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Record, Wingsuit

Discussion avec Stéphane Zunino

Stéphane Zunino organise fréquemment des stages pour tout niveau, dont des High Skill Camps qui, pour les expérimentés, sont des phases de préparation pour les prochaines tentatives de record à 100 de vol en formation en wingsuit. Dans notre édition ParaMag n°302 de juillet dernier, nous l'avions interviewé sur ce vaste sujet : "Manip, matos et philosophie en wingsuit". Voici l'extrait qui concerne le vol de formation.

Propos recueillis par Patrick Passe

La dernière performance était un 71 en décembre 2008. 100 a toujours était un chiffre mythique pour les formations en vol relatif, en voile-contact, en freefly, et puis maintenant en wingsuit. Comment se prépare le projet ?
Stéphane : Des sauts de préparation à 40 auront lieu juste avant les tentatives à 100. Trois Twin Otter et deux Skyvan seront utilisés pour les sauts à 100. L’altitude de départ se situera entre 4500 et 5000 mètres. Inutile de monter plus haut car les vols en wingsuit durent suffisamment longtemps pour regrouper une centaine de personnes. Si c’est plus long, les gens ne tiennent pas physiquement sur la durée des sauts. La figure à réaliser n’est pas encore divulguée. Ce sera certainement un diamant ou une flèche car c’est ce qui est le plus esthétique et de plus rapide à compléter en wingsuit.

Quelle est la principale difficulté pour ce type de saut de grande formation en wingsuit ?
Stéphane : Il y a bien sûr les mêmes difficultés que pour les sauts de grande formation en vol relatif ou en freefly et qui sont liées au trafic, à l’approche, à la gestion des vitesses horizontales et verticales. Mais je dirais que la première difficulté réside dans la sortie. Celle-ci se fait face moteur. Quand l’avion se vide, les écarts doivent être évités pour ne pas prendre de la distance entre les uns et les autres dès le début du vol. Et avec l’encombrement que peut représenter la wingsuit, les écarts peuvent rapidement se creuser durant la sortie, ainsi que durant les toutes premières secondes de chute si le wingsuiter a eu une sortie instable.
Pour des sauts de grande formation, il faut vider un Twin de 20 personnes en 8 à 10 secondes environ. Il y a généralement 5 à 6 flotteurs, et le reste sur deux lignes de piqueurs. Afin d’éviter certains problèmes liés à une sortie à la queue leu leu, comme marcher sur l’aile de jambe de celui qui est devant, ceux d’une ligne s’intercalent dans l’autre, une personne sur deux.
L’autre difficulté est la mise à l’air individuelle. Une fois dehors, il faut se mettre à voler vite pour être dans le flux des wingsuiters qui se dirigent vers la figure. L’approche se fait sur un angle plutôt plat, rien à voir avec l’angle piqué que l’on a en VR. En wingsuit, pour éviter de prendre de la distance, il faut sortir rapidement et vite se mettre à voler. Au moment de la sortie, il ne faut donc pas prendre de gamelle, sinon on perd forcément du temps et la distance se creuse immédiatement. Par conséquent, au moment où l’on passe la porte, il faut avoir les ailes de bras et de jambes fermées. Il faut passer la porte relativement groupé. Si on sort en élargissant la combi, l’aile qui prend le vent en premier emporte le wingsuiter de façon dissymétrique et le déstabilise. Il faut donc sortir groupé puis, dans la seconde qui suit et quand le corps est bien en appui sur l’air face moteur, on peut ouvrir les ailes pour commencer à voler dans la direction donnée par la base.

En revenant des précédentes manips de grande formation en wingsuit organisées aux US, tu avais constaté une grande différence de vol entre la communauté américaine et, disons, le microcosme des utilisateurs de combinaison S-Fly. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Stéphane : En effet. Et cette différence dans le vol est due à un entoilement important des combinaisons utilisées outre-Atlantique et fabriquées par nos concurrents Tony Suit et Phoenix-Fly. Chez Fly Your Body, nous avons toujours privilégié le vol incisif grâce à des combinaisons plus nerveuses et réactives. Pour cela, les combinaisons S-Fly pour wingsuiters confirmés sont moins toilées que les combis de nos concurrents. Les combis S-Fly ont donc un taux de descente plus important, mais elles avancent aussi plus vite sur trajectoire.
Des combinaisons telles que l’Apache (de chez Tony Suit) ou la Vampire (de chez Phoenix-Fly) sont largement toilées et leur surface importante est appréciée par les BASE jumpers ou ceux qui veulent faire de la distance en saut d’avion. Mais un entoilement important n’est pas utile pour le vol en groupe, il est même incommodant.
Quoiqu'il en soit, sur des manips en grande formation, la plupart des gens utilisent d’énormes wingsuits. Durant la construction de la figure, ça flotte beaucoup et ça n’avance pas très vite, car il volent tous avec les jambes pliées pour régler le taux de chute et caller les niveaux. Les Américains sont dans la philosophie de la grande combi et, à mon sens, c’est dommage car c’est aller à l’encontre du vol pur en wingsuit, je parle du vol où tout est tendu et où toute la surface de l’aile est mise à profit pour évoluer les uns avec les autres.
Depuis que nous avons commencé à développer des wingsuits avec Loïc Jean-Albert, notre philosophie a toujours été de concevoir des combinaisons réactives et donc peu toilées. Avec les combinaisons S-Fly, nous pouvons réaliser des séquences de vol que nous ne pourrions pas faire avec des combinaisons trop toilées.
Mais la demande est de plus en plus forte. Beaucoup de gens ont souhaité que Fly Your Body produise des wingsuits plus toilées. Nous avons été à l’écoute et nous sommes maintenant en mesure de répondre à cette demande avec trois nouveaux modèles de combinaison que j’ai moi-même conçus avec l’aide et les avis de Fred Fugen, Vincent Reffet et Jean-Philippe Teffaud du Soul Flyers Team, ainsi que Géraldine Fasnacht.

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