Du 23 au 28 octobre dernier, le centre Skydive Arizona a organisé la coupe du monde 2005 pour les disciplines artistiques, le vol relatif et le voile contact. Cette compétition n’a pas accueilli le nombre d’équipes escomptées. Toutefois, en comptant la France, la plupart des meilleures nations étaient représentées. Cette coupe du monde fut ainsi une étape préparatoire pour les prochains championnats du monde qui se dérouleront en 2006. Le vol relatif et les disciplines artistiques ont d’ores et déjà rendez-vous du 5 au 11 août à Gera, en Allemagne. Quant au voile contact, c’est du 12 au 20 août, à Stupino (en Russie) que se déroulera le championnat du monde, en même temps que la P.A. et la voltige.

Pour le moment nous retournons à Eloy. Au plan général, la France est la première nation avec 4 médailles d’or et 5 médailles d’argent. Elle est suivie de la Russie avec 3 médailles d’or, 1 d’argent et 5 de bronze et les U.S.A. avec 3 médailles d’or, 2 d’argent et 2 de bronze. Ces trois nations confirment donc leur suprématie en matière de parachutisme sportif international.

Au terme de cette compétition, tous les membres des équipes de France ont dédié leurs médailles à Robin Dubuisson. Un grand drapeau français a été imprimé avec son portrait, afin de lui rendre hommage du début à la fin des épreuves 

                                                              Propos recueillis par Patrick Passe
                                         d'après une interview de Philippe Schorno
                                         entraîneur des disciplines artistiques.

ParaMag : La participation d'équipes au sein des trois disciplines artistiques fut particulièrement faible à Eloy. Le top niveau international était-il néanmoins représenté ?

Philippe : Avec sept équipes en freefly, six équipes en freestyle homme, huit chez les femmes, deux équipes en skysurf homme et une seule équipe féminine, cette coupe du monde a compté très peu de participants. En revanche, les meilleurs étaient présents. Le niveau technique représenté était donc ce qu'il y a de mieux au monde actuellement, à part en freestyle où l'équipe danoise était absente, et tristement aussi Robin Dubuisson avec Nicolas Arnaud. C'est en skysurf que la participation fut très pauvre. Les Français, Marc Groleau et Sylvain Degorter, furent les seuls en compétition contre les Russes, leurs principaux adversaires du moment sur le plan international. Chez les femmes, Blandine Perroud et Cyril Lancry étaient la seule équipe de la catégorie. La principale adversaire de Blandine, la Russe qui avait gagné la Malevsky Cup, s'est blessée avant la coupe du monde. De toute évidence, les frais de participation étaient trop élevés et je pense que les équipes ont préservé leur budget pour les championnats du monde 2006.

PM : Comment s'est déroulée la compétition en freefly, avec Babylon comme grands gagnants de cette coupe du monde ?

Philippe : Babylon a en effet réalisé une bonne compétition avec de jolis scores, surtout dès la troisième manche. Les scores de leurs deux premiers sauts les placent en situation de concurrence face à Jok'air, la deuxième équipe française présente à cette coupe du monde, et face à la meilleure équipe américaine du moment, les Guano Freefly. Mais à la troisième manche, Babylon crée l'écart, plus faible contre Jok'Air que contre les Américains. Babylon a présenté un joli saut de libre, plutôt technique, peut-être même trop technique par rapport à la compréhension du saut. Ce saut de libre de Babylon présente un large passage en carve dans un style très technique, et l'équipe aurait certainement mérité un score plus élevé si la difficulté du saut avait été bien comprise. En imposé, Babylon a fait des sauts satisfaisants entre 10 et 13 points jugés, mais qui peuvent être améliorés. Dans un futur proche une équipe qui fera 16 à 17 points de moyenne en imposé a toutes les chances de remporter la compétition.

PM : Et les Jok'Air, se rapprochent-ils des grands favoris ?

Philippe : A la deuxième place de cette coupe du monde, Jok'Air a réalisé une remarquable compétition. Ils ont bien progressé et sont maintenant capables de restituer ce qu'ils réalisent à l'entraînement. Auparavant, ils avaient de la difficulté à afficher la régularité dont ils ont fait preuve à Eloy. Ils deviennent des compétiteurs expérimentés capables de prendre en main leur gestion de la compète. L'équipe a un joli vol, elle a un beau saut de libre. Sur le plan international, les Jok'Air ont désormais une solide réputation.

PM : Et l'équipe 3ème, Guano Freefly (U.S.A.), où se situe-t-elle sur le plan technique ?

Philippe : C'est une très bonne équipe qui aurait pu être dangereuse pour Jok'Air si celle-ci avait fait des erreurs. C'était d'ailleurs un peu chaud pour les Français à l'issue de la cinquième manche, lorsque les Américains sont passés devant. Mais Jok'air a fini sur deux superbes sauts qui ont définitivement planté les Ricains. Pour rendre la compétition encore plus intéressante, il aurait fallu la présence d'autres bonnes équipes qui seront certainement présentes au prochain championnat du monde, comme les Allemands, les Italiens, les Autrichiens et j’espère une autre équipe américaine... Je souhaite et je pense qu’il y aura davantage de compétiteurs de haut niveau lors des prochains championnats du monde. Ceci devrait augmenter la concurrence et les places sur le podium vaudront cher.

