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80° anniversaire du D-Day

Les parachutages au cœur des manifestations et des célébrations

Début juin, le ciel de Normandie s'est animé de divers parachutes, aux formes rectangulaires ou rondes, et de divers drapeaux.

Cette année, les manifestations célébrant le 80° anniversaire du Débarquement du 6 juin 1944, le D-Day, et de la bataille de Normandie ont pris une dimension particulière. Elle a été décuplée par le chiffre 80, par la participation de nombreux chefs d'État et par la volonté du devoir de mémoire. Car la présence des vétérans de la Deuxième guerre mondiale s’estompe au fil du temps qui passe.

Par Bruno Passe

Les moments forts de ce 80° anniversaire étaient nombreux : cérémonies de commémoration, célébrations, mise en place de camps militaires de reconstitution, largages de parachutistes, concerts, bals, défilés, parades, feux d’artifice, rencontres, animations culturelles, expositions, projections de films, inaugurations de nouveaux monuments, etc.

Ils étaient organisés par les communes, les associations, les musées, les armées, l'État, parfois des privés, et ils ont pour objectif de mettre en lumière l’histoire de la Libération, de la partager et d’en transmettre le souvenir. Car chaque année, les vétérans sont de moins en moins nombreux à pouvoir venir le faire eux-mêmes.

L’affiche officielle de la région Normandie et (à droite) une des nombreuses affiches locales, (commune de Tourlaville) met en avant le Round Canopy Parachute Team.

L’objectif est aussi, bien sûr, d’honorer la mémoire des soldats morts pour sauver la liberté et de rendre hommage à tous les combattants. Et cette année, le public est venu très nombreux pour cet anniversaire particulier.

Au milieu de ces temps forts, les parachutages ont à chaque fois une place particulière. Alors que nous avons connu une météo de début de saison 2024 exécrable pour le parachutisme en France, cette période a été globalement favorable sur la côte normande et la plupart des sauts qui étaient programmés ont pu se faire. Durant les quelques jours qu'ont duré les manifestations, aux alentours du 6 juin, la Normandie fût certainement la région de France où il y a eu le plus grand nombre de sauts en parachute effectués !

Hommages aux vétérans

Les groupes d'irréductibles vétérans parachutistes qui, lors des précédentes décennies, tenaient absolument à sauter chaque année en Normandie pour les commémorations, au grand dam des autorités, se sont amenuisés, petit à petit...

En 1994, ils étaient encore une quarantaine de vétérans à sauter pour le cinquantenaire, ils n'étaient plus qu'une dizaine en 2004 pour le 60° anniversaire. Qui se souvient encore aujourd’hui qu’à chaque fois, il leur fallait braver l'interdit, ou plutôt le manque d'autorisation ?

Qu'elles soient militaires ou civiles, et afin d'avoir à éviter d'en prendre la responsabilité, ces autorités ne voulaient pas entendre parler de ces sauts organisés en marge des démonstrations officielles. Lorsque les autorités réalisaient que, "de toute façon, ils sauteraient", le feu vert administratif finissait par arriver pour eux, toujours au dernier moment...

Les articles de ParaMag en 1994 et en 2004, sur le 50° et le 60°anniversaire (voir liens en bas de page). Les vétérans n'étaient pas officiellement autorisés à sauter... Mais ils l'ont fait quand même !

En 2004, un petit groupe de huit vétérans n'avait reçu l'autorisation officielle de sauter que quelques heures avant leur nouvelle Heure-H, et après que les commémorations officielles furent terminées.

En 2014, à l’occasion du 70° anniversaire, ils n'étaient que deux vétérans - un Américain et un Anglais - à sauter en Normandie, mais en tandem. Les temps ayant changé, grâce à la banalisation du "tour de manège" en parachute, cette fois ils avaient pu prendre part aux cérémonies officielles, enfin ! Puisque tout le monde saute en tandem désormais, pourquoi eux n’auraient-il pas pu le faire ?

