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Handi-PAC

Un parcours semé d'embûches

Éric Mollaret (à droite sur la photo) pose avec son moniteur PAC : Gaëtan Krouche, directeur technique adjoint à l'EPSVB de Vannes.

Handisport, ce mot de trois syllabes a pris énormément de sens en parachutisme, ces dernières années. Mais qu'en est-il d'une pratique parachutiste individuelle et en autonomie "dans le ciel" ? Nous recueillons ici les témoignages autour du parcours d'Éric Mollaret, amputé transfémoral du membre inférieur gauche, qui a obtenu son brevet A de parachutisme en avril 2023.

Interview d'Éric Mollaret, par Bruno Passe, avec les témoignages de Bruno Casimir et de Gaëtan Krouche

Le parachutisme handisport s'est développé sous diverses formes, propulsé par la pratique en compétition, la volonté combinée du Ministère des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques, de la Fédération française de parachutisme et de certaines de ses structures associatives. Cette volonté, et les aides financières qui vont avec, ont insufflé motivation et engagement au sein de la communauté parachutiste.

Une multitude d'actions concrètes sont produites pour que le parachutisme soit accessible aux personnes en situation de handicap. Ces actions trouvent généralement leur application dans la pratique en tandem et/ou en soufflerie, voire en parachutisme ascensionnel, car ces disciplines s'adaptent à chaque situation.

Introduction à l'handi-PAC

Lorsqu'il s'agit d'aller encore plus loin, par exemple pour démarrer une PAC et s'orienter vers une pratique "saut d'avion' en autonomie, c'est un parcours différent qui attend le candidat. Un parcours semé d'embûches où il doit, en quelque sorte, "adapter" son handicap à la pratique.

Depuis au moins une dizaine d’années, des personnes amputées d’un pied pratiquent le parachutisme en portant une prothèse tibiale(*1). Des sportifs amputés fémoraux pratiquent également le parachutisme, mais non appareillés. Plus récemment, en juillet 2022, une personne atteinte d’ataxie (une maladie neuromusculaire se manifestant principalement par des troubles de motricité) a passé sa PAC. Il s'agit d'Oreally Roisin qui a sauté à Chalon, et c'est une première en France.
(*1) Prothèse en dessous du genou.

Néanmoins, en France, avant 2022, il n’y a pas eu d’élève sautant avec une prothèse fémorale.

Cet article décrit le parcours d'Éric Mollaret, que nous avons interwievé en tant que pratiquant handisport, et il est également secrétaire adjoint de la commission handisport du club Bleu Cohésion, à Chaville.

À la suite de l'interview, nous recueillons les témoignages de Bruno Casimir, président du club Bleu Cohésion, et de Gaëtan Krouche, directeur technique adjoint et moniteur PAC, à l'EPSVB de Vannes.

Éric Mollaret a été victime d’un grave accident de moto, en 2008, alors qu'il était âgé de 32 ans. Transféré à l’hôpital militaire de Marseille, il a subi une amputation transfémorale du membre inférieur gauche. Puis il a été appareillé d'une première prothèse. Sportif et passionné de planche à voile et de glisse, il a vu son monde s’écrouler.

Mais en 2011, il a choisi une nouvelle prothèse ostéo-intégrée, qui a nécessité une intervention chirurgicale à la clinique Saint-Roch de Montpellier.

En 2014, il a obtenu le DU(*2) d’Appareillage des personnes en situation de handicap du CHU de Marseille.

En 2016, il a repris les sports de glisse avec un genou de sport sur emboîture qui protège l’implant ostéo-intégré des contraintes trop élevées.

"J’ai toujours aimé le sport de voile et je voulais aller dans le ciel" explique-t-il.

Il s'intéresse au parachutisme et, en avril 2022, il fait ses premiers vols en soufflerie et son premier saut en tandem.

Très rapidement il dépose une demande pour démarrer la PAC et la FFP accepte à condition qu'il suive un parcours de progression spécifique : soufflerie / tandem / PAC.

