Par Patrick Passe
Premièrement, Nicolas Gillet (Boogie Performance) achète cet hiver deux Casa, dont l'un sera consacré à l'activité parachutiste, parallèlement au Super Skyvan que la société possède déjà. Deuxièmement, Joël Cruciani (Espace Boogie) tente une association avec Boogie Performance pour l'organisation de ce boogie de Printemps. Pourquoi pas, Boogie Performance possède les avions idéaux, un style et un savoir faire adoptés par une clientèle non négligeable. Espace Boogie possède 10 années d'expérience, de très nombreux fidèles et un système d'organisation de sauts qui continue de faire ses preuves. Ensemble, ils organiseront certainement un gros boogie. Troisièmement, il reste à déterminer le lieu. Ça aurait pu être Pujaut, comme l'an passé, mais il semble que le tandem Boogie Performance/Espace Boogie n'ait pas trouvé de consensus avec le centre. En revanche, Corbas est intéressé. Le boogie de mai se déroulera donc en région lyonnaise, du 1er au 11 mai. De leur côté, les dirigeants du centre de Pujaut ne se dégonflent pas : du 5 au 11 ils mettent en place un Skyvan luxembourgeois, avec le soucis toutefois de payer les frais fixes d'une location, que ça tourne ou pas. Par courtoisie, Pujaut annonce que leur «rassemblement» (ils n'annoncent pas un «boogie») sera différent de celui de Corbas, axé davantage vers la chute assis, le free fly, le free style et le skysurf. De plus, Benoît Laurent, président de l'ASAF (Air France), a promis au centre une bonne quarantaine de clients.
Sortie du Casa. Photo Wendy Smith
Corbas, premier jour du boogie. Dès 8 heures du matin, tout est en place. Le centre a fait du bon travail, l'endroit est accueillant. De toute évidence, les membres de Corbas ont sérieusement préparé le terrain et les locaux pour que les itinérants Boogie Performance/Espace Boogie puissent mener aisément leur danse de printemps. C'est un plaisir de retrouver Claude Daviet (chef de centre à Corbas) et son sourire d'avant boogie, qui ne s'estompera que s'il y a trop d'ouvertures basses. Claude connaît bien ce genre de manip, et il saura être souple, tendre et ferme à la fois. La fête peut commencer ; le Super Skyvan et le Casa de Boogie Performance sont prêts à tourner. Le système d'organisation de sauts, que j'anime pour Espace Boogie depuis maintenant 8 ans, va une fois de plus se mettre en marche et accueillir environ 60 personnes tout au long de ces 11 jours. Jacques Cosma et Jeff Ronzevalle y seront loadmasters (1). Olivier Jean Baptiste est suivi par ses fidèles chuteurs assis. Nicolas Gillet sera chef d'orchestre du boogie, gérant l'avionnage des deux avions et le déroulement de la manip.
La fête peut commencer
Une seule personne manque : Joël Cruciani, le grand manitou des boogies. Nous reviendrons plus tard sur cette absence. Pour la plupart des parachutistes venus à Corbas, ce boogie est pratiquement leur début de saison. Nous sommes pourtant au mois de mai et ils ne totalisent guère plus d'une vingtaine de sauts. La pratique de notre sport «version loisir» diffère chaque année davantage. Le prix élevé des sauts, la vie de famille, l'intention de ne pas perdre de temps sur un terrain où la météo est moyenne et le désir de faire autre chose que du parachutisme incitent les gens à ne plus sauter systématiquement tous les week-end, mais plutôt par période. Ainsi, bon nombre de relativeurs n'étant pas en équipe préfèrent être encadrés en sautant au sein d'une structure leur proposant un organisateur de sauts qui s'occupera de tout : réunir un groupe, briefer et debriefer, avionner et surtout concevoir un saut qui marchera. Ils acceptent donc de payer 20 ou 30 francs de plus si ce service leur est rendu, et bien rendu. De plus en plus, le parachutiste moderne devient un vrai consommateur qui évalue le temps passé ainsi que le rapport qualité/prix.
