Le Grand Prix d’Amérique 2023 s’est tenu le 29 janvier dernier à l’hippodrome de Vincennes, devant 500 journalistes et 35.000 spectateurs, auxquels s’ajoutent ceux des retransmissions télévisées dans le monde entier.
C'est déjà la troisième fois que le parachutisme est invité dans cette course hippique, parmi les plus attendues de l’année.
Par Bruno Passe,
d’après une interview de Mario Gervasi et S. Phoummavongsa
À chaque édition, cette course de trot attelé déplace 35.000 spectateurs venant la vivre en direct, à l’exception des deux années de restrictions liées aux conditions sanitaires.
Avant le départ de la course, de nombreuses animations attendent les spectateurs, qui sont plongés dans une ambiance festive, genre show à l’américaine.
En 2020, pour l'anniversaire des 100 ans du Grand Prix d’Amérique, les organisateurs avaient mis en place une série de surprises afin que le show d’ouverture soit encore plus inoubliable : défilés de 100 Harley-Davidson, de 100 drivers, de 100 porte-drapeaux, des acrobates, des danseurs, des échassiers et... des parachutistes !
C’est Pierre Lhopitalier, via son entreprise Abeille Parachutisme, qui avait été contacté par les organisateurs pour effectuer la démonstration parachutiste. L’objectif : faire arriver le fameux trophée par les airs, juste avant le défilé et le départ des trotteurs, à 16h25.
Le staff d’Abeille Parachutisme avait tout mis en place et s’était préparé : dossier administratif, matériel para, etc. Mais le jour J, pour le 100° anniversaire, la météo n’était pas favorable pour les sauts. Les parachutistes ont attendu dans l’hélicoptère qui n’a pas décollé. Une déception pour eux, et aussi pour les organisateurs et pour le public.
En 2021, c’est Mario Gervasi, avec l’association Vertical Pôle, qui a repris le flambeau. Mais la crise sanitaire a tout gâché…
Ce n’est qu’en 2022 que les parachutistes ont enfin pu s’exprimer, toujours sous la houlette de Mario Gervasi. Dans l’enceinte de l’hippodrome, il y avait encore des restrictions liées à la crise sanitaire, comme le port du masque et des limitations dans le public, mais la démonstration parachutiste a été réussie et le trophée a pu arriver par les airs, avec une météo complice, un grand ciel bleu dans la fenêtre du saut.
En 2023, les organisateurs ont renoué avec les traditions et ils ont ressorti les grands moyens pour célébrer le retour de la totalité du public : la série de courses intermédiaires, le défilé des anciennes gloires du Prix d’Amérique, le traditionnel défilé et musique de la Garde Républicaine, et encore la démonstration parachutiste.
Celle-ci a débuté par le vol à basse altitude, devant la tribune, de l’hélicoptère les transportant. « Le but de ce passage bas est de montrer la coupe au public, pour qu’il voit que ce sont les parachutistes qui vont l’amener » explique S.Phoummavongsa, dit « Phoumma ».
Une fois cet exercice exécuté, l’hélicoptère prend de l’altitude pour larguer les parachutistes.
Cette année encore, ils ont contribué à assurer le spectacle tout en amenant le trophée, juste avant le feu d’artifice, la présentation des drivers du Prix d’Amérique Legend Race 2023, dont le départ a été donné à 16h25.
L’équipe au sol était constituée de Gino Di Dionisio (directeur des vols), Olivier Madeline (DV suppléant), Olivier Maquaire (DV stagiaire), Arnaud Couturon (DV stagiaire) et José Bazin (sécurité sol).
Les quatre parachutistes étaient Mario Gervasi, Sengsouvanh Phoummavongsa, Franck Chartrain et Éric Nehls. Un des parachutistes portait le drapeau des États-Unis, deux autres portaient les couleurs du Prix d’Amérique Legend Race tandis que Mario Gervasi portait la coupe dans un conteneur souple situé en position ventrale.
Ce dernier nous confie que ce sont des copies de la coupe qui volent, une dans l’hélicoptère, une autre sous le parachute. « Pour des raisons de sécurité » précise Mario Gervasi.
