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Championnats du monde de pilotage sous voile

À Prétoria, en Afrique du Sud

Un compétiteur en action sur le parcours de freestyle. Photo FAI - Mathilda DV

C'était le mois dernier : 49 compétiteurs, représentant 19 pays, étaient engagés aux championnats du monde FAI de pilotage sous voile qui se sont déroulés à Prétoria, en Afrique du Sud, du 25 au 29 septembre 2024.

Par Bruno Passe

Cette compétition internationale, organisée sous l'égide de la FAI (fédération aéronautique internationale), comportait quatre types d'épreuves : précision, vitesse et distance d'une part, freestyle de l'autre. Les trois premières aboutissent sur deux classements, individuel et par équipe, dans le registre des 10° championnats du monde de pilotage sous voile.

Le freestyle est une discipline plus jeune, elle en est à son 4° championnat du monde. Les épreuves de cette discipline en pilotage sous voile aboutissent elles aussi sur deux classements, individuel et par nation. 39 compétiteurs étaient engagés en freestyle.

C'est dans des conditions météorologiques difficiles que l'Américain Curt Bartholomew remporte un titre supplémentaire de champion du monde de pilotage sous voile. Ses performances cumulées dans les épreuves de précision, de vitesse et de distance le font ressortir premier au classement combiné individuel.  En freestyle, il est devancé par son coéquipier Justin Price, vainqueur de cette discipline.

Sur son compte Instagram, Curt Bartholomew déclare : "C'était une compétition folle, en forme de montagnes russes. .../... J'ai remporté l'argent dans chaque épreuve individuelle, avec parfois les écarts les plus serrés que j'ai jamais connus. J'ai gardé la tête dans le guidon et je me suis concentré pour gagner ces championnats du monde. Félicitations à tous ceux qui sont montés sur le podium !"

Un compétiteur en action sur un des parcours mis en place par la DZ Skydive Pretoria. Photo FAI - Mathilda DV

Au classement par nation, ce sont les Émirats Arabes Unis qui emportent le titre devant la France et l'Australie. En freestyle, ce sont les États-Unis, suivis de l'Australie et du Canada.

Quatorze records ont été revendiqués durant la compéotition, tant au niveau continental que mondial, et ils sont en cours de ratification par la FAI.

Il y a notamment le record du monde de vitesse établi par Curt Bartholomew (encore lui) : 1.747 secondes pour traverser les 70 mètres du parcours incurvé. Dans la catégorie féminine, deux records du monde sont aussi en cours de ratification par la FAI. Il s’agit de ceux établis par Cornelia Mihai (Émirats Arabes Unis) en distance avec 197,37 mètres et en vitesse avec 1.971 secondes sur 70 mètres du même parcours incurvé.

Un compétiteur en action sur le parcours de vitesse. Photo FAI - Mathilda DV

Chez les Français

Engagée dans les épreuves de précision, de vitesse et de distance, l'équipe de France étaient composée de Gérard Burnside, Aurélien Lemaire, Kevin Techer et Cédric Veiga Rios.

En 2019, lors de la coupe du monde, le site de Pretoria avait fort bien réussi à l'équipe de France qui raflait l'or dans quatre classements : combiné par équipe, et combiné individuel, distance et vitesse pour Cédric Veiga Rios.

En 2021, à Tanay (Russie), l'équipe était sacrée championne du monde au combiné et Cédric raflait l'or (champion du monde) en distance et au combiné individuel. En 2022 à Eloy (États-Unis), la France (représentée à l'époque par Éric Philippe, Kevin Techer et Cédric Veiga Rios) réalisait un doublé historique en conservant son titre au combiné par équipe.

En cette année de championnats du monde 2024, la France doit renoncer à l'or, mais elle est présente sur les podiums du combiné par équipe (médaille d'argent) et Aurélien Lemaire gagne le bronze en précision.

L'équipe de France en action sur la DZ Skydive Pretoria. Photo FFP

L’entraîneur national Philippe Schorno avait prévu que "ce championnat du monde s’annoncerait comme l’un des plus relevés de la décennie, une dizaine de compétiteurs étant susceptibles de battre des records". Et c’est chose faite avec, entre autres, ceux de Curt Bartholomew et de Cornelia Mihai.

L'équipe de France était sur place bien avant le début de la compétition pour s'acclimater durant un dernier stage d'entrainement. Deux jours avant la fin de cette période, Philippe Schorno, commentait :

"Après trois jours de vent et de froid (8° ici à Johannesburg) qui ont fortement contrarié l’entraînement de l’équipe de France, le temps s’améliore lentement mais surement.
Cet air vivifiant a boosté les performances de tous les compétiteurs en place et les scores réalisés sur les quelques sauts effectués promettent des records à venir.
Pour ce championnat du monde, 80% des compétiteurs volent en Mutant (N.D.L.R. : voir encart ci-dessous "Le Mutant, une idée française") et il s’annonce comme l’un des plus relevés de la décade. Le vent annoncé sera un arbitre difficile à gérer. L’équipe est prête et comme d’habitude elle donnera le meilleur."

