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Pas de paras aux Jeux de Paris

En 2024, le rêve olympique s’estompe pour le parachutisme sportif

Durant des décennies, le parachutisme et le Mouvement olympique étaient en rapport : le premier espérait intégrer le second et le second utilisait le premier en tant que sport de démonstration. La cérémonie d’ouverture des JOP 2024 à Paris a sonné le glas : cette époque est actuellement révolue.

Par Bruno Passe

Qui sait encore, qui se souvient que le 6 février 1968, les parachutistes du CNP (Centre national de parachutisme) de Biscarosse ont ouvert les Jeux olympiques en sautant sur le stade de Grenoble, où avait lieu la cérémonie inaugurale ? L’équipe était constituée de Cros, Pupin, Lard, Grivet, Faucher et Proly. Chacun disposait d’un parachute de la couleur de l’un des anneaux olympiques ; les cinq anneaux étaient matérialisés sur le sol et constituaient la cible. Des sauts de ce type ont ouvert les compétitions sur les différents sites. La difficulté majeure était parfois d’atterrir au milieu des câbles des remontées mécaniques et autres fils électriques.

En février 1968, un des six parachutistes du CNP de Biscarosse atterrit avec précision dans le stade de Grenoble, en France, durant la cérémonie d'ouverture des JO d'hiver. Source : Mémoire du parachutisme civil à Biscarosse.

Qui sait encore, qui se souvient qu’en septembre 1988, en direct et en mondovision, 76 parachutistes internationaux ont réalisé une brillante démonstration pour la cérémonie d’ouverture des 24èmes Jeux olympiques, au-dessus du stade de Séoul ? Parmi eux cinq Français : Franck Bernachot (compétiteur de haut niveau militaire et civil, multi-médaillé en France et à l'international), et l’équipe de France de vol relatif à 4, championne du monde, constituée de Jérôme Bunker, Éric Fradet, Frank Mahut, et Philippe Schorno. Ils faisaient partie du groupe de 30 parachutistes de haut niveau ayant construit une figure en forme d’anneaux olympiques.

En septembre 1988, un des 76 parachutistes de l'équipe internationale atterrit avec précision dans le stade de Séoul, en Corée du Sud, durant la cérémonie d'ouverture des JO d'été. Photo DR - Archives ParaMag

Qui sait encore, qui se souvient que le 12 février 1994, à Lillehammer, en Norvège, dès les premières minutes de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques d’hiver, deux parachutistes ont déployé un drapeau géant, en direct et en mondovision ?

En février 1994, deux parachutistes déploient un drapeau géant, lors de la cérémonie d'ouverture des JO d’hiver, à Lillehammer, en Norvège. Image Olympic Channel (voir lien vidéo dans cet article)

Cette démonstration en direct faisait la transition avec le générique d'ouverture, mettant en scène des personnages à ski, en luge, en patins à glace, glissant entre les différents symboles relatifs aux Jeux Olympiques. Par un ingénieux mélange d'images de synthèse, le ballet terrestre se transformait en ballet aérien, les personnages parachutistes prenaient le relais durant une séquence parachutiste d'une minute (énorme sur un tel événement !), le temps de colorer un drapeau géant, pour le faire passer des couleurs olympiques aux couleurs de la Norvège. Une prouesse technologique, à l'époque, et pour laquelle sont apparus à l'écran quatre parachutistes : le norvégien Päl Bergan, l'allemand Peter Schäfer et les deux français Patrick de Gayardon et Éric Fradet. Les porteurs du drapeau en direct étaient Päl Bergan et un autre parachutiste norvégien.

Qui sait encore, qui se souvient qu’en février 2006, à Turin, la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques d’hiver a présenté un spectacle inhabituel ? Une démonstration de vol en soufflerie à ciel ouvert, exécutée devant des millions de spectateurs et téléspectateurs qui furent enchantés et surpris par l’originalité de cette représentation de qualité.