L'un des deux vétérans à avoir sauté cette année-là était Jock Hutton, un soldat britannique de la 6° Airborne, âgé de 89 ans à l’époque. Le 5 juin, durant la cérémonie officielle de Ranville, il avait été emmené dans le Cessna Caravan d'Abeille Parachutisme par les Red Devils et fut accueilli, après son atterrissage, par le Prince Charles. Il s'était posé approximativement au même endroit qu'il l'avait fait en 1944 au sein de la première vague d'assaut des troupes alliées dont il faisait partie. En 2019, Jock Hutton avait refait un saut pour le 75e anniversaire, en mémoire de ses camarades. Il est décédé en août 2020 à l’âge de 96 ans.

L'autre vétéran à avoir sauté en 2014 à l’occasion du 70° anniversaire était l’américain James H. Martin, dit "Pee-Wee", âgé de 93 ans à l’époque. Il avait été emmené en tandem par Patrick Carré, basé en Normandie et qui possède une longue expérience dans l'organisation de sauts de démonstration, de commémorations et de rassemblements sur les plages du débarquement. Depuis, il a transmis le relais à Arnaud Couturon, sur qui nous reviendrons en deuxième partie de cet article. Patrick Carré et "Pee-Wee" ont sauté à Sainte-Marie-du-Mont, le long d'une des plages dont le nom de code était "Utah Beach", durant le Débarquement.

En 2014, pour le 70° anniversaire, le vétéran américain James H. Martin, dit "Pee-Wee", saute en tandem à Utah Beach, avec le parachutiste professionnel Patrick Carré, depuis un vol en formation de 5 Dakota. Cliquer sur l’image pour lire l’article ParaMag.

Son premier saut en France, "Pee-Wee" l'avait fait à l’âge de 23 ans dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, en même temps que des milliers d'autres parachutistes militaires largués sur le Cotentin pour libérer l'Europe. Il était un des parachutistes les plus âgés de la 101° Division aéroportée, 506° régiment d'infanterie parachutiste, il avait pris part à la libération de Carentan et il fut l’un de ceux à atteindre Berchtesgaden, le nid d’aigles d’Hitler.

James "Pee Wee" Martin s'est éteint le 11 septembre 2022 à l'âge de 101 ans, dans la petite ville de Xenia (Ohio, États-Unis), entouré de sa famille. Il comptait une vingtaine de sauts à son actif. En octobre 2020, à presque 100 ans, il avait renouvelé son saut en tandem, cette fois en Floride pour soutenir l’association Round Canopy Parachute Team-USA. Nous reviendrons plus en détail ci-dessous sur ces organisations qui organisent des sauts commémoratifs en uniforme d’époque, à partir d’authentique C-47 "Dakota" ou d'autres avions du même genre.

Chez nos compatriotes, Léon Gautier, le dernier survivant français du Débarquement en Normandie est décédé le lundi 3 juillet 2023. Plus récemment, le vétéran canadien Bill Cameron, qui devait revenir en Normandie le lundi 3 juin 2024 pour le 80° anniversaire, est décédé la veille de son départ, le dimanche, à l'âge de 100 ans.

Il y aussi des faits plus joyeux. Le vétéran américain Harold Terens s'est marié pour ses 100 ans, épousant sa fiancée Jeanne Swerlin, le 8 juin 2024 à Carentan. Les jeunes mariés ont ensuite "fait le show" au Moulin Rouge, le lundi 11 juin, lors de leur voyage de noces à Paris.

Lors de la cérémonie officielle internationale du 6 juin 2024, les chuteurs opérationnels du Groupement de commandos parachutistes atterrissent sur la plage d'Omaha Beach, au son des cornemuses, en présence des vétérans et des chefs d'États. Les images sont extraites de l'émission en direct, par BFM Normandie, à voir en replay ci-dessous.

Les petits enfants de Jake Larson, un vétéran américain âgé de 101 ans, ont décidé de l'inscrire sur les réseaux sociaux pour interpeller les jeunes générations. Il a plus de 800.000 abonnés sur TikTok, où il partage ses souvenirs et où on le surnomme "Papa Jake". Cette année encore, Jake Larson a foulé le sable d'Omaha Beach, pour les 80 ans du Débarquement.

