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Soufflerie, Wingsuit

Indoor Wingsuit Stockholm

Visite à la soufflerie de vol horizontal, en Suède

Photo Kevin Oliveri

C'est en septembre 2017, à Stockholm, qu'Indoor Wingsuit™ a ouvert ses portes au public. La première soufflerie commerciale de wingsuit au monde a été construite dans une ancienne installation militaire de recherche aéronautique. 17 mois après le premier vol dans le premier prototype grandeur nature de chambre de vol inclinée d'Inclined Labs, le concept de vol indoor à l'horizontale, en wingsuit, a d'abord été un succès technique. Il est devenu rapidement un succès commercial.


Par Carl Chevalerias, interview de Flavien Mazzon

(N.D.L.R. ) Dans cet article en deux parties, Carl Chevalerias nous décrit d'abord son voyage et son expérience de vol à Indoor Wingsuit Stockholm. Carl, qui est un wingsuiter passionné, à la fois compétiteur et organisateur français, a ensuite interviewé Flavien Mazzon, membre de l'équipe de France de wingsuit et coach à temps plein dans la soufflerie de Stockholm.

Espen Fadnes et Amber Forte durant une session d'entraînement de haut niveau. Photo Kevin Oliveri

Introduction

Ce nouvel outil m'a longtemps intrigué, à la fois par les progrès spectaculaires observés chez ceux qui y ont passé du temps et par l’idée quelque peu impressionnante de voler dans un milieu aussi confiné.

Je me décide enfin à franchir le pas, en novembre dernier, aidé par quelques amis et mon frère qui y vont. Les heures sont bookées, le billet d’avion pris, l’hôtel réservé, il n’y a plus qu’à attendre la date avec impatience.

Le voyage passe vite et 2h30 plus tard, nous voilà posés en Suède, et 30 minutes après à l’hôtel. C’est en fait assez rapide.

La nuit passée, c’est à la fois excité par cette nouvelle aventure et avec une légère appréhension que je me dirige vers les locaux de Indoor Wingsuit Stockholm.

L’accueil est chaleureux, et notre coach Flavien Mazzon, que beaucoup de wingsuiters français connaissent, est déjà sur les lieux. C’est un plaisir que de voir une tête familière.

Après un briefing sur la première étape de la formation, nous voilà partis pour un vol attaché dans un harnais. C’est à la fois l’occasion de prendre l’air avec sécurité tout en suivant les instructions données par le coach. On commence notamment à travailler les déplacements, les atterrissages et les procédures de sécurité.

Très vite, le coach propose de sortir du harnais tout en gardant un artifice sécuritaire, le leash attaché au cuissard enfilé sous la wingsuit, en même temps qu’une protection dorsale. Et de nouveau les procédures de sécurité/atterrissage/décollage sont répétées.

Vue d'ensemble sur la veine inclinable durant une séance de vol au harnais de sécurité. On distingue le système de cordes et de poulies, fixé à l'arrière des hanches de l'élève, sur le harnais qui est installé sous la wingsuit. Photo Kevin Oliveri

Cette nouvelle étape est à la fois impressionnante et génère beaucoup de plaisir, surtout quand on se retrouve quelques minutes plus tard sans aucun lien avec le coach. Grande satisfaction que ces premiers vols seuls où enfin on retrouve ses sensations.

Atouts de l’outil

En quelques sessions on se rend compte de l’efficacité redoutable de l’outil, qui en fin de compte apprend aussi l’humilité assez rapidement.

En tant que wingsuiter, c’est une remise en question complète des déplacements dans l’air que je perçois.

Il faut tout reprendre, oublier les mauvaises habitudes et reconstruire tous ces éléments qui permettent de gagner en précision pour monter, descendre, avancer, reculer et se déplacer latéralement. Le référentiel de la soufflerie permet de voir exactement ce que l’on déclenche comme mouvement et comment on l’arrête.

En peu de temps ces déplacements commencent à rentrer et on comprend tout de suite l’intérêt pour des vols en groupe, prise de grips, sur le ventre ou le dos. Excellent outil pour travailler les transitions en proximité du partenaire, etc.

Le coach Patrick Kramer (combinaison verte) en vol avec un de ses élèves débutant, équipé d'un modèle de combinaison Havoc. Photo Kevin Oliveri

Retour d’expérience

Après quelques heures passées dans le tunnel, cela commence à devenir un peu plus instinctif, plus facile, même si on est parfois rappelé à l’ordre par quelques cascades généralement bien amorties par les protections de la veine. Lors de ma deuxième visite de l’hiver, je vais constater qu'ils en ont même rajouté sur les côtés.

La progression est assez constante même si parfois des plateaux se font sentir dans la progression, engendrant un peu de frustration. Ces plateaux ne sont jamais infranchissables et la pédagogie de notre coach, en passant par d’autres exercices ou des jeux ludiques, permet d’en venir à bout. On s’aperçoit très vite de la quantité infinie de choses à apprendre dans cet outil fabuleux.

