Olivier Metrot, le DT : à fond - àfond !













Cathy Gallet, Sandy Labattu et Severine Bocquet, du V.R.5 France, ont essayé de transmettre au mieux leur excellente technique. Elles étaient également marraines de la manifestation.





La photo de famille avec le t-shirt offert la jeune société "4thirty6". Ci-dessous le t-shirt officiel du rassemblement.









Pascal Gauchot dirige l’encadrement en freefly.





La "surprise", pas encore complétement dévoilée...


                                                  Par Evelyne Chiarot



L’actualité nous permet d’enchaîner le deuxième volet de notre série d’articles "parachutisme au féminin" (voir édition papier) avec ce reportage sur le deuxième rassemblement féminin de parachutisme, organisé à l’E.F.P. Nancy sous l’égide de la F.F.P.

accueil était assuré par l’E.F.P. de Nancy, qui a mis à la disposition des sautants son infrastructure et son équipe ainsi que des moyens aériens suffisants pour assurer les activités de la manifestation, parallèlement à celles du centre : un Skyvan de la CAE est en effet venu rejoindre le Pilatus local dès vendredi après-midi. L’arrivée du gros bourdon était très attendue, d’une part, pour permettre à quelques filles de pratiquer pour la premières fois des sorties de tranche arrière, mais surtout parce qu’il convoyait les marraines de la manifestation, venues de Maubeuge, où elles s’entraînaient en vue du championnat du monde : trois filles du V.R.5 France : Cathy Gallet, Sandy Labattu et Severine Bocquet. Vendredi matin, une grosse couche de meringue recouvre Nancy, laissant présager une météo rebelle et capricieuse. Pourtant, LA météo est féminine ! Je ne comprends pas... Enfin, si "l’espoir" est de genre masculin, "la patience" reste du genre féminin, alors, on ne va pas décourager pour si peu, diable !

Veni, vidi, et on verra ce qu’on va voir !

Dès notre arrivée, l’accueil se veut attentionné et efficace. Chaque fille reçoit un petit dossier informatif sur la Meurthe et Moselle, ainsi qu’un programme des activités. A la mi-journée, le président Jean-François Angles nous accueille par un petit mot de bienvenue. Il propose un moment de réflexion sur la place des femmes dans le monde para. Il est notamment question de définir quels sont les freins à la pratique du parachutisme au féminin et éventuellement d’y apporter des solutions. Le maître mot sera "le parachutisme actuel a besoin des femmes". Environ une cinquantaine de filles sont inscrites et chacune va pouvoir se diriger vers l’activité qu’elle a choisie. Lors de notre inscription par courrier, il nous était demandé de choisir une discipline et de préciser quelles étaient nos attentes, en fonction de notre niveau technique. Véritable casse-tête : organiser des groupes dans 5 disciplines avec des niveaux allant de 10 à plus de 1000 sauts...

Organisation des groupes : un vrai casse-tête !

Le souci des organisateurs était de répondre aux attentes de chacune. Noble cause, mais programme ambitieux, entraînant un choix sans doute trop vaste pour prétendre satisfaire tout le monde. Il en sera d’ailleurs question lors du forum de samedi soir. Les organisateurs prévus initialement n’étaient pas tous présents. Il y avait bien entendu les filles du V.R.5 France pour le vol relatif, Pascal Gauchot (venu de Gap) pour le freefly, Thomas Jeannerot (du collectif France junior) en PA/Voltige et Fred Nenet en freestyle. Malheureusement personne en voile contact, à la suite du désistement de deux membres de l’équipe de France, pour cause d’entraînement. On notera qu’à part Cathy, Sandy et Severine..., il n’y avait que des organisateurs masculins... Un des regrets d’André Le Faou, secrétaire général de la F.F.P., présent sur place dès notre arrivée, est justement de n’avoir pu réunir tous les organisateurs de sauts souhaités : "A l’occasion d’un rassemblement national, on aurait aimé compter sur la participation de plus de filles pratiquant les disciplines à haut niveau (championnes ou simples compétitrices). Malheureusement, nous sommes en pleine période d’entraînement pour la plupart de nos championnes et le budget limité du rassemblement de cette année ne permettait pas d’offrir les services, souvent payants, de paras réputées ou de talent". Il faut donc saluer avec d’autant plus de reconnaissance le geste de nos marraines du V.R.5 France, venues gratuitement, alors qu’elles étaient en plein programme d’entraînement !

