
Une des photos officielles du nouveau record du monde de grande formation à 104 en voile contact. Photo Daniel Lepôt
Du 16 au 23 novembre 2025, soient 18 ans après le dernier record du monde de voile contact à 100, les meilleurs athlètes de la discipline se sont à nouveau réunis à Lake Wales en Floride, pour tenter de le battre. Depuis 2007, personne n'avait encore jamais osé réveiller la bête…
Par Corinne Paquette, d'après Sean
Cinq ans d'entraînements, d’observation et d’analyse… Cinq ans que Chris Gay, le chef d’orchestre de ce projet fou : battre le dernier record du monde de voile contact, scrute chaque participant potentiel dans le monde entier afin de sélectionner les meilleurs de la discipline.
Pendant longtemps, construire une formation de plus de 100 parachutistes semblait impossible, mais le développement de nouvelles techniques et une approche plus moderne dans la discipline ont permis de donner vie au projet.
Pour recevoir son invitation aux tentatives à 107, il fallait non seulement démontrer des compétences techniques irréprochables, être dans une très bonne condition physique, avoir l’esprit d’équipe, mais aussi, démontrer un intérêt fort dans la communauté du voile contact de grande formation, notamment en participant aux évènements officiels de sélection qui ont été organisés au Canada, aux États-Unis, en Grande-Bretagne, ainsi qu’en Pologne.
Ils étaient plus de 130 parachutistes du monde entier à avoir fait le déplacement en Floride, à Lake Wales pour participer à ces tentatives. Un événement qui était aussi le plus grand regroupement de la discipline derrière le SpringFling*, évènement de voile contact organisé tous les ans à Skydive Sebastian en Floride, au mois de mars, et qui regroupe plus de 100 participants sur deux semaines.
(N.D.L.R. : Le Spring Fling est ouvert à tous les pratiquants et des sauts sont organisés selon les niveaux techniques de chacun, avec des formations allant de 4 à 36. Il y a aussi des sauts de séquence à 4.)
107 parachutistes ont premièrement été sélectionnés pour tenter de battre le record, mais cette "short list" pouvait changer à tout moment. Chaque saut était décrypté et une note allant de A* à F était attribuée à chaque parachutiste en fonction de sa performance (rapidité et qualité des docks). *A étant la note maximale. Chaque échelon de la formation avait des temps de construction à respecter pour assurer le succès global de la formation et assurer de donner le temps nécessaire aux rangées suivantes.

Montée en altitude sous oxygène, un incontournable pour ce type de record en grande formation. Photo Daniel Lepôt
Malgré cette pression, digne des plus grandes compétitions, le voile contact en grande formation, ce n’est pas une somme d’individus, c’est un seul et même groupe porté par la même passion, quels que soient les origines, les nationalités et le niveau d’expérience dans le sport.
C’est donc dans cette ambiance fraternelle que ce record a pu être abordé.
Une ingénierie XXL
Comme tout grand record, pour parvenir à cet exploit, rien n’a été laissé au hasard. Tout a été calculé, millimétré et anticipé.
Voici quelques chiffres qui démontrent l’ampleur du projet :
● 8 avions,
● 7000 mètres (altitude de 1er largage, ce qui implique des participants sous oxygène dans l’avion et sous voile (saut avec bouteille pour les sauteurs du 1er avion),
● 200 pieds (environ 60 mètres), c’est la distance qui séparait la formation en construction des avions en largage,
● 4 zones d’atterrissage,
● 9 cameramen (dont 6 en vol),
● 30 spécialistes : 8 pilotes, 6 plieurs-réparateurs (riggers), 4 avionneurs (manifest), 7 communicants média, 5 juges, ainsi que de nombreux bénévoles.

Pas de record sans images ! Les cameramen en vol (de gauche à droite) : Bruno Brokken, Matt Faivre, Daniel Lepôt, Cat Isgrigg, Chico Tomaselli, Norman Kent, Gustavo Cabana. Photo Wijnanda van Wijngaarden - Vander Waart
Une "bête" difficile à dompter
Sur la page Facebook officielle de l’évènement "CRW World Record", les participants ont comparé la formation qu’ils avaient à réaliser à une bête féroce, prête à mordre à tout instant. Et effectivement, ils ont dû faire face à de nombreuses difficultés pour la dompter.