Le vol en soufflerie faisait déjà partie des disciplines de démonstration présentées lors de la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques d'hiver 2006, à Turin, en Italie. Photo Aerodium

C’est plus récent, mais qui sait encore, qui se souvient qu’en 2012, lors de la cérémonie d’ouverture des JO à Londres, les deux parachutistes Gary Connery et Mark Sutton ont sauté à 800 pieds de hauteur (environ 250 mètres) dans l'enceinte du stade de Wembley ? Largués depuis un hélicoptère, en direct et en mondovision, ils doublaient la reine Élisabeth II et Daniel Craig, alias James Bond, dans un court métrage fiction très surprenant.

Durant la cérémonie d’ouverture des JO de Londres, en 2012, deux parachutistes sautent à 250 mètres de hauteur dans le stade de Wembley : l'un est déguisé en James Bond, et l'autre en reine Elizabeth II. Image London 2012

Durant des décennies, le parachutisme sportif a courtisé le Mouvement olympique, espérant qu'un jour, une de ses disciplines puisse l’intégrer en tant que discipline officielle. L’espoir était permis, tandis que le parachutisme était régulièrement utilisé comme discipline de démonstration, lors des cérémonies d'ouverture, ou de clôture.

Pour qu'une discipline sportive puisse potentiellement entrer au programme des Jeux olympiques, et qu'elle soit qualifiée d'olympique, elle doit être reconnue comme telle par le Comité international olympique (CIO). Chaque discipline est évaluée selon plusieurs critères, eux-mêmes définis par une charte.

Parmi ces critères, il est notamment question de l'existence de fédérations internationales pour ledit sport, de la tenue préalable de championnats mondiaux (féminins et masculins), du nombre de fédérations nationales, rattachées à un comité national olympique (CNO) existant pour ce sport.

Dans cette charte, il a longtemps été inscrit cette formule : "Les sports dans lesquels les performances dépendent essentiellement d'une propulsion mécanique ne sont pas acceptés".

Les décennies 1980 et 1990 ont été marquées par une volonté du parachutisme international, essentiellement aux États-Unis, en Russie et en France, de voir le parachutisme devenir "sport olympique".  Or il faut un avion pour pratiquer le parachutisme, qui se retrouve ainsi classé parmi les sports dits "mécaniques". L'argument utilisé en faveur de la candidature du parachutisme consistait à comparer l'avion largueur aux remontées mécaniques du ski, sport dont plusieurs disciplines sont olympiques.

En France, cette volonté était partagée, et même portée par Nelson Paillou, qui fut le président du Comité national olympique et sportif français de 1982 à 1993.

En 1988, quelques semaines après les brillantes démonstrations parachutistes dans le stade olympique de Séoul, il déclarait, dans une interview à ParaMag et au sujet de la conformité du parachutisme : "Votre sport souffre d'être confondu avec les sports mécaniques. Il n'est pas mécanique, il est simplement tracté. Cette traction a pour fonction de vous permettre d'exécuter votre performance. La place de l'avion n'est pas plus importante pour moi que le téléski qui permet aux skieurs d'aller au sommet de la piste. Dans l'acte sportif, l'avion n'intervient pas".

Et dans cette même interview, Nelson Paillou se déclarait prêt à s'engager pour l'inscription du parachutisme en tant que discipline olympique : "Je suis prêt à apporter toute ma contribution et toute mon énergie. Car pour moi votre sport remplit toutes les conditions. Il est pratiqué sur les cinq continents et par plus de 25 nations. …/… Votre sport a besoin de ce label et le sport français a besoin de vos médailles."

Mais une décennie plus tard, lors du passage à l'an 2000, le parachutisme n'était toujours pas devenu une discipline olympique, même s'il continuait à "faire le show" en démonstration d'ouverture (ou de fermeture) des Jeux.

Puis, en 2007, gros changement : la mention "mécanique" a été supprimée de la charte et il n'y avait donc plus de barrière à l'introduction des sports mécaniques aux Jeux Olympiques. De plus, l'introduction de nouveaux sports devenait permise sur proposition de chaque ville organisatrice des JO.

Lorsque la candidature de Paris fut retenue pour les JOP 2024, une opportunité se présentait pour le parachutisme. D'autant que la France était reconnue comme une grande nation parachutiste, notamment grâce aux nombreuses médailles et titres remportés par les équipes de France en championnats du monde et autres compétitions internationales, depuis des décennies.

