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Les 2 frères Didier (à gauche) et Emmanuel Moinel Delalande s'apprêtent à voler ensemble sous la direction de Manu Ars, car c'est la première fois pour Emmanuel.
A gauche, Didier Moinel Delalande aux commandes. A droite, Les 2 frères se régalent de leur premier vol dans leur soufflerie.
Les élèves effectuent leur premier vol équipés d'un harnais et reliés à une sangle coulissante sur le milieu de la veine. A droite, William Hamouchy contrôle la sangle d'un élève en extérieur de la veine.
Une première mondiale : un vol relatif à huit dans une soufflerie privée. Les participants sont : l'équipe V.R. féminine Envie d'Ailes, Manu Ars, Philippe Archambault, Martin Ciekala et William Hamouchi.
Vues extérieures de la veine : en haut, la partie utilisée actuellement, en bas la fosse de vitesse. On distingue également l'escalier et le sas d'entrée qui permet d'accéder librement, même lorsque la veine est en service.
Il est possible d'évoluer à 6 sur certaines figures, ici étoile, 360°, étoile.
Archi vole avec une charge de 40 kg en configuration militaire.
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Par Bruno Passe
idier Moinel Delalande est un jeune parachutiste que nos lecteurs connaissent déjà : il participe régulièrement aux compétitions du circuit de speedskydiving et il est également le propriétaire du Pilatus rouge et blanc de On Top Parachutisme, basé essentiellement à Thouars et à Castellon en hiver. Son frère Emmanuel, le cadet de la famille, est un passionné de sport automobile. En novembre 1999, il décide de lancer avec son père le projet Aérokart : un circuit de karting indoor et un simulateur de chute libre, en région parisienne. La société est créée, le projet prend rapidement forme sur le papier et Didier s'implique à fond dans la soufflerie. Malgré le décès prématuré de leur père, instigateur principal d'Aérokart, les 2 frères ont finalisé le grand projet et ils ont à coeur de le développer : ils co-dirigent en bonne intelligence la société familiale, Emmanuel supervise l'ensemble du complexe et la partie karting, Didier est en charge du simulateur. C'est sur un vaste terrain en bordure d'Argenteuil que les premières pelleteuses sont arrivées, en 2000. Un an plus tard, la construction s'achève, la piste de kart d'une longueur de 600 mètres est prête à recevoir ses premiers bolides et la soufflerie est opérationnelle. Les frères Moinel Delalande ont bien réussi leur coup : une rumeur a effectivement circulé dans le milieu parachutiste, mais peu de monde est au courant des détails du projet et personne ne connaît exactement l'emplacement du futur simulateur de chute libre. Dès le début de l'élaboration, Didier Moinel Delalande a décidé d'impliquer Manu Ars, de l'école Véloce, dans le projet. Durant un an et demi il a travaillé comme conseiller technique, en sa double qualité d'ingénieur et de technicien de la chute libre. Il a ainsi participé à la conception du simulateur. Le hasard fait qu'il travaillait déjà sur un concept similaire au moment où Aérokart a fait appel à lui. Maintenant que la soufflerie est opérationnelle, Manu est aussi en charge de la direction technique du simulateur de chute libre.
Répondons sans plus attendre à la question que tous nos lecteurs se posent sans doute déjà : quand sera-t-il possible de voler chez Aérokart ? L'ouverture va se faire en 2 temps : dès le 23 mai, les pratiquants parachutistes auront accès à la veine, sous la direction technique de l'école Véloce. En juillet et août, l'activité sera stoppée momentanément et l'ouverture officielle du complexe Aérokart aura lieu en septembre prochain, le "tout public" pourra alors venir pratiquer le karting et voler dans le simulateur. L'ouverture hebdomadaire sera le jeudi de 18h à 24h, le vendredi et le samedi de 16h à 24h et le dimanche de 14 à 20 h, tout au long de l'année, du 1er septembre au 30 juin. L'encadrement technique sera entièrement assuré par l'école Véloce qui garantit la présence de trois de ses moniteurs (dont un relativeur de haut niveau) durant chaque session. Pour ce faire, Raphaël Coudray et William Hamouchy vont rejoindre le staff Véloce en soufflerie. L'encadrement proposé ira de l'initiation à la chute libre à l'encadrement V.R. tout niveau en passant par la remise à niveau des moniteurs.
et les caractéristiques techniques La deuxième question que nos lecteurs se posent peut-être encore, même après avoir vu les photos qui illustrent cet article, concerne les performances. Nous avons pu participer à une des premières séances d'essais qui comportaient différent type d'exercices : premiers vols avec des élèves (un élève plus deux moniteurs), entraînement en vol relatif dont une équipe V.R.4 (Envie d'Ailes), chute assis, etc. Les images que nous avons réalisées parlent d'elles-mêmes : formation en vol relatif à 8 dans le haut de la veine, vol en combinaison lisse avec une charge de 40 kilos, ce simulateur est une réussite technologique. Il s'agit d'un concept à circuit fermé, l'air y est propulsé du bas vers le haut par 12 moteurs électriques et autant d'hélices qui sont donc installés en sous-sol, dans la chambre de compression. L'air accéléré reste à l'intérieur du dôme de béton et retourne aux ventilateurs. Quatre extracteurs d'air permettent de maintenir un gradient de température correct par rapport à l'extérieur. Cela donne un édifice de 23 mètres de haut dont 8 mètres enterrés et 15 mètres en extérieur, 16 mètres de diamètre pour une veine de plus de 4 mètres. La puissance des 12 moteurs de 250 kW (chacun...) génère un flux d'air plus que confortable dans la veine : les "poids plumes" doivent emmener leur plomb pour y voler ! À noter que le concept permet de voler sur 8, 10 ou 12 moteurs et d'adapter ainsi les vitesses de chute. Par contre, il n'est pas possible de modifier la puissance du souffle après la mise en route des moteurs. Cela n'est pas vraiment nécessaire dans la mesure où les moteurs compensent la charge par une montée en puissance qui leur permet de garder la même vitesse de vent quelle que soit la charge. Pour du vol à plat, les débutants de la tranche 45/70 kg évolueront sur 8 moteurs, les débutants de 65/95 kg et les pratiquants légers sur 10 moteurs et les débutants de 90/110 kg, les pratiquants moyens et lourds ainsi que les compétiteurs sur 12 moteurs.
