OPÉRATION MONT-SAINT-MICHEL
Le lundi 29 septembre, jour de la Saint-Michel, l'activité ne fut pas en reste dans la célèbre baie du Mont-Saint-Michel, avec le déroulement d'un événement très particulier, constitué en fait de plusieurs évènements imbriqués les uns dans les autres.
Par Bruno Passe
Cette journée de la Saint-Michel mêlait sauts de démonstration (avec atterrissage aux pieds du mont Saint-Michel), cérémonies officielles (avec remise de la citoyenneté d'honneur du Mont-Saint-Michel à Mario Gervasi et Adeline Delecroix) et performances musicales (avec une programmation élaborée par Aytèn Inan, cheffe d'orchestre La Concorde, compositrice et présidente de la délégation du Grand-Paris de la Renaissance Française).
L'événement était organisé dans la continuité de la première mondiale du saut des quatre parachutistes - Mario Gervasi, Adeline Delecroix, Loïc Lubin, Franck Chartrain - sur la terrasse ouest de l’abbaye, le 8 mai dernier, au sujet duquel nous avons déjà publié un article (voir lien en bas de page).
En rassemblant ces initiatives sportives, musicales et artistiques, l'opération Mont-Saint-Michel visait à sensibiliser le grand public, et les élus, aux multiples facettes du handicap, visibles et invisibles, et à promouvoir les moyens d'en surmonter les difficultés.

Une partie du staff para pose devant l'œuvre de Philippe de Lestrange, en présence de l'artiste (deuxième personne en partant de la gauche). Photo D'jack ! djopter.com
Elle a constitué également une tribune pour lancer un appel aux dons en faveur de la création d’un centre national de prise en charge des traumatismes psychologiques destiné aux “anges gardiens” de notre société : les sapeurs-pompiers, les militaires, les policiers, les gendarmes, les soignants et les secouristes. Certains de ces blessés ont ainsi effectué des sauts en tandem sur le Mont, une façon aussi, pour eux, de lutter contre les traumatismes psychologiques qu'ils ont subis.
C'était donc un programme bien dense et, pour pouvoir le réaliser, il a fallu constituer une équipe qui rassemble et mette en œuvre diverses compétences. Parmi les porteurs du projet, on trouve Mario Gervasi, président de la délégation PACA Renaissance Française et président de l'association Vertical Pôle, et l'adjudant-chef Benjamin Baselli, du Groupement de réponse aux crises majeures et attentats au Service départemental et métropolitain d’incendie et de secours du Rhône.
DZ près des remparts
Quoi de mieux qu'un premier largage de parachutistes, avec atterrissage près des remparts du mont Saint-Michel, pour démarrer cette journée de l'opération Mont-Saint-Michel ? C'est ce qui était prévu, dès 9 heures du matin et avec l'apport technique de l'École de parachutisme sportif de Vannes-Bretagne et de la FFP.
Dès l'aurore, la DZ se mettait en place aux pieds des remparts. Jean-Noël Hardouin et son staff de Vannes étaient à pied d'œuvre avec les moniteurs tandem - Manuel Ulibarri, Mike Borges, Laura Diette - et les vidéomen - Chloé Chapalain, Albin Serrand. Mario Gervasi faisait aussi partie du staff technique en tant que moniteur tandem.
Les largages étaient assurés par le Cessna Caravan de l'EPS de Vannes-Bretagne, piloté par Jean-Philippe Noblet (chef pilote) et selon le dossier monté par Vincent Lecompte et Thierry Camier (président de l'EPS de Vannes-Bretagne). Le plan était que l'avion vienne le matin même de Vannes, qu'il se pose sur l'aérodrome du Val-Saint-Père (Avranches), où les parachutistes embarqueraient. Mais c'était sans compter sur la brume matinale qui enveloppait une grande partie de la baie, et le mont Saint-Michel.
Ce stand-bye météo a laissé du temps pour répondre aux questions des journalistes, venus nombreux pour couvrir l'événement, qui était placé sous le haut patronage du président de la République et des quatre grands ministères, représentés par l'institution La Renaissance Française. "Initialement, je devais emmener Brigitte Macron, mais elle a eu un empêchement. Elle soutient l'opération qui, de ce fait, est placée sous le patronage du président de la République" expliquait Mario Gervasi.

