Au mileu des pinèdes et des maïs, les chuteurs ne disposaient que de tentes et installations sommaires. Mais c'est du passé car le hangar est maintenant construit.
Pour sa troisième saison, le centre de Mimizan joue déjà dans la cour des grands. Avec plus de 20 000 sauts annoncés en 2001, et même si l'on retire les 5 113 sauts effectués au Sénégal, cela représente une progression fulgurante. Retour sur un des moments chauds de l'été 2001, avec la présence d'un gros porteur durant deux mois (nous n'avons pas eu la possibilité d'aborder ce sujet plus tôt, tant mieux, ça nous réchauffera à l'approche de l'hiver...), retour à Mimizan.

      Par Francis Heilmann

Les locaux de l'aéro-club et le hangar para tel qu'il se présentait cet été.

etit panneau "Aérodrome" au coin d'un carrefour désert entre les pinèdes et les maïs déjà hauts. Tout au bout d'une ligne droite interminable, typique des petites routes des Landes, éclosent de petites fleurs de tissu aux couleurs vives. Sous les cumulus ébouriffés venus de la côte atlantique toute proche, les parachutes virevoltent. Arrivés ! Écrasés sous la chaleur par la journée de route, mais arrivés. Derrière la ligne de grands pins odorants se profile sur le ciel la blanche dérive du Casa, immense. Le vent du large anime la manche à air. À peine la voiture garée entre les tentes des paras et les hangars de l'aéroclub, nous découvrons la fourmilière fluo qui s'agite dans tous les sens entre les arbres. Cris et plaisanteries habituels des groupes de free-flyers, petite pincée d'inquiétude sur le visage des nouveaux élèves. La turbine du Pilatus en descente hurle tout ce qu'elle peut au milieu de ce petit monde heureux de vivre.

Embarquement dans le Turbo Mingo.

Même de loin, impossible d'échapper à la voix forte qui accélère l'équipement des élèves. "Mets une 200 sur un des deux parapentistes, comme ça ils iront se poser plus loin, avec eux il n'y a pas de souci", Bonne humeur, décontraction totale et réalisme, c'est sûr, on est bien de retour à Mimizan ! -- "Il reste une place dans le quatrième avion après le plein... Encore une place, qui en veut ?". Pas besoin de mégaphone à O.J.B., le King de la chute assis, et maître chez lui, pour nous rappeler qu'on est venu là pour sauter... D'autant que ces avions-là, on ne les voit pas tous les jours sur nos centres habituels. Au royaume du free-fly et de la chute assis, l'affluence du moment est aussi due à l'événement, deux mois de gros porteurs tout l'été à Mimizan. Dès la mi-juillet, le Twin Otter de Charly Baum, de retour d'Ampuriabrava, était sur place. Et Nicolas Gillet a enchaîné à mi-août avec le Casa Boogie Performance, reconnaissable à son étoile rouge, souvenir du tournage du dernier James Bond. La Desperado, l'ambiance et la fête, on aime bien...

Autour de Mimizan

Les plages
L'aérodrome est à 14 km de la plage de Mimizan, superbe pour le surf. Mais on peut préférer Contis-plage, un peu plus au sud, un peu moins peuplée. Ou bien la petite plage d'Aureilhan, un étang d'eau douce peu profond, à deux pas de Mimizan.

La dune du Pyla
Le secteur Petit Nice/Panorama, sa partie sud, intéressera les parapentistes. Sinon, c'est un joli point de vue, vraiment très touristique, campings alignés, parking payant prohibitif...

Le Musée National des Parachutistes
E.T.A.P. Pau

La bonne surprise ! D'ailleurs ParaMag lui consacrera un sujet complet prochainement. Musée de tradition militaire bien sûr, mais qui s'efforce de faire rentrer actuellement le parachutisme sportif dans son parcours muséal. Trois salles vidéo, des vitrines particulièrement soignées, 1 200 m2 d'exposition, des précurseurs à l'an 2000. Visite 1 h 30. Fermé le mardi. Tél. 05 59 72 52 18 ou 19.

Biscarosse - Le Musée de l'Hydraviation
Pour les amateurs de modèles réduits, des centaines de maquettes et pièces détachées bien présentées. Salle vidéo. Mais décevant, aucun vrai hydravion digne de ce nom n'est exposé, juste quelques ULM.

OJB

Mais d'abord rien de tel pour nous faire bouger que de nous donner en pâture de beaux avions ! C'est vraiment une période exceptionnelle, avec en plus le fameux Pilatus mauve TurboMingo de Nicolas Girardin. Si connu que les aéromodélistes de l'aéroclub de Mimizan en construisent une réplique volante de deux mètres d'envergure, à l'identique, avec sa déco de flamant psychédélique. Le "TurboMingo" trônera peut-être un jour à l'aéro-club à côté de la maquette de "l'Oiseau-Canari", entièrement jaune vif, posé en juin 1929 en panne d'essence sur la plage de Mimizan. Les pilotes, Assolant, Lefèvre et Lotti, venaient de réussir une traversée record et mouvementée de l'Atlantique Nord, deux ans après la disparition tragique en pleine mer de Nungesser et Coli avec leur "Oiseau-Blanc". Le petit bourg perdu de Mimizan vivait là les premiers jours de son épopée aéronautique.

