La connexion centrale des deux lignes à 50 vient d’être lâchée    
et elles se déroulent vers une tentative d’étoile à 100.    



 Du 15 au 18 novembre dernier, la sixième édition du Kaléidoscope fut organisée à DeLand, en Floride. Le principe de ce rendez-vous annuel est basé sur des sauts de séquence à 100 qui peuvent compter deux à quatre points, dans le meilleur des cas, mais qui s'avèrent déjà très satisfaisants si seule la première figure difficile est entièrement complète juste avant le break 


                                                                                      Témoignage de Didier Valin



éniteur du World Team et organisateur des derniers records du monde de grande formation, l'américain BJ Worth est également à l'origine du Kaléidoscope qui a connu sa première édition en 2002. Cette édition 2007 a accueilli une dizaine de nations dont la France avec cinq participants (le champion du monde en titre Guillaume Bernier, Antoine Bich, François Burgaud, Ha Thi Bich Van et Didier Valin). Pour les participants, le package de 650 dollars comprenait 17 sauts à 6000 mètres, l'oxygène, l'encadrement vidéo et des sauts autour de BJ Worth et de quelques habituels capitaines de secteur du World Team que sont Kate Cooper, Roger Ponce de Leon, Lou Tommaso, Solly Williams, Mike Johnston et Larry Henderson.

Didier Valin, participant au Kaléidoscope 2007 et membre de l'équipe Infini 8, raconte :

«Le mercredi précédant la manip, quelques sauts d'échauffement sont organisés afin de découvrir la DZ de DeLand. Situé à une vingtaine de kilomètres de Daytona Beach, ce centre réputé bénéficie de moyens impressionnants à la disposition des parachutistes : un parc d'avions allant du Skyvan au Twin Otter en passant par le PAC 750, une équipe de packers incroyablement efficace, un super restaurant et, plus important que tout, une météo exceptionnelle ! J'ai toujours rêvé de faire partie du World Team et, depuis deux ans, je cours les rendez-vous en grande formation qui s'organisent à travers le monde pour apprendre, me faire connaître et perfectionner ma technique. Mais là, au Kaléidoscope, je suis avec les Grands. Tous portent sur leur combinaison les logos des précédents records et affichent une confiance en eux inébranlable. La grosse question est « Vais-je être à la hauteur ?» Pour la réussite des sauts, le plan fixé par BJ est simple. Il est basé sur la maîtrise de la technique individuelle des gens et de leur expérience en grande formation, sur le fait que chacun accepte une place correspondant à son meilleur niveau et pas au-dessus, et que le choix de la combinaison soit adapté...«Dress for success !» disent les Ricains, et ça veut dire en traduction directe «Habille-toi pour le succès !» BJ Worth insiste également sur la nécessité que chacun soit concentré et prenne du plaisir.

...Prendre du plaisir, il est marrant lui... J'ai l'impression que 99 visages me regardent en disant : «Hé gars ! On peut compter sur toi ?!» Tous les conseils reçus lors de mes dernières manips, comme le Random 40, me reviennent à l'esprit : ne pas se précipiter, avoir un bon visuel sur l'objectif et son environnement, sentir que l'on a de la réserve en taux de chute, apponter dans l'axe et à niveau. «Ok, les gars, je suis prêt !» Les figures de ces sauts de séquence à 100 me semblent extraites du cerveau d'un gars visiblement shooté au Go Fast, à la coke, au Whisky et au Guronsan.

Jeudi matin, 9 heures. Après le traditionnel discours d'accueil, les choses sérieuses commencent. Dirt dive (comprenez briefing) sur l'herbe, chacun est placé sous la responsabilité d'un capitaine. Chose curieuse : on briefait les sauts debout dans l'herbe, et les sauts allongés sur le tarmac. Je n'ai jamais compris pourquoi. Je n'ai pas posé la question par respect du vieil adage qui dit, surtout dans ce genre de rendez-vous : «Ne pose pas de question idiote, mais trouve quelqu'un pour la poser à ta place.» Malheureusement, je n'ai pas trouvé de volontaire. Quatre types de sauts sont prévus au programme. Le premier saut est bâti sur le concept des tentatives de record du monde avec des secteurs de lignes connectées les unes derrière les autres. Je sors de l'avion le plus à gauche de l'avion leader d'où sort la base à 8. J'apponte en Zipper sur la base après une jolie distance à combler ; So far... So good ! L'objectif est de quatre points. Il sera atteint à la quatrième tentative avec les bouts de lignes qui bouclent les secteurs et ceux-ci qui s'ouvrent à nouveau d'une différente façon pour qu'éclose une troisième et quatrième figure.

