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Skydiving Photography

L'Insta para de Pascal Prot

Créé en juin 2024 par Pascal Prot, avec plus de 70 publications à ce jour, la page Instagram "Skydiving Photography" compte déjà 2185 followers. C'est un beau résultat, car il n'est pas facile de se démarquer sur les réseaux sociaux. C'est pourtant ce qui s'est passé avec cette page au style particulier, et qui ne se résume pas au "noir & blanc", même si c'est un de ses signes distinctifs.

Interview de Pascal Prot, par Bruno Passe

Cette page, elle a… "Elle l'a, ce je n'sais quoi, que d'autres n'ont pas…" Et si c'était l'inverse ? Et si elle n'avait pas ce que beaucoup d'autres ont ? Des couleurs vives, des records et des exploits incroyables, des titres et des médailles à foison, …

Et c'est peut-être ça qui fait sa différence, cette différence qui fait que le doigt ralenti le défilement, voir même qu'il "clique"…

À la recherche de photos aux postures intemporelles, originales, c'est comme ça, en s'arrêtant sur cette page, que nous est venue l'idée de la carte de vœux ParaMag 2025. Et ensuite celle des nouvelles illustrations à la Une de notre page Facebook et de notre groupe ParaMag Bonjour.

Avant de concrétiser ces projets, nous avons bien sûr contacté Pascal Prot, photographe amateur et auteur de la page, pour lui en parler, et pour qu'il nous en dise un peu plus sur ses photos, sur ses créations et sur son parcours parachutiste.

Vue animée sur une partie de la page Instagram Skydiving Photography. Cliquer sur l’animation pour accéder directement à la page.

ParaMag : Comment t’est venue l’idée de créer la page Skydiving Photography ?
Pascal Prot : J'avais déjà une page Instagram sur mon activité de ski lorsque j'étais à Val d'Isère et puis j’en ai ouvert une autre lorsque je me suis basé sur Tignes (N.D.L.R. : nous reviendrons sur l’activité professionnelle de Pascal dans la suite de l’interview). À un moment, j’ai eu envie de faire la même chose dans le para.

Quel matériel photo utilises-tu ?
Pour les prises de vue en chute, j'utilise deux GoPro, une 10 et une 12. Pour les prises de vue au sol, c'est un bon vieux Canon R5. Ce modèle existe depuis quelques années, c’est un hybride de bonne qualité et qui fait de belles vidéos aussi.

Pour le choix de la focale, mon objectif préféré c'est un Canon 100/400 mm. Ce n'est pas le plus cher (!) mais il fait de pures images. Sans pied, juste à main levée, j'ai même réussi à filmer très correctement un voltigeur ! Mais c'est surtout pour les images au sol que je l'utilise.

Depuis combien de temps est-ce que tu fais des photos sur le thème du parachutisme ?
Depuis que je traîne sur les DZ, car j'ai pour habitude de garder plus ou moins un appareil photo à portée de main. Mais je n'ai créé la page Skydiving Photography que cet été. J'avais pas mal de photos en stock !

« Je suis un enfant de Bouloc…. » Photo Pascal Prot

Pourquoi avoir fait ce choix du noir et blanc ?
Ma mère était enseignante et elle faisait de la photo en amateur. Je me souviens qu’elle avait un petit labo photo dans notre garage et elle y développait des photos en noir et blanc. À l’époque c’était de l’argentique, et je garde le souvenir de tout ce qui va avec : la lumière rouge, l’agrandisseur, les bains, l'odeur des produits, etc.  Je me souviens de l’émotion particulière que procurait l’apparition de l’image sur le papier, après quelques secondes d’attente.

Je crois que ça m'a marqué, d'une certaine manière, de voir ce côté un peu magique de l’image qui se créait doucement sur le papier photo. Le noir et blanc a un charme particulier, c'est un souvenir que j’ai en moi et qui m’a sans doute influencé dans mes choix photo.

Et pourtant, le skydive, c’est un monde tout en couleurs, généralement des couleurs très flashies !
C'est pour ça que je me suis dit que j'allais faire l'inverse. Produire une bonne partie de mes photos en noir et blanc, c’était aussi un choix dans ma façon de démarquer. Et maintenant cela fait partie en quelque sorte ma signature. Je publie aussi de beaux clichés qui méritent la couleur !

Bien sûr, je n'ai pas inventé le noir et blanc, mais cette technique pousse à faire d'autres choix de photos en travaillant sur les ombres, les expressions des visages et les contre-jour.

Je ne suis pas à fond sur la retouche photo, mais en noir et blanc on peut travailler aisément sur le contraste et sur la luminosité. J’ajoute que je suis complètement autodidacte, et que je n'ai suivi aucune formation de technique photo.