Et c'est vers le vol en soufflerie que s'est orientée la FFP (Fédération française de parachutisme), sous la présidence de David Roth, pour porter un ambitieux projet olympique.

Cette orientation suivait celle d'un mouvement apparu en 2016 et intitulé "Bodyflying to the Olympics". Des athlètes internationaux de haut niveau et des instructeurs étaient à l’origine de cette campagne qui ambitionnait de voir le "vol humain en soufflerie" devenir une discipline olympique.

En 2017, dès son premier discours en tant que président nouvellement élu à la FFP, David Roth annonçait officiellement, lors de l'assemblée générale, que l'olympisme serait le nouveau projet phare de la fédération : "Qui n'a jamais rêvé de voir nos équipes de France championne olympique ?".

Cette fois encore, tous les espoirs étaient permis, la notion de sport mécanique ayant apparemment était mise de côté depuis 2007. Et tout comme les avions peuvent être comparés aux "remontes pentes" du ski, la soufflerie peut être comparée à une piscine. Paris 2024 a mis en évidence les difficultés (et le coût …) qu'engendre l'organisation d'épreuves de natation en milieu naturel, en comparaison de celles du milieu artificiel, mais durable, que sont les piscines.

Le projet olympique de la FFP a été mené tambour battant et budgets à l'appui, la fédération ne ménageant pas ses efforts, menant des réflexions et des actions sur l'adaptation des formats en vue de futures compétitions olympiques. En outre, le parachutisme est le sport non-olympique qui rapporte le plus de titres et de médailles internationales à la France.

Mais les voies de l'Olympisme, expression qui fait souvent l'objet d'une utilisation erronée et dont il faut bien comprendre le sens, sont parfois aussi impénétrables que "celles du Seigneur"…

En 2019, le comité Paris 2024 a annoncé sa sélection d'épreuves additionnelles des Jeux Olympiques en France : breakdance, escalade, skateboard et surf. La candidature déposée, via le vol en soufflerie, par la FFP auprès du Comité d'Organisation des Jeux Olympiques n'a pas été retenue.

Malgré la déception de cet échec, qui était considéré par le président de l'époque comme "une étape dans la construction de l’olympisme pour le vol en soufflerie", les dirigeants fédéraux ont décidé, par esprit sportif, de poursuivre leurs efforts (et les dépenses) pour le projet olympique. Quitte à faire bénéficier toute la communauté parachutiste internationale des avancées réalisées et des liens tissés entre les fédérations parachutistes (FAI/FFP), le COJO (Comité d'organisation des Jeux Olympiques) et le CIO.

Encore des efforts en vain, car à ce jour, il semble qu'à Los Angeles en 2028, on verra plutôt apparaître du cricket ou du flag football, plutôt que du vol en soufflerie… Tandis que des rumeurs circulent sur une possible apparition de Tom Cruise lors de la cérémonie de clôture de Paris 2024, dans le but de construire un lien France-USA (Paris 2024 – Los Angeles 2028) sur le thème de l'escalade et du parachutisme (voir encart ci-dessous : "Tom Cruise et le drapeau olympique : info ou intox ?")

Pour en revenir à Paris 2024, et bien voilà, nous y sommes, et avec une autre équipe dirigeante à tête de la FFP. Élue en mai 2021, et en pleine crise sanitaire du Covid, elle a rapidement pris la mesure de l'opportunité représentée pour le parachutisme, même en tant que sport non olympique, par Paris 2024. On pense immédiatement aux brillants sauts de démonstration réalisés sur Paris lors de grandes occasions, telles que les commémorations Garnerin en 1997 ou lors de certains défilés du 14 juillet.

Saut de démonstration au-dessus de Paris à l'occasion de la cérémonie du 14 juillet, en 2012, effectué par Patrick Castella, Jean-Michel Poulet, Frédéric Mirvault, Vincent Coliac et Grégory Chatelain. Photo Grégory Chatelain

"Aucune de nos propositions n'a été retenue" explique Yves-Marie Guillaud, actuel président de la FFP. Des sauts de démonstrations ? Pas possible, à cause des limitations de l'espace aérien. Des vols en souffleries ? Pas possible, car la seule soufflerie située à Paris intra-muros est implantée dans un centre commercial. Du vol ascensionnel ? Pas possible non plus…

"La FFP doit se contenter, comme les autres sports non olympiques, de deux jours d'exposition au club France, et sans avoir le choix des dates" poursuit Yves-Marie Guillaud (voir encart "Club France - Paris 2024" en bas de page).