En présence des journalistes, les passagers tandem sont briefés par Laura Diette : Le Père Don Pierre Doat, Benjamin Baselli, Céline Besret et Stéphane Saison. Photo Pascal Gilbert
Devant les objectifs et les micros des journalistes, les personnalités VIP s'apprêtaient à réaliser leur baptême de parachutisme en chute libre :
- Benjamin Baselli, atteint d'une SEP et en fauteuil roulant, ancien pompier de Paris, pompier professionnel et réserviste aux écoles militaires de santé,
- Stéphane Saison, ancien pompier de Paris grièvement blessé lors d’une attaque au feu en 2003, président de l’association APTE (Accompagnement et Prévention des Traumatismes Émotionnels),
- le Père Don Pierre Doat, recteur du Sanctuaire du Mont-Saint-Michel, porteur du message de paix du Pape Léon XIV.
Deux rotations du Cessna Caravan étaient prévues, une le matin et l'autre l'après-midi, avec d'autres baptêmes de saut en tandem pour d'autres blessés, membres du staff ou journalistes : Céline Besret, Laïla Agorram, Jenny Dematteis, Manon Laclau, Charles Derieux.
Bien sûr, dans ces deux rotations, se trouvaient aussi les trois parachutistes de précision ayant réalisé l'exploit du premier atterrissage sur la terrasse ouest de l’abbaye, le 8 mai dernier : Adeline Delecroix, Loïc Lubin et Franck Chartrain. Avec leurs voiles de précision d'atterrissage, porteurs de drapeaux, leur programme consistait à faire flotter tout autour du Mont-Saint-Michel les couleurs de :
- la République française,
- la Renaissance Française,
- du Comité français du fair play,
- la France Mutualiste,
- la Commune du Mont-Saint-Michel.
Le staff au sol était aussi à pied d'œuvre sur la DZ, près des remparts, avec les responsables sécurité : Gino Di Dionisio (directeur des vols), l'association des Amis du Souvenir et de la Liberté du Mont-Saint-Michel, José Bazin, Pascal Gilbert, Andreï Sidigaev et les preneurs d'image : Pascal Durox, Pascal Gilbert, Jacques Desbois (djopter.com), Bruno Passe.
Tandis que les rayons du soleil étaient encore bien trop timides sur le mont Saint-Michel pour ne serait-ce qu'espérer mettre en route la séance de sauts, une bonne nouvelle est tombée : le Cessna Caravan était arrivé de Vannes et il avait pu se poser au Val-Saint-Père, où le ciel s'était dégagé.

En attendant que la brume se lève… Au pied du Mont-Saint-Michel, on ne voit pas l'Archange, mais les copains qui sont en vol dans le ballon téléphonent et envoient l'image de la statue qui dépasse de la couche.
Nous en avions la preuve, non pas en images, mais par le bruit : une montgolfière avait pu décoller du Val-Saint-Père et c'est son brûleur que nous entendions. Mais sans pouvoir la voir, car elle volait au-dessus de la brume et lentement, sous un vent très faible. Faible, mais idéalement orienté : après le décollage, il avait permis au pilote du ballon de s'approcher du Mont, et lui et ses passagers pouvaient voir la statue de l'Archange dépasser de la couche de brume !
Parmi les passagers du ballon, il y avait quatre parachutistes, des veinards, dont la suite de l'aventure est racontée en épilogue (voir en bas de page) : "Épisode brumeux en montgolfière".
Citoyens d’honneur du Mont-Saint-Michel
Puisque le ciel en avait décidé ainsi, le programme de l'opération Mont-Saint-Michel fut modifié, et le premier largage retardé pour passer directement à la nomination d’Adeline Delecroix et de Mario Gervasi au titre de citoyen d’honneur du Mont-Saint-Michel. La cérémonie était menée par Jacques Bono, le maire de la commune du Mont-Saint-Michel.
Ce fut un premier moment d'émotion de voir ainsi mis à l'honneur et récompensés ces deux parachutistes d'exception, un par ces exploits extrêmes à travers le monde, et l'autre par sa brillante carrière de compétitrice en précision d'atterrissage.

