Que s'est-il passé le samedi 29 mars 2025, entre une éclipse partielle de soleil et le passage à l'heure d'été ? L'assemblée générale de la FFP à Paris ! Ce sera bientôt la centième...

Par Bruno Passe

Contrairement aux apparences du calendrier, ce n'était pas la première AG pour la nouvelle équipe dirigeante élue en novembre 2024 à la tête de la fédération (voir notre article "Les enjeux des AG" publié le 30 novembre 2024).

Ce n'était pas non plus son premier événement national, puisqu'il y a eu le congrès national de la FFP, qui s’est déroulé avec succès du 23 au 25 janvier 2025 à Talmont-Saint-Hilaire.

Et pour Yves-Marie Guillaud, le président réélu sur un deuxième mandat, c'était déjà la onzième AG consécutive depuis sa première élection en avril 2021 ! Onze assemblées générales présidées en quatre ans, serait-il en train de battre un record ?

Si c'est le cas, c'est bien involontairement et c'est parce que la FFP doit respecter les orientations ministérielles, modifications du Code du sport et évolutions statutaires, qui n'ont cessé de changer entre la crise sanitaire de 2020 et les Jeux olympiques de Paris en 2024.

Et si ce n'était pas la première AG de cette nouvelle mandature, c'est qu'il y en avait déjà eu une juste après les élections, en novembre dernier, une AG "éclair", mais indispensable pour la présentation et le vote des tarifs des licences-assurances 2025, seul sujet à l'ordre du jour.

Hé oui, parfois les AG se suivent le même jour, voir "s'emboitent" les unes dans les autres, entre différents modes : élective, ordinaire (AGO), extraordinaire (AGE) …

Bref, ce qu'il faut savoir, c'est que ce samedi 29 mars 2025, l'assemblée générale de la FFP était convoquée une fois de plus, la 97e. Une fois de plus, mais avec tout de même assez peu de participant(e)s.

Il faut dire que durant ce week-end-là, en plus du passage à l'heure d'été et de l'éclipse partielle, le ciel s'est montré sous une météo globalement exceptionnelle, surtout dans la moitié nord de la France, et que les parachutistes avaient vraisemblablement plus envie de "monter en avion" qu'à la capitale. Néanmoins, la représentation était bien assurée, notamment par les ligues, dont neuf sur quatorze étaient présentes, deux étaient représentées et trois excusées.

En outre, cette AG se recalait dans le droit fil des AG ordinaires, autrement dit elle n'était ni élective, ni extraordinaire, une AG disons "normale", sur un ordre du jour classique. Pour autant, les échanges ont été nombreux, des informations intéressantes en sont ressorties et cet article en rapporte quelques exemples, de manière non exhaustive.

Ouverture de l'AG
Traditionnellement, l’ordre du jour d'une AG démarre par "in memoriam", la minute de silence en mémoire aux personnes disparues durant l'année écoulée. En ce mois de mars 2025, il s’agissait des deux victimes d’accidents mortels survenus durant la saison 2024 : Antoine Collignon et Pierre Estivalet, et d’autres personnalités du parachutisme : Fredy Goguet, Nicole Schmitt (trésorière du CDP 42), Christian Serre (ancien compétiteur en voile contact), Gérard Zajdowicz, Maurice Louis-Violland (pilote à Chalon et Grenoble) et Nicole Roth (présidente de l'EPS Moselle).

L’ordre du jour était ensuite composé de l'approbation du compte-rendu de la 95e AGE et 96e AGO, de la présentation du bilan et du compte de résultat 2024, du rapport d’activités et du bilan sportif 2024, du rapport moral 2024, du budget prévisionnel 2025, des réponses aux questions écrites, des comptes-rendus des travaux des commissions obligatoires et groupes de travail et des récompenses aux bénévoles.

Les votes de l'assemblée ont approuvé à l'unanimité, ce qui mérite d'être souligné, le rapport moral, le rapport financier et le rapport d'activité. Les discussions étaient animées, au sens positif du terme, les questions nombreuses et tous les sujets ont été abordés sans tabou.

L'assemblée générale s'est déroulée d'entrée de jeu dans une ambiance constructive, selon le "mode participatif" voulu par Yves-Marie Guillaud dès sa première mandature et qui est maintenant bien appliqué. Il a rappelé sa définition du "mode participatif" dans le bulletin officiel de la FFP, n°141 du premier trimestre, qui vient de paraître : "L'assemblée générale de la FFP est un lieu d'expression des structures affiliées et accréditées, des écoles agréées, des Ligues et Comités départementaux. Un lieu d'expression démocratique, matérialisé par des votes et non par des éructations sur divers réseaux sociaux. Un lieu d'échanges et de confrontations "bugne à bugne", comme on dit à Lyon, c'est-à-dire face à face, les yeux dans les yeux".