(*2) Diplôme universitaire : formation courte de quelques semaines à un an dans le domaine de la santé.

Interview d'Éric Mollaret

ParaMag : Pour quelle(s) raison(s) vouloir sauter en parachute avec la prothèse ?
Éric Mollaret :
D'abord pour être autonome, un élève sautant avec sa prothèse peut rejoindre l’avion seul et rentrer seul au hangar après l’atterrissage. Ensuite pour une question d'aisance : la prothèse permet d’équilibrer les réactions à l’air. Enfin pour une question de sécurité : en cas d’atterrissage brutal, la prothèse permettra d’éviter de trop solliciter le membre valide.

Cependant, il existe aussi un risque de détachement de la prothèse. En amont de la PAC, il a fallu en sécuriser l'attache et ce travail d’adaptation de la prothèse a été réalisé à Montpellier, par l'orthoprothésiste qui me suit.

Comment se sont passés tes débuts en soufflerie et en tandem ?
Avant de démarrer toute activité en soufflerie et dans le ciel, il m'a fallu obtenir deux certificats : le premier signé du chirurgien en orthopédie qui me suit, le second,dérogatoire, signé du médecin fédéral de la FFP.

Mon premier vol en soufflerie a été réalisé le 22 avril 2022, chez Twist’air. Il m'a permis de découvrir les premières sensations de la chute libre. J'ai utilisé une prothèse à emboîture. Elle convient aux sports de glisse, car son fonctionnement est simple : une articulation de genou dont les phases d’appui et d’oscillation sont contrôlées par un amortisseur hydraulique. Cette prothèse de conception simple ne permet pas de régler distinctement la phase d’appui et d’oscillation, mais elle convenait pour un premier vol en soufflerie. Néanmoins, après visionnage des vidéos, elle est apparue trop raide, j'avais les mains contre la paroi dès que je cherchais à avancer dans la veine.

Premier saut en tandem à Pujaut, le 22 avril 2022 dans l'après-midi, le premier vol en soufflerie ayant été effectué le même jour, au matin.

Globalement, après ce premier vol en soufflerie, le constat est positif et le médecin de la FFP accepte que je réalise mon premier saut en tandem. Ce qui fut fait le même jour dans l'après-midi, à Pujaut. Le saut s'est déroulé parfaitement, la prothèse n'a pas bougé à l’ouverture du parachute et l’atterrissage s'est fait en douceur. Néanmoins, on peut constater sur la photo du tandem que la prothèse ne fléchit pas : elle est raide. Compte tenu du bon déroulement du tandem, le médecin de la FFP a accepté que je démarre ma PAC, mais avec cette prothèse. Et il m'a orienté vers l’EPSV Bretagne, à Vannes.

Comment se sont passés tes débuts en PAC ?
Ma PAC a démarré en juin 2022, le premier saut étant réalisé le 20 juin. Il s'est bien passé depuis la sortie jusqu'à l’atterrissage. La voile principale utilisée était une Prima, que j'ai utilisée jusqu’au brevet A. Le réglage du genou prothétique était identique à celui du tandem.

Le premier moniteur a fait le constat que la prothèse est trop raide pour le vol, et j'ai fait le constat qu'elle est trop souple pour l’atterrissage.

Sur les deux jours suivants, la météo ne m'a pas permis de sauter, et j'ai donc réalisé 9 minutes de soufflerie, chez Barravel. En fin de journée, je souffrais d'une irritation cervicale et j'avais la moitié de la main droite paralysée. La décision a été prise de suspendre ma PAC.

