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Nous sommes quelque part en France durant une étape de la coupe de France de vol relatif
à 4, au cours de la saison 2004. Le temps exécrable est finalement ébréché par un ciel plus dégagé. Le Skyvan est sur axe avec quatre équipes à son bord. En altitude, la température saffiche en dessous de zéro. Les jeunes espoirs de Royan sont les premiers à partir.
Par Patrick Passe
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Image 1 : Sur la tranche arrière du Skyvan, léquipe Espoir Royan se met en place pour une sortie étoile. Aux premières loges, léquipe "Les Turbulents" de Laon assiste à leur départ. La caméra de Sébastien, vidéoman de léquipe, est en marche afin quil soit prêt à se mettre en place juste après le départ de cette première équipe. Image 2 : Léquipe Espoir Royan est partie. Sébastien savance à son tour vers le bord de la tranche avec ses coéquipiers. En observant le départ des jeunes espoirs, il réalise immédiatement que quelque chose danormal est en train de se produire. Non seulement, la figure qui vient dêtre emportée par le vent relatif de lavion semble être disloquée, mais une silhouette se dessine au niveau du flanc droit de lavion, avec la plupart du corps se trouvant du côté extérieur. Image 3 : Dans le vrombissement des turbines, la voix de lun des membres de léquipe "Les Turbulents" se fait entendre "Oooooh... meeeerde !" Ceux qui sont au bord de la tranche réalisent exactement ce qui vient de se passer. Arnaud, flotteur droit de léquipe Espoir Royan, semble être resté accroché au Skyvan juste après le départ de lensemble de léquipe. Lun des coéquipiers (en bleu) regarde vers lavion quil vient de quitter et il doit aussi comprendre la raison de cette mauvaise sortie. Image 4 : Arnaud tourne la tête pour tenter danalyser ce qui lempêche de partir en chute. Daprès ce quil peut voir, un élévateur ou le groupe délévateur gauche sest fait attraper par un des deux crochets métalliques qui soutiennent de chaque côté la lourde porte du Skyvan lorsque celle-ci est fermée. Ces crochets sont positionnés assez loin du bord de la tranche. Placés sur les parois intérieures de lavion, ils peuvent toutefois savérer être un piège au moment où les parachutistes sen expulsent. Afin déviter ce genre daccident, ils doivent être impérativement rétractés quand lavion effectue le largage (voir encadré). Image 5 : Sous leffet du souffle des hélices, Arnaud est ballotté de gauche à droite. Images 6 à 8 : Il ramène une main au niveau de lépaule puis la deuxième pour tenter de se libérer de lentrave... Mais la forme du crochet et le poids de son corps lempêchent de faire glisser la partie accrochée de son parachute. Aucun élément sur cette partie de lavion ne lui permet de se hisser. Il est bel et bien prisonnier. Image 9 : Sébastien, le vidéoman des "Turbulents" et premier témoin, se tourne vers lintérieur de lavion pour tranquilliser quelques compétiteurs qui tentent de savancer vers la tranche arrière pour voir ou comprendre ce qui se passe. Image 10 : Arnaud tente maintenant une autre solution. Il ramène la main droite sur sa poignée de libération et la tire. Si ce sont les élévateurs de la voile principale qui sont crochetés, une fois libérés, il pourra peut-être partir en chute. Il tire la poignée, mais il reste toujours accroché. Images 11 et 12 : Le crochet est trop loin pour être accessible à quelquun qui essaierait de latteindre. Une longueur de bras ne suffit pas non plus pour attraper Arnaud, même sil tend le bras. Lun des membres de léquipe allonge alors la jambe en espérant que la longueur du membre sera suffisante pour quArnaud saisisse le pied et se hisse afin de se dégager. Arnaud jette sa poignée de libération pour tenter dattraper ce pied secourable. Images 13 et 14 : Le pied est également trop loin pour être saisi. Arnaud est ballotté de plus bel alors quil sénerve davantage pour essayer de se décrocher. La situation devient délicate lorsque environ 20 centimètres de suspente sont tirés à lextérieur du conteneur. Arnaud est certainement pendu par un élévateur ou un groupe délévateurs de sa voile de secours. Images 15 et 16 : Des mains se tendent à leur tour, mais Arnaud est trop loin. Son balancement ne fait quaccentuer la traction sur les suspentes dont une bonne cinquantaine de centimètres sont maintenant hors du sac. Image 17 : Stéphane, lun des équipiers des "Turbulents", se fait retenir par deux ou trois personnes afin de pouvoir savancer le plus possible vers Arnaud sans basculer dans le vide. Arnaud va enfin trouver une prise qui va lui permettre de se dégager. En tout cas il espère et il va pour saisir la main quon lui tend. Images 18 et 19 : Les deux mains se saisissent fermement puis, aidés par ceux qui le retiennent, Stéphane tire Arnaud vers lui, soulageant ainsi la tension que subit lélévateur ou le groupe délévateur. Images 20 à 22 : 40 secondes après le début de lincident, Arnaud peut enfin se dégager du crochet. Stéphane le tient encore quelques secondes afin de sassurer quil est bel et bien libéré, puis il le lâche. Libre, Arnaud part enfin en chute. Inquiet pour létat se son parachute après ce mauvais traitement, Arnaud ouvre la voile de la dernière chance très rapidement. Il est ouvert correctement au-dessus de 3000 mètres, sain et sauf. Après cet incident délicat, le Skyvan fera une nouvelle prise daxe pour larguer les autres équipes. Arnaud se posera "congelé" après avoir passé trop de temps sous sa voile de secours. Puis finalement, après latterrissage, il aura un dernier frisson lorsquil constatera que lélévateur par lequel il était pendu haut et court était bel et bien celui de son secours et quil fut cisaillé sur la moitié de sa largeur à cause du frottement sur les bords tant soit peu acérés du crochet. Il est très difficile de tout envisager quand un tel incident se produit et il nexiste évidemment pas de "procédure de dégagement du crochet". Mais en analysant la finalité de lhistoire, tranquillement installé dans son fauteuil en buvant un bon thé chaud, quelques questions viennent à lesprit, apportant des réponses regrettables si on imagine que lélévateur de secours sérieusement entamé dArnaud navait pas résisté au choc à louverture. Fallait-il libérer les élévateurs de la voile principale et ainsi "griller une bonne cartouche"? Ne fallait-il pas dabord tenter dentreprendre ce qui libéra finalement Arnaud ? Etait-il possible de mettre en oeuvre davantage dénergie afin de le ramener à bord de lavion en imaginant quune telle pendaison puisse sérieusement endommager une partie vitale du parachute ? Très facile de répondre lorsque la saveur du thé vient flatter les papilles gustatives. En 40 secondes, Arnaud et ceux qui lont aidé réussirent à faire en sorte que cet incident ne tourne pas à laccident. La seule chose dangereusement oubliée fut de relever ces crochets. Lincident présenté ici nest malheureusement pas le premier du genre. Nous occultons volontairement le type davion utilisé, car la vocation de cet article nest pas de déterminer à qui revient la faute mais plutôt de rappeler que la sécurité est laffaire de tous.
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