VOL RELATIF FÉMININ "TBS" À 64
La discipline de séquence en grande formation a été introduite en 2013 par BJ Worth pour raviver l'intérêt des records du monde. Sept ans après la réalisation de l'incroyable formation record de vol relatif à 400 en Thaïlande (en 2006) avec des moyens exceptionnels, il restait invaincu (et il l'est encore aujourd'hui). Les objectifs en matière de record du monde de grande formation étaient devenus très peu envisageables.
La séquence en grande formation combine taille de formation et nombre de figures réalisées. Le règlement impose qu'un projet de nouveau record de séquence doit inclure au minimum 25% des participants du dernier record de grande formation, en vol relatif c'est donc 25% de 400.
Entre 2013 et 2019, les records de séquence ont suivi la règle initiale où 65% des parachutistes formaient une base statique et 35% construisaient les points. Mais l'abondance de records devenait nuisible à leur crédibilité et a conduit à l’introduction d'une nouvelle règle de "break total" (TBS, "total break sequential"). Cette règle exige que chaque parachutiste lâche toutes les prises entre chaque figure, assurant une séparation totale, comme entre deux figures libres du programme de vol relatif séquenciel à 4 et à 8. Cette règle fut proposée à la FAI en 2019 par Patrick Passe (représentant l'entité Sequential Games), et elle entra en vigueur l'année suivante, rendant les records plus exigeants, et donc plus rares.
En catégorie open (mixte) les records les plus récents sont :
● Record de la plus grande formation avec 400* parachutistes le mercredi 8 février 2006 à Udon Thani, en Thaïlande ("World Team")
● Record de séquence TBS avec 2 points à 130 parachutistes le 14 octobre 2019
● Record de séquence TBS avec 3 points à 108* parachutistes le 26 octobre 2023
● Record de séquence TBS avec 2 points à 151* parachutistes le 6 novembre 2024
En catégorie féminine les records les plus récents sont :
● Record de la plus grande formation avec 181* parachutistes le 26 septembre 2009 à Perris Valley, en Californie ("Jump for the cause")
● Record de séquence avec 2 points à 117 parachutistes le 17 octobre 2014 à Perris Valley, mais ce record n'était pas en "break total" (il utilisait encore la règle des 65% pour la base fixe).
* (Records actuels, à battre)
Conformément à la règle des 25% pour la taille, le nouveau record séquentiel féminin devait donc être au minimum de 46 parachutistes. Le plan envisagé Le plan envisagé en octobre 2024, à Perris Valley, était plus ambitieux avec 60 parachutistes, mais il y a eu tellement d'inscriptions provenant de parachutistes de bon niveau, qu'il a été revu à la hausse. Ce serait donc des tentatives à 72 depuis quatre avions : deux Skyvan et deux Twin Otter.
L'événement était organisé par Helaine Rumaner, sous la direction technique de Kate Cooper-Jensen et de quelques capitaines de secteur. Il a démarré assez bien, avec une météo favorable, mais sous une forte chaleur. Les premiers sauts ont montré un bon potentiel, avec très peu de personnes qui n'étaient pas à leur place.
Les premières tentatives de record ont été lancées dès le deuxième jour, certaines furent très prometteuses, avec parfois une seule personne manquante ou un infime décalage dans les prises. La cinquième tentative s'est faite à 69 et le record ne semblait pas très loin.
Une petite cérémonie officielle s'est tenue le soir même pour mettre à l'honneur les participantes aux records précédents, organisés sous la bannière Jump for the Cause. C'était en 1999, 2002, 2005 et 2009, ces records avaient permis de récolter plus d'un million de dollars au profit d'associations de lutte contre le cancer. Un tiers des participantes en cette année 2024 étaient déjà engagées dans des records Jump for the Cause.
Pour le troisième jour, il fut décidé de réduire la taille du record, avec une première tentative à 66. À l'approche de la première figure, une personne n'était déjà plus dedans tandis que la séquence se construisait, mais sans la pièce manquante. Et il en fut ainsi sur les deux sauts suivants : de petites erreurs individuelles empêchant à chaque fois la réussite du record.
