Aux Etats-Unis, les rassemblements de séquence en grande formation «sur invitations» rencontrent du succès depuis plusieurs années. L'Arizona Challenge, organisé par Airspeed à Eloy (Arizona), est un des plus connus. Mi-août, en Belgique, le Skydive Center Spa a mis en place un événement du même genre, mais à l'échelle européenne 


                                        Par Bruno Passe


Départ depuis les 3 Skyvan volant en formation pour une tentative à 64.


Un des groupes bleu réussi une figure inédite et technique à 32.


Grande formation à 48 réussie pour le groupe rouge, et record de la DZ de Spa.


Il y avait même une hôtesse dans l’avion...


Dernières secondes avant la séparation du dernier saut, il ne manque que quelques prises...


Séminaire Airspeed durant un stand-by météo.


Le salut des 3 Skyvan après le dernier saut.


Willy Boeykens (à droite) remet le déclencheur Vigil au gagnant du tirage au sort.


est sur une idée et grâce à l'implication de Willy Boeykens que le SPAcial Invitations est né. Séduit par le concept, le Skydive Center Spa a mis tous les moyens en œuvre pour que l'événement soit une réussite. Cela correspond à la volonté de ses dirigeants qui souhaitent faire grandir la notoriété de Spa et, bien entendu, continuer de développer son activité. Au beau milieu des Ardennes belges, Skydive Center Spa possède déjà un site agréable. Il a su s'octroyer peu à peu le caractère d'un grand centre professionnel : deux avions Caravan, un staff pro pour une activité permanente et déjà des rendez-vous bien connus dans le calendrier européen : le Head-down over Spa en mai, les finales de l'Européen Skydiving League en septembre et les semaines de coaching avec l'équipe nationale de V.R.4 Spa Hayabusa, qui est basée ici. Nouveauté de taille : la construction d'une soufflerie verticale sur la drop zone (une première en Europe) est programmée durant l'hiver prochain.

Ce premier rendez-vous SPAcial Invitations s'est déroulé sur le même concept et avec les mêmes organisateurs que l'Arizona Challenge. Du 14 au 17 août, soit quelques jours seulement après les championnats du monde à Gera, en Allemagne, Craig Girard, Kirk Verner et Eliana Rodriguez avaient donc rendez-vous à Spa, à l'est de la Belgique.

Ces trois membres d'Airspeed ont déjà eu l'occasion de distiller le concept de l'Arizona Challenge, certes à une échelle plus modeste, lors du Mission Impossible dont la deuxième édition s'est déroulée en juin dernier à Lille-Bondues.

À Spa, c'est une figure à 64 qui est prévue. Cinq autres organisateurs sont venus prêter main-forte à Airspeed : Sven Ibens, Grauwels Dave, Roy Janssen (membres de Spa Hayabusa), Milko Hodgkinson et Dario Jotti (bien connus des relativeurs de boogie européens). Ils se partagent l'encadrement de 3 groupes : le bleu qui comporte 64 personnes, le rouge avec 50 personnes et le jaune avec une vingtaine de personnes. Un staff de 8 vidéomen assure les prises de vue aériennes, D.J. Richie et Tony Montuner sont là pour le son et les images du soir. Un joli plateau de relativeurs est venu des 4 coins de l'Europe, avec aussi des Américains et des Australiens, au total 15 nationalités avec une majorité d'Anglais dont la participation dépasse celle des Belges (38 contre 37). En ce qui concerne les avions, trois Skyvan et un des Cessna Gran Caravan de Spa emmènent tout ce monde en altitude.

Le concept a déjà été décrit dans nos précédents articles sur l'Arizona Challenge : les relativeurs sont invités et répartis dans les groupes selon leur niveau et leur expérience. L'événement commence par des sauts à 16 très techniques pour s'échauffer et se caler, puis on passe à des sauts à 32 et déjà des figures complexes, pour terminer sur l'apothéose à 64, LA figure inédite et elle aussi très complexe. La nouveauté ici à Spa consiste à avoir un groupe «rouge» d'un niveau intermédiaire, mais qui fonctionne sur le même principe, et un groupe «jaune» ouvert.