Le maire Jacques Bono remet la citoyenneté d'honneur du Mont-Saint-Michel à Adeline Delecroix et Mario Gervasi. Photo Pascal Gilbert
Cette cérémonie était aussi l'occasion de présenter en avant-première les œuvres de Philippe de Lestrange (peintre officiel des événements militaires et commémoratifs) et d’Élodie Studer (artiste peintre du Mont-Saint-Michel), des peintures représentant la première mondiale du saut des quatre parachutistes sur la terrasse ouest de l’abbaye, le 8 mai 2025. Ces œuvres seraient aussi exposées sur l’esplanade de Jérusalem, durant l'après-midi, après que Philippe de Lestrange ait assuré une séance de dédicace, à la Porte du Roy.
Après tout cela, les appétits étaient bien ouverts et l'horaire du déjeuner à l’Auberge Saint-Pierre était avancé. Un déjeuner vite écourté pour les parachutistes, car le ciel s'était dégagé et ils étaient appelés à l'embarquement.

Embarquement dans le Caravan pour (de gauche à droite) Manuel Ulibarri, Stéphane Saison et Mike Borges. Photo Pascal Gilbert
Et ce ciel qui s'était fait attendre a récompensé les parachutistes : ils ne pouvaient rêver de meilleures conditions pour ce saut de démonstration au pied du mont Saint-Michel. Le soleil étant plus haut, la lumière était parfaite. L'orientation et la force du vent étaient idéales pour voir atterrir les parachutistes en douceur, avec le Mont-Saint-Michel tout près en arrière-plan.

Près de l'Archange, arrivée de Franck Chartrain, porteur du drapeau de la Renaissance Française. Photo D'jack ! djopter.com

Près des remparts, atterrissage de Loïc Lubin, porteur du drapeau du Comité français du fair-play. Photo D'jack ! djopter.com
Des conditions que les quatre "PAtistes de l'extrême" auraient aimé avoir le 8 mai pour leur première mondiale sur la terrasse ouest : leurs atterrissages auraient été moins mouvementés ! Du coup, aujourd'hui, ils seraient bien tentés d'y retourner… Ils se sont contentés bien sûr de la survoler, et sont venus comme prévu, se poser tout en douceur sur la DZ, près des remparts et au son de la cornemuse.
Tandems VIP
Ensuite ce fut le tour des tandems, dont certains en configuration handy, et c'était la "séquence émotion" de l'événement qui consistait à faire découvrir le parachutisme et la chute libre à des néophytes, le jour de la Saint-Michel et au plus près du Mont-Saint-Michel. C'était aussi un grand moment pour les parachutistes confirmés, comme le prouvaient les larmes de joie de Chloé Chapalain et Albin Serrand, après leur atterrissage.

Le staff de l'École de parachutisme sportif de Vannes-Bretagne (de gauche à droite) : Manuel Ulibarri, Albin Serrand, Jean-Noël Hardouin, Laura Diette, Chloé Chapalain et Mike Borges. Photo Bruno Passe
Le Père Don Pierre Doat, recteur du sanctuaire du Mont-Saint-Michel, n’a pas été en reste. "C’est la première fois qu’il voyait son archange depuis le ciel, il en avait les larmes aux yeux. Quel plaisir d'avoir pu l'emmener !" a déclaré Mario Gervasi, habitué du Mont et qui avait décidé d'emmener lui-même le prêtre survoler son abbaye.

Retour sur terre du Père Don Pierre Doat, recteur du Sanctuaire du Mont-Saint-Michel, emmené en tandem par Mario Gervasi, et porteur du message de paix du Pape Léon XIV. Photo D'jack ! djopter.com

Après son atterrissage, le Père Don Pierre Doat est entouré des journalistes et des proches de l'opération Mont-Saint-Michel. Photo Pascal Gilbert
C'est en soutane que le recteur a effectué sa démarche et il s'en expliquait : "Je suis prêtre, c'était important pour moi de montrer que l'Église participe. Il n'était pas question de sauter autrement, même s'il a fallu cacher un peu l'habit pour pouvoir mettre le harnais. Tout s'est bien passé, c'était un grand moment, c'était fou".