Que s'était-il passé ?
La paralysie de la main droite était probablement due à la raideur de la prothèse et à la tension des sangles élastiques. L’irritation cervicale a disparu au bout d’une dizaine de jours. J'ai pu reprendre la soufflerie le mois suivant, en juillet donc, avec l’association Bleu Cohésion, à Aerokart. Cela m'a permis de tester un autre type de prothèse, dont on peut régler plus finement les phases d’oscillation et d’appui. J'ai progressé, gagnant en stabilité, j'ai travaillé les poignées témoin, les positions d'ouvertures, les lectures altimètre, les retours en position ventrale. J'ai réalisé jusqu’à 20 minutes de soufflerie dans une seule journée et sans aucune douleur cervicale. Le réglage de la prothèse en phase oscillante a été adapté au vol. Concernant la phase d’appui, elle a été durcie au maximum(*3) pour amortir les arrondis mal réalisés. Dans les deux mois qui ont suivi, j'ai réalisé 71 minutes de vol en soufflerie.
(*3) Durcie, mais non bloquée mécaniquement.

Éric, tout sourire dans l’avion, pour le deuxième saut de la PAC, le 12 août 2022, à Vannes. Photo Gaëtan Krouche

Quand et comment as-tu repris la PAC ?
C'était en mi-août 2022, j'ai fait trois sauts supplémentaires. Lors du deuxième saut, la prothèse a trouvé son équilibre dans le vent relatif. Le programme du saut s'est déroulé correctement jusqu'à l’atterrissage. Pour le troisième saut, avec une sortie dos au programme et sans intervention du moniteur, ça y est j'étais pratiquement en solo ! Mais l’atterrissage a été brutal et il a entraîné une légère déformation du tube endosquelettique(*4). Je ne me suis pas blessé et je ne me suis pas rendu compte immédiatement de la déformation du tube. Le quatrième saut a été réalisé le 13 août 2022, toujours sans intervention du moniteur et avec un atterrissage plus doux. Ma PAC s’est arrêtée le 14 août pour cause de vent trop fort au sol. Elle n'allait reprendre qu’en avril 2023.
(*4) Tube creux de 36 mm de diamètre en aluminium qui fait la liaison entre le genou prothétique et le pied.

En chute durant le deuxième saut de la PAC, le 12 août 2022, à Vannes. Photo Gaëtan Krouche

Que s'est-il passé durant cette longue interruption des sauts ?
J'ai continué à m'entraîner en soufflerie, toujours avec Bleu Cohésion à Aerokart. Et j'ai commencé à pratiquer en compétition. J'ai participé à la coupe Ile-de-France 2022 en VR-2 indoor à Aérokart et à la coupe de France Handifly 2023, à Aerokart également. En avril 2023, avant la reprise de la saison en saut d'avion, je cumulais presque 4 heures de vol en soufflerie, et je disposais de ma combinaison personnelle.

En vol relatif dans la soufflerie Aerokart, à Argenteuil. Photo Aérokart – Bleu Cohésion

Et la PAC ?
J'ai repris et terminé ma formation PAC en avril 2023. Lors du saut 5, réalisé le 28 avril 2023, j'ai effectué mon programme correctement : sortie piqueur, position dos, retour position ventrale par tonneau (jambe valide qui passe sous la prothèse). Mais l'atterrissage a été brutal et il a provoqué une rotation de la prothèse. Je n'avais pas de blessure, mais lorsque j'ai démonté la prothèse, j'ai constaté la déformation du tube endosquelettique provenant du troisième saut, celui du 13 août 2022. Le tube était changé dès le lendemain et les sauts 6 et 7 ont été réalisés en solo, et conformément au programme de la PAC. J'avais atteint mon objectif !

En vol sous voile, il faut se préparer pour l’atterrissage avec la prothèse. Photo Gaëtan Krouche

