![]() Au mileu des pinèdes et des maïs, les chuteurs ne disposaient que de tentes et installations sommaires. Mais c'est du passé car le hangar est maintenant construit. |
Pour sa troisième saison, le centre de Mimizan joue déjà dans la cour des grands. Avec plus de 20 000 sauts annoncés en 2001, et même si l'on retire les 5 113 sauts effectués au Sénégal, cela représente une progression fulgurante. Retour sur un des moments chauds de l'été 2001, avec la présence d'un gros porteur durant deux mois (nous n'avons pas eu la possibilité d'aborder ce sujet plus tôt, tant mieux, ça nous réchauffera à l'approche de l'hiver...), retour à Mimizan.
Par Francis Heilmann |
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Même de loin, impossible d'échapper à la voix forte qui accélère l'équipement des élèves. "Mets une 200 sur un des deux parapentistes, comme ça ils iront se poser plus loin, avec eux il n'y a pas de souci", Bonne humeur, décontraction totale et réalisme, c'est sûr, on est bien de retour à Mimizan ! -- "Il reste une place dans le quatrième avion après le plein... Encore une place, qui en veut ?". Pas besoin de mégaphone à O.J.B., le King de la chute assis, et maître chez lui, pour nous rappeler qu'on est venu là pour sauter... D'autant que ces avions-là, on ne les voit pas tous les jours sur nos centres habituels. Au royaume du free-fly et de la chute assis, l'affluence du moment est aussi due à l'événement, deux mois de gros porteurs tout l'été à Mimizan. Dès la mi-juillet, le Twin Otter de Charly Baum, de retour d'Ampuriabrava, était sur place. Et Nicolas Gillet a enchaîné à mi-août avec le Casa Boogie Performance, reconnaissable à son étoile rouge, souvenir du tournage du dernier James Bond. La Desperado, l'ambiance et la fête, on aime bien...
Mais d'abord rien de tel pour nous faire bouger que de nous donner en pâture de beaux avions ! C'est vraiment une période exceptionnelle, avec en plus le fameux Pilatus mauve TurboMingo de Nicolas Girardin. Si connu que les aéromodélistes de l'aéroclub de Mimizan en construisent une réplique volante de deux mètres d'envergure, à l'identique, avec sa déco de flamant psychédélique. Le "TurboMingo" trônera peut-être un jour à l'aéro-club à côté de la maquette de "l'Oiseau-Canari", entièrement jaune vif, posé en juin 1929 en panne d'essence sur la plage de Mimizan. Les pilotes, Assolant, Lefèvre et Lotti, venaient de réussir une traversée record et mouvementée de l'Atlantique Nord, deux ans après la disparition tragique en pleine mer de Nungesser et Coli avec leur "Oiseau-Blanc". Le petit bourg perdu de Mimizan vivait là les premiers jours de son épopée aéronautique. Comme le dit O.J.B. : "Les paras viennent à Mimizan parce qu'ils s'y sentent bien, mais aussi parce qu'ils savent qu'ils vont faire le quota de sauts qu'ils ont décidé de faire : 10 sauts par jour, pas de problème. L'autre qui fait 3 sauts le matin, passe l'après-midi à la plage, puis revient sauter le soir, pas de problème non plus. On arrivera toujours à faire ce qu'ils ont envie. C'est la raison pour laquelle je prends deux avions, parce que je sais qu'en juillet-août j'ai du monde, 50 à 100 personnes tous les jours, et qu'il faut qu'ils sautent autant qu'ils veulent. Ce qui m'importe, c'est que les gens qui viennent soient satisfaits, qu'ils puissent s'amuser à sauter en groupe de tranche arrière, avec des bouées ou des dinghys, ou comme ils veulent. Et tout le monde à 4200." Et ça dépote vraiment : une moyenne de 8 à 10 Twin et 15 à 20 Pilatus par jour. Une grosse journée, c'est 15 Twin et 15 Pilatus. Même lors d'une journée d'essai turbine, on a vu le Casa décoller pour 5 rotations dès que le capot moteur a été à peine refermé ! Et pour faire tourner tout ça, 6 moniteurs dont 3 brevets d'État permanents : David Ammour et Marc Henriot pour l'école O.J.B., et Davy Ebrard en indépendant. Avec Cédric Michelena et Dorothée Noël, l'équipe est au grand complet. De quoi avoir des histoires à raconter le soir, lors du repas autour des grandes tablées bruyantes et chaleureuses. À Mimizan, on croise aussi des pointures du milieu para, Philippe Vallaud venu y faire de l'initiation free-fly, Cyril Lancry le commercial PF qui y passe trois fois par an avec sa gentillesse habituelle pour faire essayer son matériel, le fameux Benzo dans son domaine privilégié, et bien d'autres.
Mais j'ai aussi envie de dire que Mimizan n'est pas qu'une piste en dur vibrante du hurlement des turbines surchauffées, au ciel déchiré par une horde d'allumés qui se jettent par la portière. Sous nos pieds, les pinèdes s'étendent immenses à l'infini, frangées par les plages dorées de l'océan. À la cime des arbres, pigeons, buses et corbeaux se partagent un ciel de branches et d'ombres mouvantes. Sous les pins les fougères humides, les pommes de pins rognées par les écureuils, et la bruyère vert tendre portant ses clochettes mauves. Dans les parfums de résine et de bois frais, au coucher du soleil sortent des fourrés de petits groupes de chevreuils peu farouches. Faisans, renards, couleuvres à reflets bleus, sangliers hostiles, toute une faune invisible tapie dans l'ombre ou les maïs suit le décollage des avions et les évolutions sous voiles des paras. Mais nous, de si haut, les voyons-nous encore, fascinés que nous sommes par le simple rai du soleil tombant à l'ouest dans les eaux du couchant ?
ParaMag : Et le nombre de sauts progresse toujours autant ?
ParaMag : Tu penses pouvoir faire encore mieux ? |