Tandis que la fin de saison approche à grands pas en France et dans le nord de l'Europe, il est déjà temps pour certains "parachutistes migrateurs" de préparer leur intersaison 2025/2026, en trouvant un moyen de raccourcir cette période hivernale, ou de préparer un début de saison 2026 anticipé. Pour cela Skydiving Taroudant, au Maroc, est une excellente option.
Texte par Bruno Passe, d'après une interview de Rachid Moumy
Bien desservi au départ de la France et via l'aéroport d'Agadir Massira (environ une heure de route) la ville de Taroudant est nichée entre l'Atlas et l'Anti-Atlas. Moins fréquentée que Marrakech, elle est connue pour son authenticité et son patrimoine préservé. Avec ses remparts, ses souks animés et ses paysages envoûtants, elle offre une immersion marocaine hors des sentiers battus.
Pour les parachutistes, c'est bien sûr Skydiving Taroudant, implanté sur l'aéroport de Taroudant, qui offre le principal centre d'intérêt ! Le centre de parachutisme est situé à la sortie de la ville de Taroudant, sur la route de Marrakech.
Le parachutisme est pratiqué depuis plusieurs décennies à Taroudant, mais aujourd'hui on s'intéresse à la période, disons "moderne", celle qui a commencé en 2014. Elle a été initiée par un groupe de parachutistes marocains passionnés, ParaMag a interviewé l'un d'entre eux : Rachid Moumy.
Les parachutistes ayant déjà sauté à Saint-Florentin, chez Paris Jump, connaissent Rachid, car il fait partie de la direction technique de Paris Jump, pratiquement depuis que le centre a ouvert. Et depuis tout ce temps, Rachid Moumy enchaine les doubles saisons : printemps-été-automne à Saint-Florentin et l'hiver à Taroudant.
En cette période de l'année, la saison 2025 se termine en France et celle de l'intersaison 2025-2026 à Saint-Florentin est en pleine préparation.
Interview de Rachid Moumy
ParaMag : Depuis quand la DZ de Taroudant est-elle ouverte ?
Rachid Moumy : C'était dans les années 1980, durant certaines périodes, le fonctionnement n'était pas en continu. En ce qui concerne notre équipe actuelle, nous avons commencé en 2014, on a relancé l'activité en partenariat avec Paris Jump, et sous la dénomination de Skydiving Taroudant. Nous avions fonctionné avec le Pilatus de Paris Jump et une partie de son staff. Pour cette première année, nous avions un agrément FFP et nous avons fait un total de 4500 sauts en 2 mois. Pour un départ, c'était encourageant.
Que s'est-il passé ensuite ?
L'année suivante, Paris Jump n'a pas été intéressé pour renouveler le partenariat. Avec mes deux collègues marocains, Nabil Sedrati (instructeur et membre dirigeant du club) et Moustapha Aadri (président du club), nous avons cherché une alternative pour pouvoir travailler de façon indépendante à Taroudant, tout en étant dans la légalité marocaine et internationale.
Comment avez-vous procédé ?
Nous avons commencé par passer nos qualifications de moniteurs USPA (N.D.L.R. : Fédération américaine), ce qui nous a ensuite permis de fonctionner en tant qu'entité 100% marocaine, tout en appliquant le cahier des charges de l'USPA. Cela s'appliquait à la pratique du tandem et de l'école en chute libre, l'AFF (N.D.L.R. : Méthode américaine équivalente de la PAC française). Nous sommes donc actuellement trois moniteurs USPA et de futurs moniteurs sont en formation.
En ce qui concerne l'avion, comment vous êtes-vous organisés ?
Les premières années, c'était un des avions de Paris Jump, Pilatus ou Caravan court. Ensuite, de 2020 à 2025, nous avons fonctionné avec le PAC 750 de Dieppe et aussi en partenariat avec Dieppe, l'entité Air Libre Parachutisme, dont nous étions plateforme secondaire. Skydiving Taroudant était donc une zone agréée FFP, avec possibilité de fonctionner avec des moniteurs et d'accueillir des élèves français. Sur cette période, nous avions la "double casquette", encadrement USPA et encadrement FFP.
Qu'est-ce que ça a donné en ce qui concerne le volume d'activité ?
Pour la première année en USPA, en 2015, on y est allé doucement, on ne voulait pas déraper. Nous sommes partis de moins de 3000 sauts cette année-là et ensuite nous avons augmenté progressivement : 5500 sauts, puis 6000 sauts. Nous avons pris de l'ampleur tranquillement, en sécurité, en accueillant des animateurs, des Français, des Belges, etc. Et l'année dernière nous avons battu notre record avec 6600 sauts.
Peux-tu nous donner quelques détails sur votre mode de fonctionnement, vos objectifs, la DZ, etc. ?
Je suis directeur technique de la zone, avec toutes les qualifications nécessaires, que ce soit pour le monitorat USPA ou FFP. Mes collègues Nabil et Moustafa sont moniteurs USPA et moniteurs fédéraux FFP. Notre objectif est – et a toujours été - de développer la pratique du parachutisme au Maroc. Notre principe de fonctionnement est associatif. Au début, il nous est même arrivé de devoir combler personnellement le déficit de l'activité.