« C’est Éric Nehls qui est en charge de montrer une copie de la coupe au public. Nous sautons à 900 mètres et ce serait trop compliqué de préparer la véritable coupe pour le saut, dans l’hélicoptère. Car tout doit être prêt et sécurisé bien avant le décollage depuis l’héliport d’Issy-les-Moulineaux, en plus il y a une prise de vue embarquée sur l’un d’entre nous. C’est aussi une copie de la vraie coupe que j’emmène sous mon parachute, l’originale est bien trop volumineuse. La coupe originale est en fait cachée dans le pupitre, devant le public et le grand écran lumineux. »
La démonstration est très minutée, comme l’explique Mario : « Nous disposons d’un créneau très court, de seulement 4 minutes. Nous devons être synchros avec l’animation en 3D et le cheval géant qui apparaît sur le toit de l’hippodrome. » (N.D.L.R. : il est bien visible au début de la vidéo, voir lien en bas de page).
« Techniquement, au top largage annoncé par le sol, l’hélico doit impérativement être à son point de largage et le premier para prêt à sortir dans la seconde qui suit. Ensuite, sous voile ouverte, après les opérations de sécurité, le travail des parachutistes est chronométré : prise en compte de la zone d’évolution, mise en œuvre des drapeaux, et choix de la trajectoire. Il est impératif que le public puisse voir et lire les mentions sur les drapeaux ! Avec un largage à 900 mètres il faut être rapide sans se précipiter, précis dans ses gestes et dans l’analyse de son circuit, tout en contenant la pression et sans se laisser impressionner par le terrain qu’on découvre ou par la clameur du public que l’on entend dès le parachute ouvert. Il faut être très concentré de bout en bout. » précise Phoumma, porteur du drapeau américain pour la deuxième année consécutive.
Cette fois encore, ça a été « mission accomplie » pour Mario et son équipe. La coupe a été remise au bon moment et en de bonnes mains, avec seulement 5 secondes d’écart par rapport au timing, juste avant le feu d’artifice, la fin du show et le début de la plus grande course de trot au monde.
La coupe est remportée cette année par Jean-Michel Bazire, vainqueur pour la 5° fois du Grand Prix d'Amérique. En 2022, c’était son fils Nicolas Bazire qui l’avait gagnée. Et cette année encore, comme en 2022, c’est Mario Gervasi qui a remis la coupe au vainqueur, au cours de la cérémonie amicale et post-course.
Les partenaires des parachutistes
Les associations Renaissance Française, Vertical Pôle et Tégo, la Banque Française Mutualiste, la Fédération des clubs de la défense.
Le Grand Prix d'Amérique
Le Grand Prix d'Amérique a été créé en 1920 afin d'honorer l'engagement des États-Unis lors de la Première Guerre mondiale. La communauté hippique internationale le considère comme la plus grande course de trot au monde, à l'instar du Prix de l'Arc de Triomphe pour les épreuves de galop.
Cet événement planétaire est célébré le dernier dimanche de janvier, sur l'hippodrome Paris-Vincennes, où 35.000 personnes - dont 500 journalistes - sont régulièrement attendues. Il est retransmis dans plus de 36 pays.
Les dix-huit trotteurs sont triés sur le volet et ils rivalisent chaque début d’année sur la piste cendrée de 2.700 mètres.
« Le Grand Prix d'Amérique, c'est le Graal, la course de l'année, la course d'une vie. Éleveurs et propriétaires ne vivent que pour cela. C'est une alchimie car le nombre d'aléas est énorme » résumait le président de LeTrot, la société mère des courses de trot, Jean-Pierre Barjon, lui-même propriétaire, éleveur et… vainqueur du Prix d'Amérique en 2009.
« En 2000, malgré le prestige de cette épreuve, les organisateurs cherchaient à innover.» précise Phoumma.
Liens vidéo
La démonstration de 2023 :
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La démonstration de 2023 sur YouTube :
https://youtu.be/Bp3GUL116tI
La démonstration de 2022 sur YouTube :
https://youtu.be/VpbYK9Q30x8
GALERIE PHOTO
Encore plus de photos des sauts de la démonstration parachutiste au Grand Prix d'Amérique (Cliquer sur une des photos pour l’agrandir et afficher la galerie en mode diaporama).