Habitué des sauts hivernaux au soleil de l’autre côté de la Méditerranée, après Tozeur en 2005, cette année, c’est sous le doux soleil de notre Provence que j’ai effectué mon saut de reprise ; plus exactement à Puimoisson et depuis un ballon
Par Jean-Yves Bouillaud,
du C.P. Nice
uimoisson, aérodrome de campagne, par un petit matin de février, le ciel est d’un bleu profond, le fond de l’air est frais, très frais... Tout est calme sur ce plateau de Valensole, et un petit groupe de lève-tôt se réchauffe autour d’un café noir. Tout paraît calme ; cependant, dans le jour naissant, des ombres s’affairent autour de formes pas encore définissables. Cette tranquillité est brusquement interrompue par le vrombissement puissant de brûleurs qui crachent de longues flammes. Les formes se précisent, on distingue des nacelles et des enveloppes, vous l’aviez compris, les aérostiers sont entrés en action.
Sous l’action des brûleurs, les trois ballons prennent forme et commencent à se dresser lentement. Ce mouvement semble être accompagné par le lever du soleil qui commence à chauffer les corps. Pendant ce temps, les sticks sont constitués, et les trente parachutistes présents se préparent pour effectuer - pour la plupart - un baptême de vol en montgolfière et surtout un saut en parachute d’un tel engin volant.
Au petit matin, les trois ballons prennent forme et commencent à se dresser lentement sur l’aérodrome de Puimoisson.
Tout est prêt pour le premier décollage, à raison de quatre paras par nacelle, le top est donné. Les brûleurs donnent le maximum, il faut encore patienter quelques minutes pour commencer à ressentir les prémices de l’ascension vers, je peux le dire maintenant, le grand bonheur qui nous attend. Les trois aérostats décollent presque simultanément. Pour ma part je fais partie de la deuxième rotation. Je peux ainsi assister à une ascension presque verticale, avec un taux de montée que je n’envisageais pas aussi rapide. Le vent est presque nul, le point de largage n’est donc pas très loin du terrain. Deux par deux, les sautants quittent la nacelle et regagnent le terrain sans grande difficulté. Il n’en est pas de même pour les montgolfières qui lentement redescendent en s’éloignant.
C’est maintenant au tour de la deuxième rotation d’entrer en action. Embarqués dans un 4 x 4, nous prenons la direction supposée de l’atterrissage de notre montgolfière, tout en suivant son évolution. Rapidement nous devons quitter l’asphalte pour progresser par les chemins. Ce n’est pas simple et à plusieurs reprises nous devons tâtonner. Heureusement nous sommes en liaison radio avec notre pilote, qui lui, encore en l’air, voit bien l’itinéraire possible. Il nous annonce son atterrissage, et en quelques minutes nous le rejoignons. Le spectacle nous ravit, il s’est posé dans une clairière légèrement en pente, entourée de pins. La nacelle repose sur l’herbe bien verte, c’est euphoriques que les quatre candidats sautants prennent place dans le petit habitacle.
Le grand bonheur commence, après un décollage en douceur, lentement le ballon survole la forêt, nous dérangeons même un cervidé qui se dissimule en sous-bois. Chose surprenante, peu de temps après le décollage, notre vitesse de montée s’accélère. Cela permet au pilote de stopper les brûleurs, et là c’est le grand silence, nous pouvons apprécier le paysage maintenant bien ensoleillé. L’altitude de largage approche, il fait froid, seules nos têtes sont chauffées par les brûleurs au-dessus de nous.
Pour sauter à 1500 mètres et quitter le ballon en toute sécurité, le processus est simple. Il faut monter un peu plus haut, puis le pilote arrête de brûler, la montgolfière amorce la descente, et c’est à ce moment-là seulement que nous pouvons sauter. Cette technique a pour but de ne pas voir le ballon propulsé vers le haut suite à l’allégement brutal, et surtout il évite un dégonflage possible de l’enveloppe.
Nous sautons deux par deux, c’est mon tour et je grimpe sur le rebord de la nacelle, dos au vide. Avec mon co-partant, nous avons décidé de partir simultanément et sur le dos. Au top, je me laisse basculer en arrière sans impulsion pour voir le ballon s’éloigner et surtout regarder la mine surprise du pilote.
Mais voilà, la chute dos avec une vitesse verticale nulle, ce n’est pas évident. Quel plaisir de partir avec une impression de "trou" pendant plusieurs secondes. Ensuite les appuis reviennent et les sensations de chute retrouvées, l’altitude d’ouverture approche.
Après une ouverture des plus normales, après le plaisir d’admirer le paysage des gorges du Verdon, je recherche une zone de posé. Ce petit champ bien vert, proche d’une petite route, me semble tout à fait convenable. Bien sûr, en pleine nature pas de balisage, aucune fumée à l’horizon, pas ou peu de vent établi, dans ces conditions une présentation face au soleil s’impose. Mais voilà, la petite herbe verte est en fait du blé en pousse sur une terre bien grasse, donc glissante. La suite est prévisible, atterrissage debout raté !
Brassage sommaire, puis c’est l’attente du minibus de ramassage. J’ai le loisir de suivre l’évolution de la montgolfière, laquelle finalement vient se reposer à une centaine de mètres de moi. Inutile de vous dire que je suis allé remercier le pilote et lui manifester le plaisir d’avoir vécu ce saut. Lui aussi est content de cette expérience qui le change de ses vols habituels. Finalement, le décollage et le posé en pleine nature ont été pour moi des moments forts que je conseille vivement aux lecteurs de cet article.
Cette belle expérience, les trente sautants la doivent à Jean-François Deswaene, président du CoDep 05, comité départemental de parachutisme des Hautes-Alpes. Cette manifestation s’inscrit dans le cadre du développement du parachutisme et des nouvelles orientations mises en place par la nouvelle équipe. L’organisation parachutiste était menée par Michel Guiavarch, secrétaire du CoDep 05, Pascale Auger à l’avionnage, Nicolas Audin à la vérification du matériel et Xavier Ghio, conducteur perspicace et inlassable du minibus de récupération.
Pour les trois montgolfières, Jean-François s’est appuyé sur l’expérience de l’équipe d’Alain Bartair, composée des pilotes et des suiveurs récupérateurs, certains venus de Gap. Enfin nous étions reçus par Nicolas Subtil, gestionnaire de l’aérodrome de Puimoisson.
Merci à eux, ils ont fait preuve de disponibilité et professionnalisme. Et comme souvent dans notre discipline, pour tous les participants venus des départements environnants (04, 05, 06, 13 et 83), cette séance de sauts s’est terminée par un sympathique repas. Jean-François bravo pour l’organisation parfaite, nous sommes tous partants pour remettre ça...