Parfois, elle se laissait caresser, les faisant approcher le record avec des formations à plus de 100 voiles, mais parfois…. elle mordait sans prévenir, comme lors du 3 -ème saut du 20 novembre, alors que tout semblait se dérouler normalement, mais que la formation s'est effondrée sur elle-même en raison de turbulences, tandis qu'arrivait l'altitude de séparation.
Plus de peur que de mal, tout le monde a pu atterrir en toute sécurité. Les athlètes de voile contact sont des habitués des petites poignées situées sur les côtés du harnais et ils sont toujours prêts à sortir les couteaux s’il le faut (eh oui oui, ils les ont utilisés).
Avec une équipe de 6 riggers (plieurs-réparateurs) sur place, ce n’est pas ce genre d’incident qui pouvait les arrêter. Au cours de la semaine de l’évènement, ce sont plus de 9 parachutes qui ont subi des dommages et qui ont dû être pris en charge par l’équipe de riggers (des patches, des déchirures, des suspentes cassées, des réserves à replier, etc.).

Une des premières tentatives à plus de 100, "la bête" prend forme, avec l'aérodrome de Lake Wales en arrière-plan. Photo Bruno Brokken
La grande difficulté du projet est que chaque saut révèle une situation “jamais vue” puisqu’une formation de cette ampleur n’avait jamais été réalisée à plus de 100. La courbe d’apprentissage est dure, chaque situation est nouvelle et le temps est limité.
Par exemple, en cours d'événement, les riggers sur place ont constaté que, malgré le fait que les suspentes des voiles constituant la base de 4 ont été faites sur mesure en “spectra 500”, le matériel n’était pas assez résistant pour survivre a plus de 20 sauts en haute altitude (7000 mètres). Les suspentes de ces 4 voiles ont dû être changées, après ce constat suite au saut 2 du 22 novembre, où deux suspentes ont cédé à l’ouverture d’une des voiles.
Un record du monde validé à 104 voiles
Pour valider un record FAI, il faut réaliser exactement la figure proposée au jury avant la montée dans l’avion. C’est la règle. Le projet initial était de réaliser un diamant symétrique de 107 voiles. Cet exploit a été frôlé à plusieurs reprises, comme par exemple le 20 novembre avec une formation de 103 parachutistes, puis le lendemain, le 21 novembre avec une formation à 104, mais le chiffre 107 n’avait pas été atteint.
La fin de l’évènement approchait et il n’était pas concevable de réaliser un tel exploit : faire la plus grosse formation de voile contact jamais construite au monde, sans que celle-ci puisse être reconnue comme un record mondial. Pour ne pas rester sur cette frustration, une sage décision a été prise en adaptant l’objectif et en proposant aux juges une formation à 104 personnes, le matin du 22 novembre.

Vision artistique du nouveau record du monde de grande formation à 104 en voile contact, dans le paysage de la Floride embrumée au petit jour. Photo Norman Kent
Et ils l’ont fait ! Encore ! Le 23 novembre aux premières lueurs du soleil, les "CRW Dogs" comme on les appelle aux États-Unis, ont complété haut la main leur objectif de 104 voiles. Un saut validé par les juges sur place et pour lequel la validation en tant que record est en cours auprès de la FAI.
Ils ont tenté l’impossible !
La chaleur (et donc les turbulences) et quelques problèmes techniques leur ont fait perdre une poignée de sauts précieux. Ainsi, il est décidé de viser grand pour la toute dernière journée de l'événement : un objectif de 111 voiles !! Oui, oui vous avez bien lu !
En raison d’un brouillard matinal et d’une maintenance avec l’oxygène sur l’avion de tête, le décollage a dû être reporté à 8h au lieu de 6h30 habituellement. Malheureusement, un seul saut sera réalisable pour ce dernier jour.
Résultat : ils ont complété une formation à 106 voiles …

Ceci est la plus grande formation de voile contact au monde : 106 parachutistes accrochés. Mais elle ne peut pas être un record officiel, car l'objectif était une formation à 111. Photo Daniel Lepot
Un peu de déception bien sûr, puisque ce saut ne sera donc pas conforme aux critères du record du monde, mais il restera un final extraordinaire pour cet évènement en construisant, la plus grande formation jamais réalisée au monde !
Pas de record sans images !
Les cameramen fournissent : les images utilisées par les juges pour valider le record, les images du direct (car on pouvait suivre le record en direct sur YouTube, voir ci-dessous), et les images fournies aux médias.