PM : Y aura-t-il une troisième équipe tricolore au prochain championnat du monde, comme ce fut le cas pour le dernier, au Brésil, où trois équipes françaises s’étaient d’ailleurs attribué le podium ?

Philippe : En effet, le Brésil comptait la présence de Babylon, champions du monde en titre, de Jok’Air à la deuxième place et Reflex sur la troisième marche. Trois équipes françaises sur le même podium... Même si c’était bien pour la France, j’ai personnellement trouvé ça dérangeant. J’ai donc demandé à la C.I.P. d’accepter seulement deux équipes du même pays au championnat du monde, au lieu de trois comme c’était le cas.

PM : Certainement que cette coupe du monde à Eloy fut aussi l’occasion d’aller vous rendre compte de l’efficacité de la nouvelle soufflerie implanté sur la D.Z. ? Que vaut-elle ?

Philippe : À ma connaissance, c’est la meilleure soufflerie actuellement ouverte aux parachutistes sportifs. Elle est plus grande et plus puissante que celle de Perris et d’Orlando. C’est mieux pour tout le monde, aussi bien pour les freeflyers que les relativeurs. Les équipes de France de freefly s’entraîneront donc à Eloy aux cours de quelques stages d’hiver. Ceci leur permettra aussi de passer du temps dans une soufflerie offrant un vent relatif proche de la réalité. La société Rigging Innovations, implantée à Eloy, concrétise actuellement des calottes souples couvrant le parachute tout entier et ses poignées. Cette calotte de protection permet d’emporter son parachute dans la soufflerie sans risque d’ouverture intempestive et d’être ainsi encore plus proche de la réalité. En effet, la traînée qu’engendre un parachute n’est certainement pas dérisoire. Au cours de l’hiver, Babylon et Jock’Air expérimenteront tout cela durant leurs stages d’entraînement à Eloy.

PM : En freestyle, la disparition de Robin Dubuisson a certainement détraqué la stratégie française côté compétition internationale.

Philippe : Oui et c’est bien triste, Robin et son coéquipier Nico avaient tous les atouts pour devenir champions du monde en 2006. C’est l’équipe Espoir, constituée de Frédéric Nénet (performer) et Cyril Colin (caméraman), qui a donc représenté la France au cours de cette coupe du monde. Ils avaient déjà bien progressé au cours de la saison 2005 et je les imaginais en troisième position d’un classement international, derrière Robin et Nico ainsi que les Danois champions du monde en titre. Les deux équipes n’étant pas présentes à cette coupe du monde, Frédéric et Cyril y ont gagné la médaille d’or avec une importante avance sur l’équipe américaine à la deuxième place. Sans vraiment de réel adversaire à leur hauteur, Frédéric et Cyril ont toutefois restitué parfaitement ce qu’ils savaient faire à l’entraînement au cours de leur première compétition internationale. Cela est très prometteur pour le futur.
Chez les filles, la démission d’Elodie Grietens, suite à la dissolution de son équipe, a laissé un vide pour cette année. L’équipe constituée de Sophie Bernier (performer) et Lydie Emeraud (caméraman) était présente à Eloy, mais cette jeune équipe Espoir était attendue à son meilleur niveau potentiel et en remplacement d’Elodie et Julien Gebel son caméraman après la saison 2006 seulement. Sophie et Lydie ont donc terminé à la cinquième place, laissant assez loin devant des équipes expérimentées telles que le Japon, la Finlande et l’Italie. À leur niveau, le résultat de Sophie et Lydie fut amplement satisfaisant. À l’orée de leur carrière en compétition internationale, cette jeune équipe possède un réel potentiel à exploiter. À noter que l’équipe italienne était constituée de Stefania Martinengo et Olav Zipser. Ce dernier s’étant cassé le bras dans la soufflerie avant le début de la compétition, il s’est fait remplacer par Manuel Basso qui filma Stefania.

PM : Que peux-tu conclure en skysurf malgré la très faible participation dans la catégorie masculine et féminine ?

Philippe : Marc Groleau a fait la compétition contre le même adversaire Russe qui avait gagné le championnat du monde en 2004. Ce dernier est fort. Marc Groleau et Sylvain Degorter devront à nouveau affronter leurs adversaires au championnat du monde 2006. Avec l’aide d’Eric Fradet comme conseiller, ils auront des atouts supplémentaires pour tenter de battre les Russes. Quant à Blandine Perroud, elle tentera de conserver son titre de championne du monde. Sans adversaire à Eloy, elle a quand même réalisé de jolis sauts qui devraient la remettre en confiance après avoir perdu la Malevsky Cup contre la Russe qu’elle rencontrera à nouveau en 2006, en Allemagne. Blandine et Cyril, son caméraman, en ont largement les moyens mentaux et techniques.