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Édito

Le pays du ciel

Et nous, on y retourne quand ?

 

En ce mois de juin, c'est ce que pensent les parachutistes qui ne peuvent toujours pas sauter, tout en voyant - sur Internet - leurs confrères plus chanceux le faire sur les DZ qui ont déjà pu rouvrir, depuis la mi-mai ou le début du mois de juin. Bienvenue dans un monde de parachutistes masqués, de distanciation physique et de gel hydroalcoolique en salle de pliage.

Sur le territoire français, il s'agit de la Nouvelle-Calédonie, avec Nouméa Skydive, qui semble être le premier centre français à avoir repris, dès le 8 mai. Le CEP de Nouvelle-Calédonie, basé à La Foa, aurait pu en faire autant si le radiateur à changer sur le moteur du Cessna 206 n'était pas resté bloqué en Nouvelle-Zélande avec le confinement. Théoriquement, tout sera rentré dans l'ordre pour début juin.

Quelques jours après la Nouvelle-Calédonie, et toujours en outremer, c'est Tahiti Parachutisme qui rouvrait, les 16 et 17 mai. Suivi de la Réunion, avec Fly 974 tandem (centre para-pros) qui parvenait à rouvrir dans des conditions très strictes validées par les responsables locaux de la DGAC.

Bon…, tout ça "c'est beau, mais c'est loin" (comme disait Jacques Chirac !). Qu'en est-il des ouvertures en Europe ? SkyTeam Cremona, Nettuno, Skydive Sardegna, Skydive Salerno, Skydive Venice, de nombreux centres ont rouvert durant le mois de mai en Italie, ce qui est significatif dans ce premier pays frontalier à avoir été gravement touché par le virus.

En Suisse, le centre Swissboogie, sur l'aérodrome de Bienne-Kappelen, a rouvert le 11 mai. D'autres centres en Suisse se préparaient pour une reprise imminente (début juin pour Flying Devil à Bex) au moment de notre bouclage. Ouverture aussi en Allemagne, Norvège,… Cette liste n'est pas exhaustive et dans tous les cas cités, il est évident que la reprise se fait progressivement, souvent avec des limitations par le niveau de technique individuelle et dans le respect de consignes sanitaires gouvernementales.

Et en France (métropolitaine) ? Passons sur les quelques sauts qui ont eu lieu en contexte privé et militaire, car cela reste une exception. L'annonce de nouvelles directives nationales par notre Premier ministre, le jeudi 28 mai, avec cette carte de France devenue très majoritairement verte et cette phrase reprise en cœur dans les médias : «La liberté, enfin, va redevenir la règle et l’interdiction constituer l’exception» soulève à la fois un vent d'espoir et un flot de questions.

Quelle place auront les pratiques non essentielles - comme le parachutisme - dans cette nouvelle phase de déconfinement ? Que signifie l'interdiction des sports de contact jusqu'au 21 juin ? Ce ne sont que quelques exemples du véritable casse-tête auquel sont confrontés les dirigeants de centres.

Dans une série de courriers intitulés “dispositions sanitaires dans le cadre du Covid-19”  et adressés aux dirigeants associatifs et gérants des écoles, la FFP a présenté durant plusieurs semaines les étapes de la reprise envisagée. L'état d'urgence sanitaire étant prolongé jusqu'au 10 juillet 2020, ces options restent soumises aux décisions des autorités préfectorales et locales. Et la question de la gestion du trafic aérien en régions n'est pas à prendre à légère non plus, dans ce contexte.

Quoi qu'il en soit, au moment du bouclage de cette édition, les préparatifs vont bon train sur certains centres pour la reprise "dès que possible". Au vu des divers protocoles sanitaires étudiés et envisagés, et au vu aussi de ce qui se passe ailleurs, là où ça ressaute déjà, il est évident que les contraintes sont nombreuses, touchant la technique comme l'économie. Il faut donc se demander – aussi - comment les pratiquants vont aborder ce "monde parachutiste d'après". Et nous savons également que certains centres n'ouvriront pas, ou très peu.

C'est donc dans l'incertitude que se prépare cette reprise conditionnée. Où en est notre "pays du ciel", à l'instar de cette nouvelle couverture ParaMag de mai 2020, avec l'inscription "The land of the Sky" sous l'avion, ou de ces parachutistes lillois (voir photo ci-dessus) qui attendent leur avion à l'embarquement, dans la joie et avec insouciance (mais sans masque, car c'était "avant") ?

Il est bien difficile de répondre à toutes ces questions aujourd'hui, mais comme il le fait depuis le début du "lock down" (arrêt de l'activité), ParaMag regarde plus loin que le bout de son hand-deploy.

Il regarde devant : ce mois-ci encore, notre édition est bien fournie en réflexions en tout genre, pour la plupart signées par Yves-Marie Guillaud (encore merci à lui d'avoir répondu présent dans ces circonstances qui sont complexes aussi, pour la rédaction de ParaMag), en rappels techniques, dont une check-list "vérif" adaptée à la situation. Il regarde derrière : parcours de DT et flash-back parachutes, puisque : "Celui qui ne sait pas d'où il vient ne peut savoir où il va, car il ne sait pas où il est." (Otto von Bismarck)

La situation peut évoluer très vite, dans un sens comme dans un autre. Au-delà des gestes barrières, les verrous des consignes sanitaires et de la distanciation physique se présentent comme autant de freins à notre activité.

Alors, on croise les doigts… Et quoiqu'il arrive, on ne se "check pas", rappelez-vous : on ne peut plus !

Par Bruno Passe, le 29 mai 2010

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