Un peu plus en confiance que la veille, j'aborde la deuxième journée ainsi que le deuxième type de sauts avec assurance. Le second saut de séquence à 100 commence par une figure ressemblant à un escargot. Elle est constituée de deux lignes à 50 connectées au centre et enroulées sur elles-mêmes. L'objectif est de dérouler ces deux lignes pour ouvrir l'ensemble en une étoile à 100. Si le premier point est fait rapidement, nous n'arriverons jamais à fermer l'étoile à cause des fortes tensions à différents endroits de la formation. Trois sauts sont consacrés à cette figure sans aller jusqu’à l'étoile à 100. Je tiens ma place, et le «Good job !» de Kate Cooper à mon égard fini de cristalliser le sourire béat que je portais sur le visage... À la fin de la journée, je pouvais délacer mes baskets sans m'baisser !


Trois des Frenchies présents au Kaléidoscope 2007, de gauche à droite :    
Didier Valin, membre de l’équipe Infini 8 - Guillaume Bernier,    
champion du monde en titre de VR8 – Antoine Bich, amateur de challenge,    
soulignant une jolie courbe de progression pour ce type de sauts.    


Dès potron-minet, le troisième jour, nous nous retrouvons pour le briefing. J'ai la tête un peu «dans l'sac» à cause des nombreuses binouzes qui ont défilé au bar hier soir. Peu importe, j'ai un moral de vainqueur et l'envie de proposer à BJ d'apponter le dernier dans le prochain saut. Un léger haut-le-cœur tempérera cette ambition. Le troisième saut compte en première figure une étoile de mer à cinq branches. La difficulté réside essentiellement dans la construction des branches en stair-step. Je me retrouve dans le deuxième loop connecté sur le centre, je reste concentré et j'apponte en douceur. Malgré un look pas vraiment symétrique pour l'une des branches, l'étoile de mer est complète à la cinquième tentative. Nous sommes heureux car la pression insidieuse résidait dans le fait que l'étoile à cinq branches est représentée sur le tee shirt de la manip offert par l'organisation...donc échec interdit !

S'il m'est difficile de décrire le quatrième saut, ce n'est pas tant par sa complexité... C'est que l'excellent vin proposé la veille par notre sommelier volant, Antoine Bich, dans un grand restaurant de Daytona ainsi que la fatigue accumulée produisent leurs effets pervers. Pour avoir une petite idée du saut, pas du vin, je vous invite à visiter le site www.skyquestflorida.com sur lequel le programme et les vidéos des sauts sont en ligne. Pour ma part, je l'ai appelé le Flocon de Neige. Pour cette figure, j'arrive de plus loin et avec une difficulté supplémentaire... Je suis placé à côté de Larry Henderson, l'un des capitaines du groupe. Le suspens est à son comble... qui va arriver le premier ? Eh bien, sur quatre sauts ce fut moi... Félicitation de Larry et même sourire confit sur mon visage. Le saut, lui, ne sera jamais complet. Il manquera toujours le grip d'une personne ici et là malgré nos quatre tentatives.

Dimanche, 15 heures. Fin de la manip, discourt élogieux de BJ sur la qualité du groupe, promesse de revenir, embrassades chaleureuses et traditionnels échanges d'adresses, une vraie fin de colonie de vacances !

Comme prévu, l'organisation à l'américaine a été à la hauteur de l'événement : des briefings longs et précis dignes des plus grands évangélistes américains, des consignes de sécurité à faire pâlir un contrôleur aérien new yorkais et des débriefings pointus permettant à chacun de s'améliorer à chaque saut. Quant aux moyens aériens, ils furent à l'avenant : cinq avions dont quatre Twin Otter et un Skyvan équipés en oxygène avec aux commandes un groupe de pilotes «Top Gun» pour des largages en formation.

Comme les motifs d'un kaléidoscope qui semble s'épanouir devant l'œil, les sauts de séquence à 100 conçus par BJ Worth s'ouvrent vers l'extérieur par le déroulement des points. Le kaléidoscope est un tube contenant un jeu de miroirs et de paillettes se réfléchissant à l'infini. On ne pouvait trouver meilleure définition pour exprimer ce que fut le Kaléidoscope 2007 : un groupe de passionnés où le même rêve se réfléchissait dans les yeux de tous, celui de former dans le ciel de drôles étoiles filantes.» 


L’étoile de mer à cinq branches. Par la construction des branches en stair-step,    
cette figure s’avère difficile pour obtenir une parfaite symétrie.    


247 décembre 2007