Par Bruno Passe
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Etant donné la canicule de cet été, la zone de pliage et briefing ombragée fut largement appréciée.
Le logiciel "Manifest", développé par Gilles Défourneaux et utilisé par plusieurs centres en France, a permis dadministrer lavionnage. Il sagissait dune version modifiée pour pouvoir gérer des avions de 80 places avec une équipe de (seulement...) trois personnes pour contrôler le manifest et lembarquement : Pascale Favier, Gilles Défourneaux et Franck Jean-Albert.
Lemplacement du boogie cette année occasionnait beaucoup moins de problèmes de trafic sous voile.
Le "village" du boogie, concentré autour des bâtiments de laéroport.
Entrée dans le ventre de la bête...
La partie inférieure de la tranche arrière souvre en se glissant sous le fuselage de la machine : excitation générale !
Linfatigable Dave Morris, fidèle à sa couleur jaune, quil décline sur tout son équipement, jusquà une banderole sous voile !
Embarquement dans lAntonov 72, sous haute surveillance.
Les revendeurs et fabricants sont présents (de haut en bas et de gauche à droite) : le Bus Air Shop de Lapalisse, Performance Designs et Parafun, Boogie Man, Matter et Parachutes de France).
11300 sauts
150 décollages de lAntonov
650 inscrits (hors staff)
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urant dix années consécutives, le boogie de Vichy organisé annuellement par Joël Cruciani avait su étonner, surprendre et divertir. Au cours dune telle manifestation accueillant généralement entre 600 et 800 personnes, chacun vit son boogie et le juge avec son propre regard, selon la satisfaction obtenue au fil des sauts et lambiance qui en émane. La grande particularité de lEspace Boogie de Vichy fut toujours la présence de surprenants moyens aériens. Selon les années, on a pu y sauter dHercules C130, dhélicoptère russe MI 26 et plus récemment dAntonov 72, un biréacteur qui fut la vedette des versions 97, 99 et 2000 du boogie de Vichy. En 2001 et 2002, lEspace Boogie est en veille et ses nombreux adeptes se demandent sils reverront un jour son chapiteau dressé sur fond sonore dun biréacteur. Parallèlement, lorganisateur Joël Cruciani se pose la question quant à la réédition de lévénement. Par deux fois, à la fin des années 90, le boogie de Vichy fut bien déficitaire : une première fois à cause dune météo capricieuse et une seconde parce que labsence de lAntonov fut compensée par quatre avions 20 places en location. Avant dêtre plus critique sur ce boogie 2003, il faut donc saluer le goût du risque et dentreprise, facteurs caractériels indispensables pour lorganisateur dun tel rassemblement.
En mai dernier, Joël Cruciani annonce la réédition du boogie de Vichy avec le fameux Antonov 72, un puissant avion biréacteur appartenant au Ministère de la Défense de la République de Moldavie. Ce bijou de technologie aéronautique emmène facilement 70 à 80 parachutistes à 5000 mètres daltitude en moins de 10 minutes. LEspace Boogie de Vichy vibrera à nouveau sur laéroport de Charmeil.
Vendredi 25 juillet, les premiers parachutistes libérés du quotidien arrivent déjà en bon nombre au fil de la soirée. Premier réflexe : on se dirige vers le parking avion pour constater que lAntonov est bien là. Rassuré, on se dirige vers le camping. Cette année, le village du boogie a changé de place sur laéroport de Vichy-Charmeil. Les années précédentes, lâme du boogie tournait autour dun chapiteau chaleureux où lambiance navait plus quà entrer. Vu de la terrasse du monument de toile, le boogie se déroulait comme sur un écran sphérique. Cette année, le boogie est installé à lopposé de la cible emblématique qui avait accueilli en sa périphérie de nombreux rassemblements Espace Boogie. Le grand hall de laéroport est le QG de ce boogie 2003. Côté piste, il y a tout ce qui est relatif à la zone dembarquement. De lautre côté du hall, un grand espace herbeux se divise en camping et en ère de pliage ombragée. Au milieu un modeste toit de chapiteau reçoit la restauration, le bar, la sono et une piste de danse.
