E d i t o
Rêves de vol
contre
voleurs
de rêve
Élu parachutiste de l’année 2003 aux états-Unis, élu parachutiste de la décennie 2000 par vous-mêmes, lecteurs de ParaMag, Loïc Jean-Albert est contraint de s’expatrier en Suisse, en Norvège ou au fin fond du désert pour réaliser ses exploits en toute légalité.
Pour la deuxième année consécutive, la police de l’air a émis un avis défavorable sur la demande de dérogation que lui et son équipe avaient déposé dans le cadre des démonstrations en vol lors de la 34ème Coupe Icare, cette grande fête de l’air qui s’est tenue à Saint-Hilaire du 20 au 23 septembre dernier.
Il s’agissait pour Loïc de réaliser un vol de patrouille en wingsuit avec le planeur de voltige piloté par Martin Kroke (cf. ParaMag n°237 de février 2007). Un exercice qu’ils maîtrisent parfaitement et qui ne présente pas plus de danger que tous ceux auxquels on peut assister lors des meetings aériens populaires.
Il en fut de même pour Yves Rossy : interdiction de voler avec son équipement de JetMan. Et pour faire décoller son parapente motorisé en forme de dragon géant, Francis Heilmann devait obtenir l’autorisation de 14 personnes.
En muselant de la sorte la créativité, pour ne pas dire le génie de pionniers comme Loïc, Yves et Francis, cette administration oublie certainement que s’il n’y avait pas eu des hommes comme Blériot, elle n’existerait tout simplement pas !
Sans doute cherche-t-elle davantage à se protéger elle-même, plutôt que de protéger le public. Même s’il est vrai que quelques semaines plus tôt, durant un rallye automobile organisé dans le Nord de la France, une voiture est sortie de la route pour venir s’écraser dans la foule, tuant un jeune enfant. Cela n’empêchera pas des centaines de fangios de continuer à s’éclater légalement dans les futurs rallyes...
Dans une des dernières interviews que Patrick de Gayardon nous avait accordées, il y a bientôt 10 ans, alors que nous lui demandions ce qui le motivait à vouloir sans cesse repousser les limites, il répondait «Il y a toujours une faille entre le rêve et la réalité, il faut la trouver et réussir à se glisser dedans.»
Merci aux lecteurs de ParaMag d’avoir élu Patrick de Gayardon et Loïc Jean-Albert «Parachutistes des décennies 90 et 2000». Merci à Deug et à Loïc de nous faire rêver en concrétisant, petit à petit, mais de mieux en mieux, le plus vieux rêve de l’homme : voler de son propre corps. Car à chaque saut, c’est ce rêve qui nous pousse en dehors de l’avion !
Bruno Passe