De quoi faire la transition et revenir au sujet de ce 80° anniversaire, de son ambiance tout aussi festive que solennelle, et de ses parachutages.

Le programme d’Isigny-Omaha a rempli un fascicule complet, il comprenait également le passage de la flamme olympique, dans le Calvados. Selon l’agence d’attractivité du Département, les chiffres de la fréquentation touristique sont de 2,35 millions de visiteurs dans la Manche lors de la semaine du 80° anniversaire du D-Day.

L'effervescence du 80°

Durant ces quelques jours du début du mois de juin, l'effervescence est telle qu'il n'y a pas une route où l'on ne croise une jeep, pas une journée où l'on ne voit un avion de type Dakota (ou DC-3), C17 Globemaster ou Spitfire passer dans le ciel. Et pratiquement pas un jour sans au moins un largage en sauts de démonstration, qu'ils soient militaires ou civils.

Sur l'aéroport de Caen-Carpiquet, Spitfire et Dakota...

Le légendaire Dakota est connu pour sa participation massive au débarquement en Normandie en juin 1944 où il a largué des parachutistes et tracté des planeurs. À l'origine, ce bimoteur à hélices est un avion de transport civil nommé Douglas DC3, produit par la compagnie américaine Douglas Aircraft entre 1936 et 1945. Sa vitesse et son rayon d'action révolutionnèrent le transport aérien. Polyvalent, robuste et d'entretien aisé, il fut utilisé sur tous les fronts durant la Seconde Guerre mondiale dans l'une de ses versions militaires, nommée C-47 Skytrain par l'armée de l'air américaine. Cette version, surnommée Dakota, fut la plus construite.

Chaque année, pour ces commémorations, l'US Army met en place des gros porteurs pour larguer en masse des parachutistes militaires d'active sur différents lieux en Normandie. Il y a aussi les armées anglaises, allemandes et françaises bien sûr qui prennent part aux commémorations.

Sur l'aéroport de Caen-Carpiquet, Casa 212 et C-17 Globemaster III...

Avion de transport militaire, le C-17 Globemaster III est un grand habitué des commémorations du débarquement, il succède aux Hercules pour y assurer la gestion logistique de l'événement et certains largages parachutistes.

La plupart de ces avions stationnent pour l'occasion sur les aéroports de Cherbourg ou de Caen. Ils sont mis en place pour les largages paras, mais aussi pour des ballades aériennes le long des plages du Débarquement.

Le parachutisme militaire tient forcément une place prépondérante dans ces démonstrations, mais pas que... Il y a aussi des parachutistes civils ou d'anciens militaires, souvent fans de cette période et venant de nombreux pays : Les "reconstituants" (ou "reconstitueurs").

Ce sont des fans de l’histoire des parachutistes militaires, des débutants voulant connaitre les sensations d’un saut militaire en parachute hémisphérique, ou des anciens brevetés parachutistes militaires français ou étrangers, souhaitant trouver ou retrouver les sensations de saut d'un régiment TAP.

Joëlle Perrin et Rod Stone, deux relativeurs bien connus dans le milieu de la grande formation et des records, s'apprêtent à embarquer, tout équipés en "reconstituants" du Pathfinder Group UK, dans le C-47 "Placid Lassie" (voir également galerie photo ci-dessous).

Ils sont réunis au sein d'associations comme Liberty Jump Team, Airborne Demonstration Team, Round Canopy Parachuting Team (ces 3 associations sont basées aux USA), Airborne Command, Airborne Center ou Airborne School.

Initié il y a une quinzaine d'années, le phénomène se porte bien et il est mondial. Ces parachutistes, ou parachutistes en herbe, se regroupent en associations, s'entraînent à sauter à basse altitude avec des reproductions du matériel, donc des parachutes hémisphériques, et des tenues d'époque. Le but est aussi de commémorer les sauts historiques, sur les hauts lieux de parachutages militaires, un peu partout dans le monde et si possible avec des avions d'époque ou s’en rapprochant. Ils rendent ainsi hommage aux soldats alliés pour la libération de l'Europe, parachutistes combattants de toutes armes et armées.