La zone de sauts est bien dégagée, avec plus de 10 hectares où l'on peut donc faire de l'école sereinement. Il y a bien sûr des consignes à respecter comme sur toutes les DZ.
Parles-nous de cette nouvelle saison 2025/2026 qui arrive bientôt…
Oui, la nouvelle saison va démarrer le week-end du 13-14 décembre 2025 et elle se terminera après le week-end du 7-8 mars. Ce sont les dates où l'avion arrive puis repart. C'est le Supervan de Paris Jump (basé à Saint Florentin) et qui peut emporter 19 paras en 11 minutes au niveau FL135 (environ 4000 mètres).
Durant cette période, nous sommes ouverts tous les week-ends et durant trois semaines de stage : du 3 au 11 janvier, 1er au 8 février et du 14 au 28 février. Il y aura des stages freefly avec Jeremy Saint-Jean (Los Gringos), des stages vol relatif avec Polo Grisoni. Il y aura notamment une étape du French Meet.
Nous accueillerons des instructeurs indépendants comme chaque année pour compléter notre staff. Les instructeurs qui souhaitent venir avec leurs élèves sont les bienvenus, mais il faut nous contacter au préalable pour définir les modalités.
Comme les années précédentes, nous allons accueillir des parachutistes de diverses nationalités : une majorité de Français, et aussi des Belges, Espagnols, Polonais, Allemands, Anglais, et des Américains, car il y a une base militaire qui est assez proche.
Cette année, nous allons de nouveau fonctionner en tant que zone secondaire de Paris Jump. Les pratiquants français peuvent donc venir sauter à Taroudant durant toutes cette période, quel que soit leur niveau. Ils sont formés et couverts comme en France, mais il est conseillé de souscrire une assurance rapatriement. Même avec une simple cheville foulée, ça peut devenir compliqué de rentrer en France (N.D.L.R. : Ceci est vrai pour toutes les destinations, même européennes, à partir du moment où on saute loin de son domicile) et c'est la raison pour laquelle je préconise fortement de prendre une couverture assurance supplémentaire.
Quels sont les tarifs à Skydiving Taroudant ?
L' inscription est à 60 euros, cela correspond à la participation pour la mise en place de l'avion au Maroc. Le prix de la place avion à 4000 m d'altitude est de 29 euros. Nous avons des parachutes en location, en tailles de 150 à 280 pieds carrés, au tarif de 12 euros. Le pliage individuel est à 5 euros.
Il est possible de prendre un repas le midi pour 7 euros, et aussi d'organiser des navettes en taxi à 40 euros (à partager entre passagers) depuis ou vers l'aéroport d'Agadir Massira.
Il y a des possibilités d'hébergement en AirB&B ou en Riad, entre 60 et 70 euros en demi-pension (et possibilité de négocier pour les groupes). ◼︎
Skydiving Taroudant
Adresse : Route de l'aéroport , Taroudant, Morocco
Contact :
Rachid Tél. 0769083324
Nabil Tél. +212 67 37 397 88
E-mail : skydivingtaroudant@gmail.com
www.skydivetaroudant.com
Facebook : Skydivingtaroudant
La DZ sera ouverte du 13 décembre 2025 au 9 mars 2026, avec un Supervan : 19 paras - 11 mn - FL135 !
Focus sur Mehdi Chennour
Premier participant marocain aux championnats du monde de parachutisme !
En 2024, le Maroc était représenté pour la première fois aux championnats du monde de wingsuit qui se sont déroulés à Beaufort, aux États-Unis, du 5 au 11 octobre. Mehdi Chennour, basé à Skydiving Taroudant, y a concouru en wingsuit. À 40 ans, il est père de deux enfants, et il compte environ 1 000 sauts à son actif (dont 600 en wingsuit).
Témoignage
CYPRES ROAD SHOW
Joel Strickland est représentant Airtec, fabricant allemand du déclencheur de sécurité Cypres. Il voyage sur les centres de parachutisme, principalement en Europe, pour promouvoir la marque. Et il écrit aussi des articles au sujet des évènements auxquels il participe, ou des drop zones qu'il découvre lors de ses nombreux voyages. Ses articles sont publiés sur le blog d'Airtec. Voici celui qu'il a écrit au sujet de Skydiving Taroudant.
Texte par Joël Strickland
Visiter les centres de parachutisme dans le cadre de la tournée Cypres implique de parcourir de longues distances à travers plusieurs pays. Il s'agit souvent d'un territoire familier, mais avec l'essor du parachutisme, de nouvelles opportunités se présentent pour s'aventurer plus loin, afin de soutenir des communautés et des mises en place hors des sentiers battus. En passant beaucoup de temps sur les autoroutes, d'un paysage à un autre, on constate que les changements se révèlent aussi par le langage de la conduite. Et puis les nuances dans la structure et dans le style attisent votre curiosité sur la façon dont un endroit existe.