Entre tes débuts le 22 avril 2022, en vol en soufflerie et en tandem, et ton septième et dernier saut PAC le 29 avril 2023, il a donc fallu plusieurs mois pour trouver une prothèse adaptée, affiner son réglage et valider son bon fonctionnement en chute, indoor et outdoor. Peux-tu nous faire un topo des difficultés rencontrées et des solutions trouvées ?
Certaines de ces difficultés ont été anticipées, d’autres ont été découvertes en soufflerie ou dans le ciel.
Le choix d’une prothèse dépend de plusieurs paramètres. Il existe des prothèses très perfectionnées, à microprocesseurs, conçues pour la marche et les activités sportives. Ces genoux artificiels permettent de faire des réglages très précis des phases d’appui et d’oscillation. Une butée hydraulique peut être réglée de façon sécurisée pour éviter une flexion complète de l’articulation prothétique pendant le vol(*5). Ils peuvent être configurés via un smartphone. Ce type de matériel est très onéreux. Certains sont pris en charge par l’Assurance maladie, d’autres pas.
Il existe également des prothèses de marche entièrement mécaniques, bien moins onéreuses, et dont on peut régler les phases oscillantes et d’appui. C’est ce type de prothèse que j'ai utilisé, il est pris en charge par l’Assurance maladie.
Enfin, il existe des prothèses fémorales de course à pied ou de sports de glisse. Elles sont très résistantes, mais, comme vu précédemment, elles ne sont pas les plus adaptées pour la pratique du parachutisme.
(*5) Attention à certains genoux à microprocesseur dont le comportement change pendant la phase oscillante lorsque le patient marche "face au vent". Des tests préalables devront être réalisés en soufflerie.

Concernant la position de dérive, est-il possible d'augmenter l’extension du genou sur ce type de prothèse ?
Afin d’éviter une flexion complète lors du vol, il est nécessaire d’utiliser une cale carbone. Cette cale a été confectionnée par mon orthoprothésiste, elle est conçue pour se détacher en cas d’atterrissage brutal. Dans une hypothèse de pratique de VR et pour réaliser des dérives, il est nécessaired’augmenter l’extension de la prothèse. Dans ce cas, il faut prévoir une cale de plus grande taille. Cette cale fera l’objet d’un test en soufflerie avant d’être utilisée dans le ciel.

En 2023, à Vannes, la formation PAC se termine pour Éric. Photo Gaëtan Krouche

Que faire pour éviter que la prothèse bouge pendant la chute, l’ouverture, l’atterrissage ?
Durant le saut, il existe un risque de détachement de la prothèse. Ce risque a été écarté en reprenant un système d’attache de l’emboîture utilisé en sport de glisse. Il est suffisamment robuste pour résister à la décélération lors de l'ouverture du parachute. Il est composé de mousquetons inox et de sangles élastiques qui passent au-dessus de l’épaule. Pour éviter des douleurs à l’épaule, les sangles doivent être suffisamment longues pour la position cambrée en chute libre. Lors de l’atterrissage, en cas d’arrondi mal réalisé, la prothèse pourra bouger et l’élève devra la remettre en place.

Comment ça se passe avec les assurances en cas de bris de prothèse à l’atterrissage ?
Une prothèse actuelle est un système très robuste. Elle est conçue pour résister à des chutes à genoux de patients dont la masse peut atteindre 150 kg. Dans ce cas, il s’agit d’une utilisation normale et en cas de bris, l’industriel doit la remplacer.

Le parachutisme est un sport dit à risques : ce n’est plus une utilisation normale. Il y a un risque que la prothèse soit hors d’usage après un atterrissage dont l’arrondi aurait été mal réalisé. Le réflexe du parachutiste sera aussi d’utiliser sa prothèse comme un bouclier lorsqu’il pressentira un choc à l’atterrissage. Une prothèse à réparer ou à remplacer coûtera toujours moins chère qu’une fracture de membre qui entraîne une évacuation par les pompiers, un passage aux urgences, de la chirurgie et de la rééducation, un arrêt maladie, etc.

Aujourd’hui, les industriels qui fabriquent les prothèses excluent les sports à risques dans leurs garanties. Un bris de prothèse en parachutisme ne sera pas couvert par l’industriel. Le parachutiste doit pouvoir bénéficier d’une assurance le couvrant en cas de bris de prothèse lors d’un atterrissage brutal (la prise en charge par l’assurance de la FFP est en cours d’instruction).