Les "reconstituants" du Pathfinder Parachute Group UK ont embarqué dans le C-47 "Placid Lassie" (voir également galerie photo ci-dessous).

 

Lorsqu'ils le peuvent, et c'est encore le cas pour les commémorations du Débarquement, ils sautent d'avions d'époque. Certains des Dakota utilisés pour les largages avaient pris part aux hostilités de cette guerre, que ce soit pour larguer les parachutistes et/ou pour tracter les planeurs. Ils sont restés en couleur kaki et sur certains, on peut encore voir les impacts de projectiles dans la carlingue.

Le caractère international de ce phénomène des sauts commémoratifs atteint un point culminant à l'occasion des commémorations du Débarquement, et tout particulièrement cette année pour le 80° anniversaire.

Parallèlement, et comme nous allons le voir en deuxième partie de cet article, il y a aussi des parachutistes civils individuels, professionnels ou sportifs, qui prennent part aux sauts de démonstrations. C'est ainsi que l'on pouvait voir se côtoyer aussi, à l'embarquement et dans les avions, les équipements kakis et multicolores, les parachutes "tout dans le dos et "dorsaux ventraux" et, un peu plus tard dans le ciel, les parachutes hémisphériques et les ailes.

Sur l'aéroport de Caen-Carpiquet, on pouvait voir se côtoyer à l'embarquement, les équipements kakis et multicolores.

Au programme du 80°

Il est difficile d'être exhaustif dans un tel volume et une telle variété de sauts, mais voici quelques lieux et dates des parachutages programmés pour le 80° anniversaire.

Le 2 juin, à Carentan-les-Marais (route de Saint-Côme)
Le matin, parachutage et démonstration Air Assault par l’armée américaine (assaut aérien avec atterrissage et décollage verticaux). L'après-midi, plusieurs rotations de parachutage de reconstituants (en tenue d’époque) depuis des C-47. Parachutages suivis d'animations avec le Round Canopy Parachuting Team (RCPT).

Le 5 juin, à Azeville
En fin de matinée et en fin d’après-midi, parachutage de reconstituants (en tenue d’époque) avec le Round Canopy Parachuting Team, sur le site de la batterie allemande, 250 parachutistes annoncés.

Le 5 juin, à Sainte-Mère-Église
Dans l'après-midi, démonstration officielle de précision d'atterrissage sur la place du village.

D-DAY Live a retransmis en direct la démonstration officielle de précision d'atterrissage sur la place du village de Sainte-Mère-Église (voir lien vidéo en bas de page).

Le 6 juin, sur la plage d'Omaha Beach
Dans l'après-midi, c'était un des moments forts des 80° commémorations avec la cérémonie officielle en présence des chefs d'État, devant la statue des Braves à Saint-Laurent-sur-Mer et retransmise en direct à la télévision. La cérémonie comportait une démonstration de précision d'atterrissage de chuteurs opérationnels, qui a été vue par de nombreux spectateurs et téléspectateurs.

8 juin, à Sannerville
Dans l'après-midi, parachutage de reconstituants du Pathfinder Parachute Group UK depuis le C-47 "Placid Lassie" (voir galerie photo ci-dessus).

Les 4 et 9 juin à La Fière (près de Sainte-Mère-Église)
Pour les parachutistes, le lieu dit "La Fière", sur la commune de Picauville et près de Sainte-Mère-Église, est une des zones les plus mythiques du D-Day. C'est celle qui fut la drop zone opérationnelle de la 82 Airborne durant le Débarquement. Le village de Sainte-Mère-Église étant surtout connu du public pour l'atterrissage aussi hasardeux que périlleux du para américain resté accroché au clocher de l'église, et qui est toujours symbolisé par la présence d'un mannequin et d'un parachute grandeur nature.

Le média D-Day Live (ddaylive.com) a couvert et suivi beaucoup des commémorations et des parachutages. Il a aussi créé une application smartphone et rassemblé 24K followers sur sa page Facebook.