Les cameramen en vol : Bruno Brokken, Gustavo Cabana, Matt Faivre, Cat Isgrigg, Daniel Lepôt, Chico Tomaselli, Norman Kent.
Les cameramen au sol : Benjamin Rivet et Wijnanda van Wijngaarden - Vander Waart.

2 des 7 cameramen en vol : Daniel Lepôt (à gauche) et Bruno Brokken. Tous les deux ont un élément spécifique sur la jambe gauche. Pour Daniel, il s'agit de l'antenne qui transmettait ses images pour le direct. Pour Bruno, il s'agit d'un bras d'appareil photo inversé, à la façon d'un rétroviseur, un système qui lui a procuré un angle de prise de vue original.
18 nationalités représentées
Argentine, Australie, Biélorussie, Belgique, Brésil, Canada, Colombie, Danemark, Égypte, États-Unis, Finlande, France, Allemagne, Pays-Bas, Pologne, République tchèque, Royaume-Uni, Suède. : ce sont 18 nationalités qui ont été représentées par l'ensemble des participants sur ce record du monde.

La répartition des nations dans le record à 104 : chaque participant est représenté par le drapeau du pays qu'il représente (on vous laisse deviner où se trouve Sean Paquette dans la formation). Illustration CRW World Record
Parmi eux, un Français : Erwan Letournel, originaire de Saint-Pierre-et-Miquelon et vivant à Québec (il représentait donc le Canada) et à l'inverse, Sean Paquette, originaire du Québec, mais vivant désormais sur le sol français depuis environ 3 ans. Sean est bien déterminé à transmettre sa passion du voile contact en grande formation en France et, qui sait, pouvoir apporter avec lui d’autres coéquipiers tricolores sur le prochain record.

Erwan Letournel (à gauche) et Sean Paquette affichent le drapeau français devant l'affiche officielle du record.
Découvrez Sean Paquette
Sean a fait son premier tandem en 1994 alors qu’il n’avait que 4 ans ! Eh oui … comment ne pas devenir parachutiste après ça !
Il aura tout de même attendu 2013, soit ses 23 ans, pour réaliser son 1er saut en solo. Ce n’est que trois ans plus tard, en 2016 qu’il réalise son 1er record du Canada en vol relatif. Les records canadiens se suivront en vol relatif, des grosses formations au séquentiel en passant par les plus atypiques comme en 2019, où il participera au record canadien de saut de nuit en vol relatif, en réalisant une figure à 13 sauteurs.
Il intégrera également l’équipe nationale canadienne de VR4 "4’Astrophe" en tant que caméraman. Il les suivra pendant neuf années à travers le Canada et dans le monde, jusqu’à Dubaï.
N’ayant pas peur de passer tout son temps entre ciel et terre, en 2018 il débute en parallèle le voile contact. Il enchaînera les stages d'entraînement au Canada et aux États-Unis, ce qui lui permettra de réaliser deux records canadiens. Le premier c'était en 2019, en participant à la plus grande formation de voile contact du Canada : 36 parachutistes. Puis le second était un record séquentiel de 4 points à 22, en 2020. Il enchainera avec son tout premier record du monde de voile contact, une formation séquentielle de 2 points à 54 voiles en 2022. Il participera également à des compétitions nationales et internationales en voile contact à 2 et à 4, en représentant le Canada.
C’est finalement par amour (du vin, du fromage et du saucisson évidemment) qu’il quittera le Québec et ses équipes pour rejoindre la Haute-Savoie, en France, en 2023.
Il nous confie "Je trouve cela dommage que le voile contact en grande formation ne soit pas plus présent en France, c’est tellement le fun comme événement avec un esprit d'équipe et une fraternité hors du commun".
Il ajoute également "Je suis convaincu que la France a tout le potentiel pour participer aux grandes formations, mais pour cela il faut accepter transitionner des voiles Storms, utilisées pour le voile contact en France, vers des Lightning de Performance Designs, qui sont les voiles utilisées pour le voile contact de grande formation à l’international . Les Storms et les Lightnings sont des opposées dans leurs caractéristiques de vols, mais malheureusement les Lightnings sont la norme à l’international. Il faut donc y consacrer temps et investissement, mais le résultat en vaut la peine."
