Jean-Michel Poulet, en sortie du Pilatus ? Non du Twin Otter, durant un vol de formation...!



Jusqu’en 1985, les figures étaient réalisées en configurations "pile", ici à la Ferté Gaucher, 3ème record français avec 22 canopeurs accrochés.



L’actuel record de grande formation est toujours la figure à 53 réussie à Kassel (Allemagne) en 1996.



Malgré des surfaces très différentes (de 138 à 180 pieds carrés), les voiles se sont très bien comportées dans les formations.



Fermeture d’une voile sur un ailier : les consignes de sécurités ont été respectées, notamment grâce à l’utilisation des radios.


      ça faisait longtemps
      et ça fait du bien !



La grande formation en voile contact fait partie de l’histoire du parachutisme français. Mais cela faisait maintenant 8 ans qu’il n’y avait plus eu, en la matière, de stage associé à une tentative de record du monde. Bien décidé à relancer la machine, Jean-Michel Poulet, capitaine de l’équipe de France de voile contact, aidé de ses co-équipiers, a organisé du 17 au 22 juin sur le centre de Brienne, un stage comportant pour la première fois en France la dimension européenne.

      Par Stéphane Corréas

orce est de constater qu’aujourd’hui toutes les disciplines organisant des tentatives de record du monde en grande formation sont obligées de le faire en associant les meilleurs du gratin international. C’est ce que Stefan Heuser avait fait en septembre 1996 lorsqu’il avait organisé, à Kassel en Allemagne, le stage qui avait amené au record du monde de grande formation en voile contact, avec 53 parachutistes accrochés (Cf. ParaMag n° 113 d’octobre 1996). Il est à noter que ce record est d’ailleurs toujours invaincu.

À son tour, Jean-Michel Poulet a proposé à l’ensemble des nations d’Europe de se joindre à nous pour préparer la suite du feuilleton arrêté en 1996.

Rétrospective

Pendant plus de 10 ans, Français et Américains, 2 nations phares du voile contact, se sont disputés ce record. La rude concurrence les a amenés à construire des figures de plus en plus en plus grosses. Vous aurez besoin de vos dix doigts pour lister l’aventure française :
- Juin 1982, au salon du Bourget, 1er record du monde avec 12 canopeurs accrochés,
- Septembre 1984, à Orléans-Brissy, 2ème record français avec 17 canopeurs accrochés,
- Juin 1985, à la Ferté Gaucher, 3ème record français avec 22 canopeurs accrochés.

Toutes ces figures étaient réalisées en configurations "pile", c’est-à-dire avec tous les parachutistes empilés les uns au-dessous des autres. Cette technique commençait alors à présenter des facteurs limitants pour construire des figures de tailles plus importantes. C’est alors qu’en 1986 les Américains révolutionnent la grande formation avec une figure à 28 ayant la forme d’un losange. Les limites étaient repoussées et les Français allaient s’engouffrer dedans.
- Septembre 1987, à Lapalisse, 4ème record français avec 32 canopeurs accrochés,
- Mai 1988, à Lyon Bron, 5ème record français avec 36 canopeurs accrochés (losange parfait)
- Août 1992, à Brienne-le-Château, 6ème record français avec 37 canopeurs accrochés,
- Mai 1993, à Gap-Tallard, 7ème record français avec 39 canopeurs accrochés,
- Juin 1994 à Avignon-Pujaut, 8ème et 9ème record français avec successivement 43 puis 45 canopeurs accrochés. Le tout a été réalisé en deux tentatives successives filmées par les caméras de l’émission Ushuaia.

C’en était fini pour les records franco-français et il n’y avait qu’une vingtaine de nos compatriotes dans le dernier et actuel record à 53. Notons par ailleurs que le groupe de Kassel a aussi établi la meilleure performance mondiale avec 56 parachutistes accrochés. La figure n’a malheureusement pas été homologuée comme record car elle n’a pas été tenue durant les cinq secondes réglementaires.

Place à l’avenir

Jean-Michel Poulet voulait d’abord en faire un état des lieux des forces en présence et des matériels. Le stage de Brienne le Château 2002 lui a apporté les réponses aux questions qu’il se posait.

