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Deux types d’incidents peuvent avoir des conséquences tragiques en chute libre : la collision et l’ouverture intempestive. Il faut donc anticiper, faire preuve de prudence. Même si parfois on est loin d’imaginer certaines anicroches...

      Par Patrick Passe
      Images Jean Vatopoulos



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Saison 96. Nous nous trouvons dans le ciel de San Vincenzo, en Italie, grâce à une vidéo qui nous a été récemment remise. Les images de Jean Vatopoulos, ici présentées, proviennent d’un archivage sur cassette VHS, alors qu’habituellement les articles Direct Live sont réalisés d’après un support numérique de meilleure définition. Au léger détriment de la qualité, nous avons quand même choisi de présenter ce témoignage en images tant il suscitera un intérêt certain, principalement auprès des compétiteurs en vol relatif, mais aussi auprès des adeptes d’autres disciplines où l’espace d’évolution s’élargit en trois dimensions.
Sous la caméra vidéo de Jean Vatopoulos, l’équipe Springo s’entraîne. Elle est constituée de quatre excellents relativeurs, ex-membres de l’équipe de France de vol relatif à 8 de 1989 à 1995 : Titou Auvray, Tony Muriana, Yves Négrier et Franck Vazille.


Image 1 : L’équipe Springo quitte l’avion et commence son saut de séquence avec énergie, à l’image de leur technique individuelle. Le programme du saut est choisi pour effectuer un travail de fond sur le bloc 17 (T Danois - Murphy) avec un Cater et un Cataccord en figures libres.


Images 2 à 4 : Une quinzaine de secondes après le début du saut, l’équipe Springo est dans son deuxième cycle. Elle effectue le bloc 17 avec succès en réalisant l’inter selon la méthode "dessus-dessous". Franck (combinaison jaune) passe au-dessus du trinôme en effleurant le sac de ses coéquipiers. En même temps qu’il effectue son tour à 180 degrés, il passe de l’autre côté du trio et ferme le Murphy. C’est réussi !


Image 5 : Le saut se poursuit avec fluidité. L’équipe en est à son 4ème cycle. Elle enchaîne à nouveau sur le bloc 17. T Danois, première figure du bloc: Franck se prépare à passer au-dessus du trinôme qui doit glisser sous lui. La technique du bloc 17 n’est pas des plus faciles. Elle demande une bonne synchronisation entre le trinôme et le solo, dès le départ du passage dessus-dessous.


Image 6 : Le passage dessus-dessous s’amorce mal pour différentes raisons techniques relatives à la réalisation du bloc. Alors qu’il amorce sa rotation à 180 degrés, Frank n’a pas suffisamment d’élan pour passer de l’autre côté du trinôme. Il tourne au-dessus de Yves, dans sa dépression. En perte d’appui sur le vent relatif, Franck tombe alors doucement sur le parachute de son coéquipier.


Image 7 à 10 : Mauvaise surprise. En s’appuyant, Franck a arraché l’aiguille qui ferme le conteneur de la voile de secours d’Yves. L’extracteur prend l’air alors que Franck ne s’est pas encore dégagé du chevauchement sur le dos de son partenaire. La drisse de liaison se tend sous l’aisselle de Franck qui, par ce fait, ne peut se dégager..


Images 11 à 17 : Le P.O.D. du secours est maintenant extrait. Le parachute de secours se met en pression alors que Franck est toujours en appui sur la nuque d’Yves. Franck ne peut toujours pas se dégager car la voile tire Yves vers le haut. Image 18 : Les deux coéquipiers subiront cet incident sans encombre. Yves se retrouvera pendu sous sa voile de secours, laissant ses trois coéquipiers en chute à environ 2 000 mètres d’altitude.


Cette ouverture intempestive s’est conclue par une franche rigolade entre les membres de l’équipe Springo, en regardant la vidéo au débriefing. Personne n’a subi la moindre égratignure, mais on imagine aisément le type de conséquence dramatique que peut engendrer un tel incident. Le vidéoman aurait pu être placé à la verticale de la scène. Franck aurait pu s’emmêler dans les suspentes ou la voile de secours d’Yves...

L’important dans l’analyse d’un incident, c’est la cause. Connaître la cause permet aux autres d’éviter et d’anticiper ce genre de mésaventure qui peut rapidement tourner au cauchemar. Pour ce saut d’entraînement en Italie, Yves utilisait un parachute de démonstration équipé d’un système L.O.R. Rappelons que le L.O.R. permet une mise en oeuvre automatique du secours immédiatement après la libération de la voile principale. En effet, chaque élévateur de celle-ci comprend une drisse reliée à une aiguille fermant le conteneur de secours. Celui-ci est donc fermé par deux aiguilles connectées bien entendu à la poignée de secours. En cas de libération, les deux drisses du système L.O.R. reliées aux élévateurs font office de sangle d’ouverture automatique dès que le parachutiste repart en chute. En conséquence, et pour garantir son fonctionnement à 100%, ce système perfectionné implique l’utilisation de deux loops de fermeture peu tendus. Ainsi, les deux aiguilles peuvent coulisser aisément et libérer les loops dès qu’elles sont sollicitées. Conséquemment à la sensibilité du système L.O.R. et au passage raté du bloc 17, Franck a facilement pu dégager les aiguilles des deux loops en créant une tension sur les câbles de celles-ci.

En conclusion, il ne s’agit pas de remettre en question les techniques modernes d’évolution en chute libre ou les systèmes de secours fiables tels que le L.O.R. La mésaventure de l’équipe Springo nous prouve simplement que le matériel utilisé doit être adapté aux évolutions modernes en chute. Les vols en trois dimensions sont maintenant fréquents, autant en freefly qu’en vol relatif. C’est donc de la fiabilité des systèmes de fermeture de nos conteneurs secours et principaux qu’il faut s’assurer. Les loops de fermeture doivent être en bon état. Ils doivent être changés dès qu’ils présentent des marques d’usure et d’effilochage afin d’éviter qu’ils se rompent. Ils doivent être suffisamment tendus pour empêcher que l’aiguille de secours s’en dégage au moindre choc ou frottement. Un parachute avec des loops de fermeture fragiles ou détendus peut être une bombe à retardement prête à exploser au visage de ses partenaires de vol.


Cette rubrique est ouverte à tous. Si vous avez des images intéressantes, n’hésitez pas à nous contacter. La rédaction de ParaMag remercie Jean et tous les autres videomen qui acceptent de publier leurs images ici. Elles permettront peut-être à d’autres parachutistes de ne pas refaire les mêmes erreurs. Remerciements particuliers à Sébastien Poulain qui a remis la main sur la bande vidéo de saut mémorable.



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