Les quatre premiers jours du boogie de Corbas sont ensoleillés, l'ambiance est excellente, l'équipe est organisée et les sauts s'enchaînent rapidement. Comme à son habitude, OJB anime avec succès de jolis sauts de 8 à 10 en chute assis. En vol relatif, trois groupes sont organisés. Jacques Cosma apprend les bases de la grande formation à une douzaine de personnes totalisant en moyenne 200 à 300 sauts. Jeff Ronzevalle et moi organisons des sauts de 18 à 22 qui tournent entre deux et cinq points pour les intermédiaires et les expérimentés. Nous ferons deux sauts à 40 avec le Casa et le Skyvan larguant en formation. Pour certain(e)s, ce type de sauts est une première ; cÕest toujours important. Le troisième jour du boogie, en fin de matinée, alors que le vent du Sud devient trop fort, nous nous déplaçons tous à Chambéry. Les plus chanceux s'y rendent avec le Casa, les autres suivent en voiture. Chambéry vu du ciel, vertical le lac, c'est sans aucun doute l'un des plus beaux terrains de France, avec les montagnes enneigées à l'horizon et les falaises escarpées à proximité. Pascale Favier nous accueille à bras ouverts. Chacun est heureux de pouvoir passer 3 à 4 sauts dans l'après-midi, alors qu'en région lyonnaise la manche à air est à l'horizontal. Le dernier jour de ce long week-end du 1er mai se déroulera de nouveau à Corbas, sous le soleil.
Le cadeau de la météo aux participants du boogie : une journée de sauts au-dessus du Lac du Bourget, près de Chambéry.
Photo Wendy Smith
Il y aura eu au total 44 rotations de Casa, 36 de Skyvan, soit 1 770 sauts pour 174 participants. Ce boogie de printemps a vraiment bien commencé. La plupart des participants retourne bosser mais ils seront de retour pour le long week-end du 8 mai qui s'annonce être un grand succès, avec en plus la rencontre nationale d'une cinquantaine de POPS. Lundi, mauvais temps. Mardi, mauvais temps et mauvaise nouvelle. Le centre de Corbas reçoit un fax de la DGAC (2) interdisant les largages des avions Boogie Performance stipulant : «l'empiétement sur les couloirs aériens et nuisance aux riverains durant le week end du 1er mai». Après une longue demi journée de réflexion qui n'aboutit sur aucune solution de remplacement, la décision est prise d'annuler le boogie. Organisateurs et participants sont profondément déçus, surtout après le vif succès du premier week-end : on aurait bien remis ça le suivant !
Direction Pujaut...
Bien que la météo à venir ne semble pas favorable sur l'ensemble de la France, les parachutistes présents sur le terrain ne conçoivent pas de rentrer chez eux . Entre chuteurs assis et relativeurs, une trentaine de personnes décident donc d'émigrer à Pujaut pour y sauter du Skyvan et poursuivre leur semaine sur un air de boogie. OJB et moi suivons avec plaisir pour continuer à organiser nos groupes respectifs. Pujaut, le charme de la Provence, un petit paradis pour parachutistes, sur un grand terrain verdoyant avec son camping aménagé et un bar-resto chaleureux. Il est bon de s'y retrouver, par exemple pour l'arrosage du 6000ème saut d'Alain Burnel ou une soirée barbecue.
Les «rescapés» de Corbas, vertical Pujaut.
Photo Wendy Smith
À Pujaut, on se sent en vacances. Un grand merci au centre pour avoir su accueillir chaleureusement les «rescapés» de Corbas qui ont toutefois permis de faire voler davantage le Skyvan luxembourgeois. Le malheur des uns accordant plus de bonheur aux autres. Nous y avons fait individuellement environ 25 sauts. Du 5 au 11 mai, Pujaut a totalisé 73 rotations de Skyvan, 16 Pilatus soit un total de 1 876 sauts. Tout compte fait, le boogie de printemps ne s'est pas si mal passé... Pour ceux qui se sont accrochés !
(1) Loadmasters : Organisateurs de sauts.
(2) DGAC : Direction Générale de l'Aviation Civile.
À Pujaut, le passager Walter a retrouvé ses ailes au cours d'un saut mixte «tandem - surf - chuteur assis et à plat».
Photo Alain Burnel
Prologue : et Joël Cruciani ?
Retenu à Madagascar, où il était occupé
à mettre en place un Antonov 72 pour une société de
production, Joël Cruciani est arrivé à Corbas le 8 mai.
Et c'est avec ce fameux Antonov qu'il s'est posé à Bron (à
quelques kilomètres de Corbas) : une surprise de taille quÕil
avait réservée aux participants du boogie à qui il
voulait présenter la «bête». L'Antonov 72 est
un avion biréacteur, tranche arrière, qui monte à
5 000 mètres en 15 minutes, emportant environ 80 personnes à
bord. CÕest cet avion que Joël Cruciani prévoit de mettre
en place pour son boogie de Vichy.