Sur les refus, il se résigne, concluant que "même si nos équipements sont fiables, nos techniques performantes, et que les accidents sont rares, il ne faut pas oublier qu'au cas où ils se produisent, ils sont spectaculaires, mais dans le mauvais sens du terme".

En effet, malgré toutes les mesures de sécurité et la compétence des athlètes de haut niveau, en démonstration comme en compétition, un accident est toujours possible. Cela a été démontré le 14 juillet 2012, à l'occasion du défilé aux Champs-Élysées, lorsqu'un des parachutistes de haut niveau, 11.500 sauts à son actif et 12 fois champion du monde, a raté son atterrissage, en direct à la télévision et devant le président de la république François Hollande.

Ce jour-là, durant le vol, les conditions de vent se sont dégradées brusquement et, suite à un changement de trajectoire d'un de ses coéquipiers, il a été victime d'un phénomène aérodynamique de déventement. Durant un court moment, sa voile ne l'a plus porté suffisamment et ça a été le choc avec le sol, en plein sur la place de la Concorde. Sur une zone de saut "normale", il aurait peut-être pu s'en tirer avec une grosse entorse, mais sur le bitume, c'était la fracture.

Les médias n'ont pas manqué l'image de François Hollande "venant réconforter le parachutiste blessé du 14 juillet". Des images qui ont tourné en boucle sur les écrans, pas de chance, alors que des milliers de sauts sont réalisés en France chaque année et que les accidents sont rares.

Au niveau national, il semble que l'accident du 14 juillet 2012 n'a pas eu de conséquences visibles, puisque d'autres sauts de démonstrations ont été autorisés et effectués sur Paris, dont ceux du traditionnel 14 juillet, les années suivantes, et plus récemment encore pour la Journée olympique.

Mais lors d'un événement mondial tel que les Jeux olympiques et paralympiques, avec des images retransmises en mondiovision, les restrictions sont plus fortes et les précautions plus grandes. Comme le démontre l'image de la carte des mouvements aériens de l'application Flightradar, le vendredi 28 juillet 2024, durant la cérémonie d'ouverture des JOP, avec ce grand vide d'un rayon de 150 kilomètres tout autour de Paris, une situation qui a duré de 18h30 à minuit.

L'image marquante du trafic aérien, le vendredi 26 juillet vers 19 heures, avec un ciel vide dans un rayon de 150 kilomètres autour de Paris. Image Flight Radar

Cela démontre aussi à quel point, lors de la cérémonie d’ouverture des JO de Londres en 2012, retransmise elle aussi en mondiovision, la reine Élisabeth II a fait preuve d'audace en jouant en partie son propre rôle dans une scène d’anthologie.

Les images où elle apparaît auprès de Daniel Craig, alias James Bond, ont fait le tour du monde. Est-il besoin d'en rappeler les détails ?

Synopsis : "James Bond fait irruption dans les salons du palais de Buckingham pour inviter Élisabeth II à un survol en hélicoptère du stade de Wembley avant de... sauter en parachute sur la cérémonie d’ouverture des JO !" Évidemment la reine a été doublée pour le saut en parachute, mais son engagement physique est à souligner, car en cas d'accident survenant durant la démonstration (avec la robe royale), lui aurait donné une autre dimension, et sans marche arrière possible.


La surprise a été totale et le spectacle, très réussi, a sidéré l’audience mondiale de cette cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Londres en 2012. La vidéo est passée à la postérité et les retombées ont été très positives : "Qui ose gagne".

Les organisateurs avaient déjà fait preuve d'audace en 1988 à Séoul, avec une démonstration parachutiste de grande envergure dans le stade olympique de Séoul, et qui s'inscrivait dans un show de 3 minutes 30 sec., en direct et en mondiovision. Elle se déroulait ainsi : un premier largage de précision de 22 parachutistes coréens, suivi d'un deuxième largage de 22 champions nationaux de précision d'atterrissage et enfin, le clou du spectacle avec la démonstration en chute libre. Il s'agissait de construire une formation de vol relatif représentant les cinq anneaux olympiques, constitués chacun de six personnes, en respectant les couleurs grâce à un équipement spécifique (parachutes, combinaisons, casques, voiles).

