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Coupe Icare

Du parachutisme dans la 50ème édition

Malgré la vitesse, le photographe a réussi à cadrer de près Erwan Chevalérias (combinaison blanche et noire) et Julien Chaume. Photo Bruno Lavit

Annoncé sous diverses formes dans la programmation de cette cinquantième édition de la Coupe Icare, le parachutisme y a-t-il eu sa place ? La réponse est oui, et il est encore temps d’y retourner voir ça de plus près.

Par Bruno Passe

Comme nous l’avions indiqué dans un précédent article, la Coupe Icare fêtait cette année son cinquantième anniversaire, et c’est donc une édition particulière qui s’est déroulée du 19 au 24 septembre dernier, à Saint-Hilaire et Lumbin, en Isère.

Le parachutisme y était annoncé sous plusieurs formes : des démonstrations en vol durant Icare Show, deux stands - FFP et ParaMag/ Skyvibration - à Icare Expo et des films présentés aux Icare du cinéma. Mais dans ce genre de rassemblement, la météo peu parfois bousculer le programme...

Le soleil n’a pas fait défaut pour ce cinquantième anniversaire, mais le vent a parfois joué les trouble-fêtes, en rendant certains décollages compliqués et en faisant trembler le chapiteau des Icare du cinéma. À tel point que le programme des projections en a été chamboulé.

Le court métrage "The girl that found happiness" gagne l'Icare de la presse. Photo Bruno Lavit

Fort heureusement, cela n’a pas empêché de voir un film contenant du parachutisme récompensé par un Icare, celui de la presse. Bravo à "The girl that found happiness", réalisé par Timothy Parrant, pour cette performance, car ça en est une.

Pour en arriver là, il lui a d'abord fallu être retenu parmi les 58 films inscrits cette année et ainsi atteindre la sélection officielle, qui n’en contient que 24. Et lui a ensuite fallu se faire une place parmi les sept Icare possibles (Icare d’Or, Icare du Public, Icare de la Réalisation, etc., voir lien vers le palmarès en bas de cette page).

Rappelons que parmi les 24 films qui étaient en compétition dans la sélection officielle, il y en avait neuf avec du contenu parachutiste. Nous les avions présentés ici : https://paramag.fr/les-icare-du-cinema/

Et c'est donc le court métrage "The girl that found happiness" qui tire son épingle du jeu en gagnant l'Icare de la presse.

"La fille qui a trouvé le bonheur" (traduction du titre en français) se nomme Daniela Dragan. Les images sont de Timothy Parrant et l'équipe d'aérostiers est celle de Globus Kon-Tiki.

Ce film est basé sur un record de type Guinness : "La performance la plus élevée en danse aérienne est de 1.090 m, réalisée par Daniela Dragan (Moldavie) à Manresa, en Espagne, le 27 juin 2022."

La photo qui illustre le record Guinness. Image @koala_in_the_sky - Timothy Parrant

"La danse aérienne et le parachutisme sont deux passions qui occupent une grande partie de ma vie", a-t-elle déclaré à Guinness World Records. "Depuis que j'ai commencé à pratiquer les deux, j'ai commencé à m'épanouir, j'ai appris à vivre l'instant présent, à apprécier des choses que je n'avais jamais remarquées auparavant. J'ai trouvé le vrai bonheur".

Daniela a dansé durant 5 minutes en étant suspendue à deux longues bandes de tissu sous une montgolfière. Et, en tant que parachutiste expérimentée, c'est en chute libre qu'elle a achevé sa chorégraphie.

Ses exercices de danse aérienne devaient être coordonnés et adaptés avec son équipement - les deux longues bandes de tissu d'une part et le parachute d'autre part - afin d'éviter toute interférence ou accrochage avec les poignées ou avec les autres parties du parachute. Chaque manœuvre a été soigneusement planifiée pour minimiser les risques. "C'est dans ce genre de cascades que les gens ont du mal à se rendre compte de la quantité de travail effectué en coulisses et qu'il faut vraiment une équipe solide pour y parvenir".

Pour réussir ce record, Daniela a perdu douze kilos et il a fallu surmonter de nombreux obstacles durant les cinq mois de préparation.