Bilan et du compte de résultat 2024
Les comptes annuels de la FFP pour 2024 se caractérisent par les données suivantes :
Total du bilan : 2.594.888,32 €
Total des produits d'exploitation : 2.981.074,81 €
Résultat net comptable : 357.763,83 €

Dans la décennie écoulée, c'est-à-dire depuis 2015, jamais une telle situation de résultat à ce point positif ne s'est produite. Les extrêmes observés en résultat net comptable dans cette période (hors "années covid", 2020 et 2021) sont -40.603,49 euros en 2016, -43.522,37 euros en 2023 et +267.987,08 euros en 2017 et +106.657,33 en 2018.

Un participant a donc demandé des explications concernant ce montant positif de 357.763,83 €, explications que le président a fournies en détail et que nous résumons ici.

Les causes remontent à l'année 2021, il faut se remettre dans le contexte post-covid et une reprise de saison tardive, un nombre de licences à la baisse et le contrat d'assurance en court qui arrivait à son terme. Un nouveau contrat était donc à mettre en place pour 2022, avec une augmentation de 30% à absorber. "30% cela représente le passage de 700.000. euros de primes à 1 million, soit 300.000 euros d'augmentation" a détaillé Yves-Marie Guillaud.

En novembre 2021, l'assemblée générale a statué sur cette situation. Notre article "AG de la FFP, Baptême du feu pour la nouvelle équipe dirigeante", publié le 20 décembre 2021, expliquait en détail comment et pourquoi les tarifs des licences ont été revus à la hausse, sur la base des éléments résumés ci-dessus et sans avoir de visibilité claire sur la saison 2022. Pour les licences individuelles, la hausse était de 10%. Ce tarif, décidé par l'AG en 2021, n'a pas changé depuis.

En 2022, le nombre de licenciés a légèrement augmenté, ce qui était une bonne surprise, une surprise espérée, mais une surprise tout de même. La même chose s'est produite en 2023 et s'est confirmée en 2024. Ce qui a fait que le tarif global, conçu en AG le 6 novembre 2021, selon les éléments d'une époque où, pour reprendre l'expression du président : "on fonçait en pleine nuit par temps de brouillard", devenait surdimensionné.

La fédération ne pouvant pas enregistrer de bénéfice sur les assurances, il a été décidé de provisionner le dépassement. L'hypothèse était de pouvoir absorber d'éventuelles augmentations d'assurance sans avoir à les reporter sur les futurs tarifs à payer par les licenciés. Et c'est ce qui a commencé à se produire en 2025, où une augmentation de 10% n'a pas eu d'impact sur le montant de la licence-assurance.

En dehors du contexte des assurances, il faut également rappeler qu'un certain nombre de mesures ont été prises dès le premier mandat "post-covid" (2021-2024) pour limiter les dépenses et faire certaines économies, par exemple en ce qui concerne les frais de déplacement, les locations de salles (plus adaptées au nombre de participants aux AG, exemple concret en ce samedi 29 mars), la fin d'un contrat d'une voiture de location sur Paris, etc.

Bizarrement, l'unique vote "contre" de cette AG du samedi 29 mars 2025 a été porté par une seule personne, contre la proposition de vente d’une des trois places de parking souterrain (jamais utilisées), rue de Fécamp, sous le siège de la fédération. Comme quoi il n'est pas toujours facile de faire des économies...

Des économies encore sur le plan de la communication, où le contrat annuel de l'agence Phoebus est diminué de 20.000 euros, passant de 80.000 euros TTC à 60.000 euros TTC. Ce n'est absolument pas la compétence de l'agence qui est en cause, ni ses résultats, mais bien le contexte actuel et la prudence qu'il impose. En outre, Yves-Marie Guillaud a expliqué que la fédération doit continuer de prendre en main sa propre communication, en utilisant les moyens techniques modernes qui sont à sa disposition, tels que les smartphones et les réseaux sociaux, et dont le groupe Facebook "La Fédé et vous" en est un des meilleurs exemples.

Pour conclure ce chapitre, on peut dire que les comptes de la FFP sont à l’équilibre et que les provisions assurent un bon fonctionnement pour le futur, tout en continuant à assurer les actions concrètes qui incombent à une fédération : aide à l'organisation des championnats de France, organisation du congrès technique, achat de matériel, actions de développement durable, etc.