Le Maroc commence par quelques petits changements seulement, lorsqu'une file de camping-cars blancs, transportant de nombreux Français, Allemands et Espagnols, débarquent du ferry de Tanger. Mais très vite, la circulation commence à prendre un caractère chaotique qui ne laisse aucun doute sur le fait que vous êtes désormais en Afrique. Tout peut sembler assez normal, alors même que des piétons traversent l'autoroute à pied ou que des chauffeurs conduisent une charrette tirée par un âne, à contresens sur la voie lente. Des voitures modernes slaloment entre de vieux camions décorés de couleurs vives, chargés à ras bord et penchant sous le poids d'une double cargaison verticale. Les plus impressionnants sont ceux qui transportent des bouteilles en plastique, empilées si haut et si largement qu'ils donnent l'impression que quelqu'un a voulu construire un zeppelin et que ça n'a pas tout à fait fonctionné. Avec un humour finement dosé, la plupart sont ornés de slogans tels que "Maximum Power", "Turbo" ou, plus sage et plus simple, "Good Luck".
Skydiving Taroudant se trouve à côté d'une ville aux vieux remparts, dont on pense qu'elle devrait regorger de touristes, mais qui n'en regorge pas. La zone de saut est ouverte pendant quatre mois en hiver, lorsque l'avion venu de France est disponible. C'est une situation gagnant-gagnant pour toutes les parties concernées : la partie marocaine qui bénéficie d'un avion performant, la partie française dont l'avion est utilisé au lieu de rester dans un hangar en France, et les parachutistes français qui disposent d'un endroit très agréable pour s'évader pendant les mois très froids en Europe. Ces mois durant lesquels il fait assez frais en Afrique du Nord pour que les Marocains s'emmitouflent au sol et dans les airs. C'est vraiment un endroit très agréable pour faire du parachutisme à cette époque de l'année.
Lors de mon passage, il y avait pas mal d'activité tandem, généralement pratiquée par des habitants locaux issus des zones côtières plus aisées, bien que l'exploitation soit généralement mixte et propose un peu de tout. L'ambiance est joyeuse, le rythme tranquille et l'atmosphère conviviale. Il est clair que le staff et la communauté qui l'entoure sont contents de ce qu'ils ont créé, mais ils cherchent également des moyens d'aller de l'avant et de se développer.
La prochaine étape consisterait à se procurer un petit avion qui leur permettrait d'ouvrir toute l'année. Il fait trop chaud pour sauter toute la journée en été, mais un Cessna à pistons et quelques choix judicieux pourraient faire l'affaire. Le plan consisterait à continuer à faire venir un avion performant de France pour disposer d'une puissante turbine lorsque cela est possible, et à maintenir l'intérêt et l'implication croissants.
Visiter, travailler et sauter à Skydiving Taroudant a été un véritable plaisir. Les communautés parachutistes sont généralement très accueillantes, mais ici, cela m'a particulièrement marqué. C'est peut-être dû à l'effort supplémentaire que nous avons fait cette année pour prolonger la tournée Cypres hivernale et nous déplacer plus loin. C'est peut-être parce que le fait de représenter une marque prestigieuse dans un petit club incite naturellement les gens à être chaleureux. Je pense toutefois que toute personne qui se rendrait ici recevrait la même chaleur et la même générosité de la part de toutes les personnes impliquées. De plus, cet endroit propose l'une des meilleures cuisines que j'ai jamais goûtées dans un aérodrome : des plats fraîchement préparés chaque jour, pour que tout le monde puisse se retrouver autour d'un déjeuner. C'est peut-être la meilleure façon de faire.
Les différences culturelles sont plus faciles à gérer dans un sport comme le parachutisme. Sauter ensemble n'a rien d'anodin, et même si vous avez du mal à communiquer dans une langue commune, le parachutisme se pratique en communauté et cela facilite les choses. La maîtrise de l'anglais facilite le contact lorsque plusieurs langages se rencontrent, et même lorsqu'il y a des barrières linguistiques, la structure d'un centre de parachutisme et l'ensemble des actions qui s'y déroulent rendent les interactions amusantes. Nous avons passé un excellent moment ici et nous avons hâte de revenir.
Retrouvez tous les récits de Joël Strickland (en anglais) sur le blog Airtec/Cypres.
GALERIE PHOTO
Retrouvez encore plus de photos de Skydiving Taroudant à travers les photos des éditions précédantes.

- Tridimensionnelle dans le ciel marocain.
- A l'embarquement du PAC 750, en 2022.
- Groupe de vol relatif organisé par Polo Grisoni.
- La zone d'atterrissage est vaste et dégagée.
- Briefing terrain, par Rachid.
- Briefing d'un groupe tandem.
- Encore une belle journée qui se termine à Skydiving Taroudant (édition 2022).
- Clôture de la saison 2022/2023.
- Taroudant est connue pour son authenticité et son patrimoine préservé.
- Illustration parfaite de l'hospitalité marocaine.
- Deux piliers de Skydiving Taroudant : Moustapha Aadri (président du club) et Nabil Sedrati (instructeur et membre dirigeant du club).
- On ne se lasse pas des couchers de soleil marocains.



