Les parachutages de masse sur ce site sont chaque année un évènement incontournable dans les commémorations. Ils commencent dès le matin par une démonstration des Navy Seals, accompagnés d’environ 150 reconstituants largués d’authentiques C47. Ensuite, ce sont les largages massifs, près de 1400 parachutistes militaires américains, mais aussi français, anglais, allemands, néerlandais et belges largués durant plusieurs heures et en plusieurs vagues.

Et au Mont-Saint-Michel
Des centaines de parachutistes étaient aussi annoncés au Mont-Saint-Michel pour les festivités du 80° anniversaire du Débarquement en Normandie 2024.

Le dimanche 2 juin, dans l'après-midi, c'était les forces spéciales américaines avec une cinquantaine de chuteurs des équipes de démonstration de l’US Army et de l’US Navy (les Golden Knights et les Leap Frogs), ainsi que les unités spécialisées de l’US Air Force (321st STS et 57th RQS).

Le 7 juin, dans l'après-midi, l’association américaine Round Canopy Parachuting Team était annoncée avec des C47 et deux Spitfire pour des parachutages sur les herbus.

UNE SEMAINE INCROYABLE


Témoignage d’Arnaud Couturon, spécifiquement en charge de la partie Kesa'Co Parachutisme

Il y a eu aussi des parachutages et des démonstrations mis en place par des organisations privées, avec cette année un moment fort et inédit : le largage de 80 parachutistes pour le 80ème anniversaire sur la plage d’Omaha Beach, depuis un Casa 212 de CAE Aviation (Lapalisse).

La deuxième partie de cet article est basée sur le témoignage d'Arnaud Couturon, organisateur de ces démonstrations privées sous l'entité Kesa’Co Parachutisme, et dont les propos sont repris entre guillemets dans certains des paragraphes ci-dessous.

"Une semaine incroyable vient de se terminer à l'occasion du 80ème anniversaire du débarquement en Normandie.

 Nous avons réalisé 140 sauts du 4 au 8 juin 2024 sur les DZ d'Omaha Beach à Saint-Laurent-sur-Mer, de Bretteville-sur-Odon, du Mont-Saint-Michel et de Saint-Vigor-le-Grand.

 Le mardi 4, le mercredi 5 et le vendredi 7 juin, nous avons sauté du Cessna 206 de Champ’aéro. Nous avons commencé sur Omaha Beach à Saint-Laurent-sur-Mer devant la stèle commémorative du vétéran amérindien Charles Shay."

Charles Shay est un des derniers héros du D-Day encore vivant, il a fêté ses 100 ans le 27 juin 2024. Âgé de seulement 19 ans le 6 juin 1944, ce jeune infirmier de la Compagnie Fox faisait partie de la première vague d’assaut sur Omaha Beach. Une stèle est érigée sous la forme d'un buste en bronze à son effigie, à proximité de la plage. C'est là qu'ont été organisés une cérémonie officielle et les premiers sauts de démonstration de la série Kesa’Co Parachutisme. Charles Shay devait y assister, mais il a été contraint d'annuler pour raison de santé.

"Nous n'avons eu que 1000 mètres de plafond pour ce premier saut. Il y avait des tandems prévus qui ont été annulés, mais le groupe d'une dizaine d'Américains qui sont venus principalement de Floride pour sauter avec nous a pu faire cette première démonstration. Il s'agit de parachutistes très confirmés, certains sont des anciens membres des Forces spéciales américaines." 

Petit coup de projecteur sur un membre de l'équipe au sol (Laurent, au marquage pour un largage au Mont-Saint-Michel), sans qui rien ne serait possible .

C'est en tant que résident de Bretteville-sur-Odon et élu de l'UNC (Union Nationale des Combattants) de Bretteville-sur-Odon qu'Arnaud Couturon a organisé la deuxième série de démonstrations, toujours avec le Cessna 206, sur le terrain de football communal, le mercredi 5 juin : "Une centaine de spectateurs sont venus assister à cette cérémonie, les démonstrations se sont faites de nouveau avec le groupe des Américains puis quelques tandems, et j'ai clôturé par un saut en solo, symbole de mon engagement en tant que nouveau président de l'UNC de Bretteville-sur-Odon".

