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Boogie à la Suédoise

En Suède, l'Hercules Boogie existe depuis 1982. Il est reconduit pratiquement tous les deux ans. Cette année fut la huitième édition de cet événement que les Scandinaves attendent toujours avec impatience.


Par Patrick Passe- Photos Wendy Smith


La Suède est un pays étonnant, surtout au moment de la transition hiver/été. La métamorphose des saisons a souvent lieu peu avant l'Hercules Boogie. Si par malchance l'été est en retard, le boogie peut se dérouler sous la grisaille. L'hiver suédois s'étire interminablement sur six mois de l'année au cours desquels il fait nuit de 15 h 30 à 10 h le lendemain matin. Le froid sec avoisine les -20 degrés. Les parachutes restent dans les placards et l'Hercules Boogie annoncera le début de l'été. «Le boogie se déroule un peu trop tôt» disent les Suédois, «en fin mai, on peut encore avoir des nuages, de la pluie et du froid...»

Une métamorphose rapide

Mais la transition se fait très vite et 3 ou 4 jours suffisent pour marquer l'arrivée des beaux jours, chauds et lumineux. Subitement, le ciel bleu limpide ne filtre plus les chauds rayons du soleil. En quelques jours, les arbres bourgeonnent, l'herbe grandit et la peau blanche des Scandinaves brunit. En l'espace d'une petite semaine, la Suède fleurit et devient un pays chaud jusqu'en septembre. En plus de cette métamorphose, les jours rallongent étonnement vite. A la fin de l'Hercules Boogie, ils sont 3 heures plus long qu'au début. Interminablement, le soleil se couche vers 23 heures pour se lever à 2 heures du matin. Durant ces courtes nuits, l'horizon reste plongée dans des teintes violettes et orangées. C'est le club parachutiste de Göteborg qui organise le boogie, en association avec l'armée Suédoise qui met à sa disposition un Hercules C-130. La manifestation se déroule au sud du pays, sur un vaste terrain vert et sans trafic, situé à quelques kilomètres de Lidkoping, petite ville pleine de charme bordant un immense lac large dÕenviron 200 kilomètres. «Cette année, nous mettons l'accent sur l'organisation des sauts en vol relatif» disent les organisateurs du boogie «Nous avons fait appel à 12 organisateurs de sauts reconnus et qualifiés. En effet, l'an passé, le succès de l'Hercules Boogie était en baisse et un grand nombre de participants fut mécontent de la qualité des sauts. Sans loadmaster, les gens sautent entre eux en petits groupes et ne profitent pas suffisamment des avantages d'un gros porteur ainsi que des sauts en grande formation».

Un choix judicieux

Leur choix fut judicieux car à l'issue du boogie un grand nombre de personnes manifeste une vive satisfaction vis à vis de l'organisation des sauts. Sur les 575 inscrits, il y a 95% de relativeurs, une dizaine de free flyers, encore à la recherche du tube vertical, une poignée de chuteurs assis et pas du tout de surfers. Le vol relatif a encore de beaux jours devant lui et les Scandinaves sont toujours animés par le désir de découvrir les premiers piqués, les premiers sauts de grande formation à 20 ou l'enchaînement magique de quelques points à 30, 40 et plus. Le niveau des groupes est équivalent à ceux du boogie de Vichy, 3 ou 4 ans en arrière. On peut y apprendre les bases du vol relatif en nombre et y faire des sauts de 2 à 5 figures pour des groupes d'une dizaine à une quarantaine de personnes. Sur le terrain, on y rencontre des visages connus tel que des membres ou ex-membres des équipes nationales de vol relatif danoises,finlandaises, hollandaises, norvégiennes, suédoises. On y rencontre aussi le fabricant Larsen & Brusgaard, promouvant la sortie prochaine du nouveau modèle Dytter, Bushman Anderson représentant Performance Designs, Yves Négrié représentant Parachutes de France et commençant ici sa tournée des plus importants boogies européens, ainsi que Christophe Rançon, nouveau directeur export de chez PF, présent en Suède pour y rencontrer les distributeurs du constructeur français. Jerry Bird, père du vol relatif, est aussi présent en temps quÕorganisateur de sauts. A 57 ans, avec sa barbichette et ses longs cheveux blonds qui recouvrent sa nuque, il ressemble à un Buffalo Bill ayant enfourché tous les avions et chevauché tous les nuages. On le côtoie avec respect et amitié.

Un vrai boogie

L'Hercules Boogie a le visage d'un vrai boogie : les bâches de pliage tapissent une grande superficie, les marchands d'accessoires et de tee-shirts déballent leurs marchandises, tentes et caravanes forment un petit village. Dans le ciel on entend régulièrement le bruit sourd de la chute et des voiles en phase d'ouverture, le soir la bière coule à flot, la restauration est moyenne, la projection des sauts de la journée est attendue avec impatience sur l'écran géant, et la fête façon Scandinave se déroule sainement, au rythme d'un orchestre rock'n roll.

Les quatre premiers jours du boogie furent frileux, entrecoupés de pluies, de ciel gris et froid, avec un plafond permettant toutefois quelques largages à 4 000 mètres. Le sauna du soir était bienvenu. Le soleil de minuit Puis l'été scandinave est arrivé au beau milieu du boogie, on sautait alors toute la journée en tee-shirt sous la combinaison, et le soir on regardait le soleil se coucher lentement, un peu avant minuit. Organisé à seulement 1 000 kilomètres au sud du cercle polaire arctique, on n'imagine pas facilement que l'Hercules Boogie puisse avoir quelque chose de magique... C'est pourtant le cas, si toutefois l'été est au rendez-vous comme il le fut cette année.

Fonctionnement et déroulement :
  • Altitude de largage annoncée : 4 000 m, très souvent 4 300m
  • Enregistrement : équivalent à 400 FF
  • Prix du saut : équivalent à 75 FF
  • Largages de 9 h à 20 h
  • 90 décollages de l'Hercules, soit 7 058 sauts
  • 80 paras à bord, largages sur 2 passages
  • Aucun accident
  • Organisateurs de sauts : Jerry Bird, Éric Fradet, Johan Hansson, Marc Hess, Gareth Holder, Rickard Janz, Dieter Kirsh, Sandy Mac Robbie, Per Myrin, Wim Vanparaijs, Patrick Passe, Markku Teivainen

    Parmi les 575 participants : 56 Allemands, 17 Américains, 4 Anglais, 10 Australiens, 10 Belges, 2 Canadiens, 85 Danois, 28 Finlandais, 5 Français, 2 Grecs, 10 Hollandais, 3 Irlandais, 66 Norvégiens, 2 Russes, 271 Suédois, 4 Suisses.



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