De gauche à droite (pour les visages visibles) : Jacques Bono (maire du Mont-Saint-Michel), Père Don Pierre Doat, Adeline Delecroix, Mike Borges, Loïc Lubin, Stéphane Saison (président de l’association APTE), Mario Gervasi. Photo Bruno Passe
Et c'est encore chargé d'adrénaline, qu'il est remonté vers l'abbaye pour assurer les célébrations religieuses de la Saint-Michel. Jacques Bono, maire du Mont-Saint-Michel, commentait : "Voir notre curé du village se poser aux pieds de l'Archange avant d'aller reprendre ses bénédictions du jour, c'est quand même extraordinaire !"
Les uns après les autres, chaque atterrissage tandem portait sa charge émotionnelle. En voici quelques témoignages.

Emmené par Manuel Ulibarri, Benjamin Baselli se pose devant ses collègues pompiers. Photo Pascal Gilbert
Stéphane Saison, président de l’association APTE et qui a sauté en tandem avec Mike Borges, donne ses impressions : "Outre le fait d’avoir eu le privilège de côtoyer l’Archange, la magie d’un instant a marqué un tournant intérieur : celle d’avoir laissé une part sombre de nous là-haut, suspendue dans les airs, loin de cette terre qui a trop longtemps nourri nos traumatismes.
L’Opération Mont-Saint-Michel est bien plus qu’un simple événement. C’est une déclaration d’intention collective, un sursaut de conscience, un moment de vérité face à l’invisibilité des blessures psychiques. Car derrière chaque uniforme, chaque mission, chaque acte de bravoure, il y a des femmes et des hommes qui peuvent être profondément marqués."
Manon Laclau témoignait aussi : "Ça fait 2 jours que je plane. Je me refais ce film dans ma tête encore encore et encore. Merci, Jean-Noël, à jamais dans mon coeur pour ce baptême hors du commun. J’ai beaucoup pensé à mon grand-père qui était militaire parachutiste pendant la WW2 et qui a été enfermé 4 ans. Bref chacun son émotion avec ça, vous m’avez tous beaucoup touchés, ce sont les expériences et les émotions collectives qui créent du lien, cassent les à priori, font se rencontrer les personnes. Je suis très heureuse d’avoir découvert cet univers, car cela m’inspire beaucoup de respect de résilience et d’envie de valoriser des actions. Vive les paras ! Merci, et un grand bravo à Mario & Benjamin pour cette journée de mille feux."
Une première gravée dans le marbre
Pour autant, l'opération Mont-Saint-Michel n'était pas terminée ! Tandis que les parachutistes repliaient leurs voiles, car d'autres sauts étaient prévus, une quinzaine de chanteurs/musiciens de l’orchestre Concorde étaient arrivés de Paris et mis en place dans l'église Saint-Pierre pour un premier concert où se sont succédé quatuors à cordes, chœurs et sopranos.

Photos ci-dessus : chanteuses, chanteurs et musiciennes sont dirigés par Aytèn Inan, cheffe d'orchestre. Photos Marie-José Lallart
L'autre partie de cette cérémonie à l’église Saint-Pierre consistait à bénir la plaque nominative des quatre parachutistes qui se sont posés en première mondiale sur la terrasse ouest du Mont-Saint-Michel, pour commémorer les 80 ans de la fin de la 2e guerre mondiale. La bénédiction fut suivie par la lecture du message du Pape Léon XIV.
- Dans l’église Saint-Pierre, le Père Don Pierre Doat bénit la plaque nominative des quatre parachutistes qui se sont posés en première mondiale sur la terrasse ouest du Mont-Saint-Michel. Photo Pascal Gilbert
- Mario Gervasi, Adeline Delecroix, Franck Chartrain et Loïc Lubin : les quatre parachutistes auteurs de la première mondiale sur la terrasse ouest posent devant leur plaque nominative. Photo Bruno Passe
La programmation musicale s'est poursuivie durant l'après-midi, pour accompagner l'exposition des œuvres de Philippe de Lestrange et d’Élodie Studer, sur l’esplanade de Jérusalem.
Pour les parachutistes, le moment était revenu de scruter le ciel et surtout les conditions aérologiques sur la DZ du mont Saint-Michel. Car le vent s'était renforcé et il était mal orienté, plaçant la zone d'atterrissage dans les turbulences des édifices. Il fut décidé de la décaler un peu vers les grèves, et c'était reparti pour une deuxième rotation du Cessna Caravan, toujours au départ du Val-Saint-Père.