Sean participera aux prochains camps internationaux en Grande-Bretagne, au Danemark et en Pologne. Si vous souhaitez en savoir plus sur le voile contact en grande formation, ou vous initier à cette discipline ou aux voiles Lightning, n’hésitez pas à le contacter via les réseaux sociaux.
INTERVIEW
5 questions à Sean Paquette
ParaMag : Sur les images vidéo du direct, on pouvait apercevoir les avions qui larguaient alors que la construction de la formation avait déjà commencé. Peux-tu nous expliquer la procédure de largage ?
Sean Paquette : Le premier avion larguait 9 parachutistes à 19 500 pieds (environ 6000 mètres), ils étaient équipés en oxygène à bord et embarqué (pour pouvoir respirer sous voile).
Les deux avions suivants larguaient 28 parachutistes et 2 cameramen, en passant au-dessus de la formation à 18 000 pieds (environ 5500 mètres). Ils étaient en charge d'augmenter la taille de la formation à 36 voiles.
Les deux avions suivants, passant à 15 000 pieds (environ 5500 mètres), larguaient 32 parachutistes supplémentaires et quelques cameramen, portant la taille de la formation à 68.
Encore deux autres avions à 13 000 pieds (environ 4000 mètres) portaient la formation à 97. Et enfin, le dernier avion, à 11 000 pieds (environ 3300 mètres), larguait un dernier passage d'une dizaine de parachutistes (en fonction du type de tentative), portant le total à 107, 104 ou 111, avec les derniers cameramen.

C'est une spécificité des records de grande formation en voile contact : les avions larguent alors que la construction de la formation a déjà commencé. Photo Daniel Lepôt
Peux-tu nous en dire plus sur l'utilisation des radios ?
Chaque participant était équipé d'une radio, mais sans micro. Seuls Chris Gay, le "chef d'orchestre" du record, Brian Pangburn, le pilote de la formation et Kirk Vanzandt, le directeur technique au sol, étaient équipés de micros.
Chaque participant recevait ainsi des consignes radio en fonction du secteur dans lequel il se trouvait dans la formation : d'abord pour entrer dans son secteur d'approche, et ensuite pour apponter par rangée.
Il pouvait nous être demandé d'attendre ou nous être signalé un problème dans la formation, problème qui ne pouvait pas être vu de l'intérieur. Car une fois apontés nous avions ordre de ne regarder absolument que vers le haut.
Enfin, les radios étaient aussi utilisées pour nous indiquer le décompte du "starburst" et de la séparation, donnée par le pilote de la formation.
Peux-tu nous en dire plus sur ce fameux "starburst" (traduction littérale : "étoile filante"), cette séparation très spectaculaire ?
La technique du "starburst" était déjà utilisée lors du précédent record à 100, elle est donc très au point. Il s'agit d'abord de la "déconstruction" de la formation. Elle se fait par étape, secteur par secteur, en commençant par le bas, et elle lancée par un compte à rebours.
La première consigne à la radio est "starburst, starburst", elle nous signale que le décompte va commencer. Le décompte débute à 15, au chiffre 12 la 11ème rangée se sépare, au chiffre 10 c'est au tour de la 10ème rangée, à 8 la 9ème rangée, à 6 la 8ème, à 4 la 7ème rangée, à 2 la 6ème rangée, puis à 1, plus rien ne se passe avant l'ordre du "break" final pour indiquer la déconstruction totale de la pièce haute restante, soit une formation de 25.
Pour la séparation de chaque vague, il est demandé de faire un virage à l'élévateur avant, et bien sûr vers l'extérieur de la formation, de 90 à 110 degrés. Pour entamer ce virage, il est demandé d'orienter sa voile vers le centre de celle de l'équipier du dessus, comme si on tentait un appontage central.
Sur les photos de la formation, on voit bien vos positions très cambrées, et durant le direct on entendait aussi la consigne "Arch, arch...!" (en français : "cambrez, cambrez !"). Peux-tu nous donner une explication technique à ce sujet ?
En dehors des phases d'appontage, chaque participant doit cambrer au maximum en regardant uniquement vers le haut, cela aide à augmenter la vitesse de la formation et donc sa stabilité. Il y avait des caméras à 360°, placées stratégiquement sur certains participants dans la formation (sur l'axe central), pour vérifier que tout le monde était bien dans la bonne position.