À Propriano, en Corse : embarquement dans le Twin Otter de Bouloc. « Je publie aussi de beaux clichés qui méritent la couleur ! » Photo Pascal Prot

Comment trouves-tu le temps de faire toute ces photos ?Je n'ai pas de vie de famille, je n’ai pas d'enfants, mes parents et ma fratrie sont éloignés et je consacre une bonne partie de mon temps libre au para. Les photos au sol, c'est lorsque je ne travaille pas, je prends le temps d'observer. Ça me permet de capturer des moments tout simples : un plieur à l'ouvrage, un moniteur aux binos ou à la radio, un groupe à l'embarquement ou au retour d'un saut. Ce sont aussi ces moments-là qui font partie du parachutisme, et donc de notre vie de tous les jours.

Les photos en chute, ça correspond à ma pratique et c'est donc de la prise de vue embarquée : tandem, PAC ou saut à la cool. Ensuite c'est le travail d'édition et de présentation qui donne la touche finale.

Un élève en phase d’ouverture, à Gap-Tallard. « Les photos en chute, ça correspond à ma pratique et c'est donc de la prise de vue embarquée. » Photo Pascal Prot

C'est ça, tu utilises à fond les outils proposés par Insta : story, galerie, réel, … Et en variant les thèmes : sol, chute, matos, etc. Es-tu content du résultat ?
Je suis surpris par l'engouement de cette page, car je fais ça par passion et en toute modestie. J'étais très heureux de dépasser les 2000 followers après seulement six mois. Et dans ces followers, il y a des photographes para réputés, ça fait plaisir et ça motive à continuer.

Justement, au début, qu'est-ce qui t'a motivé à faire ces photos et à publier la page ?
C’est aussi parce que j'aime bien donner mes photos à celles et ceux qui sont dessus, ça permet de s’ouvrir aux autres. C’est aussi le but d’une page comme ça, en plus de pouvoir partager et prolonger un peu de ces moments qu’on passe au sol et de l'ambiance qui s'en dégage.

Deux élèves PAC, heureux après leur premier saut en solo, à Bouloc. Photo Pascal Prot

Quel âge as-tu ? Parle-nous aussi de ton parcours dans le parachutisme...
J’ai 38 ans, environ 6000 sauts et je n’étais pas prédisposé à pratiquer le para et encore moins à en faire un métier. Je suis originaire de Versailles, en région parisienne, personne ne pratique le para dans ma famille qui n’a rien à voir non plus avec le ski professionnel.
Dans ces deux pratiques, je me suis donc "fait" tout seul, sans aucun antécédent familial.

C’est un peu par hasard que j’ai fait un tandem, à l’occasion d’un enterrement de vie de garçon. C’était à Tallard.

Bizarrement j'avais ressenti un peu de frustration ce jour-là. Ce sentiment que j'étais passé à côté d'un truc, car durant tout le saut j’ai du rester complètement passif. Je n'avais même pas pu toucher aux commandes de manœuvre du parachute. Et pourtant j'avais déjà fait pas de mal de parapente et je mourrai d'envie de piloter cette voile !

Au final c'est peut-être une bonne chose, si le pilote tandem m’avait donné les commandes, j'en serai peut-être resté là ! Peut-être que j'aurai "cocher la case", et que je serai passé à autre chose.

Et vers quoi est-ce que ce sentiment d’inachevé t’a poussé ?
Il m’a poussé à me renseigner pour faire une progression PAC. Je m’y suis mis un peu plus tard, le temps de mettre de l'argent de côté, à cette époque je travaillais l'hiver au ski à l'UCPA. Et en toute logique je suis allé au centre UCPA de Bouloc, pour débuter vraiment le parachutisme, c'était en 2012.

Pour cette fois, c’est Pascal qui est en pleine action, devant l’objectif du photographe.

Tu es moniteur de ski ?
Oui, c’était et ça reste mon emploi principal. Comme c’est saisonnier, ça me laissait du temps – et ça m'en laisse encore –pour le parachutisme. Ma PAC s’est bien passée et l'été suivant je suis retourné à Bouloc, et j'ai commencé à obtenir pas mal de brevets.

L'année suivante j'ai voulu m'y mettre encore plus et j'ai demandé à être plieur, mais tous les postes étaient occupés. Alors j'ai proposé de créer un poste de barman ! J'avais déjà de l'expérience de ce domaine et ça a marché. À Bouloc, je suis ensuite passé par tous les stades, du bar à la plonge, puis à l'accueil, puis videoman, puis initiateur vol relatif et freefly, avant de commencer le monitorat. J'ai d'abord passé les BPJEPS Trad et tandem, et la PAC en 2017. J’ai fait 10 ans à Bouloc !

Tu es un "enfant" de Bouloc alors…. ?
Oui, je leur dois tout, et aussi à Jérôme (N.N.L.R. : Jérôme Hamon, directeur technique), car c'est lui qui m'a entrainé et supervisé pour mon BPJEPS. Et surtout, il m'a permis de développer cette passion pour l'enseignement. Passion que j'avais déjà par le ski, mais pas encore dans le parachutisme. Je suis devenu son DT adjoint. J'ai passé de superbes années à Bouloc, mais après 10 ans j'ai eu le sentiment d'avoir fait le tour. De par mon activité, je ne pouvais pas évoluer à fond dans le parachutisme et j'ai décidé de tourner la page.