Daniela Dragan est "La fille qui a trouvé le bonheur". Image @koala_in_the_sky - Timothy Parrant

"Il y eut quelques nuits blanches pour l'équipe, mais cela en valait la peine !" a-t-elle déclaré, avant de conclure : "Je me souviendrai toujours de ce projet avec beaucoup d'émotion, avec beaucoup de chaleur dans mon cœur. J'aimerais vraiment que cette cascade inspire d'autres personnes à poursuivre leurs rêves. Peu importe que l'idée soit difficile ou folle, il y aura toujours une solution pour la réaliser et un groupe d'amis pour aider à la concrétiser ! " 

C'est sur un grand écran que le jury et les spectateurs des Icare du cinéma ont pu apprécier le film, mais il est visible à tout moment sur YouTube :

Du côté d’Icare Expo le parachutisme était présent via deux stands : celui de la FFP et celui de ParaMag/Skyvibration. Cette année encore, la FFP a délégué l'animation du stand fédéral à la Ligue AURA de parachutisme sportif et ParaMag s’est associé à Skyvibration pour tenir un stand en commun.

Nous saluons ici l'effort de ces bénévoles et de ces professionnels, car tenir un stand à la Coupe Icare, c'est aussi rester enfermé, même lorsqu'il fait beau et que les activités aériennes se succèdent les unes aux autres.

C'est ce qui s'est passé cette année, et le public est venu nombreux, à tel point qu'il a parfois manqué de navettes pour transporter tout le monde, sur ce point la Coupe Icare avoue avoir été victime de son succès.

Car le public se déplace essentiellement pour Icare Show, le grand meeting aérien, et pour Icarnaval, le grand concours de vol déguisé. Et pour l’occasion du cinquantième anniversaire, les spectateurs étaient invités à se déguiser eux aussi !

Le public était nombreux pour cette cinquantième édition, ici sur "la moquette", zone de décollage nord. En arrière-plan, à gauche de la photo, la Dent de Crolles, depuis laquelle s'élancent les paralpinistes en wingsuit. Photo Nicolas Vigneron

Le parachutisme en démonstration à la Coupe Icare, pour Icare Show, c'est essentiellement de la wingsuit. Un groupe de parachutistes a sauté depuis le Cessna 207 du CEP de Grenoble, dans la vallée de l'Isère, au-dessus de Lumbin. Les trajectoires sont autorisées à tangenter le plateau des Petites roches, là où se trouve le cœur de la Coupe Icare et une partie du public, mais sans jamais trop s'en approcher.

Pour tout le public, qu'il soit positionné à Saint-Hilaire comme à Lumbin, les traces des fumigènes, matérialisant les trajectoires en wingsuit, sont visibles et compréhensibles. Elles se prolongent après l'ouverture et suivent les évolutions des… "mini parapentes" ! Hé oui (presque) personne ne sait (ou se souvient) que les premiers parapentes étaient des ailes de parachute...

L'autre démonstration de parachutisme, plus exactement de paralpinisme, s'adresse surtout au public positionné sur la "moquette", autrement dit la zone de décollage Nord, à Saint-Hilaire. C'est "the place to be" car c'est aussi là que se déroule le concours de déguisement.

Sur cette photo et sur les suivantes, Adrien Lilamand (combinaison orange) et Antoine Fanin (combinaison rose) ont rejoint Erwan Chevalérias (combinaison blanche et noire) et Julien Chaume (combinaison bleue et orange).

Photos ci-dessus et ci-dessous : Démonstration réussie pour les BASE jumpers paralpinistes en vol de proximité à 180 km/h parallèle au côté du déco Nord, en décalage du public. Photos Bruno Lavit

C'est le moment où le public est le plus nombreux et c'est "frisson garanti" pour les spectateurs qui parviennent à attraper du regard le vol de proximité des BASE jumpers, de vrais paralpinistes car il leur faut monter à pied au sommet de la Dent de Crolles, où se situe le fameux "exit", depuis lequel ils se jettent dans le vide.

Leur trajectoire comporte un passage en vol de proximité à 180 km/h parallèle au déco Nord, en décalage du public. Cette année, Bruno Lavit, un des photographes officiels de la Coupe Icare, ne les a pas ratés. Il les a "shootés" bien en gros plan avec un Nikon Z8 (plein format 48MP) et un zoom Nikkor 100-400mm F4.5/5.6. Nous invitons nos lecteurs à retrouver plus de photos de Bruno Lavit via le lien Instagram en bas de page.

