Vendredi 14 juillet, alors que la canicule commence à s'installer dans de nombreux départements français, une fine couche de stratus bas persiste dès le matin en Avesnois. Elle semble narguer les relativeurs et les organisateurs, leur rappelant que seul le mauvais temps peut empêcher le déroulement d'une belle compétition à Maubeuge. Dès la fin de matinée, le voile se lève et les voiles vont commencer à éclore sans interruption au milieu d'un ciel bleu et limpide : dans le Nord, on appelle cela une «tempête de ciel bleu» 

                                        Par Bruno Passe
                                        avec la participation de Jérôme David, entraîneur national

es deux Pilatus du centre Skydive Maubeuge, le Twin Otter de Brienne, une infrastructure vaste et confortable à laquelle est ajouté pour ces 3 jours un chapiteau géant, le staff salarié du centre travaillant en bonne coordination avec un staff de bénévoles, voici résumés en quelques mots les moyens mis en place par le centre de Maubeuge, qui possède une solide expérience en matière d'organisation de compétition.

Et lorsqu'il faut s'adapter et passer la N2 en Pilatus (au lieu du Twin Otter) la décision est prise au bon moment et à bon escient. Résultat : la plupart des manches sont passées dès le samedi soir (malgré une première matinée de standby météo, rappelons-le).

Avec 20 équipes en N1, 19 équipes en N2 et 8 en V.R.8 la participation est élevée et on constate un renouvellement et une émulation chez les relativeurs.

National 1

Le tirage N1 est assez particulier avec des sauts très longs qui concentrent les blocs (3 sauts avec 3 blocs, ce qui est très rare) et donc des scores peu élevés. La sixième manche est un saut de libre complet (F-Q-O-D-N) donc un saut rapide qui apporte de jolis scores mais aussi de mauvaises surprises pour certains...

Concourant hors classement, l'équipe féminine de V.R.4 affiche une moyenne de 18 pts et une belle régularité sur ces deux premières rencontres de la saison (17,9 de moyenne à Mimizan). Jérôme David, entraîneur national commente : «A la veille du championnat de monde, les filles réussissent une bonne compétition et affichent leur capacité d'être régulières. Il n'y a pas eu que des sauts parfaits, il y a eu des petits bogues, mais elles ont bien géré les difficultés et les pièges. Elles n'ont gâché aucun saut et réalisent un score à 30 point sur le libre de la manche 6. C'est le genre de saut à ne pas louper en compétition, sur un tirage avec une telle structure, c'est le saut qui compte, celui qui peut faire perdre ou gagner. Les filles réussissent un bon score, même si ce n'était pas un saut parfait puisqu'elles auraient pu faire plus propre et marquer 32, battant ainsi l'actuel record qui est de 30 pts (établi en 2005 par l'équipe anglaise Airkix). Cette compétition consistait aussi pour l'équipe à un entraînement et ce saut de libre fut une mise en scène idéale.»

Même si elle était déjà présente sur le podium à Mimizan, l'équipe Nice Basik Vigil crée la surprise en gagnant cette fois avec une moyenne de de 15,1. Elle est constituée de Paulo Grisoni, de Charles Graveleau (membre du collectif espoir) de Christelle Askew et Emmanuelle Nicols. Une équipe semi-féminine (ou semi-masculine...) qui montre donc que la mixité fonctionne dans le haut niveau.

Pour la petite histoire, il faut savoir que Charles est un ancien élève P.A.C. de Paulo et que lui et ses 2 coéquipières tournaient à 9 pts de moyenne l'an dernier, à Lapalisse. Progression fulgurante pour cette équipe en qui Basik a cru dès le début de saison 2006 et leur a promis des parachutes neufs s'ils atteignaient 13 pts de moyenne à Mimizan : pari tenu avec 14,6 ! Ils sont également aidés par le C.P.N. (cercle para de Nice).

Les deux autres places du podium sont occupées par Maubeuge Nice Perros 1 et 2, précisons qu'il s'agit des équipes «espoirs» auxquelles s'ajoute Maubeuge Nice Perros 3 équipe féminine «espoir» également.

«Ce n'est que le début pour les «espoirs», souligne Jérôme David, peu automatisées et pas encore spécialisées par place, les compositions changent souvent. Nous en sommes encore à l'apprentissage des basics, de la dynamique de groupe. Le moment de la spécialisation n'est pas encore arrivé. Mais derrière le 30 pts des filles, ce sont les deux équipes espoirs qui marquent les meilleurs scores, démontrant au passage ce qu'elles sont capables de réussir sur les libres, là où le travail individuel est primordial.»