« Les photos au sol, c'est lorsque je ne travaille pas, je prends le temps d'observer. » Photo Pascal Prot

Qu'est-ce qui t'empêchait d'évoluer "à fond" dans le para ?
Le ski reste mon activité principale, je vois toujours le para un peu comme un job d'été. Alors que ce n'est pas du tout la réalité, mais c'est comme cela que je le vois !

Avec l'UCPA, j'ai eu la chance de bouger sur pas mal de stations de ski, c'était formateur, et depuis quelques années je suis basé à Tignes. C'est un domaine d'altitude et j'y travaille donc jusqu'au début du mois de mai. Lorsque la saison de ski se termine, je passe directement à mon activité de para, presque du jour au lendemain ! Au moment où je commence à reprendre le para, la saison y est déjà bien entamée. Et à l'inverse, lorsque j'arrête pour retourner au ski, la saison para n'est pas encore terminée. C'est pour cela que je suis un peu limité dans ma carrière para. Mais je garde la priorité au ski, qui est plus rémunérateur dans mon cas.

Et peut-être aussi pour préserver le petit côté ludique que j'apprécie dans le para.

« Mon but est de pouvoir partager et prolonger un peu de ces moments qu’on passe au sol et de l'ambiance qui s'en dégage. » Photo Pascal Prot

Tu penses que tu perdrais ce côté ludique si tu te mettais à 100% dans le para ?
C'est ce que je constate chez certains moniteurs qui ne sautent plus que pour le travail. Après Bouloc, je me suis orienté vers Tallard, chez Skydive Center. J'étais aussi attiré par la soufflerie qui est juste à côté. J'imaginais pouvoir voler et sauter entre potes, mais force est de constater que cette année, il n'y avait pas trop de flyers motivés pour faire les deux, du para et du tunnel... Certains moniteurs, qui ont la possibilité de faire un certain nombre de sauts loisirs dans leur contrat, ne les font pas tous. Chacun fait ce qu'il veut et je respecte les choix, mais après 10 ans à Bouloc, j'étais un peu… désorienté !

Au final, j'ai quand même passé une belle saison chez Skydive Center, l'équipe est sympa et j'ai pris énormément d'expérience en tandem.

Ta vision est peut-être différente du fait de ton fonctionnement saisonnier ?
Certainement, et c'est pour cela que je veux préserver ce mode de fonctionnement : le para l'été tout en gardant le ski en hiver !

J'ai toujours eu un esprit un peu "touche à tout". La compétition, et donc la spécialisation, ne m'intéresse pas à la base, car je suis attiré par la diversité des disciplines, que ce soit en chute, sous voile, et aussi en wingsuit. J'essaye d'explorer tout l'univers du para. Même si je n'ai pas le temps de tout faire à fond, ce n'est pas grave.

C'est pareil en ski, je suis un "touche à tout" et j'enseigne plusieurs disciplines : ski, snowboard, sur piste et hors-piste, du débutant au pro-rider.

Équipé aux couleurs de l'école New Generation", basée à Tignes, Pascal admire la vue « depuis son bureau ».

Parle-nous aussi de ton parcours dans le ski…
Je suis un des managers de l'école anglaise "New Generation", basée à Tignes. Nous sommes une dizaine de moniteurs et notre clientèle est généralement étrangère. C'est un créneau particulier, il n'y a pas de cours collectifs, disons qu'on fait "du bon ski" dans cette station de haute altitude. Ce n'est pas péjoratif, il faut être conscient que l'avenir du ski n'est pas évident par endroit, alors j'ai fait ce choix.

Quelques mots sur l'année 2025 ?
Mon prochain projet c'est un tour de France des DZ en indépendant, et c'est pour cette année. Car il me reste plein de centres à découvrir ! Je vais voyager en van, le but c'est d'associer le plaisir au travail, en alternant des semaines de taf et des périodes de sauts à la cool, durant les semaines creuses. C'est un peu ce que je fais chaque saison, mais là je vais bouger sur les centres.

Alors il y a peut-être un prochain article à prévoir ?
Ce serait avec plaisir ! ◼︎

 

Sur la base de l’image originale en couleurs (image 1, prise à Bouloc par Pascal Prot), ce montage résume le partenariat entre Skydiving Photography (image 2 en noir et blanc) et ParaMag (images 3, déclinée en bleu pour le groupe ParaMag Bonjour et image 4, déclinée en orange pour la page Facebook ParaMag).

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L'aviez-vous remarqué ? C'est une photo de Pascal Prot qui a servi de base à notre carte de voeux 2025. La photo originale est publiée sur la page Skydiving Photography avec cette légende : "Le système 3-anneaux est simple, peu coûteux et fiable. Inventé sous sa forme originale (avec un grand anneau) par Bill Booth, ce système permet à un parachutiste de se séparer rapidement d'un voile principale défaillante."
Savez-vous comment ce système fonctionne ? Et qu'il a été décliné dans d'autres versions (oblong, inversé,...) ? Voir article ci-dessous...

Système de libération 3-anneaux

 

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