Aurélien Lemaire, membre de l'équipe de France, obtient une médaille de bronze en précision. Photo FAI – Mathilda DV

Cette "campagne sud-africaine" est la dernière en tant qu'entraîneur pour Philippe Schorno, qui va prendre sa retraite prochainement. Il en présente un bilan mitigé pour l'équipe de France et qui commence par la contre-performance de Cédric Veiga Rios : "Nous sommes tellement habitués à le voir pulvériser les records et glaner des médailles d’or qu’on avait oublié qu’il n’est pas un cyborg. Mais malgré tout, ses runs restent parmi les meilleurs et ce n’est qu’une péripétie dans sa carrière, qui sera encore jalonnée de nombreux titres.

Le vent excessif sur la journée du 28 septembre a rendu l’exercice difficile en vitesse pour Gérard Burnside. Kévin Techer et Aurélien Lemaire ont effectué une compétition de vitesse très solide en réalisant les scores attendus pour le classement par équipe.
Kevin à fait une compétition solide et bénéfique pour le classement équipe, c’était l’objectif. Il finit dans le top 10 et sur ce championnat du monde, c’est énorme.
Gérard a battu son record en distance, mais il a accumulé un peu de trop de sauts compliqués pour être compétitif cette année.
Aurélien devait se consacrer sur ce classement équipe et jouer sa carte en précision. Depuis de nombreuses compétitions, et aussi en entraînement, on savait Aurélien capable de grandes performances dans cette discipline. Et bien voilà, médaille de bronze en précision au championnat du monde, avec des scores et un plateau très très relevé. Cette première consécration en appelle d’autres dans le futur."

LES RÉSULTATS

(Cliquer sur les photos de podium pour les afficher en grand)

PILOTAGE SOUS VOILE

Combiné Individuel
1 - Curt Bartholomew, États-Unis (839.858 pts)
2 - Abdulbari Quabasi, Émirats Arabes Unis (788.868 pts)
3 - Marcos Darman, Argentine (761.928 pts)

Podium Combiné Individuel PSV - Photo FAI / Mathilda DV

Classement par équipe
1 - Émirats Arabes Unis (2188.954 pts)
2 - France (2021.759 pts)
3 - Australie (1940.072 pts)

Podium Classement par équipe PSV - Photo FAI / Mathilda DV

Précision
1 - Abdulbari Quabasi, Émirats Arabes Unis (289.010pts)
2 - Curt Bartholomew, États-Unis (289.000 pts)
3 – Aurélien Lemaire, France (283.703 pts)

Podium Précision PSV - Photo FAI / Mathilda DV

Vitesse
1 - Gonçalo Resende, Portugal (299.151 pts)
2 - Curt Bartholomew, États-Unis (291.824 pts)
3 - Sven Jseppi, Canada (286.730 pts)

Podium Vitesse PSV - Photo FAI / Mathilda DV

Distance
1 - Shane Shaffer, Émirats Arabes Unis (259.085 pts)
2 - Curt Bartholomew, États-Unis (259.034 pts)
3 - Armando Fattoruso, Italie (257.601 pts)

Podium Distance PSV - Photo FAI / Mathilda DV

FREESTYLE

Combiné Individuel
1 - Justin Price, États-Unis (289.934 pts)
2 - Curt Bartholomew, États-Unis (231.602 pts)
3 - Pablo Hernandez Moll, Espagne (218.202 pts)

Podium Combiné Individuel Freestyle - Photo FAI / Mathilda DV

Combiné par nation
1 - États-Unis (699.191 pts)
2 - Australie (422.988 pts)
3 - Canada (330.018 pts)

Podium Combiné par nation Freestyle - Photo FAI / Mathilda DV

MINI GALERIE PHOTO

Encore plus d'images des championnats du monde de pilotage sous voile en Afrique du Sud, avec les photos de Mathilda DV. (Cliquer sur les photos pour les afficher en grand).

LE MUTANT, UNE IDÉE FRANÇAISE

 

C'est en mai 2017, dans le ParaMag n°360, que nous avons publié la première photo d'un harnais Mutant. Pas n'importe quelle pho ! On y voit Vince Reffet passer en flare entre les deux portes relevables d'une voiture de police, à Skydive Dubaï. Un exercice de précision et de vitesse, dans une mise en scène spéciale pour présenter un nouveau type de harnais de sa conception : le Mutant.