Rapport de la commission juge
C'est une commission obligatoire, et conformément aux statuts fédéraux, elle a présenté un rapport annuel qui a été envoyé par écrit avant le jour de l'assemblée générale.

L'activité des juges représente une part incontournable de la pratique du parachutisme en compétition, nous mettons en exergue ici quelques informations extraites de ce rapport.

Au début de l'année 2025, afin de se mettre en conformité avec les nouveaux statuts fédéraux, les juges ont élu leur représentant pour qu'il siège au sein du nouveau conseil d'administration de la fédération.
La commission juge est désormais présidée par Amadou Leye, vice-présidente Cristina Azevedo, son trésorier est Thierry Courtin.

Durant le congrès de la FFP à Talmont-Saint-Hilaire, une vingtaine de juges ont travaillé en atelier sur les règlements et le jugement des compétitions.

Le nombre de juges dans certaines disciplines reste insuffisant, le recrutement et le renouvellement de nouveaux juges demeurent parmi les objectifs de la commission.

En parallèle, le nombre de compétitions est en diminution, ce qui rend le maintien des qualifications parfois difficile. Ces dernières années, il était donc proposé aux juges de se rendre sur les entrainements nationaux afin de s’exercer. Cette pratique devant être réalisée sous réserve de l’accord des entraineurs nationaux et de la commission en amont. Cette mesure est reconduite pour 2025.

Sur le plan national, le calendrier fédéral 2024 comportait dix compétitions au titre des championnats de France, dont huit évènements "outdoor" (en saut d'avion) et deux évènements "indoor" (en soufflerie). L’ensemble des compétitions a reçu des panels de juges au complet.

Sur le plan de la formation de futurs juges et du recyclage, la commission a organisé cinq formations réparties ainsi :
- wingsuit à Grenoble : deux stagiaires
- disciplines artistiques à Pamiers : deux stagiaires
- pilotage sous voile à Orléans : deux stagiaires, dont un recyclage
- précision d'atterrissage (formation en distanciel et mise en application sur l’étape de la WorldCup à Cahors) : 1 seul stagiaire
- voile contact à Saumur : un recyclage
L’ensemble des formations pour le tronc commun ont été assurées par Jean-Philippe Chatelain.

Sur le plan international, quatre juges nationaux se sont rendus sur les divers championnats du monde organisés sous l'égide de la FAI.
La commission souligne également l'implication toujours aussi marquée des juges FFP lors de compétitions privées internationales ou championnats nationaux européens.

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Rapport d’activités 2024
Certaines des informations contenues dans ce rapport sont présentées durant le congrès national, en janvier, et aussi dans nos articles s'y rapportant : "Congrès de la FFP à Talmont -Saint-Hilaire, atterrissage à bon port pour les parachutistes" et "Activité FFP 2024, une baisse historique".
Ces deux articles sur l'activité 2024 focalisent sur certaines statistiques nationales diffusées par la FFP : formations, brevets, accidentologie et sur les statistiques du nombre de sauts annuels ventilées par centre. Mais d'autres statistiques sont tout aussi intéressantes, comme celles de l'activité école et de l'attribution des brevets fédéraux, ventilées par centres, selon leurs déclarations : nous les présentons ici.
Car les chiffres n'ont pas dit leurs derniers mots…

Les brevets fédéraux
Au total, en 2024, il a été délivré 4 786 brevets FFP, répartis ainsi :
- 1569 brevets A,
- 1126 brevets B,
- 30 brevets B1,
- 862 brevets B2,
- 15 brevets B3,
- 121 brevets Bi4,
- 59 brevets B4,
- 30 brevets Bi5,
- 4 brevets B5,
- 8 brevets VH,
- 78 brevets WS N1,
- 52 brevets WS N2,
- 43 brevets WS N3,
- 450 brevets BPA,
- 168 brevets C,
- 171 brevets D.
Le tableau d'attribution des brevets fédéraux 2024 ventile le nombre de brevets déclarés par centre et par type (16 catégories : A, B, B1, B2, etc.). Dans la version complète et officielle de ce tableau, qui est téléchargeable ici, les centres sont classés par numéro d'agrément et selon les chiffres qu'ils déclarent. ParaMag s'intéresse ici à l'activité école, nous présentons donc dans le tableau ci-dessous le classement des 20 premiers centres par le nombre total de brevets qu'ils ont déclarés en 2024.