Des amendes de 50 USD étaient données si un participant se faisait repérer à regarder vers le bas ! Car regarder vers le bas pousse à décambrer, ce qui engendre une énergie négative qui se diffuse dans la formation et augmente le risque d'instabilité.

Vue de détail sur la formation : on distingue bien la cambrure et les regards vers le haut. Photo Norman Kent
Sur certaines images, on voit des participants équipés de combinaisons "style disco" (tissu doré ou argenté, brillant) : est-ce purement décoratif ou y a-t-il une utilité technique ?
Pour augmenter la stabilité de la formation, il faut que son centre vole légèrement plus vite que ses côtés, cela lui donne une forme aérodynamique. Pour cela, il a été demandé aux participants du centre d'avoir une combinaison le plus lisse possible, pour éviter la prise au vent.
Puisque les combinaisons de saut ne sont pas très utilisées en voile contact, peu d'entre nous en avaient en leur possession. Les combinaisons type "disco" ont été trouvées sur Amazon au prix de 20 USD !
Au début c'était une blague qui a circulé sur le groupe WhatsApp, mais finalement cela répondait tellement bien à la demande, et à moindre coût, avec en plus le côté disco et décoratif, qu'elles ont eu du succès.
À l'inverse, les personnes constituant les ailes de la formation et les trois derniers de la pointe du diamant utilisaient des vêtements larges pour avoir de la prise au vent.
PAROLES DE PHOTOGRAPHES
Le mot de Norman Kent
"Au fur et à mesure que l'événement avançait, il est devenu évident que la tâche ne serait pas facile, de nombreux défis devaient être surmontés et finalement, le 22 novembre 2025, lors du premier saut de la journée, ce groupe de parachutistes extrêmement talentueux a réussi à battre le record du monde en réalisant une formation à 104, vérifiée et validée par les juges. Après 18 ans et un jour, l'équipe a finalement accompli ce qui semblait être une tâche impossible, incroyable !!!
Pour moi, ce fut une expérience fantastique de voler aux côtés de ce groupe de parachutistes acrobatiques extrêmement talentueux et dévoués. Quel privilège d'avoir pu les accompagner dans les airs et immortaliser leurs magnifiques performances ! Sur le plan personnel, l'une des choses que j'apprécie particulièrement dans ce genre d'événement, c'est que je donne le meilleur de moi-même lorsque je photographie les meilleurs ! J'aime ressentir l'énergie qui m'entoure, ajuster et modifier mon plan de prise de vue en fonction de mes impressions, de mon ressenti et de mes intuitions.
Au fur et à mesure que l'événement avançait, je me sentais de plus en plus connecté à l'énergie qui m'entourait, et le mercredi matin, j'ai déclaré à notre équipe de cameramen que le record serait battu lors du premier saut de samedi...
À mesure que le jour approchait, j'étais de plus en plus convaincu que ce serait le cas. La veille, j'ai passé plus de temps que d'habitude avec mon casque de prise de vues pour effectuer les derniers réglages. Le lendemain matin, alors que je me préparais au sol avant le saut, je me sentais tout excité, car je savais que le record allait être battu. C'était un sentiment très différent de celui que j'avais éprouvé lors des autres sauts de la semaine... Après être sorti de l'avion et avoir attendu seul devant la formation, j'ai regardé ma caméra embarquée 360° et j'ai dit : « Mercredi, j'ai eu le pressentiment que le record serait battu lors du saut de ce matin, voyons comment cela se passe... ». Comme prévu, peu après, j'ai vu la formation se compléter et j'ai entendu Brian Pangburn dire à la radio : « complet, complet ». Je me suis élancé, déclenchant plusieurs caméras à volonté... Des images incroyables... Une sensation incroyable... Un nouveau record du monde, et j'en faisais partie ! J'adore avoir cette relation avec l'énergie et l'intuition, mes photographies ne sont qu'une représentation de cette belle connexion... Je suis un homme chanceux !
Skydive Florida, situé à Lake Whales, en Floride, est un centre de parachutisme très accueillant et efficace, offrant de nombreuses zones d'atterrissage sécurisées, ce qui en faisait un endroit idéal pour ce type d'événement. De plus, le staff et la direction ont été formidables !
Merci à tous les participants, organisateurs, juges, plieurs, bénévoles et membres du personnel pour cet événement de parachutisme exceptionnel !"
