212 / janvier 2005

Durant le boogie du Kenya 2004, atterrissage sur une plage de sable blanc éclairée des derniers rayons de lumière de la journée.
Photo : Willy Boeykens

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BASE JUMP
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La double en pdf

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Le poster : Tube géant au X-Festival 2004


E d i t o




A la conquête de l’inutile

En,1956, deux Français réalisaient une première : se passer un "bâton témoin" en chute libre. Par ce geste symbolique, Jacques Chalon et Jean-Louis Potron démontraient que l’homme était capable de contrôler ses déplacements en chute et d’ajuster sa vitesse à celle d’un autre, le Vol relatif était en route vers le développement qu’on lui connaît aujourd’hui.

Auraient-ils pu imaginer que, presque 50 ans plus tard, deux autres hommes effectueraient un geste similaire, mais sous un parachute ouvert pour le premier et en combinaison ailée pour le second ? Et plus besoin de "bâton phalloïde" pour témoigner de l’acte réussi, de nos jours il existe les images numériques qui circulent sur Internet presque en direct.

Autant ce premier passage de bâton a dû passer inaperçu dans le désert médiatique de cette époque d’après-guerre, autant les premiers appontages "chuteur - parachutiste" risquent de passer inaperçus dans notre monde moderne qui dégorge d’images (belles ou moins belles...), de surinformation (bonne ou moins bonne) et où l’on ne s’étonne plus de rien.

Et pourtant le geste est tout aussi remarquable, tout aussi symbolique : non seulement l’homme est capable de contrôler son vol en pilotant un micro-parachute ou une combinaison ailée, mais en plus il peut voler en parallèle et ajuster les vitesses des deux engins.

Puisque Luigi Cani arrive à poser régulièrement une voile de 39 pieds carrés (3,5 mètres carrés) et que Loïc Jean-Albert (ou autres...) volent dans les mêmes plages de vitesse avec une wingsuit de 2 mètres carrés, l’atterrissage en wingsuit devient envisageable et il est même annoncé par Jeb Corliss pour cette année 2005.

Pour Loïc Jean-Albert, la vitesse verticale zéro est déjà acquise en ressource mais selon lui, il faudra attendre encore un ou deux ans pour le posé. Il veut continuer d’améliorer les performances de sa wingsuit avant de tenter le contact à 60 km/h de vitesse horizontale et non pas à 120-130 km/h. Ces pratiques extrêmes peuvent sembler bien futiles en regard de la prise de risque qu’elles engagent. Cette quête de l’inutile a-t-elle un sens, au delà de la gloire qu’elle pourrait apporter et de la beauté du geste ?

On peut y trouver rapidement quelques utilités... La wingsuit est devenue une discipline à part entière dans le parachutisme de loisirs... Il semble que les militaires s’y intéressent en tant que moyen de transport ou plutôt d’infiltration... Si on se bouscule sur les sites de B.A.S.E. jump, c’est certainement, aussi, parce que l’utilisation de la wingsuit ouvre de nouvelles perspectives plus proches des 45° que de la verticalité absolue... Et puis combien de pratiquants sont venus au parachutisme en regardant les exploits de Patrick de Gayardon à la télévision ?

En repoussant les limites de l’extrême, on modifie également la mesure des standards en terme d’accessibilité et de sécurité. Cela ne se limite pas à la wingsuit, bien évidemment. Quelle drôle d’idée a eu Olav Zipser, il y a une dizaine d’année, de se mettre à chuter sur la tête ! Aujourd’hui que serait le parachutisme sans le freefly... ?

Si les voiles écoles ou intermédiaires sont aujourd’hui aussi performantes, c’est aussi grâce aux progrès réalisés par les constructeurs sur les modèles et les prototypes hautes performances. On peut même extrapoler bien au-delà de notre sport : dans les années 60-70, les dirigeant américains et russes se sont fait critiquer pour avoir investi des sommes démesurées dans la conquête spatiale. Aujourd’hui, on en mesure mieux l’importance des retombées. Tout comme nos "petits" exploits parachutistes de l’an 2000, la conquête de l’espace avait un sens au-delà de la gloire et de la beauté du geste : elle faisait rêver les peuples et créait des héros. En 2005, sachons reconnaître nos idoles et n’oublions pas de rêver, ça fait (encore) partie de la vie...

Toute l’équipe de ParaMag se joint à moi et vous présente ses meilleurs voeux de nouvelle année.

Bruno Passe


A l’occasion du tournage du film "Le Faucon qui vola avec l’Homme" (présenté dans notre précédente édition) Leo Dickinson et Andy Montriou volent en parallèle sur un glacier, dans la face nord du Matterhorn, dans les Alpes.