Les groupes

La répartition dans les différents groupes s’est organisée en une matinée. Dès les premiers briefings, la gentillesse est au rendez-vous. Prise de contact en freefly : en parfait pédagogue, Pascal Gauchot prend note de tous les niveaux (une quinzaine de filles ayant entre 2 et 700 sauts en freefly), des attentes de chacune, et tâche d’organiser les groupes pour satisfaire tout le monde. Il sera largement aidé par les initiateurs du centre afin de répondre à toutes les demandes : sauts en petits groupes ou en "one-to-one". Les briefings dans cette discipline seront toujours détaillés, minutieux et personnalisés : du vrai caviar ! Il en sera de même pour le saut de dérive organisé en fin de séjour : un saut à 20 qui aura permis à plusieurs filles de découvrir la glisse et les règles du track en groupe. En précision d’atterrissage, Thomas Jeannerot pourra faire évoluer quelques filles qui combineront V.R. et P.A. au cours d’un même saut, mais les conditions météo ne lui permettront malheureusement pas de faire progresser deux débutantes, clouées au sol. Il appuie la demande de certaines filles afin de pouvoir à l’avenir, disposer d’un minimum matériel adéquat pour pratiquer la P.A. Du côté freestyle, la demande se limite également à quelques filles, que Fred Nenet prendra gentiment en charge, y compris pendant le long stand-by météo de samedi, qu’il consacrera en partie à détailler le programme de compétition officiel à une ou l’autre future compétitrice. Enfin, en vol relatif, l’idée des organisatrices était au départ de gérer chacune des groupes de quatre, tâche qu’elles assurent vaillamment en doublant chaque saut dès vendredi après-midi. Mais après le stand by de samedi, le programme dut être adapté afin de satisfaire le plus grand nombre, avec quelques beaux sauts à 10 ou 12 et plus selon les niveaux. La gestion des rotations était assurée par une équipe efficace, sous l’oeil d’un directeur technique dynamique et enthousiaste. Le centre mettait également quantité de vidéomen à disposition des groupes ainsi que tout le matériel permettant de briefer et débriefer les sauts correctement.

Stand-by météo

Samedi fut condamné à cause d’un "ciel qui tombe par terre". On déplore que cette journée n’ait pas été mieux rentabilisée par des projections de films ou par des séances d’information sur les différentes disciplines. Il reste de cette journée grise une vague impression de temps perdu, bien qu’une partie de football mixte et folklorique ait animé la zone de posé. C’est l’occasion de signaler qu’un kiné était présent pour soigner d’éventuels bobos..., et que celui-ci fut essentiellement sollicité après la fameuse partie de foot... C’est tout dire !

Faible participation

Une cinquantaine de filles, cela représente seulement trois pour cent du parachutisme féminin français, soit une faible participation mais néanmoins assez de monde pour animer le forum de samedi soir, présidé par Jean-François Angles, accompagné par le secrétaire général André Le Faou, Yves Grosse, président de l’E.F.P. de Nancy et médecin fédéral, ainsi qu’Olivier Metrot, directeur technique, également actif à la commission fédérale, sans oublier nos marraines du V.R.5.

