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Par Bruno Passe

Le nouveau film produit et réalisé par Patrick Passe est disponible. Les lecteurs de ParaMag ont déjà eu l’occasion d’en découvrir certaines images au fil des éditions de ces derniers mois et nous vous présentons ici CrossWind en détails, avec les explications de Patrick Passe, largement illustrées des magnifiques images extraites du tournage.

«Ce film sera de loin le meilleur que j’aie encore jamais réalisé”, affirme Patrick Passe. Durant ces trois dernières années, nous avons travaillé avec de nombreuses et talentueuses personnes parmi les meilleurs parachutistes dans le monde. Les images sont magnifiques, l’action est étonnante. CrossWind est définitivement un film à couper le souffle.

De nos jours, il est difficile d’étonner le public parachutiste. En effet, aux quatre coins du monde, de nombreux et excellents caméramen reviennent souvent de leurs sauts avec de magnifiques images vidéo. On les découvre régulièrement dans les salles de pliage, montrant que notre sport est en constante évolution. Le parachutiste a désormais l’oeil beaucoup plus critique et réaliser un beau film devient un véritable challenge.

Pour connaître le succès auprès de tous types de pratiquants, un film de parachutisme doit présenter une excellente cinématographie, une grande technique, des actions uniques, une petite histoire, un montage irréprochable, une musique originale et d’autres infimes ingrédients qui resteront invisibles à la lecture du film, mais qui ont eu tant d’importance pour sa construction

Ce travail ne peut pas être celui d’un seul homme. C’est celui d’une grande équipe, que l’on retrouve au générique de fin, et qui s’est construite au fil de ces trois années, sur le chemin des nombreux tournages et sur celui de la post-production (*).

En plus de toutes les personnes qui ont participé à ces tournages, je veux remercier ici Thierry Debecker et Thierry Delesalle qui m’ont rejoint sur la phase finale de l’aventure. Les deux Thierry dirigent la société de post-production “Dans le Sud” qui est l’une des plus importantes et efficaces de Paris. Nous nous sommes associés pour la finalisation de CrossWind.

Eux-mêmes parachutistes et passionnés par l’image, ils m’ont proposé, il y a trois ou quatre ans, de travailler avec eux sur un éventuel nouveau projet de film qui est donc devenu CrossWind. Devant leur enthousiasme, j’ai accepté et c’est certainement la meilleure chose que j’aie pu faire car ce film est en train de prendre une dimension largement supérieure à tout ce que j’ai pu réaliser jusqu’à présent. Grâce à une talentueuse équipe de travail construite autour des deux Thierry, le montage, la musique, les effets sonores, la qualité de l’image et la construction du film en feront un produit final chargé d’émotion et d’adrénaline."

CROSSWINDest un film d’environ 60 minutes pour lequel le vent relatif est un fil conducteur quelque peu mystique. CrossWind veut dire "vent de travers", un vent qui souffle de la terre quand les parachutistes traversent le ciel. Les acteurs sont excellents dans leur performance. Par leurs mouvements et leur style, le vent de travers devient palpable, il prend le visage que les personnages lui dessinent par leur trajectoire en poussant toujours plus loin les limites techniques.

OLAV ZIPSER vole comme les dauphins nagent. Il nous offre d’abord une grande démonstration de l’Atmosphere Dolphin B Licence (cf. ParaMag n° 143, avril 1999) tout au long de laquelle se dégage une grande technicité que lui seul a pour le moment explorée. Il emmène ensuite sa compagne Stéfania Martinengo pour quelques pas de valse tête en bas. La belle Italienne suit avec élégance et performance le rythme de son cavalier. Mais c’est par un vol en 3D autour et au coeur d’une étoile à 10 que Zipser se transforme réellement en “dauphin atmosphérique”. Du jamais vu en matière de free-fly. Olav joue avec l’étoile comme les dauphins jouent avec leur cerceau.

L’équipe AIRSPEED, 2 fois championne du monde de V.R.4 (1995, 1997) et une fois à 8 (1999), montre comment une équipe de vol relatif de haut niveau utilise le vent relatif. Les positions agressives des équipiers et leurs changements d’assiette génèrent une étonnante puissance dans les mouvements et les rotations. Les plans au ralenti apportent de la magie dans les mouvements d’Airspeed. Les séquenceurs ressemblent souvent à des frisbees tournoyant autour d’un point central.

Avec OMAR ALHEGELAN c’est une belle démonstration céleste associant le contrôle, l’élégance et la technique dans le ciel chaud d’Arizona. L’homme transite du free-style au free-fly en modelant l’air. C’est dans son dos qu’il trouve la plus grande partie de son énergie. Il l’utilise comme un plan modulable qui lui apporte une puissance unique dans ses déplacements tête en haut et dérive dos.