Ce que l’on apprend dès les premières minutes dans le tunnel, les moments de progression rapides ou même lors de ces plateaux, sont assurément tout aussi bénéfiques dans le ciel où je n’aurai plus la même façon de voler, c’est certain.

Je recommanderai de ne pas faire plus de 30 à 40 minutes (pour les plus endurants) lors des premières journées, l’exercice est particulièrement éprouvant et le temps passé à voler au-delà est probablement moins productif.

L’équipe

C‘était un grand plaisir que de faire la rencontre de cette équipe de toute nationalité très chaleureuse et accueillante, on se sent vite à la maison et l’envie de revenir est plus que là.

Vu les personnes croisées à chacune de mes visites, Indoor Wingsuit Stockholm semble être devenue "the place to be" pour beaucoup de wingsuiters venant du monde entier et particulièrement de France. Notre pays où la wingsuit connait un très grand essor ces dernières années, notamment depuis que les compétitions officielles FFP ont débuté.

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INTERVIEW DE FLAVIEN MAZZON

Peux-tu te présenter ?
Bonjour ! Je m'appelle Flavien, je saute depuis 12 ans et je suis wingsuiter depuis 10 ans. Je suis actuellement en équipe de France de wingsuit performance et aussi coach à temps plein à Indoor Wingsuit.

Faut-il obligatoirement avoir fait de la wingsuit avant de venir voler ici ?
Pas du tout ! Le tunnel est accessible à tout le monde, y compris les non-parachutistes. La progression est conçue étape par étape pour donner toutes les compétences de vol et de sécurité nécessaires, et peu importe l'expérience préalable. Évidemment un wingsuiteur expérimenté va très certainement "survoler" plusieurs étapes et la progression sera donc plus rapide. Il faut tout de même garder en tête qu'il s'agit d'un nouvel environnement avec des règles de sécurité différentes et par conséquent, même avec des milliers de sauts, il est important de ne pas brûler d'étapes.

Le coach Alex Knaub en briefing avec des débutants avant leur baptême de vol en wingsuit. Photo Kevin Oliveri

Comment se déroule la progression ?
Tout le monde commence dans le système de sécurité. Il s'agit d'un système de cordes et poulies auquel on est attaché à l'arrière des hanches par un harnais installé sous la wingsuit. Il permet de voler librement au milieu du tunnel, mais il nous arrête dès qu'on s'approche un peu trop des murs ou du sol. Plutôt appréciable quand on débute et qu'on découvre que finalement on n'était pas si précis que ça dans le ciel ! On reste dans le harnais juste le temps de contrôler ses déplacements sans aide du moniteur et d'apprendre les premiers atterrissages (compétence très rarement vue dans le ciel, mais indispensable dans le tunnel).

Photo Kevin Oliveri

Photos ci-dessus : Flavien Mazzon et une de ses élèves lors d'une session de vol dans le harnais de sécurité. Photo Kevin Oliveri

 

Flavien Mazzon et son élève Erwan Engammare. Il n'est pas possible de communiquer verbalement dans le vent relatif de la veine, le coach utilise donc des signes pour donner des indications à son élève. Mais entre deux sessions d’affilée, les moteurs sont stoppés, ce qui permet de débriefer/briefer directement dans la veine. Photo Juliette Panet

Une fois maîtrisé, place à l'étape de la laisse ! On enfile un baudrier d'escalade, on accroche une laisse (pour le plus grand plaisir de certains) et on commence à voler déjà beaucoup plus librement ! Le moniteur est toujours là, au bout de la laisse, pour rattraper une potentielle perte de contrôle et prévenir les petites incartades dans le mur.

Quelques exercices de sécurité plus tard, le moniteur décroche la laisse et vous volez seul ! Ensuite s'enchaîne l'apprentissage du vol à deux, dessus-dessous, grips, puis du vol dos, des transitions, des tonneaux et enfin du vol dynamique, avec ses pancakes et autres joyeusetés.

Le coach Pilvi Juvonen assure un élève en vol grâce au "leash". Photo Kevin Oliveri

Ça prend combien de temps pour être lâché ?
Cela peut varier beaucoup en fonction des personnes et de l'expérience préalable. Pour l'étape du harnais ça va de 10 minutes pour les plus rapides, à plus d'une heure plus les plus lents. Le plus souvent cela prend 30 à 40 minutes. La même durée est souvent nécessaire pour l'étape de la laisse. Donc voler totalement seul prend en moyenne une heure.

Je dois prendre ma wingsuit ?
Tout est prêté sur place. Wingsuit, protection dorsale, casque (qui doit obligatoirement être certifié). Toute la progression initiale se fait en modèle Havoc, donc pas besoin de ramener toute sa penderie.

C'est possible de voler en big suit ?
Le tunnel est inclinable ! On peut passer en une minute de 1.6 de finesse à 2.7 de finesse. Donc oui, c'est possible de voler avec des grosses ailes. Pour avoir le droit de voler avec, il faut simplement démontrer son aisance sur le ventre avec la Havoc, être capable de faire une transition de ventre à dos et réussir une série d'exercices de sécurité en une session. Pour la suite, je conseille de ne pas faire "que" de la grosse aile. La progression est beaucoup plus rapide et moins dangereuse en Havoc (les grosses ailes pardonnent beaucoup moins les erreurs techniques).