L'activité école : la PAC
Le tableau de l'activité école 2024 ventile le nombre de sauts par centre en six catégories : "Avant brevet B", OA, PAC, Tandem, Handi, "autres".
Le total déclaré par centre est (en principe…) le même que celui du tableau "Activité du parachutisme sportif", mais les centres ne sont pas classés de la même façon : par numéro d'agrément (et raison sociale) sur le tableau "école" et par nombre total de sauts (et lieu géographique) sur le tableau "activité".
Encore une fois, ParaMag s'intéresse ici à l'activité école, considérant que la PAC en est la porte d'entrée principale : nous présentons (ci-dessous) le classement des centres uniquement dans cette catégorie. À titre indicatif, nous affichons (entre parenthèses) la colonne OA, mais c'est bien le nombre de sauts PAC qui détermine notre classement.
Le tableau complet et officiel (rédigé selon les chiffres déclarés par les centres) est téléchargeable ici.

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Bilan sportif 2024
Le DTN Jean-Michel Poulet a ensuite présenté le palmarès sportif 2024. Les résultats des équipes de France sont brillants, ils assurent la présence de la France sur de nombreux podiums européens et internationaux. Pour ne citer que les médailles d’or en championnats du monde (en octobre 2024 à Beaufort, aux États-Unis), il y a celle des champions du monde de freefly – Matéo Limnaios, Noé Pottier et Pierre Wolnink (vidéoman) – qui réalisent un doublé historique en gardant le titre sur deux cycles consécutifs. Gagner un titre de champion du monde, c'est superbe ; le remettre en jeu, c'est courageux ; et le garder, c'est sublime !
Belle médaille d'or également pour l'équipe de France de wingsuit acrobatique, composée de Nicolas Minvielle, Boris Paturet et Aurélien Sadorge.
Au total, en 2024, les équipes de France ont gagné 19 médailles en championnat du monde, coupes du monde et championnats d’Europe.
[Lien de téléchargement du Palmarès Sportif]
Jean-Michel Poulet a souligné l'importance des bons résultats des équipes de France qui assurent le respect du contrat de performance (anciennement intitulé "convention d’objectif") et garantissent une bonne visibilité du parachutisme au niveau du ministère des Sports.

Récompenses aux bénévoles
L’assemblée générale se conclut traditionnellement par la remise de récompenses aux bénévoles et aux médaillés. Lors de cette AG, Isabelle Dreyssé a été décorée de la médaille de l’aéronautique par Marie-France Breguet-Collombet.

Solidarité pour Laurence Durand
Dans la nuit qui a précédé l'AG, Laurence Durand a été victime de l’incendie de son appartement. Laurence est juge, très engagée au niveau Handifly, elle participe à la commission ANS et elle fait partie de la grande famille parachutiste. Elle a véritablement tout perdu dans ce sinistre, et la FFP a décidé de mettre en place un appel aux dons, pour l’aider. Celles et ceux qui souhaitent participer à ce soutien peuvent le faire via ce lien vers la cagnotte Leetchi. ◼︎

Épilogue DT 49 et DT 50

● Lors de sa réunion d'avril 2025, soit quelques jours seulement après l'assemblée générale, le Conseil d'administration(*) de la FFP a validé les modifications de la DT49 (directive technique) dont la plupart avaient été présentées lors du congrès de Talmont, voir le sujet ""wingsuit à tous les niveaux" dans notre article s'y rapportant.

Pour rappel, la DT 49 définit les méthodes d’enseignement, les brevets fédéraux et l'encadrement des séances de sauts.

Les modifications portent sur les points suivants :
- mise à jour des critères d’évaluation et des règles de sécurité du brevet Bi5,
- mise à jour des prérequis, des critères d’évaluation et des règles de sécurité du brevet B5,
- modification des brevets de wingsuit : prérequis, création des modules de vol à plat et de vol dos, mise à jour des règles de sécurité.

La nouvelle DT 49 annule et remplace la version du 29 février 2024, et elle est applicable depuis le 19 avril 2025.

Lien de téléchargement de la DT 49 dans sa version du 17 avril 2025.

Historique d'évolution de la DT 49 (site FFP)

● Lors de sa réunion du 15 avril 2025, le Conseil d'administration de la FFP a validé également les modifications de la directive technique n°50 (Maintenance et pliage des parachutes sportifs utilisés au sein des structures agréées par la F.F.P)

Lien de téléchargement de la DT 50 dans sa version du 17 avril 2025.

(*) À noter que le Conseil d'administration de la FFP se réunissait déjà pour la quatrième fois cette année. Le minimum est de trois réunions par an et l'an dernier, le Comité directeur (de son appellation d'avant les élections de novembre 2024, suite auxquelles il a changé de dénomination pour se conformer aux nouveaux statuts) s'était réuni dix fois.

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