Photos ci-dessus et ci-dessous : À la verticale du stade de Séoul, la grande formation parachutiste, à la forme et aux couleurs des 5 anneaux olympiques, n'était qu'une partie d'un immense ballet aérien de 75 parachutistes qui ont atterri en parfaite synchronisation au beau milieu de la cérémonie d'ouverture des Jeux.

Lien pour accéder à la vidéo officielle de la cérémonie d'ouverture de Séoul 1998 (inscription gratuite sur olympics.com, séquence para à 2:26:40).

● Lien vers l'article (en page 8) ParaMag n° 20 de janvier 1989 sur la démonstration parachutiste lors de la cérémonie d'ouverture de Séoul 1998.

C'était un défi technique à l'époque, passant par la construction de cinq "vis sans fin" à six, interconnectées entre elles par des "bipoles" à quatre, au centre. Une fois la formation construite, elle se séparait (par l'ouverture des parachutes) et les cinq groupes (correspondant aux cinq anneaux) se rejoignaient sous voile et par couleur, pour se poser en ordre dans le stade. Le tout était coordonné et largué depuis trois hélicoptères Chinook CH 47, pour une parfaite synchronisation avec le déroulement de la cérémonie d'ouverture des Jeux.

Pour Paris 2024, c'est parfois une toute autre forme d'audace qui a été affichée lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux…, mais cette "audace" ne fait pas partie de nos sujets : "sans commentaire".

Et puis la cérémonie du 26 juillet 2024 s'est terminée dans le jardin des Tuileries, par l'envol de la Vasque olympique, sous un ballon. Véritable clou du spectacle olympique, l'envol a illuminé le ciel de Paris ce soir-là, tout en commençant à engendrer une pluie d’éloges aux quatre coins du globe. Cette scène rend hommage aux génies français du passé, et plus directement au premier vol en ballon à gaz, gonflé à l’hydrogène, effectué en décembre 1783.

La vasque olympique est haute de 30 mètres et porte un anneau-flamme de 7 mètres de diamètre. Depuis le Jardin des Tuileries, elle s'élève tous les soirs (du coucher du soleil jusqu’à 2h00 du matin, en fonction des conditions météo), à plus de 60 mètres du sol. Photo Yann Coajou – www.gamin-out.com

Voilà ce qu'en dit la communication officielle autour de Paris 2024 :

"La Vasque Olympique de Paris 2024 s’inscrit dans la longue histoire du rêve d’Icare. C’est à Paris, en 1783 que le tout premier vol de l’histoire de l’humanité a eu lieu. Le savant Pilâtre de Rozier et le Marquis d’Arlandes prenaient la route des airs à partir des recherches des frères Montgolfier. Toujours en France, et alors que les Montgolfier mettent au point leur ballon à air chaud de façon assez empirique, le physicien Jacques Charles invente le ballon à gaz, rempli d’hydrogène. Un ballon plus puissant, plus sûr et plus sophistiqué qui s’envole quelques jours après le vol de Pilâtre de Rozier, et décolle du jardin des Tuileries, depuis le même emplacement, devant 400 000 personnes médusées."

"C’est à l’esprit d’audace, de créativité et d’innovation de la France que renvoie cette Vasque unique", indique le comité organisateur.

Ah, le rêve d'Icare ! Quelques années après l'envol du ballon de Jacques Charles, c'est ce même esprit d'audace qui poussa le français André-Jacques Garnerin à effectuer le premier saut en parachute de l'histoire. Le 22 octobre 1797, au parc Monceau, à Paris, Garnerin s'est élancé dans le vide, depuis un ballon, équipé d'un parachute souple (sans cadre rigide).

C'est ce même esprit d'audace qui poussa le français Patrick de Gayardon à retravailler sur le concept des "hommes oiseaux" et à inventer un nouveau type d'ailes souples modernes, fixées sur une combinaison spéciale. Les recherches et les travaux du célèbre parachutiste français ont abouti sur un phénomène devenu mondial qui porte désormais le nom de "wingsuit". C'est aussi devenu une discipline sportive internationale, reconnue par la FAI (fédération aéronautique internationale).