Comme le dit O.J.B. : "Les paras viennent à Mimizan parce qu'ils s'y sentent bien, mais aussi parce qu'ils savent qu'ils vont faire le quota de sauts qu'ils ont décidé de faire : 10 sauts par jour, pas de problème. L'autre qui fait 3 sauts le matin, passe l'après-midi à la plage, puis revient sauter le soir, pas de problème non plus. On arrivera toujours à faire ce qu'ils ont envie. C'est la raison pour laquelle je prends deux avions, parce que je sais qu'en juillet-août j'ai du monde, 50 à 100 personnes tous les jours, et qu'il faut qu'ils sautent autant qu'ils veulent. Ce qui m'importe, c'est que les gens qui viennent soient satisfaits, qu'ils puissent s'amuser à sauter en groupe de tranche arrière, avec des bouées ou des dinghys, ou comme ils veulent. Et tout le monde à 4200."

Et ça dépote vraiment : une moyenne de 8 à 10 Twin et 15 à 20 Pilatus par jour. Une grosse journée, c'est 15 Twin et 15 Pilatus. Même lors d'une journée d'essai turbine, on a vu le Casa décoller pour 5 rotations dès que le capot moteur a été à peine refermé ! Et pour faire tourner tout ça, 6 moniteurs dont 3 brevets d'État permanents : David Ammour et Marc Henriot pour l'école O.J.B., et Davy Ebrard en indépendant. Avec Cédric Michelena et Dorothée Noël, l'équipe est au grand complet. De quoi avoir des histoires à raconter le soir, lors du repas autour des grandes tablées bruyantes et chaleureuses. À Mimizan, on croise aussi des pointures du milieu para, Philippe Vallaud venu y faire de l'initiation free-fly, Cyril Lancry le commercial PF qui y passe trois fois par an avec sa gentillesse habituelle pour faire essayer son matériel, le fameux Benzo dans son domaine privilégié, et bien d'autres.

Embarquement dans le Casa de Boogie Performance.

Mais j'ai aussi envie de dire que Mimizan n'est pas qu'une piste en dur vibrante du hurlement des turbines surchauffées, au ciel déchiré par une horde d'allumés qui se jettent par la portière. Sous nos pieds, les pinèdes s'étendent immenses à l'infini, frangées par les plages dorées de l'océan. À la cime des arbres, pigeons, buses et corbeaux se partagent un ciel de branches et d'ombres mouvantes. Sous les pins les fougères humides, les pommes de pins rognées par les écureuils, et la bruyère vert tendre portant ses clochettes mauves. Dans les parfums de résine et de bois frais, au coucher du soleil sortent des fourrés de petits groupes de chevreuils peu farouches. Faisans, renards, couleuvres à reflets bleus, sangliers hostiles, toute une faune invisible tapie dans l'ombre ou les maïs suit le décollage des avions et les évolutions sous voiles des paras. Mais nous, de si haut, les voyons-nous encore, fascinés que nous sommes par le simple rai du soleil tombant à l'ouest dans les eaux du couchant ?



Groupe de chute assis avec O.J.B.

O.J.B., l'interview express

ParaMag : Le plus surprenant à Mimizan, c'est qu'on y enregistre une progression fulgurante des sauts, malgré le manque d'installations en dur et un confort au sol vraiment minimum.
O.J.B. : C'est clair, on n'a pas évolué au niveau installations depuis trois ans. Mais ça va changer, le hangar para est en construction, avec sanitaires, parking, un atelier immense, une zone nickel pour plier les secours, etc. On s'y installera en octobre (N.d.l.r. : le bâtiment est effectivement terminé au moment où nous mettons sous presse, les photos suivront dans notre prochain numéro) et nouveauté cette année, on restera ouvert pendant l'hiver avec un deuxième Pilatus qui permettra de maintenir l'activité en parallèle avec le Sénégal. L'année prochaine, j'espère pouvoir mettre en place un vrai camping, avec sanitaires, douches, etc. Et plus tard un gîte à côté du hangar para.

ParaMag : Et le nombre de sauts progresse toujours autant ?
O.J.B. : Oui. J'ai créé O.J.B. Parachutisme en mai 99. Cette année-là, on a fait 5 200 sauts à Mimizan, sans le Sénégal puisque l'hiver était fini. C'était le début, on a quand même galéré un peu. En 2000, on a eu l'avion toute l'année, plus de 10 000 sauts à Mimizan, et 15 300 sauts avec le Sénégal. Pour 2001, la prévision est de 20 à 22 000 sauts : on a passé les 18 000 fin juillet, dont pour la première fois plus de 5 000 au Sénégal. Pour l'équipe de France de Voile Contact, ça leur a bien réussi : champions du monde à 8 en 2001, et médaille d'argent à 4 en rotation et en séquence. Pour eux le stage d'hiver au Sénégal, c'est une période importante, ils savent qu'ils peuvent y faire le maximum de sauts. D'ailleurs l'équipe nationale de Hollande vient aussi s'entraîner. Les dates 2002, ce sera du 15 décembre au 15 mars.

ParaMag : Tu penses pouvoir faire encore mieux ?
O.J.B. : Je vais essayer, bien sûr. Pour l'avion, l'idéal serait un Pilatus rapide A34, comme celui de Mike : avec 4 rotations à l'heure, je pourrais monter tout le monde à 4 500 pour 140 F le saut, ce serait super. Sinon à partir du 1er janvier, un déclencheur de sécurité de type Cypres, FXC ou autre sera obligatoire à Mimizan. Côtés combinaisons et pantalons O.J.B., Séverine a des commandes en permanence. Les gens qui viennent sauter à Mimizan sont prioritaires, ils l'ont en 2 jours. Le délai pour les commandes à distance ? Une semaine en général, parfois 15 jours l'été. Les tissus africains, je les ramène du Sénégal, c'est là qu'on trouve les plus beaux. Ils servent juste aux motifs décoratifs, le tissu principal, c'est un coton qui résiste très bien en chute.

OJB