Quelques chiffres pour commencer.
- 45 canopeurs venant de 6 nations différentes (France, Italie, Allemagne, Hollande, Belgique, Angleterre) se sont présentés.
- Une moyenne de 15 sauts a été réalisée pour construire des figures allant jusqu'à 31 parachutistes.
- Le centre de Brienne a mis à disposition jusqu’à 2 Twin Otter et un Pilatus.
- 3 libérations sur incident d’ouverture. 1 libération sur emmêlements.

Le stage s’est déroulé dans une ambiance conviviale. Le centre de Brienne-le-Château a tout mis en oeuvre pour bien accueillir ces parachutistes qui avaient, pour la plupart, fait un grand déplacement.

La coupe du Monde de football a elle aussi contribué à faire passer des bons moments à nos canopeurs qui ne manquaient pas une occasion pour soutenir leur équipe nationale.

La belle soirée du samedi a fini de fédérer tout ce beau monde. Ceci est de bon augure pour la suite des évènements, puisqu’en plus de venir faire de la grande formation, ils seront maintenant tous contents de venir retrouver des amis. Cela n’est pas négligeable quand on regarde le nombre de kilomètres effectués par certains.

Côté technique

Le principal attrait du stage pour Jean-Michel était de voir si les voiles permettaient de construire des figures qui volaient convenablement avec des lignes à cinq ou six.

L’inconnue était accrue par le paramètre surface de voile puisqu’il pouvait y en avoir dans une même figure allant de 138 à 180 pieds carrés.

La technique de base a été de construire le haut des figures avec les voiles les plus grosses et de répartir les autres en dessous.

La première bonne surprise a été de constater tout de suite que tout cela fonctionnait très bien. La deuxième bonne surprise a été d’observer l’adaptabilité des canopeurs qui d’une part, pour certains, n’avaient jamais sauté avec ce genre de matériel et d’autre part, n’étaient pas aguerris aux techniques utilisées par les Français et préconisées pour ce stage. Il a d’ailleurs été très agréable de constater que pour ce côté "technique à la française", tous les étrangers ont pleinement joué le jeu et s’y sont complètement mis.

Pour ce faire, côté communication, tous les briefings étaient faits en français par Jean-Michel et instantanément traduits en anglais par Christophe Balisky, la "patate chaude" de service. En l’air, les ordres et consignes se faisaient en anglais. Il a finalement fallu peu de temps pour qu’une bonne compréhension s’installe dans les figures, permettant ainsi de bonnes constructions mais aussi et surtout de bonnes séparations, cohérentes et rapides.

Pour la sécurité, le staff a été intransigeant. Certains avaient encore les souvenirs des tentatives de record à Kassel avec des gens qui lâchaient tout le monde dès que des voiles commençaient à enrouler. Cela s’est produit une fois mais une mise au point nette et précise a permis que cela n’arrive plus, pour la plus grande satisfaction de tous. Pour augmenter la sécurité en l’air, Jean-Michel, qui pilotait les plus grosses figures, était muni d’une radio air-sol de façon à être informé en permanence de ce qui se passait en dessous de lui. Les personnes disposées aux places stratégiques de la figure, et notamment aux ailes, étaient elles munies de radio air-air et pouvaient ainsi communiquer entre elles.

L’avenir

Tout cela est donc de bon augure pour tenter prochainement une tentative de record du monde à 64 qui pourrait se poursuivre sur un 72 si ça marche fort. La manip serait organisée en mai 2003 sur le centre de Lapalisse pendant le boogie de printemps.

Jean-Michel compte sur toutes les nations qui étaient présentes mais ne fera pas appel à des pays extérieurs à l’Europe. Force a été de constater que le taux d’absentéisme a été important chez les Français pour ce stage. Il devrait donc y en avoir beaucoup plus pour les tentatives de record du monde.

L’organisation sera similaire. Le stage débutera par cinq jours d’entraînement, au bout desquels 80 personnes environ seront sélectionnées. S’en suivront deux jours au cours desquels s’enchaîneront les tentatives de record du monde.

Côté voiles, Jean-Michel estime que le matériel nécessaire est déjà disponible.

Il reste néanmoins à trouver des partenaires pour diminuer le coût global de la manifestation. Si certains sont déjà intéressés, nous les invitons à prendre contact avec Jean-Michel Poulet par l’intermédiaire de la fédération.
L’aventure de la grande formation en France semble donc bien repartie, c’est tant mieux, et on espère que cela va nous donner les figures à la hauteur de nos ambitions, pour le grand plaisir de tous.

Maintenant, place à l’objectif...    





183 août 2002