Les FLYBOYZ s’endiablent fumigènes au pied. Les prises de vue du dessous apportent un effet visuel impressionnant. Au-delà de 300 km/h en vitesse verticale, ils enroulent "curves" et spirales dessinant derrière eux de longs serpents de fumées jaunes. On retrouve aussi les Flyboyz au cours de purs sauts de free-fly à 2 dont la précision et la technicité n’ont d’égal que leur dynamisme et leur contrôle.

WENDY SMITH nous transporte en Nouvelle-Zélande et plus précisément au-dessus du lac Taupo en combinaison ailée et en free-fly, façon Kiwi. Terre d’eau et de feu, l’île volcanique dégage une puissante énergie idéale pour les sports out-door tel que le parachutisme. En Nouvelle-Zélande toujours, et après les swoops extrêmes d’AntiGravity,RICKSTER POWELL revient en puissance aux commandes de sa Velocity (cf. ParaMag n°142, mars 99) adaptant un nouveau style aux hautes performances de la voile. Les flares sont incroyablement longs et rapides sur l’eau limpide du lac Taupo, au milieu de l’île Nord de la Nouvelle-Zélande. Les gerbes d’eau montent radicalement lorsque le pilote s’engage entre les rochers émergeant du fond du lac. Mais c’est dans les ravins volcaniques de la terre Maori que Rickster se transforme en swooper éternel. Le pilote circule au fond des gorges de 5 à 10 mètres de profondeur et de large, couchant sa voile sur les parois broussailleuses des ravins. Même si la voile s’y accroche parfois, elle continue irrémédiablement sa courbe, lancée par la vitesse que lui a donné Rickster. En Nouvelle-Zélande encore, SEAN nous emmène sur le spot de BASE jump qu’il préfère pour la beauté du paysage, mais certainement pas pour l’altitude du saut. Cette petite falaise de 55 mètres de haut, encaissée dans un coin paradisiaque, tapissée de végétation luxuriante et tranchée par une abondante cascade d’eau, offre une montée d’adrénaline incomparable pour les amateurs de BASE jump et de nature.

Le Verdon, le Vercors, la Suisse et le Brento (en Italie) procurent des altitudes plus exploitables pour le groupe de BASE jumpers français constitué d’ERICH BEAUD, ERIC FRADET, LOIC JEAN-ALBERT et CLAUD REMIDE qui fut l’unique caméraman chute de cette séquence. < il faut voir les images. Il faut voir comment ce groupe d’initiés utilisent le vent relatif pour voler en laissant filer la falaise vers le haut, juste avant de déployer à une poignée de secondes du point d’impact>>. Le clou du spectacle pour cette séquence BASE jump: 2 points à 4 au Brento, propre et clair aux yeux des juges (cf. ParaMag n° 150, novembre 1999) !

BRUNO BROKKEN et RICHIE HORNINGnous emmènent tout au long d’une autre séquence de swoops extrêmes sous le pont de Besalu en Espagne (cf. ParaMag n° 155, avril 2000). La beauté du site se caractérise par son allure féodale. Chevaleresque aussi sera l’engagement de Bruno et Richie sous l’arche de pierre à Besalu pour lequel aucune erreur n’est permise.

Nous retrouvons LOIC JEAN-ALBERT pour une séquence de combinaison ailée de son concept et qui est certainement la plus performante actuellement. Après des sauts à 2, 3 et 4 , nous retrouvons Loïc à La Réunion pour un vol humain inégalé.À flanc de falaise dans le cirque de Cilaos (cf. ParaMag n° 155, avril 2000), l’homme-oiseau flirte avec la roche, planant durant une minute et vingt secondes environ, entre 50 et 200 mètres du sol pour ensuite voler vers une vallée lui donnant suffisamment d’altitude pour ouvrir sa voile.

CrossWind présente encore davantage de fun jumps, sky-surf, sky-surf tandem emmené par PATRICK de GAYARDON au-dessus du North Shore à Hawaï, davantage d’images de free-fly, de sauts de dérive, de flare à travers le feu, de sauts de grande formation, etc... CrossWind est un merveilleux cocktail, léger comme le vent relatif, fil conducteur de ce film plein d’émotion, de technique, de talent, de passion et d’images tellement étonnantes.

Prix 49 euros (sans les frais de port). En vente dans la boutique ParaMag.

* Post-production : phase d’élaboration relative à la construction d’un film (montage, musique, etc...).