Kesa’Co Parachutisme n'avait rien prévu le 6 juin, car l'espace aérien était complètement verrouillé en raison de la présence des chefs d'État et la mise en place de la cérémonie officielle, devant la statue des Braves, à Saint-Laurent-sur-Mer.

Le vendredi 7 juin, toujours avec le Cessna 206, les sautants de Kesa’Co Parachutisme ont pu s'intégrer dans les démonstrations avec les militaires, dans la mythique baie du Mont-Saint-Michel. "Nous avons pu faire trois rotations à 3000 mètres avec les Américains et quelques Français qui nous ont rejoints. Des sauts plus classiques au Mont-Saint-Michel, mais un bon moment de partage en ces circonstances, et qui s'est terminé autour d'une petite bière du D-Day."

Le vendredi 7 juin, Kesa’Co Parachutisme a organisé des parachutages dans la mythique baie du Mont-Saint-Michel, avec le groupe d'Américains et quelques Français.

L'aventure s'est arrêtée là pour le Cessna 206 de Champ’aéro, et pour Tom Henry, son pilote, qui sont retournés sur leur base. "J'avais pu obtenir une accréditation afin qu'il soit autorisé à voler dans ce périmètre, du 3 au 7 juin. Car les autorités avaient créé un DPSA (dispositif particulier du service aérien) à l'intérieur duquel chaque pilote devait être accrédité, individuellement et par arrêté préfectoral, pour pouvoir y voler durant cette période. J'avais déposé mes demandes dès le mois de janvier et j'ai appris que beaucoup de pilotes se sont fait refouler sur l'aéroport de Caen-Carpiquet car ils n'avaient pas l'indispensable sésame. Le plus difficile, ce n'était pas d'organiser les sauts en eux-mêmes, c'était d'obtenir les autorisations !"

80 paras pour les 80 ans

Le point fort de la semaine et le plus attendu, a été le largage de 80 parachutistes pour le 80° anniversaire sur la plage d’Omaha Beach, devant la statue des Braves à Saint-Laurent-sur-Mer, le samedi 8 juin 2024. Il s'est basé sur l'opportunité de pouvoir mettre en place le Casa 212 de CAE Aviation (Lapalisse) ce jour-là.

En sortie du Casa, le 8 juin 2024 à Saint-Vigor-le-Grand.

Mais avant cela, la journée a commencé par un saut de démonstration assez particulier pour 20 parachutistes sur le manoir du Petit Magny, à Saint-Vigor-le-Grand, qui est un site important dans l'histoire de la Bataille de Normandie. Après avoir été investi face à l’armée allemande par les alliés, ce manoir est devenu le quartier général de la Royal Air Force Canada, durant la Bataille de Normandie. Il abritait la salle d’attente des pilotes de l’Escadrille 430 des forces aériennes du Canada pendant la période du jour D+10 1944 jusqu’à la première semaine d’août 1944.

Le public assiste nombreux au saut de démonstration sur le manoir du Petit Magny, à Saint-Vigor-le-Grand, le 8 juin 2024.

"Ces sauts ont clôturé une commémoration assez importante sur ce site, en fin de matinée. La mairie nous avait demandé d'emporter 10 drapeaux, de 10 nations différentes. Nous les avons répartis entre les 10 parachutistes américains et les 10 parachutistes français qui constituaient le groupe. Là encore nous n'avons pas sauté très haut, pas plus de 1000 mètres, et en trois passages, ce qui a été très apprécié des spectateurs. La zone de saut est située sur un petit terrain privé, de la taille d'un terrain de football, près du manoir du Petit Magny."

Enfin le grand moment est arrivé : 80 chuteurs sur la plage d’Omaha Beach, pour le 80° anniversaire du D-Day. Avec un atterrissage près de la stèle des Braves, là où avait eu lieu deux jours avant la grande cérémonie officielle en présence des chefs d'État.