Le forum

Les représentants fédéraux ne cachent pas leur souhait de faire grandir ce rassemblement féminin, essentiellement à travers une plus grande participation des filles au niveau de l’organisation : "Toutes les suggestions seront bienvenues, la F.F.P. pourra toujours apporter son support technique et financier à des projets correspondant à ses objectifs.". Autrement dit : "y’a plus qu’à..." Au cours de son allocution, André Le Faou a rappelé les différents objectifs de ce rassemblement : "Il ne s’agit pas d’une compétition. Les grandes lignes de cette rencontre sont issues d’une rencontre avec les filles du V.R.5 France, à Paris. Elles ont soumis d’excellentes idées et leur collaboration est un élément très appréciable ! Le propos est bien de favoriser un maximum d’échanges entre les participantes : quelles sont leurs attentes, quels obstacles rencontrent-elles dans la pratique du parachutisme, comment évoluer et progresser dans ce sport, que souhaitent-elles pour une prochaine rencontre ?" Vaste sujet et déluge de réactions ! D’une manière générale, on obtient deux types de réponses : celles d’ordre plutôt technique, énoncées au cours du forum, et des "confidences d’ordre plus pratique", faites dans l’intimité des stand-by météo. D’une part, il est de nouveau question du gouffre qui sépare les débutants des expérimentés : après le B2, c’est souvent le vide et beaucoup de filles trouvent peu de possibilités d’apprendre et d’évoluer dans leur centre. Pour certaines, la pratique du para dans ces conditions devient vite limitée, voire décourageante. Mais ce problème n’est pas uniquement féminin, il concerne vraiment tout le monde. Par exemple, Eliane, 330 sauts, témoigne : "Quand j’ai commencé le para, à La Ferté, il y avait parfois des stages V.R. accessibles aux débutants, à des conditions abordables. Après cinq ans d’arrêt, quand j’ai recommencé à sauter, je ne reconnaissais plus le paysage para : tout se paye, il y a beaucoup de business !" Concernant l’organisation même du rassemblement, l’aspect convivial est évidemment apprécié, comme le dit Anne Sophie, 900 sauts en V.R. : "Je saute uniquement avec des mecs toute l’année... Alors pour une fois, je suis vraiment heureuse de pouvoir sauter "entre filles !". On notera plusieurs remarques venant des plus débutantes. Coincées entre un niveau insuffisant pour pouvoir accéder à des groupes (quelques-unes n’ayant pas encore obtenu leur B2) et les exigences d’une météo capricieuse (vent trop fort pour permettre des atterrissages en toute sécurité), plusieurs d’entre elles furent contraintes de rester au sol tout le week-end. Elles s’attendaient pourtant à être prises en charge et on comprend leur déception d’autant que plusieurs bonnes relativeuses qualifiées (initiation V.R.) présentes auraient été disposées à leur consacrer quelques sauts si on leur avait demandé de le faire, ce qui aurait finalement arrangé tout le monde ! Cette remarque importante a bien été prise en considération par les organisateurs pour un prochain rassemblement. Quelques critiques concernaient le manque de précision des informations communiquées avant le rassemblement : beaucoup d’entre nous sont venues sans trop savoir quel genre de parachutisme elles allaient pouvoir pratiquer : perfectionnement, découverte, loisir ? Ce genre de détails explique peut-être partiellement le faible taux de participation de cette année ? Mis à part cela, tout le monde a remercié et félicité l’équipe du centre, du staff technique aux équipes chargées de l’hébergement, de la restauration ou du secrétariat : leur dévouement est un élément majeur de la réussite de ce rassemblement.Alex Thévenot, directeur adjoint, explique avec une pointe de fierté que trois mois de préparation ont permis d’accueillir ce rassemblement dans les meilleures conditions : affichage, décoration, avionnage, staff technique rodé, restauration... Les félicitations du jury "féminin" sont donc bien méritées ! Furent également chaleureusement remerciés les organisateurs de sauts et nos supers marraines pour leur extrême gentillesse et leur grande disponibilité.

