D’après Fred Fugen,
                           membre de l’équipe Babylon
et instructeur à l’école freefly du même nom

                                                www.babylon-freefly.com

 Les Freefly Clowns, pionniers de cette nouvelle discipline, réalisaient un accordéon vertical à trois pour la première fois en 1995. A l’époque, la photo de cette première publiée dans la presse spécialisée avait fait l’étonnement de tous les freeflyers réalisant la difficulté de cette prouesse technique. Depuis 2000, l’accordéon vertical fait partie du programme de compétition FAI. Il en est l’une des figures imposées. Aujourd’hui, même s’il est l’une des figures de base en freefly, sa construction demande déjà un bon petit niveau technique . Pour le réaliser, il est préférable de choisir la place qui convient le mieux, selon si l’on est meilleur en vol tête en bas ou en vol tête en haut. Ensuite, il faut décider de l’endroit où l’on fera les prises. Ce choix est déterminant pour le travail d’approche en amont, juste avant la connexion des deux partenaires. Les prises sont plus confortables et solides lorsqu’elles sont faites aux boudins de cuisse, ou plus spécifiquement aux cuissardes lorsqu’il s’agira d’engager l’accordéon dans des rotations telles que loops, tonneaux et tours. Les prises présentent un accordéon plus esthétique lorsqu’elles sont réalisées entre le genou et la cheville. Mais ainsi connecté, l’accordéon sera beaucoup plus difficile à faire voler. En effet, le travail des jambes étant nécessaire pour la finesse de vol des deux freeflyers, si une prise aux alentours du mollet n’est pas suffisamment légère, elle pourra considérablement gêner celui qui la subit. Pour qu’un accordéon vertical vole bien et solidement, il est alors conseillé aux néophytes de le construire avec des prises sur la cuisse, ou au harnais 



Croquis 1  L’approche vers la préposition

Les deux freeflyers viennent se placer face à face, un tête en haut et l’autre tête en bas. Le placement qui suit va être déterminant pour réaliser l’accordéon. Dans cette préposition, la vitesse de chute, la proximité et le niveau contribueront au succès de l’accordéon. Si ces trois points ne sont pas scrupuleusement respectés, la réalisation de l’accordéon sera difficile voire impossible.

Croquis 2  La préposition

Les deux freeflyers se placent face à face et très près l’un de l’autre (50 centimètres à 1 mètre maximum). Dans un premier temps, ils s’assurent être dans une vitesse de chute confortable pour les deux. Cela ne veut pas dire que cette vitesse de chute doit être individuellement idéale pour l’un ou l’autre. Elle doit être une vitesse intermédiaire et confortable pour les deux en même temps, même si l’un ou l’autre doit plutôt ralentir ou plutôt accélérer. Cette vitesse intermédiaire rendra les prises plus faciles à réaliser au moment où il s’agira de gripper l’accordéon. Celui qui est tête en bas se place également à niveau par rapport à son partenaire en ayant la tête un peu plus basse que l’endroit où sera faite la prise (d’où l’importance de déterminer avant le saut où seront faites les prises). Ce placement en verticalité permettra de faire la prise sans être obligé d’aller la chercher. Par exemple, si on a choisi de faire la prise aux boudins de la cuisse, celui qui est tête en bas se placera de façon à avoir la tête au niveau du genou de son partenaire. Ce réglage occasionnera la même référence verticale pour celui qui est tête en haut. Il aura également le visuel au niveau du genou de celui qui est tête en bas. C’est celui qui est tête en bas qui se cale sur l’autre, car cette position offre une marge de manoeuvre plus rapide et plus importante qu’en vol tête en haut



Croquis 3  Le placement latéral

Une fois en bonne préposition face à face, l’étape suivante consiste à se placer côte à côte, en accordéon no contact. Les deux freeflyers font alors une rotation à 90 degrés dans la même direction et en conservant la proximité et le niveau qu’ils ont réglés durant la préposition. Ce placement latéral est essentiel et les prises viennent après. Durant leurs rotation à 90 degrés, les deux freeflyers doivent se concentrer pour bien tourner sur place, sur axe et sans prendre d’inclinaison de buste, ce qui occasionnerait déplacements parasites et éloignements. En réalisant ce placement latéral, le visuel n’est pas des plus aisés. En effet, il vaut mieux conserver la tête droite afin de garder le buste droit pour rester bien ancré dans l’air. En fin de rotation, le visuel vers son partenaire se fait donc plutôt dans le coin de l’oeil. Mais avec l’expérience, les mouvements de la tête peuvent se désolidariser du buste. Si c’est le cas, on pourra alors orienter davantage son visuel vers son partenaire pour réaliser ce placement latéral. Ajoutons également que pour les deux freeflyers enclenchent cette rotation à 90 degrés de façon synchronisée, c’est celui qui est tête en haut qui en décide en amorçant doucement sa rotation. Celui qui est tête en bas l’accompagne alors dans son mouvement. Cette "clé" de départ est appréciable pour des néophytes. On laisse la priorité de départ à celui qui est tête en haut, moins rapide et moins mobile dans cette position que celui qui est tête en bas. Ce dernier aura toute facilité à rattraper l’éventuel petit décalage sur son partenaire. Avec l’expérience et l’habitude chez deux coéquipiers, le feeling remplace cette astuce de départ pour la rotation à 90 degrés.