GALERIE PHOTO
Encore plus d'images du CRW World Record avec les photos de NORMAN KENT. (Cliquer sur une des photos pour l'agrandir et afficher la galerie en mode diaporama).
Anecdote de Bruno Brokken
"Juste après le saut de record à 104, nous sommes repartis pour une tentative à 107. J'étais parmi les premiers cameramen à sauter de cet avion (un des deux qui larguaient à 13 000 pieds) et juste après l'ouverture de mon parachute, j'ai entendu ce message radio "prochain avion : ne sautez pas !". Gustavo Cabana, qui était censé sauter juste après moi, est même resté dans l'avion, il avait reçu le message juste à temps... Il y avait un problème avec la base, rendant impossible la formation. Bien que plusieurs avions s'étaient vidés, ce fut un long vol en solo pour revenir à la zone de saut depuis plus de 12 000 pieds...
Mais ensuite, alors que j'étais encore sous voile, un message est arrivé par radio (de la part de la juge en chef Marylou) : "La formation 104 est validée par les juges et constituera le nouveau record du monde de voile contact en grande formation !"
GALERIE PHOTO
Toujours + d'images du CRW World Record avec les photos de BRUNO BROKKEN. (Cliquer sur une des photos pour l'agrandir et afficher la galerie en mode diaporama).
PARACHUTISME EN DIRECT
Une première pour un record
Il semble que ce soit la première fois qu'un record du monde de parachutisme était filmé avec retransmission en direct vers le sol. Mais ce n'est pas (et de loin !), la première fois que cette technique était utilisée en parachutisme.
Par Bruno Passe
Le premier direct parachutiste a été réalisé en France en 1961 pour l'ORTF, première chaine télévisée française, et la célèbre émission "5 colonnes à la Une" (voir ci-dessous "En direct à la télé"). Mais là, pour ce record, on est sur un évènement moins médiatisé, avec des moyens bien inférieurs à ceux de la télévision ou des gros sponsors comme Red Bull (pour Red Bull Stratos, le record de saut en altitude et de vitesse en chute libre de Felix Baumgartner, en octobre 2012) et ceux d'Heaven Sent en 20165 (voir ci-dessous).
En direct sur YouTube
Néanmoins, l'équipe de CRW World Record a fait un boulot génial en permettant à environ 600 personnes - celles qui se sont connectées sur YouTube au moment des tentatives - de les suivre en direct. Ou de les voir plus tard pour celles et ceux qui n'étaient pas disponible au moment des sauts.
Un lien Internet était fourni au jour le jour et, grâce aux images réalisées en vol par le cameraman canadien Daniel Lepôt, on pouvait suivre le déroulement des sauts sur YouTube, avec des commentaires transmis soit depuis le sol ou par les radios en vol. La retransmission en direct a aussi été rendue possible grâce à la contribution de Zack Plumb, un participant au record qui travaille dans le domaine et qui avait apporté le matériel nécessaire.
Le direct YouTube du 20 novembre 2025, le partage ci-dessus démarre sur le premier saut de la journée, mais l'émission dure 6h50 et il faut actionner le curseur pour y trouver les sauts suivants.
Ça a bien fonctionné à l'exception d'un saut où il n'y a pas eu d'images du tout, suite à un problème de coordination en vol, et un autre où les images en vol ont été remplacées par des prises de vue depuis le sol, ce qui était tout aussi intéressant puisque, étant donné la taille de la formation, elle était bien visible.
Ces prises de vue depuis le sol permettaient également de voir l'embarquement (ou les stand-by, lorsque les paras étaient cloués au sol par la brume, comme ce fut le cas le dimanche matin) et même à une partie du débriefing vidéo, après les sauts. On pouvait ainsi avoir une idée de l'ambiance sur la DZ, et savoir où en était le déroulement de l'évènement, grâce au menu "chat" (discussions), en parallèle des images en direct.
C'est donc une nouvelle façon de vivre ce type d'évènement, à savoir qu'un tel système existe déjà en France et qu'il est proposé par Diodoro Monteiro (dit "Théo"). Il l'a présenté lors des championnats de France de vol relatif 2025 à Bouloc et aussi au meeting aérien Air Legend, où la démonstration parachutiste des Ambassadeurs de l'Armée de l'Air était diffusée en direct sur écran. Pour 2026, Diodoro Monteiro prépare une tournée sur plusieurs drop zones.