Comment se passe le placement du parachutiste dans l’avion ?
Nous avons utilisé est un Cessna C-208 (N.d.l.r. : Caravan) 15 à 18 places avec banquettes. La porte est grande : c’est un avantage pour un élève porteur d’une prothèse fémorale. Concernant sa place dans l’avion, la plus adaptée est celle sur la banquette de 7 places, prothèse contre la paroi, au premier rang, pour ne pas gêner les autres parachutistes et faciliter une mise en place rapide et la sortie.

Comment s'est passée l’après PAC ?
La suite de la PAC a continué dans le ciel pour le passage du brevet A, en ensuite ce sera B, B2, etc. Et encore de la soufflerie pour progresser en VR et tester des réglages différents de prothèse qui pourraient notamment rendre la dérive plus efficace. Ce n'est que le début !

Témoignages

Le retour du moniteur

"Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir, mais de le rendre possible." Antoine De Saint-Exupéry.

J’ai été contacté par le médecin fédéral qui nous a sollicités (l’EPSVB) pour accompagner Éric dans l’idée de faire une PAC. J’ai accepté de relever le challenge. J’ai rencontré Éric en juin 2022. Il arrivait pour débuter sa PAC. Nous avons passé toute la partie théorique en revue et avons abordé la partie pratique.

Il s’est trouvé que les difficultés rencontrées ont toutes été surmontées :

  • la météo,
  • la mise en place pour la sortie du 1er saut,
  • la structure des sauts,
  • la non-adaptation de la prothèse,
  • le report des sauts,
  • la planification des emplois du temps de chacun,
  • la logistique à bord de l’avion.

Il m’a également fallu prendre en compte la personnalité d’Éric pour lui apporter toute l’attention qu’un moniteur doit accorder à son élève. Il s’agit de parachutisme et le facteur émotionnel est déterminant dans l’apprentissage de notre sport, en plus du côté technique que nous avons adapté. Aujourd’hui, Éric a validé son brevet A, il est entré dans notre grande famille. Ce fût un réel plaisir de participer à cette expérience riche en sentiments sur le plan humain, mais également riche sur le plan technique. Je félicite Éric pour sa démarche et pour son parcours. Il a fait preuve d’investissement et de courage pour valider à ce jour son brevet A.

Je ne doute pas qu’il s’agit là du début d’une longue et heureuse carrière de parachutiste.

Éric a réalisé son rêve : voler librement et en solo dans le ciel ! Photo Gaëtan Krouche

Le retour du président de Bleu Cohésion

Éric m’a contacté en fin de saison 2022 alors qu’il avait commencé sa PAC à Vannes. Rapidement il a participé aux activités sportives proposées parBleu Cohésion. D’abord la soufflerie pour continuer à préparer ses sauts PAC pendant l’intersaison, à la fois en termes de technique de vol et aussi pour tester différentes solutions de prothèse. Ensuite en pratiquant d’autres sports et de surcroît en tant que bénévole au sein de Bleu Cohésion, en aidant à l’organisation et au développement de l’association.

À voir son dynamisme, son implication et sa force de proposition, je n’ai jamais eu de doute sur le fait qu’il atteindrait son objectif de sauter en parachute en solo.

Au-delà d’un projet personnel, du dépassement de soi, la démarche d’Éric est de repousser l’illusion de la limite du handicap et de rendre accessible ce qui pourrait sembler ne pas l’être.

D’initiative, il a rédigé des RETEX à diverses étapes de sa progression, dans le but de documenter et de promouvoir la PAC handisport pour les amputés.

Félicitations, Éric, pour ce que tu as accompli jusqu’ici et ce que tu ne manqueras pas de faire par la suite...

La conclusion d'Éric

Démarrer la pratique de la chute libre alors que l’on est en situation de handicap a été possible grâce à la FFP qui a accepté ce projet, mais aussi à toute l’équipe de l’EPSVB et notamment mon moniteur, Gaëtan, qui a relevé ce défi. Il y a eu des moments plus ou moins difficiles et notamment une irritation cervicale due à la pratique du vol en soufflerie avec une prothèse non adaptée.

Bilan : immobilisation forcée pendant au moins quinze jours et quelques doutes sur ma capacité à terminer la PAC.