Croquis 4  En accordéon no contact

A l’issue de leur rotation à 90 degrés, les deux freeflyers doivent être placés en ayant leurs épaules dans le même alignement afin d’être parfaitement côte à côte et sans décalage en avant ou en arrière. Précisons que cet alignement des épaules est un point qu’il vaut mieux intégrer rapidement. En effet, en compétition, un accordéon est jugé recevable lorsque les deux équipiers sont correctement alignés. Mais avant tout, la réussite du placement latéral contribue à faire les prises en toute facilité. Les deux freeflyers doivent être capables de voler en accordéon no contact sans vouloir aller chercher les prises. Si la proximité, les niveaux et le placement sont respectés, si les rotations individuelles sont effectuées correctement, alors les prises seront immédiatement à portée de la main à l’issue du tour à 90 degrés. Mais il faut d’abord penser à faire son travail individuel correctement et sans précipitation.

Croquis 5  Les prises

Une fois placés ainsi côte à côte, les prises seront faciles à réaliser, ceci étant la conséquence d’un bon travail de proximité, de niveau et de rotation réalisé en amont. Pour effectuer leur prise, les deux freeflyers devront toutefois garder leur position tonique, ancrée et ne pas se relâcher au moment de gripper. Il est important d’effectuer la prise en étant statique afin d’éviter que l’accordéon se déplace après la connexion. Ajoutons aussi qu’il est généralement plus facile de gripper pour celui qui est tête en bas que pour celui qui est tête en haut. En effet, ce dernier est davantage en appui sur les bras. C’est donc le freeflyer tête en bas qui peaufinera la phase finale de la connexion. Il cherchera à effectuer sa prise en premier afin d’aider le freeflyer tête en haut, dont l’équilibre est toujours plus délicat. Lorsque l’accordéon est construit, les prises doivent être souples. Il faut être ancré dans l’air, et non accroché à sa prise. Une fois appontés, les deux freeflyers doivent également conserver la vitesse de chute initiale et éviter que l’accordéon se mette à ralentir en taux de chute.


MANQUE DE PROXIMITE
ET DE NIVEAU

Cette séquence d’images illustre les erreurs à ne pas faire si l’on veut réussir à se connecter en accordéon. La préposition des freeflyers est ici mal réalisée, tant sur le plan de la proximité face à face que pour le niveau. Avec un visuel au niveau de l’abdomen, les deux partenaires ne sont pas à la hauteur de leur prise. A l’issue de la rotation à 90 degrés, ils seront décalés en distance et en hauteur. En allant chercher leur prise, ils changeront la position du corps et cela provoquera des mouvements ou des dérapages individuels inopportuns. L’accordéon est voué à l’échec.



Pour des freeflyers peu expérimentés, l’accordéon vertical engendre un travail englobant les principaux exercices de base de la discipline : proximité, niveau, rotation, placement, prise, respect des axes, vol tête en haut et vol tête en bas. S’entraîner à construire un accordéon développe donc l’acuité technique du freeflyer. Que ce soit dans un esprit ludique ou d’entraînement à la compétition, réaliser un accordéon vertical demande d’abord une certaine rigueur dans le travail individuel des deux partenaires. La précipitation et le non respect des étapes de construction développées dans cet article seront les ennemis de ceux qui, tant bien que mal, tentent cette figure pas si évidente à réaliser.

Toutefois, avec l’expérience, deux compétiteurs bien réglés peuvent construire leur accordéon plus vite. Pour cela, dans la phase de placement côte à côte, le freeflyer tête en bas peut faire plus de rotation que celui qui est tête en haut. En effet, c’est en vol tête en bas que l’on est le plus rapide et le plus mobile. Celui qui est tête en bas fera plus de 90 degrés en allant à la rencontre de son coéquipier volant tête en haut. Ayant moins de rotation à faire, celui-ci se concentrera davantage sur sa prise, plus difficile à réaliser dans cette position. Cette astuce de construction est intéressante pour les équipes qui souhaitent enchaîner plus rapidement un saut de points comprenant l’accordéon. Toujours dans l’esprit de vouloir construire un accordéon plus rapidement, une autre habileté consiste à connecter l’accordéon durant la rotation à 90 degrés, puis de l’ouvrir dans le mouvement jusqu’à l’alignement côte à côte. Pour les sauts libres en compétition, l’accordéon est également une figure de base qui peut être utilisée avec créativité. En effet, un accordéon peut évoluer dans les trois dimensions. On peut l’engager en tonneaux, en loopings et en tours. Ces exercices demandent toutefois une bonne synchronisation avec un coéquipier que l’on connaît bien, et également une technique individuelle avancée.

Que l’on soit d’un niveau intermédiaire ou expérimenté, l’accordéon est donc une figure qui offre de quoi s’occuper durant un bon petit paquet de sauts...



202 mars 2004