Les BASE jumpers paralpinistes ont ensuite ouvert leurs parachutes vers Lumbin, avant de rejoindre la zone d’atterrissage.

Photo Bruno Lavit

La cinquantième Coupe Icare est derrière nous, et pour ceux qui s'intéressent à son histoire nous conseillons la lecture de cet article "Il était une fois la Coupe Icare" (voir lien en bas de page). Il y est fait mention, assez souvent, de Francis Heilmann.

Alors c'est sous la forme d'un clin d'œil à Francis Heilmann que se conclut cet article. Parachutiste et parapentiste, rédacteur assidu de ParaMag, ses incroyables créations ont contribué aux concours de déguisement de la Coupe Icare sur une période d'une vingtaine d'années.

Francis Heilmann, une des nombreuses fois où il fut mis à l'honneur à la Coupe Icare. Photo Coupe Icare

Francis a conçu, fabriqué et piloté lui-même 18 engins différents. Il s'agissait surtout de surprendre le jury et de distraire le public, sans afficher ouvertement de prise de risque. Car sur les 18 engins, 16 ont décollé du premier coup, devant le public.

Des engins toujours plus fous, toujours plus grands, "des flirts annuels avec les limites" comme le dit Pierre-Paul Ménégoz (présentateur de la coupe Icare et un de ses admirateurs) dans un hommage, car Francis nous a quittés en novembre 2017.

La place du parachutisme à la Coupe Icare ? Elle pourrait se résumer par cette photo de Francis Heilmann et la Sailwing, ou plutôt d'une reconstitution qu'il avait fabriquée, avec l'aide de la société Porcher Sport.

Francis Heilmann met en œuvre l'impressionnante Sailwing, au décollage nord, sur "la moquette".

À l'origine, la Sailwing était un prototype des années 1960, conçu dans le cadre de la recherche spatiale, sur une commande de la Nasa. Bien qu'il s'agissait d'un parachute, le hasard des essais a amené son inventeur américain David Barish à la tester lors de décollage à pieds, en 1964, à Hunter Moutain, aux États-Unis.

Dans les années 2000, Francis Heilmann a découvert qu'il s'agissait du premier décollage en parapente de l'histoire ! En 2005, il a construit une réplique fidèle de la Sailwing, il a sauté en parachute et volé en parapente avec, tout en la médiatisant.

Et c'est ainsi que l'ingénieur américain David Barish a été invité à la coupe Icare, en 2011. Quinze après Francis Roggalo, autre l'ingénieur américain, père du deltaplane, engin conçu dans le même but et les mêmes circonstances que la Sailwing et que le ParaFoil de Domina Jalbert.

Ce ParaFoil, aile souple double surface à caissons, qui s'était imposé en 1966 auprès des parachutistes, car c'est sur ce modèle que les problèmes d'ouverture furent résolus en premier. Et pourtant, sa finesse n'était que de 2,9 contre 4,2 pour la Sailwing et 2,5 pour le Rogallo (données mesurées par l'Air Force en 1968 lors d'une journée de démonstration en Californie).

Ce Parafoil que l'on retrouvait le 27 juin 1978, sur la pente du Pertuiset, au-dessus de Mieussy, piloté par André Bohn et Jean-Claude Bétemps, pour ce qui fut longtemps considéré comme le premier "vol de pente" de l'histoire. La dénomination "parapente" est arrivée un peu plus tard. Et puis tout cela : deltaplane, parapente, cerf-volant, kite surf, speed riding,… est devenu "le vol libre".

C.Q.F.D. et… bons vols (libres)...Pour les cinquante prochaines années, au moins !


 

Liens Internet

● Lien vers le site officiel de la Coupe Icare

● Plus de photos de Bruno Lavit, via sa page Instagram

● Lien vers la page du record Guinness "The girl that found happiness"

● Palmarès des Icare du Cinéma 2023

Hommage à Francis Heilmann par Bruno Passe

● Article "Les ailes de l'espace" par F. Heilmann et X. Murillo

● Article "La Sailwing à la Coupe Icare 2005" par Bruno Passe et Françoise Hurlin

● Article "Il était une fois la Coupe Icare"

● Article "30 ans de Folie !" par Jean-Paul Budillon (extrait PDF du magazine Aérial N° 34)

 

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