Sur l'aéroport de Caen-Carpiquet, Francis Thomas (à gauche) pose pour la photo de Rod Stone aux côtés de Ian Marshall (chef instructeur Pathfinder Group UK, ancien membre de l'équipe "The Red Devil's". En arrière-plan, un Dakota et un C-17 Globemaster.

"Nous avons décollé l’après-midi de l’aéroport de Caen-Carpiquet, entre des C17 Globemaster, des C47 Dakota, des Spitfire ou encore la Patrouille de France. Comme prévu, nous avons effectué les quatre rotations de 20 parachutistes à 3000 mètres. Certains étaient en tenues d’époques et d’autres en tenues plus classiques, en formation ou seuls, tous ont sauté par la tranche arrière du Casa 212 de CAE Aviation de Lapalisse."

Embarquement d’un des groupes de 20 parachutistes dans le Casa 212 de CAE Aviation, sur l'aéroport de Caen-Carpiquet.

Il y avait une grosse délégation bretonne d’une trentaine de participants parmi les participants, un Belge, un Anglais et le groupe des dix Américains, une dizaine de locaux, des individuels venus d'un peu partout et une quinzaine de personnes en liste d'attente. Certains sont venus rendre hommage à un membre de leur famille ayant participé de près ou de loin à la Bataille de Normandie.

Séparation au-dessus d’une fine couche qui, malheureusement, masque Omaha Beach à ce petit groupe de vol relatif. Le spectacle et l’émotion arriveront sous voile.

En connexion avec Tommy "Papatango", le groupe américain s'était rassemblé sous la bannière "Skydive Star Hopp" qui a consacré une partie de son site Internet (voir lien en bas de page) à cette série de sauts en Normandie.

 "Notre projet commun était basé sur un package de cinq sauts et à ma grande surprise, ce que les Américains ont préféré, ce sont les deux sauts sur le manoir du Petit Magny et la démonstration dans le petit village de Bretteville-sur-Odon, avec cette ambiance à la française, très conviviale."

Alors qu'il faisait un grand ciel bleu deux jours auparavant, le 6 juin, pour la journée officielle et seule journée où les sauts de Kesa’Co Parachutisme n'étaient pas possibles, la météo était un peu capricieuse le 8 juin sur Omaha Beach. "Les largages du Casa ont été gênés par la couche nuageuse, qui n'était pas très épaisse, mais parfois trop soudée. Grâce à la vigilance de notre équipe au sol, nous avons pu effecteur les quatre rotations du Casa."

La longue plage d’Omaha Beach, vue sous voile. En blanc, on distingue les infrastructures provisoires, montées pour les cérémonies officielles avec les chefs d’État.

Ce qui a beaucoup plu également dans l'organisation de Kesa’Co Parachutisme, c'était la mise en place d'un Casa 212 tranche arrière, même si cela n'avait rien à voir avec l'histoire du D-Day. "J'ai découvert que beaucoup de jeunes parachutistes civils n'ont jamais sauté de tranche arrière et certains sont venus cocher cette case-là également."

 En conclusion, le projet a été une réussite, malgré une météo mitigée, avec parfois des nuages, parfois des éclaircies, les cinq démonstrations ont eu lieu. Un bémol tout de même, seulement deux tandems ont pu sauter, sur les huit prévus, mais comme il s'agissait de passagers locaux, ils pourront très certainement sauter ultérieurement.

Arnaud Couturon se pose avec un drapeau français sur la plage d’Omaha Beach.

"Il y a eu beaucoup d'émotions autour des sauts à Omaha Beach. Nous avons vécu un moment inoubliable au-dessus des plages du débarquement, avec des images à couper le souffle et le sentiment d’avoir honoré la mémoire de ceux qui, 80 ans avant nous, sont venus sur ces plages dans des conditions bien différentes. C'était très appréciable de voir des parachutistes américains venus spécialement pour cette occasion et qui ont pu également partager ces moments avec tous les parachutistes français."