C'est aussi sur ce fameux libre que l'équipe Noëne Mandelieu perd tout : la première place car elle était en tête jusque-là, et aussi le podium. Il faut préciser que l'équipe a dû faire appel à un remplaçant, et même lorsque celui-ci se nomme William Hamouchi, le groupe s'en trouve probablement désorganisé.

Un peu plus bas dans le classement (mais pas trop bas...), on peut souligner la présence de deux anciennes équipes N2 : Pheno-Men Lésigny Brienne (11ème place) et Pegasus Colmar (13ème place), équipes qui ont brillé sur les podiums l'an dernier et qui illustrent bien le renouveau affiché au début de cet article.

National 2

Il est intéressant de rappeler que le tirage de cette catégorie n'est pas entièrement laissé au hasard : selon le règlement, certaines manches sont structurées, ainsi les sauts 3 et 8 sont toujours des libres purs.

Ce sont bien souvent sur ces sauts que se jouent beaucoup de choses en N2. Le programme reprend tous les blocs de N1 sauf ceux qui inversent, ce qui permet d'avoir des sauts semblables à la N1 mais sans la difficulté de mémorisation. Ce programme se veut donc pédagogique avec une sortie neutralisée, des blocs N1 sans mémo et 20 figures libres (au lieu de 16 en N1).

A Maubeuge, la bataille est rude entre les 3 premières équipes. Cocotier A.S.P.U. Maubeuge confirme ici sa première victoire à Mimizan et réussit à passer de la troisième à la première place sur le dernier saut de libre où elle marque un joli score de 20 pts. Au détriment de l'Armée de l'air qui à l'inverse rate le libre (9 pts) et perd une première place qui lui semblait acquise depuis le début de la rencontre, pour finalement se classer troisième derrière Exo5 Nancy-Lorraine.

V.R.8

Entièrement constituée de membres du collectif «espoir», l'équipe Maubeuge Nice Perros bataille ferme durant toute la compétition avec Noëne Mandelieu Annecy, constituée de «vieux» briscards du vol séquentiel dont Didier Boignon, Jeff Ronzevalle, Sandro d'Aloia, Bertrand de Saint Paul ou Fabien Bonnici (note de l'auteur : rien de péjoratif à lire dans mes propos, il s'agit d'anciens coéquipiers) et vainqueurs de l'étape de Mimizan.

Au terme des 8 manches, et après quelques péripéties, les 2 équipes ont le même total de points. Dans ce cas-là c'est l'équipe qui a fait la meilleure performance qui l'emporte et c'est donc Noëne Mandelieu Annecy, avec ses 13 pts sur le dernier saut. Même si les jeunes, après un seul stage d'entraînement, recollent à des adversaires qu'ils n'avaient pas trop inquiétés à Mimizan, le suspens a été conservé jusqu'au bout. Cela promet une belle bataille pour Vannes, étape finale de la coupe et championnat de France.

À la troisième place sur le podium et sur son terrain, on retrouve l'équipe 8 au Carré, championne de Belgique et déjà présentée dans notre précédente édition.

Clôture

A l'issue des dernières manches et avant la remise des prix, pendant que les juges terminaient leur travail, Julien Degen et Bruno Perin (membres du 8 France et aussi du staff de Maubeuge) organisent un saut à 40 à partir des 3 avions volant en formation. Le groupe à 40 est constitué de 2 membres de chaque équipe N1. Un seul participant n'atteint pas sa place et une jolie formation à 39 est réussie dans le ciel de Maubeuge.

Belle surprise durant la remise des prix : le centre de Skydive Maubeuge offre des sauts d'entraînement gratuits au 3 équipes vainqueurs dans les 3 catégories, ce qui représente un joli budget. Une fois la compétition clôturée, le centre continuait de proposer des sauts coachés à 10 euros pour tous les compétiteurs.

Représenté dans toutes les catégories (N1, N2 et V.R.8) le club A.S.P.U. est basé sur Maubeuge depuis des années et Jérôme David les cite en exemple : «Participant mais aussi organisateur, ce club a largement contribué à la réussite de la compétition grâce à ses bénévoles qui ont aidé le staff de Skydive Maubeuge. Il est constitué de jeunes à la tête bien pleine et bien faite, évoluant dans une dynamique associative pleine de sens et de cohésion. Il est efficace et produit régulièrement des athlètes que l'on retrouve en équipe de France. Un des exemples flagrants est Cocotier A.S.P.U. Maubeuge, équipe composée de jeunes au bon profil pour l'avenir, vainqueurs en N2»