Luigi a posé sa VX-39 une cinquantaine de fois.


Jeb Corliss est convaincu qu’il est possible de se poser en wingsuit et il compte le faire avant l’été 2005.


Jeb Corliss en approche sur la VX-39 et son pilote.


Au cours des premiers sauts, Luigi avait plutôt tendance à laisser ses partenaires dessous. Il faisait alors un 360 degrés en s’enfonçant pour qu’ils puissent travailler à nouveau leur approche.


Dans le coeur de l’action : la vision de Loïc immortalisée par son appareil photo.


                               D’après une interview de Loïc Jean-Albert



Fin de l’automne 2004, Loïc Jean-Albert et Cathy Pichon traversent les États-Unis d’ouest en est afin de promouvoir les wingsuits "Fly your Body" (la S-Fly Expert et l’Access) sur quelques-uns des plus grands centres américains de parachutisme. Au programme, Perris Valley en Californie, Eloy en Arizona et Deland en Floride. La première étape de ce tour est Perris où Loïc retrouve un grand nombre de ses connaissances dont J.C. Coclasure, une "armoire bretonne" de plus de deux mètres de haut, belle gueule, excellent swooper, freeflyer et vidéoman averti. J.C. Coclasure est un pilote chevronné au sein du Team Extreme. Il faisait partie du staff des vidéomen pour le World Team 04. Il travaille à Perris où il est initiateur freefly et vidéoman. Bref, il sait à peu près tout faire. Il pratique régulièrement la wingsuit et il avait obtenu de jolis clichés lorsque Luigi Cani, son coéquipier du Team Extreme, s’était posé avec la VX-39 (voir ParaMag n°206 de juillet 2004). Ces photos avaient été réalisées en l’air alors que J.C. Coclasure volait en wingsuit non loin de Luigi sous sa VX-39. L’exploit de Luigi, relatif à l’atterrissage, était sponsorisé par Go Fast, la célèbre boisson énergétique sérieusement impliquée dans le partenariat au sein du parachutisme américain, et plus particulièrement dans l’organisation des compétitions de swoops. À Perris, Loïc et J.C. discutent et l’Américain essaye finalement le modèle XL de la S-Fly Expert qui lui va comme un gant. Les deux potes réalisent quelques sauts. Ils s’amusent bien et J.C. adore la combi de Loïc. Là-dessus, J.C. propose à Loïc de venir voler avec Luigi qui saute et se pose régulièrement avec sa 39 pieds carrés. Les compères s’amusent bien à nouveau et J.C. propose alors à Loïc de prendre part aux deux jours de tournage qu’ils ont programmés la semaine suivante avec Jeb Corliss, un Américain qui envisage prochainement de se poser en wingsuit. Loïc accepte pour y réaliser photos et vidéo avec une caméra 3 CCD (caméra à trois capteurs numériques, pour une meilleure qualité). 



Le thème du tournage

Le projet de Jeb Corliss est donc d’atterrir en wingsuit. Sachant que Luigi se pose régulièrement avec une voile de 39 pieds carrés et qu’en l’air, il peut être suivi par un parachutiste équipé d’une wingsuit, la conclusion fut simple : il est donc possible de se poser en wingsuit.

Au cours de cette première étape, Jeb Corliss souhaite comparer ses performances de vol en wingsuit avec celles de la VX-39 que pose régulièrement Luigi. Leurs vitesses seront mesurées grâce à l’emport d’un G.P.S. À l’issue du tournage, Jeb Corliss conclura qu’il est tout à fait possible de se poser en wingsuit et qu’il compte le faire avant l’été 2005.

Tout laisse croire à Corliss que cette folie est possible. Luigi a posé sa VX-39 une cinquantaine de fois. Il lui suffit de mettre sa voile en survitesse en phase d’approche finale pour ensuite flarer sur une surface qui glisse (sol poussiéreux, herbe humide). Les atterrissages de Luigi sont toujours très propres, avec 100% de contrôle. Ça arrive très vite, mais ce n’est pas effrayant à regarder. Une fois, il s’est même posé avec trois mètres secondes de vent dans le dos. Une autre fois, il a aussi lâché les commandes en milieu de flare pour finir en glissade.

Pour Jeb Corliss, toutes ces expériences laissent penser qu’envisager un atterrissage en wingsuit n’est pas chose stupide.