À ce stade, le mouvement séquentiel était bien rodé et les coachs ont martelé : "Nous avons le temps, nous avons le talent. Tout le monde a apponté plusieurs fois la formation et construit le deuxième point. Il ne reste plus qu'une seule chose à faire : le faire toutes ensemble !"
Le quatrième saut de la journée était une tentative à 64. Sur son magazine en ligne www.skydivemag.com, Lesley Gale (qui faisait partie de l'équipe en tant que capitaine au sol) témoigne : "Le saut s'est déroulé en douceur, calmement, une construction très propre. Le premier point a été tenu pendant presque 3 secondes. C'est pour s'assurer qu'il soit complet que Kate Cooper, qui dirigeait le centre de la formation et qui rythmait la séquence, a choisi de prendre ce petit temps supplémentaire. Car il est pratiquement impossible de vérifier chaque prise depuis le centre, il faut juste évaluer ce que l'on peut voir et donner la clef avec le sentiment que tout est calé. La transition vers le deuxième point s'est faite en douceur, proprement, et la formation a été tenue pendant 5 secondes. Tout le monde a ressenti la magie. Les cris ont commencé en chute libre, ils se sont poursuivis dans les dérives et il se sont amplifiés sous voile. Même si nous savions qu'il fallait encore attendre que les juges vérifient chaque prise, sur les deux figures, plus la séparation totale, ce saut était fantastique. Il y avait cette sensation extraordinaire d'un vol parfaitement plat sans aucune tension."
Au moment du débriefing vidéo, l'annonce du nouveau record a été faite. L'explosion de joie a commencé dans le hangar, elle s'est propagée sur toute la drop zone, pour se terminer dans la piscine !
Le record a donc été fait lors du treizième saut de l'événement et à la neuvième tentative. Pour près de la moitié des participantes, il s'agissait de leur premier record du monde.
Après cette réussite, pour le dernier jour, deux autres records ont été tentés : 2 points à 72 et 2 points à 69, mais sans succès. Bien que chaque saut était plutôt bon, là encore de petites erreurs individuelles ont empêché d'obtenir un plus gros record.
Grâce aux efforts de communication de Céline Pelletier, une des participantes, et de Kate Cooper-Jensen, le record a attiré l'attention des médias. C'est une bonne promotion du sport parachutiste en général et de l'implication des femmes en particulier.
Voici quelques chiffres publiés par notre confrère www.skydivemag.com : parmi les 64 participantes, 21 pays sont représentés dont Allemagne, Australie, Belgique, Brésil, Canada, Chili, Danemark, États-Unis, Espagne, Finlande, France, Grande-Bretagne, Israël, Japon, Mexique, Norvège, Paraguay, Pays-Bas, Slovaquie, Suisse.
La parachutiste la moins expérimentée totalisait 439 sauts, et la plus expérimentée (l'américaine Mary Bauer) a plus de 24.000 sauts. La parachutiste la plus jeune a 27 ans et la plus âgée 70 ans. Les planètes semblent s'être alignées pour Lisa Walker, âgée de 64 ans et qui a remarqué que le record à 64 s'est produit durant son 6.464e saut !
Le staff de photographes était composé de Bruno Brokken, Carl Schwenk, Daniel Angulo, Kristian Caulder et Mark "Trunk" Kirschenbaum (Karen Lewis, et Craig O’Brien étaient prévus mais ont été empêchés).
Pour conclure cette belle réussite, précisons que ce record est le premier record du monde féminin établi dans la catégorie TBS. ■
GUIDE de lecture
-> La première partie de cet article (suivre le lien page 1 ci-dessous pour y accéder) introduit notre sujet sur les trois nouveaux records du monde de grandes formations et sur la participation française, qui représente un collectif d'une bonne vingtaine de personnes.
-> La deuxième partie : vous y êtes !
-> La troisième partie de cet article traite du record du monde de freefly tête en haut à 96 (suivre le lien page 3 ci-dessous pour y accéder).
-> La quatrième partie de cet article traite du record du monde TBS à 151 (suivre le lien page 4 ci-dessous pour y accéder).