Le para au féminin et la famille

Parmi les sujets abordés en dehors du forum, il y a une autre catégorie de remarques plus personnelles que techniques, celles que les filles s’échangent au cours d’un stand-by météo, autour d’une table, ou en fin de journée : c’est l’autre aspect de ce rassemblement féminin, qui permet sans doute de se sentir moins isolée face à certains problèmes. Il semble en effet que les contraintes pratiques, exclusivement liées au statut de femme, soient encore à l’origine de pas mal de soucis : lorsque le compagnon ou le mari ne saute pas, ne partage pas, ne comprend pas le parachutisme, les choses deviennent parfois difficiles pour les femmes, alors que l’inverse semble moins problématique. La "para-maman" rencontre également la difficulté de gérer la prise en charge des enfants, qui, pour des aspects pratiques, repose généralement plus sur ses épaules que sur celles du père... Surtout du "papa-pas-para", où là, ça craint grave ! Il en résulte une liberté restreinte dans le temps comme dans l’espace : bon nombre des filles présentes doivent se limiter à pratiquer le para assez près de leur domicile et au compte-goutte afin de pouvoir concilier leur passion et l’équilibre familial. Cela réduit considérablement les possibilités de faire des stages ou d’aller chercher plus loin ce qu’un centre régional ne peut parfois pas leur offrir. Sans tomber dans des revendications purement féministes, il faut bien admettre que l’égalité n’est pas encore acquise pour toutes !

La surprise...

C’est sans doute pour compenser cette évidence que nous avons eu droit à..., comment dire ?..., un "petit rectificatif" au cours de la soirée de samedi, organisée par le centre. Les responsables locaux avaient effectivement annoncé une petite surprise absolument réservée aux femmes. Non, ce ne fut pas une réunion Tupperware, ni la recette de la bouillabaisse présentée par Maïté, ni un défilé de lingerie féminine... (bien que les mecs présents eussent apprécié), non, non et non, "l’objet" du spectacle était masculin, musclé, bronzé, épilé, huilé, et de moins en moins vêtu au fur et à mesure que les cris des spectatrices déchiraient l’air du hangar dans des échos presque hystériques ! Vengeance de fille en mal de mâle ou pure rigolade, voilà une surprise qui aura fait son effet. Petite suggestion personnelle pour une autre année : On remplace Monsieur Muscle par un membre du staff technique, on troque la casquette de capitaine contre un casque intégral, le stupide costume de Tarzan contre une wingsuit ou une combi de speed bien moulante... (j’imagine le plan catastrophe lors du déshabillage sur fond musical de circonstance, hi-hi !...)

Conclusion

Bien que marquée par une mauvaise météo, l’édition 2004 de ce rassemblement féminin laisse certainement le souvenir d’une très grande gentillesse de la part de tous les organisateurs, majoritairement masculins, il faut quand même le rappeler. Ils ont fait preuve d’une patience et d’une attention très touchantes. Pour chaque discipline, la sécurité a toujours été mise en avant et on ne déplore aucun incident. L’accueil de l’E.F.P. de Nancy était irréprochable, toute l’équipe a vraiment fait du bon boulot ! Nos marraines du V.R.5 France ont essayé de transmettre au mieux leur excellente technique, quel que soit le niveau des groupes, avec un grand enthousiasme, et une bonne humeur inébranlable. Elles sont tout simplement géniales ! Leur attention, leur générosité et leur sens de l’écoute forcent le respect ! Les questions posées par les filles aux différents organisateurs de sauts concernaient souvent la voie à suivre pour progresser : quelles techniques, quelles filières ? Il semble que cette demande ait trouvé de réelles réponses. Il manque peut-être à certaines filles un peu plus d’audace, à d’autres plus de liberté afin de pouvoir réaliser leurs objectifs ou leurs rêves. Le séjour s’est terminé sous un soleil rayonnant, avec la photo de groupe et la remise de deux tee-shirts pour chaque participante : le premier offert par la jeune société "4thirty6", un modèle court et blanc, décoré d’un dessin choisi par le V.R.5 France, le second tout aussi seyant, aux couleurs du rassemblement. Enfin quelque chose qui ne ressemble pas à un pyjama ! Merci les filles ! Merci à l’E.F.P. de Nancy pour la jolie rose offerte avant notre départ : les femmes adorent les fleurs, trop de mecs l’oublient !! A l’année prochaine, en espérant que nous serons plus nombreuses et que la météo nous sera plus favorable !



209 octobre 2004