Photos ci-dessus : C'est en France, à Gap-Tallard, qu'on été tournées les images du générique d'ouverture de la cérémonie d'ouverture des JO d’hiver 1994 à Lillehammer. Le français Patrick de Gayardon (en rouge sur la photo) y a pris part avec Éric Fradet (un autre français), Päl Bergan (norvégien) et Peter Schäfer (allemand). Photos ci-dessous : Les images en chute se mélangent avec les images de synthèse, juste avant l'apparition en direct du drapeau et des parachutistes.

Lien pour accéder à la vidéo officielle de la cérémonie d'ouverture de Lillehammer 1994 (inscription gratuite sur olympics.com, la séquence para apparait dès la première minute).

● Lien vers l'article (en page 16) ParaMag n° 82 de mars 1994 sur la démonstration parachutiste lors de la cérémonie d'ouverture de Lillehammer 1994.

Les organisateurs de Paris 2024 ont-ils manqué d'audace, ou simplement de mémoire, en faisant du parachutisme le grand absent de cette cérémonie parisienne, à l'endroit même où il a été inventé ? Ont-ils manqué (aussi) d'imagination en limitant la représentation du rêve d'Icare et du vol humain à un simple joueur d'accordéon, fût-il ailé et "bleu-blanc-rouge" ?

Étant donné que certaines prestations ont été tournées à l'avance, les risques du direct pouvaient être écartés. Et l'abondance des plans et des séquences qui se sont succédé durant les quatre heures de cérémonie ouvrait grand le champ des possibles, sur une action de parachutisme, même très courte, ou de vol humain, même en soufflerie.

Ça aurait été un juste retour des choses, en hommage aux inventeurs et pionniers français, ou ne serait-ce que pour saluer la candidature officielle du "vol en soufflerie".

EN CONCLUSION, une chose est sûre : en ce soir du 28 juillet, le parachutisme s'est fait sortir de Paris 2024, par la petite porte.

Cela ne nous empêche pas de saluer les victoires actuelles et futures, et plus particulièrement les victoires françaises qui s'accumulent depuis le début des Jeux ! Tout en encourageant les compétiteurs/trices français/ses engagées dans les épreuves qui restent à venir sur Paris 2024 !

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LA FORMATION PARACHUTISTE AUX 5 ANNEAUX

Ah, ces anneaux olympiques, ils en ont pourtant inspiré, des organisateurs de saut !
La formation de vol relatif en forme des cinq anneaux olympiques a traversé le temps, tout en augmentant de taille et en s'améliorant techniquement.

Ces dernières semaines, à l'approche de Paris 2024, certaines photos ont ressurgi du passé, via les réseaux sociaux. En voici une revue (non exhaustive !) parallèlement à ce que nous avons dans les archives et donc dans l'Intégrale ParaMag.

Cette photo provient d'une publication Facebook, cliquer dessus permet d'accéder directement à cette publication.

C'est une des premières photos de formation parachutiste représentant les 5 anneaux olympiques, et peut-être même la première.
Elle a été postée dans le groupe Facebook "Oldscholl Skydiving" par Vasili Mladinov qui commente : "C'était en 1980, huit ans avant la démonstration de l'équipe internationale à Séoul. Un saut réalisé par l'équipe de l'armée de l'air de l'URSS et dédié aux Jeux Olympiques de Moscou. Malheureusement, nous n'avons pas été autorisés à sauter lors de la cérémonie d'ouverture. La photo est d'Alexander Samsonov (Paix à son âme)".
La formation était constituée de 18 parachutistes, qui sautaient encore avec des équipements "dorsaux-ventraux". Sa forme est atypique, construite de façon hybride, avec des morceaux d'étoile et de "vis sans fin". Judicieusement placés dans la figure, certains parachutistes ont des combinaisons bicolores : rouge/vert, rouge/noir, jaune/noir, etc. Ce qui fait que, même si la qualité de la photo ne permet pas (ou plus) de distinguer le bleu du noir, le rendu est assez réussi.
En travaillant la photo dans un logiciel d'image, nous avons tenté de nous rapprocher des couleurs d'origine, et la différence entre l'anneau bleu et l'anneau noir apparait assez distinctement (voir ci-dessous).