Wingsuit et VX-39 : compatibilité

Pour réaliser les sauts en VX-39, Luigi est équipé de son parachute habituel sous lequel il est équipé d’un deuxième harnais où vient se connecter la toute petite voile. La poignée de libération de la VX-39 est fixée sur sa barrette de poitrine. La voile est pliée normalement dans un P.O.D. que Loïc tient dans le cadre de la porte de l’avion au cours des sauts effectués avec Luigi. La technique est comparable à celle du "direct-bag" utilisée en B.A.S.E. jump. Luigi sort assis, dos au vent. Il a constaté que les ouvertures étaient mieux ainsi. Ses ouvertures sont assez belles. Toutefois, il a souvent un 180 degrés. Une fois, il a eu un twist en rotation dont il est sorti rapidement. Luigi est vif.

Après l’ouverture, il enlève le glisseur, il cale la voile pour qu’elle soit plus piqueuse grâce à des "trims" aménagés sur les élévateurs avants. Puis il prend un axe afin de donner une référence de vol à celui ou ceux qui vont le suivre en wingsuit. Dès que Luigi est largué, l’avion fait un 180 degrés et revient se caler au-dessus et derrière celui-ci, légèrement décalé mais parallèle à sa ligne de vol. À une distance de 400 mètres minimum, Jeb Corliss saute, suivi de Loïc en charge de filmer la rencontre entre la petite voile et la wingsuit.

Corliss fait des approches sur un angle de 45 degrés, puis il se laisse glisser lentement sur inertie pour s’approcher de la VX-39 et son pilote. En suivant, Loïc constate que les vitesses sont lentes, comparativement à celles qu’engendre une wingsuit performante. Le taux de chute pourrait être plus confortable si Luigi volait plus rapidement sur le plan horizontal, mais les suspentes de sa voile et la surface de son corps créent une importante traînée.

Pour suivre la VX-39 en wingsuit, il faut plier les jambes, ce qui diminue la portance alors que l’on a besoin d’aller moins vite en vitesse verticale. Au cours des premiers sauts, Luigi avait plutôt tendance à laisser ses partenaires dessous. Il faisait alors un 360 degrés, s’enfonçait facilement pour que Jeb Corliss et Loïc travaillent à nouveau leur approche.


Vol en patrouille et appontage

Après quelques sauts de calage, Loïc enlève son objectif 85 mm pour utiliser un grand angle. Il a ainsi plus de facilité à se placer tout en gardant Luigi et Corliss dans le cadre. Pour bien faire, Loïc se place sur le côté, en arrière et à niveau avec Corliss.

Celui-ci arrive à se stabiliser en retrait par rapport à Luigi durant quelques secondes. Puis il s’enfonce sans pouvoir s’adapter à la vitesse verticale de Luigi, trop lente pour lui. Loïc y parvient en jouant avec de la vitesse horizontale et la surface de l’aile de jambes.


Pour son premier appontage, Loïc Jean-Albert grip la cheville de Luigi et vole ainsi durant quatre à cinq secondes.


Au cours de l’un des sauts où Jeb Corliss souhaitait absolument concrétiser cette première étape en appontant Luigi sous sa VX-39, le même scénario se reproduit. Corliss passe dessous et Loïc, se tenant derrière pour filmer l’action, ne peut y résister : confortable en taux de chute, il s’approche de Luigi, lentement, à niveau et par derrière. Puis il prend Luigi à la cheville et vole ainsi durant quatre à cinq secondes. Finalement, Loïc a trouvé ça plutôt facile. Ainsi apponté, il fait quelques photos en tournant la tête vers Luigi. La caméra et l’appareil photo créent alors une importante traînée, et pour Loïc, le taux de chute devient maintenant trop difficile à tenir. Il lâche sa prise, sans partir avec la chaussure de Luigi. Celui-ci en aura trop besoin pour son atterrissage...

Après le tournage, Luigi et Loïc ont fait quelques sauts supplémentaires, sans matos sur la tête. Au cours d’un même vol, trois appontages furent possibles : pied gauche, pied droit, Luigi à cheval sur le dos de Loïc. L’histoire ne nous dit pas encore si Jeb Corliss est réellement prêt pour atterrir en wingsuit...  



212 janvier 2005