Pour en revenir au record du monde de voile contact, on peut dire que, d'une manière générale, l'équipe de communication de CRW World Record s'est montrée très efficace, pas seulement sur le direct, mais aussi en diffusant les vidéos et les photos très rapidement sur les réseaux sociaux et dans les médias.
Une des vidéos du record à 104, le samedi 22 novembre au matin, telle que nous l'avons présentée le jour même au format "Reel" sur nos réseaux sociaux ParaMag (images Cat Isgrigg).
Cela a porté ses fruits jusqu'en France, puisqu'une de nos publications Facebook au format "reel" (vidéo courte) a totalisé 238.000 vues sur notre page ParaMag (et il ne s'agissait même pas du record, mais d'une tentative à 107 construite à 104), une statistique qui s'approche de celle de notre record de l'année : 289.000 vues pour le sujet du drone ascensionnel, que nous avons publié le 7 octobre 2025.
Tous les directs de CRW World Record restent visibles sur cette chaine YouTube .
Il y a plus de 60 ans, en direct "à la télé"
C'est en 1961, à la Ferté-Gaucher, pour l'ORTF et la célèbre émission "5 colonnes à la Une", que la première prise de vue vidéo en chute libre fut réalisée et retransmise en direct vers le sol. Face à la caméra d'André Suire, c'est Jean Chasac qui fut le premier parachutiste au monde à apparaître en direct devant des téléspectateurs.

En 1961, séquences de la première prise de vue vidéo en chute libre, pour l'émission "5 colonnes à la Une". Cliquer sur l'image pour visionner l'exploit archivé par l'INA.
Le même "coup médiatique" fut réitéré en 1967 avec l'inauguration en Eurovision de la deuxième chaîne de l'O.R.T.F. L'émission était aussi réalisée en direct (première diffusion couleurs en Secam), avec toute l'équipe du Centre national de parachutisme de Biscarosse, et elle était présentée par Pierre Tchernia, sur des images en chute réalisée par Jacques Dubourg.

En 1967, pour la retransmission en Eurovision, Jacques Dubourg était transformé en unité de télévision autonome, preneur d’images, commentateur en direct et émetteur. Cliquer sur l'image pour accéder à l'article ParaMag. Archives Jacques Dubourg
Bien plus tard, en 1986, c'est en direct également et devant la caméra de Patrick Passe, que le cascadeur Alain Prieur sautait sans parachute, à Gap-Tallard, dans l'émission "À la folie, pas du tout", le dimanche après-midi sur TF1. Une cascade bien rodée, et qu'il a effectuée 7 fois, avec son partenaire Jean-Bernard Bonnet qui lui amenait le parachute salvateur.
Et il existe d'autres exemples encore plus récents et spectaculaires, comme Red Bull Stratos en octobre 2012 (le record de saut en altitude et de vitesse en chute libre de Felix Baumgartner) et Heaven Sent en juillet 2016 (la cascade de saut sans parachute de Luke Aikins, avec impact dans un filet géant).
Dans le domaine du parachutisme sportif et de la compétition, déjà en octobre 1992, lors de la coupe du monde de vol relatif à Gap-Tallard, un système de retransmission en direct avait été mis en place parallèlement au jugement vidéo air, dont c'était la première apparition officielle en compétition internationale (voir ParaMag n°66 de novembre 1992).
Le jugement vidéo air a été conservé, mais pas la retransmission directe, trop compliquée à l'époque, notamment à cause de la diversité des formats vidéo utilisés.
À LIRE ÉGALEMENT
À propos du direct en vidéo
● L'article "Le premier videoman", paru dans le ParaMag n°361 de juin 2017
● L'article "Heaven Sent : 16 questions à Luke Aikins" paru dans le ParaMag n°358 de mars 2017
● Cahier Spécial Red Bull Stratos paru dans le ParaMag n°306 de novembre 2012
À propos des records en voile contact
● L'article "Canop à 82 !" paru en décembre 2024
● L'article "3 records du monde féminin en 24 heures" paru le 19 novembre 2025
● L'édition spéciale "Record à 100" de janvier 2008 avec l'article et la photo de couverture sur le record à 100 (cliquer sur l'image pour accéder directement au magazine)









