Quelques jours plus tard, Steve Noonan a posté une autre photo dans le même groupe, avec ce commentaire : "L'équipe de démonstration "Olympic Freefall Exhibition Team", lors des Jeux olympiques d'été de 1984, à Boston Massachusetts. C'est la première fois qu'elle a été intégrée à la cérémonie d'ouverture. Saut organisé et photographié par Skip Kniley. L'USPA de Bill Ottley ne nous a pas mentionné, ou très peu. Trois femmes faisaient partie de cette équipe, Linda Wasilonski RIP, Nancy LaRiviere, Jennifer Wright."

Cette photo provient d'une publication Facebook, cliquer dessus permet d'accéder directement à cette publication.

La formation était constituée de 20 parachutistes, construite de façon bien symétrique par cinq "vis sans fin" accrochées les unes aux autres et constituées de quatre personnes, toutes  équipées de combinaisons aux couleurs adéquates. Une prouesse technique pour l'époque !

En regardant bien la photo, on distingue en arrière-plan, en haut, le stade Harvard Stadium, qui est bien situé à Boston, Massachusetts. Il est reconnaissable avec son architecture en forme de "fer à cheval". Le site de Boston avait accueilli certaines épreuves de football (qui étaient réparties sur trois sites) pour ces Jeux olympiques d'été de 1984. Ils étaient officiellement appelés Jeux de la XXIIIe olympiade de l'ère moderne, et ils ont été célébrés du 28 juillet au 12 août 1984 à Los Angeles, aux États-Unis. C'est là où s'est déroulé la cérémonie d'ouverture, et si l'on en croit le commentaire de Steve Noonan, la "Olympic Freefall Exhibition Team" aurait donc effectué plusieurs sauts de démonstration, et au minimum deux : un sur Boston (la photo) et un sur Los Angeles (pour la cérémonie d'ouverture).

Incontournable, la photo des "anneaux de Séoul", en septembre 1988. La formation était constituée de cinq "vis sans fin" à six, interconnectées entre elles par des "bipoles" à quatre. Un défi technique pour l'époque. Et pour l'immortaliser, il y avait trois cameramen de haut niveau : Kenneth Crastree, Tom Sanders et Norman Kent. Pour eux aussi la tâche était ardue, puisqu'il leur fallait à la fois produire des images photo et vidéo pour leur sponsor (Canon) et pour les médias, fournir des images vidéo à chaque saut, y compris les sauts d'entraînement, pour les débriefings et régler les problèmes de transmission en direct (antennes, émission-réception, etc.).

La photo telle qu'elle fut publiée en poster dans le ParaMag n°20 de janvier 1989. Cliquer sur l'image permet d'y accéder.

Une photo "au passage", réalisée en mai 2005 à Lapalisse : 30 compétiteurs français construisent la figure symbolisant les anneaux olympiques, dans le cadre de la promotion d’éventuels Jeux olympiques à Paris (Hé oui : déjà !). La photo est d'Alex Pereira. Il s'agit de la même formation qu'à Séoul, avec des combinaisons aux couleurs harmonisées, les parachutes étant ceux des équipes de France, aux couleurs identiques.
Photo publiée en poster de ParaMag n°217 de juin 2005.

La photo telle qu'elle fut publiée en poster dans le ParaMag n°217 de juin 2005. Cliquer sur l'image permet d'y accéder.

En 2018, durant l'Hohenems Challenge, en Autriche. Lors des sauts organisés par Patrick Passe, une des multiples figures réalisées durant cet événement international est celle des anneaux olympiques, juste pour le plaisir de reproduire la même formation qu'à Séoul. La photo est de Karl-Heinz Charlie Woytech.

Cette photo de Karl-Heinz Charlie Woytech provient d'une publication Facebook, cliquer dessus permet d'accéder directement à cette publication.