Une des premières photos officielles pour la présentation du harnais Mutant : Vince Reffet dans une mise en scène spéciale, en 2017 à Skydive Dubaï, avec le concours de la police locale. Photo Max Haim

Le premier détail qui sautait aux yeux était le point d'accroche des élévateurs, bien plus bas que la normale.

Dans le petit article qui accompagnait la photo, Vince Reffet expliquait lui-même le principe de son invention :
"Plus de 10 ans après mon premier prototype, le Mutant est né.
J’ai commencé à développer mon premier harnais de swoop en 2007, alors que je commençais à beaucoup pratiquer le speed riding et le speed flying. Tous nos amis pilotes nous demandaient pourquoi nous sautions avec des harnais standard alors que nous aimions tellement voler avec des harnais en point d’attache bas.
C’est comme cela que j’ai commencé à travailler sur un premier prototype, à faire des tests en vol de pente avant de faire mon premier saut avec, c’était en 2008. En 2012 j’ai proposé au fabricant américain UPT de collaborer sur ce projet. Après plusieurs déplacements aux États-Unis et beaucoup de travail avec Blikkies Blignaut, cela nous a pris plusieurs années et quelques prototypes avant d’en arriver au produit final.
Le Mutant est conçu pour les experts en pilotage sous voile et les parachutistes qui ont une expérience en speed riding et en parapente. Comme dans ces disciplines, le point d’attache bas des élévateurs rend le contrôle du harnais beaucoup plus réactif, car les actions proviennent des hanches et cela demande quelques sauts pour se familiariser dans cette nouvelle position et ce nouveau mode de contrôle.

Durant un des vols d'essai à Dubaï, Vince Reffet en compagnie de Fred Fugen. Photo Ewan Cowie

La séquence d’ouverture se fait en deux temps, d’abord depuis les épaules et ensuite ça passe sur le point d’attache bas, et c’est là où le fun commence…
Comme sur un harnais de parapente, la triangulation apporte de nouvelles performances juste en utilisant le poids du corps et le balancier, que ce soit dans les virages, ou dans le contrôle des vitesses verticales. Car il n’est plus nécessaire de prendre les élévateurs, que ce soit pour accélérer ou au contraire pour freiner dans l’arc de recouvrement.
Le nom Mutant est choisi en mémoire d’Antoine Montant, un ami, membre des Soul Flyers et pionnier du vol de pente acrobatique et du speed riding. Il m’a beaucoup inspiré dans cette recherche qu’il avait longtemps suggérée.
Je remercie également ceux qui m’ont aidé dans le projet : mon père qui m’a beaucoup appris et aidé dès la construction du premier prototype, Collin Thompson et les amis à Skydive Empuriabrava qui m’ont aidé dans les premiers tests, mon coéquipier Fred Fugen qui a testé avec moi, et UPT, spécialement Mark Procos et Rosi Sigmon qui ont cru au projet, et bien sûr Blikkies Blignaut avec qui nous avons travaillé sur la version finale, qui est produite par le fabricant.
J’espère que les utilisateurs auront autant de plaisir que moi à voler avec le Mutant !"

Quelques mois plus tard, les deux Soul Flyers Vince Reffet et Fred Fugen utilisaient pour la première fois chacun un harnais Mutant lors d'un tournage en Guadeloupe. Dans une interview pour ParaMag, ils nous livraient leurs premières impressions : "Ça reste un matériel très spécifique dont la commercialisation ne fait que commencer, mais je suis persuadé que cela va révolutionner le monde du canopy piloting. C'est un truc de fou ! Ça fait 20 ans que je saute et j'ai l'impression de découvrir un nouveau domaine de vol dans le para.
Ça se rapproche beaucoup des sensations que l'on connaît déjà dans le speed riding et le parapente. Les gens qui ont déjà pratiqué ces sports vont assez vite se sentir à l'aise avec le Mutant."

Vue de détail sur le harnais Mutant, à l'embarquement. 80% des compétiteurs l'utilisaient sur ces championnats du monde. Photo FAI - Mathilda DV

Il a fallu un peu de temps, et aussi la fin de la crise sanitaire, pour que le Mutant commence à apparaitre en compétition.

Déjà en 2021, à Tanay (Russie), les compétiteurs équipés de Mutant commençaient à faire sérieusement la différence en vitesse. On se souvient de l’Argentin Marcos Darman qui, avec son Mutant et sa technique, avait affolé les chronos dans les premières manches de vitesse. Et cette année, ce sont 80% des compétiteurs qui l'utilisent.

Bien vu Vince, comme d'habitude...

Vue d'ensemble sur le harnais Mutant, en vol. Photo FAI - Mathilda DV

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