L'atterrissage de Loïc Lubin, vue depuis une terrasse du Mont-Saint-Michel. Photo Marie-José Lallart
Quatre autres tandems (plus videomen) et trois solos ont pu ainsi clôturer les sauts de la Saint-Michel 2025, sur cette DZ extraordinaire, aux pieds des remparts. Avec encore quelques témoignages à la clef.
Encore des témoignages
"Le 29 septembre sera à jamais gravé dans ma mémoire. Cette journée symbolise un tournant dans mon parcours où l’idée que la paix vient du ciel prend tout son sens.
Le premier saut restera pour moi un symbole de guérison. Je suis montée vers l’immensité du ciel entre les mains de Laura, dans le calme, la douceur et la confiance, constraste avec la tempête que j’ai pu traverser. Je me sentais loin de la violence et du chaos, comme nos vies peuvent l’être pendant un choc post-traumatique. Je souhaitais être confrontée à la peur volontairement, celle qui nous ronge lors de cette période noire. Lors de ce saut, j’y ai ressenti la liberté, la légèreté et ce lâcher-prise que je cherchais depuis si longtemps. C’était comme déposer, le temps d’un instant, le fardeau invisible que je portais, et retrouver une respiration nouvelle. …/…
Je veux remercier profondément celles et ceux qui m’ont offert cette expérience unique et toutes les personnes derrière cette belle organisation. Un énorme merci à toute cette équipe de fou de para… Elle m’a donné bien plus qu’un saut en parachute : elle m’a donné une image forte de guérison et de protection, deux piliers essentiels pour avancer.
Grâce à vous je reprends un nouvel envol. Merci à vous tous. On se reverra."
Signé : Céline Besret
"La journée du 29 septembre 2025 restera gravée dans nos mémoires comme un moment hors du temps. Une journée faite de partage, de joies, de rires, d’émotions, de belles rencontres placée sous la protection de l’archange saint Michel, patron des parachutistes. Un immense merci à Benjamin, Mario, ainsi qu’à tous celles et ceux qui ont contribué à faire de cette rencontre une expérience extraordinaire. Votre énergie, votre bienveillance et votre passion ont illuminé cette journée unique.
Elle a également revêtu une dimension mémorielle en rappelant l’exploit exceptionnel du 8 mai 2025, lorsque les quatre parachutistes Mario, Adeline, Franck et Loïc ont accompli ce saut historique sur la terrasse ouest de l’abbaye du Mont-Saint-Michel. Vos noms resteront à jamais gravés sur la plaque inaugurée dans l’église Saint-Pierre. Un souvenir vibrant qui donne encore plus de sens à notre aventure commune.
Je tiens particulièrement à remercier Mike et Mario : grâce à vous, j’ai pu réaliser mon tout premier saut, et qui plus est au pied de ce monument majestueux qu’est le Mont-Saint-Michel. Un rêve devenu réalité, empreint de beauté et de fraternité.
À très bientôt à toutes et à tous pour de nouvelles émotions partagées dans les airs comme sur terre. Mille mercis à toute l’équipe."
Signé : Charles Derieux
Ces témoignages prouvent que les souvenirs de ces sauts sont indélébiles, tandis que les atterrissages vers les grèves avaient imprimé des traces de tangue sur les équipements des parachutistes. Cette boue grisâtre, très typique des grèves de la baie du Mont-Saint-Michel, demande juste un peu "d'huile de coude" pour être effacée.

