A l'altitude convenue de 1 500 mètres, Denis vient se replacer à la droite de son élève et lui tient la jambe pour assister louverture. Il lui confirme par le signal, simultanément elle a déjà commencé son geste. Nous en sommes à limage 3 de la série présentée ici et jusque là tout va bien.
Image 4 : Lélève a la main sur la poignée du hand-deploy : le geste est parfait, la position est bonne. Les jambes sont légèrement trop repliées vers le haut, mais ça nest pas bien grave...
Image 5 : Elle commence à extraire le hand-deploy. Le geste est légèrement orienté vers le bas, mais ça nest pas bien grave...
Image 6 : Lextracteur est complètement sorti de sa pochette et on distingue la drisse qui flotte derrière le pied droit.
Image 7 : Tout se joue à cet instant très précis : Par un hasard bien malheureux, la drisse frotte sur le pied et vient y former une boucle. À quelques centimètres près, lincident ne se serait jamais produit.
Image 8 : La seule tension de la drisse flottant dans le vent relatif suffit à créer un twist sur la drisse et à maintenir la boucle autour du pied. Des mains agiles nauraient pas fait mieux !
Image 9 : Lélève (qui na évidemment rien vu) lâche le hand-deploy. Linstructeur sest rendu compte de la situation, mais il na pas le temps de réagir. Il sest passé à peine une seconde depuis limage 7.
Images 10 à 13 : Lextracteur a mis la drisse de liaison en tension, nouant la boucle sur le pied et provoquant un blocage de la phase de déploiement. Mais la tension se transmet tout de même le long de la drisse qui extrait la broche courbe de fermeture du sac. En même temps que le parachute souvre, le piège se referme sur lélève !
Images 14 et 15 : Lélève est soulevée par la jambe droite. Le lovage de sa voile principale est maintenant apparent, mais lextracteur est toujours bloqué par la drisse. Elle semble regarder son instructeur dun air perplexe et on la comprend !
Images 16 à 18 : La traction exercée par lextracteur sur sa jambe droite la fait passer sur le dos, ce qui lui permet de voir lincident en direct : la drisse bloquée sur la jambe et le sac de déploiement qui se balade au gré du vent relatif.
Images 19 à 22 : Linstructeur ne peut plus suivre son élève qui est freinée par lextracteur en tension. Elle a déjà commencé à se battre en essayant de dégager tout ce méli-mélo.
Image 23 : Linstructeur décide douvrir son parachute : dune part il est temps de le faire, dautre part cela va lui permettre de suivre son élève des yeux.
Images 24 à 26 : Lélève passe à coté de son instructeur qui est en phase douverture. Elle est pliée en deux pour tenter de résorber lincident quelle a semble-t-il bien analysé en repérant la drisse bloquée.
Images 27 et 28 : Accrochée à son extracteur, lélève continue de chuter et linstructeur la regarde senfoncer jusquà ce quelle ne soit plus quun petit point sur le sol. Elle sacharne visiblement à tenter de résoudre lincident.
La fin est à peine visible sur la vidéo : une petite tache blanche qui correspond à louverture du parachute de secours par le déclencheur Cypres, donc à 225 mètres. On peut considérer quil lui a sauvé la vie car une procédure de secours entamée en dessous de cette hauteur a peu de chance de réussir.
Lhistoire ne se termine pas trop mal : Ouverte sous un parachute de secours, au ras du sol et au-dessus dune zone habitée, lélève parvient à se trouver un petit coin dherbe. Pas de chance, il est en pente. Elle sen tire avec une entorse du genou.
Lanalyse de lincident est assez simple. La somme de trois éléments : Un petit gabarit (1,60 m), des jambes un peu trop fléchies durant la phase douverture et un hasard incroyable ont provoqué le début de lincident sur lequel lélève na pas grand-chose à se reprocher.
Désormais Denis Nguyen préconise de tendre légèrement les jambes à louverture et déviter les "talons aux fesses", surtout pour les petits gabarits. Lhypothèse dun mauvais conditionnement de la drisse hand-deploy est rapidement écartée, puisque dans cette école les parachutes élèves sont pliés par des confirmés.
La seule erreur (mais elle est de taille) commise par cette élève pourtant douée est la focalisation sur lincident : elle a perdu la notion de temps en essayant de le résoudre. Mais lorsque lon na que trois sauts et que lon voit son emmêlage en direct, il doit sen dérouler des choses dans la tête. Peut-être que si elle était restée face sol, lincident naurait pas été "visible" à ses yeux et quelle aurait davantage pensé à sa procédure de secours.
Quelle que soit la situation, en parachutisme il ne faut jamais perdre la notion de temps. Lorsque le sol est proche, il faut tenter douvrir le secours même si la situation nest pas "idéale".
Cette rubrique est ouverte à tous. Si vous avez des images intéressantes, nhésitez pas à nous contacter. La rédaction de ParaMag remercie particulièrement Denis Nguyen et tous les autres vidéomen qui acceptent de publier leurs images ici. Elles permettront peut-être à dautres parachutistes de ne pas refaire les mêmes erreurs...