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Nous sommes dans le ciel de Brienne-le-Château, durant le mois de juillet 2005. Comme presque tous les week-ends, l’équipe de vol relatif à 4 Brienne-le-Château, s’entraîne et la voici maintenant sur axe pour son quatrième saut de la journée. Bien que physiquement douloureux pour l’un des équipiers, l’accident raconté ci-dessous n’eut aucune conclusion dramatique.

      Par Patrick Passe
      Images Sébastien Laracine



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Images 1 & 2 : L’équipe de Brienne sort une figure directe du Twin, un Sidebody. Elle a pris l’habitude de sortir les figures directes avant même qu’elles ne reviennent dans le règlement national. Ils se débrouillent donc bien et ce Sidebody est lâché dans le souffle de l’avion, soit deux secondes après la sortie. C’est un saut qui commence plutôt bien.

Images 3, 4 & 5 : L’équipe enchaîne maintenant sur le bloc 19, Ritz-Icepick, avec une transition imposant des rotations quasi-complètes pour les deux binômes. Pour gagner du temps dans l’exécution de cet inter, Brienne utilise une technique avancée, le dessus-dessous. Durant la rotation, cette technique consiste à avoir un équipier de chaque binôme passant l’un au-dessus de l’autre durant leur croisement. Ainsi, plutôt que de créer l’écart, les deux binômes tournent à proximité et ferment la figure suivante plus rapidement. Dans l’exécution du dessus-dessous, et parce qu’il est le plus léger, c’est généralement Loïc (parachute bleu, en haut à gauche) qui passe au-dessus de Corinne (parachute turquoise, en bas à droite).

Image 6 : Les deux binômes engagent leur rotation, mais la situation n’est pas idéale pour réaliser le passage dessus-dessous tel que l’équipe l’a briefé, soit Loïc passant au-dessus de Corinne. Loïc est ici sous le niveau de Corinne alors que ça devrait être plutôt le contraire.

Image 7 : L’équipe de Brienne n’a jamais eu de problème particulier pour réaliser ce bloc. Mais, cette fois, Corinne constate que Loïc se trouve plus bas qu’elle, alors que les rotations sont déjà bien engagées. Par conséquent, elle choisit de passer au-dessus en pensant que Loïc réagira en passant dessous. Loïc ne change pas son travail et persiste à passer au-dessus. Le sort en est jeté.

Image 8 : L’équipe enchaîne maintenant sur le bloc n°1, Flocon-Offset, avec un inter imposant également une rotation à 270 degrés pour les deux binômes en Cater. Pour une parfaite exécution, ce bloc demande un passage dessus-dessous très prononcé pour les queues de Cater qui sont également Corinne et Loïc. Ce dernier se sent en retard sur la construction du Cater, tandis que Corinne est bien placée dans les jambes de son équipier. Elle est prête à envoyer la rotation durant laquelle elle est supposée passer les jambes en-dessous de celles de Loïc. Celui-ci devrait donc anticiper et être plutôt "léger" dans les jambes de son coéquipier. Mais son petit retard ne lui permet pas de se placer ainsi.

Image 9 : Les deux queues de Cater veulent faire exactement le même travail, soit passer l’un au-dessus de l’autre. Embarqués dans la vitesse de rotation et se trouvant au même niveau, la collision entre Corinne et Loïc est maintenant inévitable.

Image 10 : La collision est violente. La cuisse de Loïc entre en contact avec la hanche de Corinne. Le fémur de Loïc se casse net sous le choc et sa jambe subit une déformation latérale en allant se coucher sur les fesses de Corinne. Impressionnant et certainement très douloureux...

Images 11, 12 & 13 : “J’ai reçu un gros flash électrique allant du pied gauche jusqu’à la main gauche, explique Loïc. J’ai senti mon genou partir sur le côté et j’ai tout lâché sous le choc et la douleur. Mes coéquipiers semblent vouloir continuer le saut et, inconsciemment, je reviens vers eux pour faire de même.”

Image 14 : “Mais j’abandonne rapidement cette idée car j’ai vraiment mal. Je sens ma jambe qui flotte et je suis incapable de la tenir en place.”

Images 15 et 16 : Loïc sent qu’il a un problème à gérer. Sa jambe brisée au niveau du fémur l’empêche de se diriger avec précision. Mais, sans paniquer, il pense plutôt à ce qu’il serait judicieux de faire maintenant. Ses coéquipiers ont compris qu’il était en difficulté sans connaître vraiment la raison. Ils se dirigent vers lui pour l’assister.

Image 17 : "Jean-Jacques et Cocol m’attrapent afin de s’assurer de mon état, reprend Loïc. Ils constatent que ça va. Je crois que c’est mon genou et les ligaments qui sont endommagés. Je sens que je ne contrôle plus ma jambe et je pense que c’est l’articulation qui a lâché. Je ne pense pas à une fracture car je me suis déjà fait opérer des ligaments croisés auparavant et je crois qu’ils ont à nouveau lâché. En revanche, je peux bouger les doigts de pieds. Nous sommes à peu près à 2000 mètres.Je mets la main sur le hand deploy pour être prêt à tirer, mais je veux continuer à chuter."

Image 18 : " J’analyse rapidement la situation et je ne tiens pas à tomber dans les pommes en étant pendu trop haut ou parce que je passe trop de temps sous voile. De plus, je me souviens qu’il y a des élèves derrière nous qui vont tirer à 1200 m." Encadré par ses coéquipiers, Loïc attend donc d’être à 1200 m pour tirer.

L’ouverture ne se passe pas trop mal et sans trop de douleur, mais Loïc sent qu’il ne contrôle pas du tout sa jambe. Elle ballote dans tous les sens. Après l’ouverture, il se concentre pour ne pas perdre conscience. Il ouvre son casque pour avoir de l’air. Puis il se prépare à l’atterrissage en réalisant une approche classique et en sachant que sa jambe gauche ne portera pas son poids au posé. Il se réceptionne sur la jambe droite et se laisse tomber sur le côté dans une sorte de roulé-boulé. Ensuite, il est emmené à l’hôpital où on lui apprend finalement que c’est le fémur qui est cassé.

En sachant que le fémur est l’os le plus solide du corps humain, on imagine aisément la violence du choc. Quant à Corinne, elle n’a absolument rien eu, même pas un bleu. " Nous avons supposé que le choc s’est produit sur l’anneau métallique reliant la cuissarde au harnais de Corinne, explique Loïc, ou alors au niveau de la partie inférieure de son conteneur, sur lequel ma cuisse aurait fait appui. "

En séquence, les chocs ou collisions sont parfois le tribut à payer suite à un mauvais jugement dans la réalisation de certaines transitions entre deux figures ou plus souvent de certains blocs avec des rotations. Il faut souligner l’excellente réaction de Loïc, qui malgré le choc et la douleur, analyse du mieux qu’il peut la situation et prend les bonnes décisions.

Le mot de la fin revient à Davide Moy, champion du monde en V.R.4, qui conseille de refuser le passage du bloc si le choc semble inévitable, surtout à l’entraînement. Il vaut mieux faire un mauvais saut, plutôt que de gâcher une partie de sa saison, comme nous le prouve cette histoire.



Cette rubrique est ouverte à tous. Si vous avez des images intéressantes, n’hésitez pas à nous contacter. La rédaction de ParaMag remercie Christian Planque et l’équipe Brienne-le-Château qui ont accepté de publier ces images ici. Elles permettront peut-être à d’autres parachutistes d’éviter un incident du même genre.



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