Le prix forfaitaire de 695 euros comprend 24 sauts organisés, un t-shirt de l'événement, un barbecue de clôture et un DVD avec photos et vidéos par groupe. Chaque saut non effectué est remboursé au prix de 20 euros. Les infrastructures du centre, déjà suffisamment vastes, sont aménagées en conséquence pour accueillir 150 relativeurs (camping gratuit sur place, tente chapiteau pour le soir et blocs sanitaires). L'événement est également soutenu par des partenaires, dont le fabriquant belge A.A.D. qui offrira un déclencheur Vigil et le fabriquant allemand Firebird, qui offrira une voile principale.

Il a manqué ce que l'on attend le plus durant le mois d'août et qui a fait particulièrement défaut à beaucoup d'événements européens cet été : le beau temps ! 15 sauts seulement sont effectués sur les 24 prévus, et ça n'est pas faute d'avoir donné rendez-vous tôt le matin (7h30...), d'avoir mis à profit la moindre éclaircie et d'y avoir cru jusqu'au bout. Seul petit avantage de cette météo défavorable : deux demi-journées sont utilisées pour les séminaires Airspeed, sur des sujets allant de la séquence en grande formation à la séquence à 4 et à 8, la vie en équipe, etc. Bien sûr tout le monde aurait préféré sauter, mais pouvoir bénéficier de conseils de cette qualité n'est pas négligeable.

Entre nuages et parfois pluie diluvienne, chaque période de beau temps est mise à profit selon le programme établi. Les deux premiers jours, le fonctionnement par groupes de 16, répartis dans leurs avions respectifs, s'accommode assez facilement aux conditions météo difficiles et la ronde des Skyvan n'est arrêtée que lorsque les couches nuageuses deviennent trop épaisses ou trop basses. Le troisième jour, les «bleus», répartis en deux groupes de 32, réalisent avec plus ou moins de succès des figures complexes à partir de deux Skyvan volant en formation. De leur côté, les «rouges» réussissent une grande formation à 48, record de Spa et certainement record personnel pour certains d'entre eux. Et Dario emmènera son groupe «jaune» dans de jolies séquences à 20.

Le dernier jour est celui qui exige les meilleures conditions pour faire voler les 3 Skyvan en formation et séparer la figure à 64 en sécurité. Un système d'alimentation individuelle en oxygène est installé à bord de chaque appareil pour des sauts à 5500 mètres. Mais le mauvais temps est aussi de la partie pour toute la matinée. Craig Girard affirme avec humour que «même durant l'Arizona Challenge, la figure finale n'a jamais été préparée aussi longuement au sol...» La complexité de ces grandes figures techniques est telle qu'elles sont difficiles à décrire sur papier. Celle de Spa était constituée de plusieurs «Compass», une des figures du programme à 8, imbriqués les uns dans les autres. Ce «Multi Compass» a été imaginé par Willy Boeykens et préparé techniquement par Airspeed. Il y a beaucoup de gens retournés et des appontages en cater au centre. Le moindre écart de niveau ou d'axe crée une vague ou rend le créneau impossible à fermer : précision et discipline sont de rigueur !

Le ciel n'accordera que trois tentatives durant l'après-midi. De plus, le système d'alimentation en oxygène ne fonctionnera pas correctement, limitant chaque tentative à une hauteur de 4500 mètres. Sur le dernier saut, il manque quelques secondes de chute à quelques arrivants de la dernière vague pour qu'ils puissent apponter. Dommage car cette première édition aurait mérité de voir imprimée cette figure singulière dans la mémoire neuronale des participants et sur la mémoire numérique emportée par les 4 photographes présents pour l'immortaliser. Craig Girard conclut le débriefing final sur une note positive, en rappelant que «chaque figure de chaque Arizona Challenge a toujours demandé plus de 3 tentatives pour être réussie...» Qui revient l'année prochaine ? Tout le monde ! 


232 septembre 2006