J’ai quand même pu profiter de ce temps libre pour réfléchir à un autre type de prothèse, plus adaptée au parachutisme. En soufflerie, j’ai commencé un travail de mise au point. Ce dernier a été possible grâce à l’association Bleu Cohésion et à son président, Bruno, qui s’investit pour trouver des subventions. Aujourd’hui, ce travail a abouti : je vole grâce à toutes les personnes qui m’ont aidé.

Les composants d’une prothèse fémorale

Comme vu précédemment, l’élève porte une prothèse ostéo-intégrée qui a des avantages et des inconvénients dont notamment celui de ne pas être adaptée aux sports à haut niveau d’impact. L’élève a donc utilisé une emboîture carbone qui isole et protège l’implant situé dans le fémur. Dans le cadre de ce projet, il a été fait le choix de n’utiliser que des matériels prothétiques accessibles au plus grand nombre et sans aucun critère de niveaux d’activités, mutuelle ou assurance privée.

Une prothèse est un système dit complexe, car elle est composée de plusieurs sous-systèmes qui vont agir les uns sur les autres. Une prothèse est composée d’une emboîture ou d’un implant, d’une articulation de genou prothétique et d’un pied prothétique. Une prothèse peut éventuellement être composée d’un quatrième système : un amortisseur hydraulique placé entre le pied et le genou. Dans le cadre d’une activité de parachutisme, l’amortisseur permettrait d’éviter des torsions lors de l’atterrissage. Aucun amortisseur n’a été utilisé dans le cadre de ce projet.

L’emboîture
L’emboîture recouvre le membre résiduel et permet d’attacher la prothèse. Jusque dans les années 80, elles étaient fabriquées en bois. Ensuite, elles ont été fabriquées en duralumin, puis en carbone et maintenant certains modèles mêlent carbone et matière souple telle que le silicone. Une emboîture va distribuer la charge sur le membre résiduel. Souvent, elles sont à "appui ischiatique", car elles ont un point d’appui sur l’ischion(**1).

L’articulation prothétique ou genou
L’articulation prothétique (ou genou) est placée sous l’emboîture. C’est le composant le plus onéreux d’une prothèse. Il peut être :

  • tout mécanique, électronique avec des capteurs, pneumatique, hydraulique
  • étanche ou pas,
  • mono-axial ou à plusieurs axes,
  • motorisé ou pas.

Il est réglable pour en modifier le comportement pendant la phase d’appui (pied en contact avec le sol) et pendant la phase oscillante (absence de contact entre le pied et le sol). Un genou est souvent recouvert d’une esthétique qui reproduit la forme du membre controlatéral. La très grande majorité des genoux commercialisés sont des systèmes autonomes(**2). En principe, une fois le genou réglé, il n’est plus possible dans le ciel d’agir sur son fonctionnement ou sur son extension/flexion.

Le pied prothétique
Le pied assure le contact avec le sol. Il est généralement constitué d’une ou plusieurs lames en carbone recouvertes par une esthétique en caoutchouc, il absorbe l’énergie pour la restituer. Certains peuvent être articulés et motorisés.

Les phases oscillantes et d’appui pendant le saut en parachute.
Une prothèse de membre inférieur est donc soit en phase oscillante, soit en phase d’appui. Transposé au parachutisme, cela donne :

  • dans le ciel, phase oscillante,
  • à l’atterrissage, phase d’appui.

Dans le cadre d’une activité de parachutisme, il apparaît donc préférable d’utiliser une prothèse dont on peut régler distinctement et finement la phase oscillante (dans le ciel) et la phase d’appui (atterrissage). C’est pour cette raison que la prothèse utilisée lors du tandem et du premier saut de PAC était peu adaptée.

(**1) Partie de l’os très solide situé sous le bassin.
(**2) Des recherches scientifiques sont en cours pour pouvoir agir sur le comportement des prothèses en utilisant des électrodes pour capter les signaux  électriques émis par le patient.

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