La photo de groupe avec les drapeaux d'une partie des partenaires de l'opération Mont-Saint-Michel. Photo D'jack ! djopter.com
Un résultat mitigé
Ces témoignages prouvent-ils à eux seuls que l'opération Mont-Saint-Michel était réussie ? Oui et non…
Même si cette journée extraordinaire s'est conclue (sans fausses notes !) dans l’abbaye du Mont-Saint-Michel par un spectacle musical de grande ampleur - un concert de clôture assuré par des choristes issus du chœur de l'UNESCO et Saint Léon et des musiciens issus de l'orchestre La Concorde-Paris - il reste un bémol…
Malgré la communication, les diffusions dans les médias, presse et télévision, le bilan est positif pour les remerciements, mais pas pour l'appel aux dons en faveur de l’association APTE (APTE signifie Accompagnement et Prévention des Traumatismes Emotionnels). Au moment du bouclage de cet article, les montants récoltés sont encore très faibles.
Benjamin Baselli, co-organisateur de l'opération, revient sur le but de l'association qui "œuvre à la création d’un centre national dédié à la prise en charge des traumatismes psychologiques des primo-intervenants : sapeurs-pompiers, militaires, policiers, gendarmes, soignants, secouristes… et leurs familles."
Il insiste sur la nécessité de rendre visible cette problématique : "On veut sensibiliser au handicap invisible, à la santé mentale, qui est aujourd’hui une cause de souffrance majeure". Et il poursuit : "J’ai perdu trois amis, victimes d’un syndrome post-traumatique ou du suicide. Il faut que l’on en parle davantage. Aujourd’hui, les burn-out sont de plus en plus évoqués. Et dans nos métiers, nous sommes particulièrement exposés, car nous faisons face à des situations extrêmement difficiles".

Benjamin Baselli (co-organisateur de l'opération Mont-Saint-Michel) et Stéphane Saison (président de l’association APTE) : "unis pour se relever". Photo Pascal Gilbert
La fête de la Saint-Michel lui paraît un moment symbolique idéal pour porter ce message : "Saint Michel incarne la résilience et c'est le patron des parachutistes. Il représente celui qui s’élève par l’effort, qui s’adapte à toutes les épreuves. Il va dans les airs, là où l’homme n’est pas censé aller". Et de conclure : "Il n’y avait pas de meilleur lieu que le Mont Saint-Michel" pour défendre la cause de la santé mentale."
Si vous aussi, vous souhaitez participer à cette action, voici un lien direct vers sa page Helloasso. L'association APTE est d'intérêt général, les dons peuvent donner lieu à un reçu fiscal ouvrant droit à une réduction d'impôts (66% pour les particuliers, 60% pour les entreprises).
À lire/voir également :
● Le blog de l'association APTE.
● Le reportage télévisuel sur France 3 Normandie.
● Article "À genoux, face à l'Archange ! Une première et un final sur le mont Saint-Michel" paru en juin 2025.
● Article "Une galette au pied du mont Saint-Michel" paru dans le ParaMag n°378 de novembre 2018.
ÉPILOGUE
Épisode brumeux en montgolfière
Qu'est-il advenu de cette montgolfière qui a survolé le Mont-Saint-Michel, le matin de la Saint-Michel, avec des passagers, dont quatre parachutistes ?
Il s'agit de Normandie Montgolfière, entreprise qui propose des vols et des baptêmes au départ de l'aérodrome du Val-Saint-Père. Elle propose aussi des largages de parachutistes, sous la supervision technique d'Abeille Parachutisme.
Les quatre parachutistes étaient Stéphane Lelaumier, Cornel Volcovschi (venu de Moldavie), Louis Baconnier et Pierre Lhopitalier. Des "morpions de carlingue" qui étaient également dans les sauts de Noratlas (voir article en première partie). Et surtout des veinards, car en final ils ont pu sauter de la montgolfière ! Ils sont donc les premiers paras (dans la région) à avoir sauté le jour de la Saint-Michel.
C'était un moment spécial pour Louis Baconnier, son 5066ème saut , le tout premier saut de montgolfière, et tout ça le jour de la fête des parachutistes.
Le fait est qu'ils étaient un peu loin du mont Saint-Michel : après avoir consommé par mal de gaz pour réussir à s'éloigner de la brume, le pilote est parvenu à monter à 1500 mètres, altitude de largage à laquelle les quatre compères ont sauté individuellement.
Ils se sont posés tranquillement, dans un champ près de Sains (à environ 8 km du Mont-Saint-Michel), en Bretagne. "Heureusement, on avait pris nos passeports" concluait Pierre Lhopitalier, avec humour (normand).
C'est une évidence, l'édition 2025 de la Saint-Michel au Mont-Saint-Michel était un excellent cru. "Et par saint Michel, vive les paras !"

(Suivre le lien page 1 ci-dessous pour accéder à la première partie de cet article)
