Le principe de flux d'air en circuit ouvert évite l'élévation importante de la température dans la veine et dans la salle intermédiaire. Durant notre séance d'essai, après 2 heures de fonctionnement, la température y était de 22 degrés alors que la température extérieure était de 16 degrés. En extérieur, la nuisance sonore est faible, bien plus faible que celle des avions de ligne et des camions... La veine se divise en 2 parties coniques : durant la session à laquelle nous avons participé, c'était la partie supérieure qui était utilisée. Il s'agit actuellement de la partie usuelle, elle est entièrement délimitée par des filets de protection. Sa hauteur est de 4 mètres, son diamètre est de 4,25 mètres en bas et de 4,90 mètres en haut. Le contour bas de la veine, au niveau du filet inférieur, est muni de coussins de protection en mousse de 30 cm de large et 80 cm de hauteur. Cette forme légèrement conique permet d'avoir une vitesse de vent qui diminue d'environ 10 km/h par mètre. Donc pour un nombre de moteurs donné, la vitesse varie en fonction de la hauteur de travail. Sous le filet inférieur, la fosse de vitesse (partie basse de la veine) n'est pas utilisée pour le moment. Son diamètre est de 3,80 mètres à la base, 4,25 mètres en haut (entrée de la zone principale) et sa hauteur de 4 mètres. Elle est délimitée par une paroi cylindrique en verre et, bien entendu, un autre filet inférieur de protection.
Pour le moment, c'est essentiellement de chute à plat qu'il est question. En vol relatif, les équipes à 4 vont disposer chez Aérokart d'un magnifique outil d'entraînement : elles vont pouvoir s'entraîner (à 4...) sur toutes les figures libres du programme et la plupart des blocs. Les passages en dessus-dessous ne posent aucun problème. Pour le fun, on pourra voler à 6 dans la veine et nous sommes même allés jusqu'à 8 durant la séance de test. Attention toutefois, cet exercice est réservé à des relativeurs confirmés, ayant déjà une certaine expérience du vol en soufflerie. Il faut souligner que ce vol à 8 est une première absolue en Europe, seuls les Américains ont déjà réalisé ce genre d'exercice dans la soufflerie des Golden Knights (armée américaine) située à Fort Bragg. Et c'est même une première mondiale sur le plan des souffleries privées de cette catégorie, la soufflerie de Fort Bragg étant militaire et d'un diamètre plus large. Pour ce qui est de l'école, les élèves effectuent leur premier vol équipés d'un harnais et reliés à une sangle coulissante sur le milieu de la veine. La sangle est manoeuvrée par un instructeur qui peut décider de laisser monter où non l'élève, bien entendu encadré par un autre moniteur en vol. Cela évite d'aller repêcher les élèves dans les filets... Dès que la position de base est maîtrisée, l'élève est libéré de son harnais et il continue sa progression en vol lisse. L'équipement minimum exigé (quel que soit le niveau technique) est : une combinaison monopièce, un casque dur et des gants. Lorsque la fosse de vitesse sera opérationnelle, les évolutions en 3D (chute debout, free-fly, etc.) pourront certainement prendre place dans la soufflerie. Mais ça c'est une autre histoire...
L'arrivée d'un tel simulateur était très attendue dans le milieu parachutiste français et européen. Certains pratiquants ont même traversé l'Atlantique pour pratiquer le vol indoor dans les souffleries U.S. Car il faut bien reconnaître qu'en la matière, les Américains ont (avaient ?) un temps d'avance sur nous : Skyventure (Orlando) ne désemplit pas et encore moins depuis qu'Airspeed y organise des sessions d'entraînement "Tunnel Camps". Mais le diamètre de sa veine (3 mètres 70) limite le nombre d'équipiers à 2, maximum 3 sur certains exercices. Quant à la soufflerie de Fort Bragg, comme on ne connaît pas exactement les caractéristiques techniques car les autorités militaires font tout pour qu'elles restent secrètes, il est difficile de faire des comparaisons précises. On peut d'ores et déjà imaginer que les équipes internationales de V.R., à l'occasion de leur passage en France pour les prochains championnats du monde à Gap-Tallard, seront nombreuses à venir visiter notre capitale tout en faisant étape chez Aérokart. L'ouverture de ce simulateur de chute libre en région parisienne est un rêve qui se réalise et il va certainement permettre d'en réaliser beaucoup d'autres. Et pourquoi pas des compétitions "indoor" en hiver ? Aérokart va aussi contribuer à faire évoluer la pratique du parachutisme sportif (et vraisemblablement militaire...). À l'instar de la nouvelle équipe de V.R.4 "Veloce - Aérokart" (Manu Ars, Thierry Boitieux, Martial Ferré, Stéphane Zunino) qui ambitionne une bonne place sur le podium du championnat de France, sans faire un seul saut d'avion cette année, mais des heures de vol en soufflerie. A suivre...
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