L'atterrissage en wingsuit sans ouvrir le parachute, beaucoup en ont rêvé ou en rêvent encore. Patrick de Gayardon Deug envisageait déjà de le faire dans la neige, au Mont Blanc, et il avait commencé à travailler sur un prototype de combinaison. Puis d'autres pionniers, dont Loïc Jean-Albert, en ont parlé aussi mais face aux difficultés réelles, aucun d'entre eux ne l'a tenté.

Depuis le 23 mai 2012, date de la cascade réussie par Gary Connery, on sait qu'il est possible d'impacter en wingsuit dans une rampe en carton, sans avoir à ouvrir le parachute. Cascade réussie, mais jamais réitérée depuis tout ce temps. Alors pourquoi ne pas essayer de faire la même chose dans l'eau ?

À première vue, on peut se dire que c'est possible et, toujours à première vue, c'est ce que pourrait faire croire cette vidéo. Mais l'eau n'amorti pas la chute de la même façon qu'une rampe de cartons de cascadeur ! Ceux qui pratiquent les sports aquatiques extrêmes le savent : à pleine vitesse, l'eau se transforme en mur.

Il ne s'agit pas ici de démontrer que l'amerrissage sans parachute n'est pas possible, il se fera peut-être un jour (et notre petit doigt nous dit même qu'un projet serait actuellement en prévision, mais chuuuut, on ne vous a rien dit !). En revanche, il est très facile d'expliquer pourquoi cette vidéo est ce que l'on appelle un "fake", autrement dit une supercherie :

1) Tout d'abord la vitesse d'arrivée sur l'eau est beaucoup trop lente pour être vraie. Grâce à Gary Connery, on sait désormais à quoi ressemble la phase finale d'arrivée au sol d'une wingsuit en vol. Dans cette vidéo, ça ne ressemble pas du tout à ça.
Le cabré semble surréaliste, tout comme la position de vol. D'autre part, la wingsuit s'enfonce dans l'eau sans même rebondir un peu. C'est irréaliste si l'on compare avec les impacts sur l'eau en bare-foot, où la vitesse est pourtant moins importante qu'en wingsuit, où les corps ne rentrent pas dans l'eau tout de suite mais rebondissent plusieurs fois.

2) Ensuite la très mauvaise qualité des images : difficile de faire pire, et il serait vraiment surprenant qu'avec les moyens de prises de vue actuels les organisateurs d'un tel exploit n'aient pas réussi à faire mieux. Sans doute que cette mauvaise qualité sert à cacher la supercherie.

3) En détaillant les images au ralenti, on constate qu'il a des plans multiples, sous différents angles et lumières, ce qui sert à monter l'illusion.

Mais pourquoi monter une telle supercherie ? Certains le font pour le fun, mais ici il s'agit d'une publicité pour le savon Wingman, la marque qui est floquée sur la wingsuit de ce "Raphaël Dumont", un nom que personne ne connaît dans le milieu du BASE jump, comme c'est étrange !

Il faut tout de même reconnaître le bon côté de ce fake, avec les remerciements aux partenaires, dont une société qui loue des wingsuits, et la reconnaissance aux vrais pionniers que sont Gary Connery et Jeb Corliss.

Il faut toutefois souligner le mauvais coté de ce fake, qui est peut être dangereux et irresponsable, si quelqu'un trouve ça facile, se lance dans des conditions similaires et se tue bêtement.

Il reste une question technique intéressante : quel trucage a été utilisé pour simuler l'arrivée dans l'eau ? Des câbles porteurs, une tyrolienne, une libération sous voile, une wingsuit tirée dans l'eau par un bateau et un raccord numérique ? Peut-être que l'auteur révélera son secret dans un futur webisode...

Ce qui est certain, c'est qu'il se fait déjà "pourrir" dans les commentaires, et un certain Jonathan Detiffe déclare même qu'il était présent au moment du tournage (le 17 juillet et non pas le 30 septembre comme annoncé) car il encadrait le groupe d'enfants que l'on voit dans le film ! Il déclare également qu'il a bien été témoin de plusieurs sauts à cet endroit, mais qu'ils se terminaient toujours avec l'ouverture d'un parachute. C.Q.F.D.