d'ouverture de mon parachute. Mais à la fin de chaque meeting, tout s'étant bien passé, ils ne me tenaient pas rigueur de mes infractions et ils ne m'ont jamais sanctionné.

Pour effectuer mes sauts avec ouverture basse, la préparation de mon parachute était différente de celle des sauts ordinaires. Je remplaçais l'extracteur lampion, que je jugeais trop lourd, par un extracteur plat circulaire de 30 cm de diamètre, bordé d'une bande de tissu de 25 cm qui formera la jupe de l'extracteur lorsque celui-ci sera exposé au vent relatif.

La partie formant la calotte était rigidifiée par un fil métallique du type corde à piano qui bordait sa circonférence. Pour que cet extracteur puisse se projeter lors de l'ouverture de mon conteneur, il était nécessaire de le vriller (en 8) de façon à former deux petits cercles maintenus et contraints à rester superposés lors de la mise en sac, effectuée avec précaution pour que les demi-cercles ne soient pas intégrés l'un dans l'autre, ce qui les neutralisait.

L'extracteur étant disposé à la base du conteneur, dès l'ouverture de celui-ci la détente du ressort, pour retrouver sa forme initiale circulaire, le projetait hors de l'emprise des rabats. L'extracteur était relié à la voilure, pliée voile d'abord, par une drisse d'une longueur de 2,5 à 3 mètres. Une telle longueur permettait à l'extracteur placé dans le vent relatif d'être éloigné de la zone des turbulences. Dans ces conditions il avait une traînée maximale avant d'être confronté à la prise en compte de la masse de la voilure à extraire et à placer dans le vent relatif. Ma position d'ouverture chute, dite Carnarozo en piqué, jambes écartées, permettait un écoulement optimal de l'air au voisinage du fond du sac d'où jaillirait l'extracteur.

Lors des sauts à ouverture basse je sautais à une hauteur comprise entre 1.500 et 2.000 mètres pour être sûr d'être bien vu du public. Jusqu'à une hauteur d'environ 300 mètres je chutais à plat puis je me mettais en piqué, la main droite en prise sur la poignée d'ouverture extraite de son logement, l'autre main en appui sur celle de droite pour être sûr de pouvoir faire face à une éventuelle résistance d'ouverture du sac.

Puis toute mon attention était concentrée sur l'approche du sol où se trouvaient les spectateurs et sur l'évaluation de ma hauteur. Un peu avant de déclencher l'ouverture je hurlais pour impressionner les spectateurs. Je me retrouvais régulièrement ouvert dans la zone des 100 mètres. Excepté dans les meetings d'Auch et de Cahors où, sans le vouloir, je me suis retrouvé dans les 50 derniers mètres.

Lors d'un saut sans public effectué sur l'aérodrome de Lasbordes, je me suis retrouvé aussi pendu au-dessus de la cime des peupliers, situés à l'entrée du terrain. Encore une fois la chance avait été de mon côté. Au cours d'un meeting à Cahors, je me suis retrouvé en chute verticale en bordure de la tribune officielle, clôturée pour isoler ces derniers du public. Me voyant plonger sur eux en hurlant, certains pris de panique en voulant s'écarter, tombèrent parmi les chaises. En réalité je me suis posé juste en bordure de l'enceinte censée les protéger."

Nous avons choisi cet extrait sur les ouvertures basses, mais c’est l’exercice dit de "la Triple descente" (voir photo ci-dessus) qui était le plus important pour Jean Coupé. Un plus d’un parachute standard, son équipement était constitué de deux sacs confectionnés artisanalement et par ses soins, avec de la toile de jute. Chaque sac était pourvu d'une simple sangle qui lui permettait de le tenir à la main. Placé devant lui, au-dessus du sac "ventral" standard, le plus haut de ces sacs lui bouchait la vue. Il sautait donc pratiquement  "à l’aveugle"…
La suite de l’histoire est à découvrir dans le livre !

QUELQUES PHOTOS...

Parmi la centaine d'illustrations que contient le livre (et parmi nos archives ParaMag) !

En juin 1982, Jean Coupé dirige et participe à un tournage parachutiste qui consiste en une chute libre dans un canapé. L’autre parachutiste à ses côtés est Danielle Prigean. Les deux preneurs d’images en chute sont Michel Auvray et Guy Sauvage. Photo extraite du livre

L’équipe d’évaluation de la pratique en tandem, réunie à Strasbourg en 1987. De gauche à droite : Marcel Hérault, Bernard Salvais, Jean Coupé et Yves Moreau. Photo extraite du livre

À la tribune du colloque technique à Vichy, en 1988, pour l’atelier sécurité. De gauche à droite : Jean Coupé, Michel Tournier et Yves Moreau. Photo Didier Klein – archives ParaMag

En 2018, lors d’un des colloques techniques de la FFP, à Talmont Saint Hilaire. Photo André Garandet – archives ParaMag

À LIRE ÉGALEMENT, par le même auteur :
ParaMag n°327 d’août 2014, article "Procédure de libération et zone rouge, petit retour en arrière" par Jean Coupé.
ParaMag n°369 de février 2018, article "REX - Let's twist again !" Compte-rendu de Jean Coupé.

À VOIR, une vidéo "Rétro" :
ParaMag n°295 de décembre 2011, article "Ouverture basse dans les années 50", par Francis Heilmann.

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