Encore plus récemment, c'était en juin dernier, à Skydive Pink Klatovy, en République tchèque, durant l'évènement "Stand Together - Upright World Record Attempts". Il y avait un groupe de relativeurs essentiellement constitué de Norvégiens, et aussi de parachutistes internationaux. Ils étaient dirigés par Ronny Holen et Rob Kendall, dans une ambiance "BigwayFun" qui a été inspirée, une fois de plus, par la formation des anneaux olympiques, reproduction parfaite des anneaux de Séoul. La photo est de Dave Clarke, tandis que l'on distingue Antje Grube, l'autre camerawoman, qui filme par dessous la formation.

Cette photo de Dave Clarke provient d'une publication Facebook, cliquer dessus permet Cette photo provient d'une publication Facebook, cliquer dessus permet d'accéder directement à cette publication.

C'est une évidence : le Mouvement olympique a largement inspiré le milieu parachutiste international, et cela depuis des décennies. Quel dommage que la réciproque ne se soit pas produite, pour la cérémonie d'ouverture de Paris 2024, tandis qu'en France, le parachutisme est le sport non-olympique qui rapporte le plus de titres et de médailles internationales à son pays.

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CLUB FRANCE - PARIS 2024

Le parachutisme est (tout de même...) présent durant les JOP à Paris 2024 ! Ce sera les 10 et 11 août prochains, au parc de la Villette, à Paris, où la FFP tiendra un stand au sein du Club France. Pour la fédération de parachutisme : "Cette action s’inscrit pleinement dans la promotion de l’activité physique et sportive, grande cause nationale 2024. Le public pourra profiter de casques de réalité virtuelle, d'un photobooth, participer à un concours photo et visionner des films sur le parachutisme".


Lancez la vidéo ci-dessus pour découvrir un des films de réalité virtuelle disponible sur le stand de la Fédération Française de Parachutisme au Club France !

Il faut prévoir de prendre ses billets à l’avance (5€ l’entrée) pour profiter des activités proposées sur le site.

Là encore la FFP ne ménage pas ses efforts, et elle mettra en place un portique et des harnais, des planches à roulettes, des accessoires para, et 20 bénévoles vont se relayer : venez les voir, les encourager et motivez vos amis à leur rendre visite !

Cette action "in situ" est soutenue par une campagne de communication, sur Internet et sur les réseaux sociaux, avec présentation du Club France, des animations sur le stand, des vidéos, des interviews d'athlètes et de responsables fédéraux, un concours pour gagner des sauts en tandem, etc.

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TOM CRUISE ET LE DRAPEAU OLYMPIQUE : INFO OU INTOX* ?

Depuis quelques jours, une rumeur circule comme quoi Tom Cruise participerait à la cérémonie de clôture de Paris 2024...
Si on en croit le blog TMZ (Thirty Mile Zone), l'acteur-cascadeur descendrait en rappel du haut du Stade de France pour arriver sur la pelouse et le drapeau olympique officiel serait intégré dans cette séquence.
Ensuite des images préenregistrées seraient diffusées, dont les premières minutes montreraient le voyage en avion de Tom Cruise, avec le drapeau olympique, volant de la France vers Los Angeles. Puis l'acteur-cascadeur sauterait de l'avion et atterrirait en parachute vers le célèbre panneau "Hollywood", à Los Angeles.

Des images de Tom Cruise (datant du mois de mars 2024) sur ce panneau sont diffusées par TMZ, mais aucune image aérienne n'est apparue à ce jour.
Le film montrerait ensuite Tom Cruise transmettant le drapeau à d'autres athlètes olympiques, concrétisant la transmission entre les Jeux de Paris et ceux de Los Angeles.
TMZ publie même une image qui serait extraite d'une vidéo (prise en mars par des paparazzis), et dans laquelle on voit l'acteur tenir un drapeau.
Aucune information officielle n'a été formulée sur ce sujet, à ce jour.

En 2004, à Los Angeles, Tom Cruise a porté la torche lors d'un relais international vers les Jeux olympiques d'été à Athènes, en Grèce.

* Mise à jour du 12 août 2024 : C'était une info ! (Voir le replay du direct France Télévisions ci-dessous). Et un saut en parachute a finalement été intégré dans la cérémonie de clôture, sur proposition américaine, mais pas en direct (séquence tournée à l'avance).

Cliquer sur l'image pour voir la vidéo de France Télévisions

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