Le coach Patrick Kramer (combinaison verte) en vol technique avec un de ses élèves confirmé. Photo Kevin Oliveri

Ça va vraiment me faire progresser dans le ciel ?
Les compétences acquises se transfèrent extrêmement bien dans le ciel avec n'importe quelle aile. Je peux vous garantir que même avec 10 minutes au compteur, vous sentez la différence dans le ciel. Prendre un grip, être précis, juste se sentir à l'aise avec son aile aide énormément pour les ouvertures. Et une transition techniquement correcte apprise dans le tunnel marche, peu importe l'aile, la vitesse ou l'angle.

Si je valide mon niveau 3 dans le tunnel, tu me signes mon carnet pour que je puisse en faire dans le ciel ?
Ahah ! Ça serait bien hein ! Mais ça ne va pas être possible ! Le tunnel est un outil incroyable, mais il ne remplacera jamais l'expérience du ciel. Pour être un wingsuiteur accompli il ne suffit pas de faire des tonneaux et demi au-dessus de ses potes avec les doigts dans le nez, il faut aussi maîtriser les sorties d'avion, les fortes inerties pour faire des approches efficaces, les changements d'angle et de vitesse, les ressources, gérer son circuit, visualiser les espaces de vols et gérer ses ouvertures à la perfection. Autant de compétences qu'on n'apprend pas en tunnel. Alors c'est parti ! On enfile son harnais et on va sauter !

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Photo Kevin Oliveri


Si vous souhaitez plus d'informations ou réserver du temps de vol, n'hésitez pas à appeler au +46 7 93 48 04 23, à visiter le site indoorwingsuit.com, ou à envoyer un mail à contact@inclined.se. Si vous ne parlez pas anglais, envoyez votre mail à flavien@inclined.se qui se fera un plaisir de faire l'intermédiaire !

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À propos de l'auteur
Carl Chevalerias est champion de France 2022 de wingsuit acrobatique avec l'équipe Mama Wingsuit, Co-recordman de France et d’Europe 2017 de vol en formation de wingsuit. Organisateur et compétiteur en wingsuit acrobatique N1 et performance N1.
Carl sillonne le ciel depuis bientôt 17 ans. Wingsuiter passionné, il a donné naissance aux Wingsuit Challenges en 2015 et a co-organisé 8 compétitions de wingsuit en France dont la 1ere coupe de France et le 1er championnat de France de wingsuit.
1200 sauts d'avion, 400 en base-jump, 1200 sauts de wingsuit (base et avion inclus), son plaisir de voler est intact et les nouveaux challenges sont toujours les bienvenus. Son dernier média : https://youtu.be/WSImijnuf8g

À propos du coach
Flavien Mazzon vainqueur de la 1ère coupe de France de wingsuit acrobatique avec les Mama Wingsuit et vice-champion de France de wingsuit performance 2020, 2021 et 2022. Recordman d’Europe du vol le plus long en compétition officielle (97.5s). Co-recordman de France et d’Europe 2017 de vol en formation de wingsuit, membre de l'équipe de France de wingsuit performance et coach à temps plein à Indoor Wingsuit.
Flavien a débuté le parachutisme en août 2010 "un peu sur un coup de tête". Passionné de wingsuit depuis toujours et pratiquant depuis une dizaine d'années, il déclare "ne pas être du style à refuser un bon saut de freefly".

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Une technologie brevetée

Inclined Labs est le nom de l'entreprise qui a mis au point le concept de vol Indoor Wingsuit™ et qui a fait construire la première soufflerie commerciale de vol en wingsuit, à Stockholm. Il est question de vol horizontal, mais la chambre de vol est à inclinaison variable. Cette technologie est brevetée, comme l'explique Inclined Labs sur son site Internet :

"Nous disposons d'une famille de brevets, avec une large couverture géographique, qui enveloppe le concept général de soufflerie inclinée, ainsi que des innovations spécifiques concernant la sécurité, l'optimisation du flux d'air, les angles variables et différents types de domaines d'application."

Inclined Labs explique également que cette technologie évolue : "Certaines innovations ont été mises en œuvre au fil du temps dans les installations d'Indoor Wingsuit™ Stockholm ; d'autres seront utilisées à l'avenir. Les nouveaux tunnels* seront conçus avec notre savoir-faire unique, notre expérience et la mise en œuvre d'innovations de deuxième génération."

Inclined Labs propose des licences d'utilisation de sa technologie brevetée et défend activement ses brevets contre toute violation : "Nos licences autorisent de nouvelles implantations et l'utilisation de notre propriété intellectuelle. Elles peuvent également protéger les acquéreurs d'éventuels concurrents qui entreraient dans leur région."

 (*) N.D.L.R. : Sur son site Internet, Inclined Labs fait état d'un projet à Orlando, en Floride. Mais il semble qu'il soit retardé, dans le contexte international actuel. En coulisse, il serait également question d'un projet à Bovec, en Slovénie.

 

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