 

 

Le mot de la fin revient à Arnaud Couturon, pour des remerciements. "Merci à tous pour l'ambiance extraordinaire durant ces journées. Merci à tous ceux qui m'ont aidé dans cette aventure. (Kylian, Laurent, Guillaume, Patrick, Thomas, Alex, Frank, Albé, Olivier, Patrice, Francis, Jacques, Manu, Fred, Tom, Sophie, Evan, Yohan,.. et tous ceux que j'ai oubliés). Merci aux mairies de Saint-Laurent-sur-Mer, de Bretteville-sur-Odon et de Saint-Vigor-Le-Grand pour leur confiance et également aux militaires français pour la bonne coordination des sauts sur le Mont-Saint-Michel. Sans oublier l'aéroport de Carpiquet, les bateaux de sécurité au large, le Cessna 206 de Champ’aéro et le Casa 212 de CAE Aviation."

Ci-dessus : le montage vidéo de Guy Marceaux.

Ci-dessous : celui de la délégation bretonne.

Les "feuilles de stick" de Kesa’Co Parachutisme

Journée du samedi 8 juin, avec le Casa 212-300

Sauts sur le manoir du petit Magny, à Saint-Vigor-le-Grand :
9 Américains plus les 10 Français et un Belge ci-dessous :
France Daude, Manu Mabire, Fred Dufour, Guy Rolland, Arnaud Couturon, Patrick Carré, Franck Chavan, Jérome Hebert, Debon Cyril, Francis Thomas, Stéphane Nulens.

Sauts sur la plage d'Omaha Beach à Saint-Laurent-sur-Mer, devant le monument "Les Braves"

Avion 1 : Patrick L'Horset, Mickaël Le Bourbasquet, Laurent Rouanne, Joffrey Leconte, Lise Guillaume, Nicolae Scrobota, Florian Portenguen, Jacky Robin, Mary Garnier, Pascal Le Person, Gil Wolf, Hervé Le Bouquin, Eric Ménard, Marie-Elisabeth Cordon, France Daudé, Lydie Emeraud, Emilie Guérin, Philippe Butault, Laurent Billet, François Raison.

Avions 2 : Isabelle Briolet, Dominique Vignard, Anne-Sophie Rimbault, Yvon Burban, Alain Letousse, Guenaël Le Moing, Albert Seguinot, Dominique Rigolet, Vincent Champion, Bruno Dervout, Stuart Cruiskhank, Jacques Desbois, Thomas Duval, Guy Marceau, Jean-Noël Mahé, Bruno Le Bihan, Loïc Pondard, Jean-François Metton, Jean-Charles Cousin, Hervé Cottebrune.

Avion 3 : Corinne Nouet, Joël Bonnel, François Ruggeri, Eric Bigotto, Christophe Rocha, Teva Teuru, Manu Mabire, Luc André, Emilie Jagut, Lionel Velilla, Jacques Vauris, Max Perchot, Frédéric Dufour, Franck Rouyer, Cyril Hodiesne, Arnaud Morey, Stéphane Lelaumier, Franck Février, Gaelle Marine, Bernard Patier.

Avion 4 : Patrick Carré, Frank Chavan, Guy Rolland, Hélène Carré, Francis Thomas, Cyril Debon, Jérome Hebert, Stéphane Nulens, Arnaud Couturon, plus 11 Américains.

 

Liens internet

● Le ParaMag de juillet 1994, avec l’article sur le 50° anniversaire du D-Day (page 18).
● Le ParaMag de juillet 2004, avec l’article sur le 60° anniversaire du D-Day (page 54).
● Le ParaMag de juillet 2014, avec l’article sur le 70° anniversaire du D-Day
● La vidéo du saut en tandem du vétéran anglais Jock Hutton, à Ranville.
● La vidéo du saut en tandem du vétéran américain James H. Martin, dit "Pee-Wee", à Utah Beach, avec le parachutiste professionnel Patrick Carré.
●  La vidéo de D-DAY Live sur la démonstration officielle de précision d'atterrissage à Sainte-Mère-Église.
● Le site "Skydive Star Hopp"

À lire également

● Article "Mont Saint-Michel 2023, avec le Noratlas de Provence", paru en octobre 2023.
● Article "Sauts d’Antonov-2 dans la baie du Mont Saint-Michel", paru en octobre 2022.

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