Le boogie se met en route rapidement avec plus de 300 inscrits dès le samedi. Les premiers vombrissements des réacteurs de lAntonov se font entendre vers 14 heures avec le décollage du premier load. Les suivants senchaîneront jusquau coucher du soleil. À lissue de cette première journée, le boogie de Vichy semble avoir repris ses usages de fonctionnement, avec des habitudes qui semblent ressurgir du passé et qui estompent létonnement que lon ressentait au cours des meilleurs crus du boogie de Vichy, durant les années 90.
Linfrastructure quoffre le hall de laéroport est idéale pour toute léquipe impliquée dans le fonctionnement du boogie. Les plieurs disposent dun grand espace carrelé et propre qui recevra une multitude de pliages durant la semaine. Lancienne salle dembarquement de laéroport devient pour la circonstance le lieu de débriefing vidéo pour les sauts organisés. Les vidéomen ont leur propre pièce pour y organiser leur matériel. Le manifest, géré informatiquement par Gilles Défourneaux, se dresse au comptoir daccueil de laéroport, à côté des portes battantes qui souvrent vers lembarquement du biréacteur. Sur le toit de laéroport, léquipe technique du boogie, composée de Pascale Favier et Claude Daviet, a installé son observatoire afin de sassurer que le boogie se déroule en toute sécurité. Le rituel des embarquements, largages et posés sera identique au quotidien, parfaitement coordonné et contrôlé.
Le mot dordre de lorganisation est avant tout "sécurité". Quand lAntonov se pose, il se présente tranche arrière ouverte au niveau de lère dembarquement, là où attendent environ 75 parachutistes prêts à sengouffrer dans le ventre métallique de lavion. Le décollage se fait en puissance. Létonnante poussée des deux réacteurs développe une agréable sensation de sécurité chez les parachutistes. À 3 500 mètres environ, le largueur demande à tout le monde de se lever. Dernier coup doeil général sur léquipement. Deux ou trois minutes plus tard, lAntonov se présente déjà sur axe, à 4 500 mètres daltitude. La tranche arrière souvre avec sa partie inférieure glissant sous le fuselage de la machine. Excitation générale.
Groupes et individuels sont prêts à sélancer dans lencadrement de lumière. Le largage se fait à vue et avec la précision dHugues Du Réau ou de Philippe Puthet, tous deux maîtres largueurs du boogie de Vichy travaillant à tour de rôle. Les groupes sortent de lAntonov sans trop décart car la machine avance vite. Le souffle en sortie nest pas violent, juste comme il faut pour bien sentir les premiers appuis. Le largage sétale sur toute la longueur de la piste, soit 3000 mètres de zone de posé. Ceux qui sont plus loin reviennent avec le bus qui stationne à chaque largage au fin fond du terrain de laéroport. Un 4X4 est en charge daller récupérer les moins chanceux qui se posent occasionnellement à lextérieur de lEspace Boogie.
Au retour, les sautants vont déposer leur parachute aux plieurs, ou se rendent vers leur bâche de pliage étalée à lombre des arbres. Cette fraîcheur fut bénie durant toute la semaine du boogie où la température affichait souvent plus de 35 degrés.
De nombreux organisateurs ont encadré sauts de freefly et de vol relatif. En freefly, Stéphane Fardel, Fred Fugen, Arnaud Fletcher, Tazzio, Gigliola Borgnis, Marco Tiezzi et Wendy Smith ont encadré de nombreux groupes de différents niveaux techniques. Si les moins expérimentés furent ravis de cette disponibilité des loadorganisers, les freeflyers les plus pointus ont regretté quun groupe plus solide ne se soit constitué. En milieu de semaine, et pour satisfaire à la demande pressante, les organisateurs invitaient les freeflyers aguerris à rejoindre un groupe de 30 à 40 pour quelques big ways verticaux, des vols Atmonautes et sauts de tubes en grand nombre.
En vol relatif, les membres des équipes Espoirs (Damien Sorlin, Mathieu et Guillaume Bernier, Julien Degen, Jérémie Rollett) ainsi que Benjamin Reffet ont encadré des groupes débutants et intermédiaires. Tous ont pu profiter dun précieux apprentissage au sein de ces groupes. Leur nombre peu important permit des débriefings individuels exposés par ces organisateurs dotés dune technique évoluée. Les groupes de 20 et plus étaient encadrés par Milko, Dave Morris et Dario Jotti. Le travail de ces trois organisateurs fut remarquable et les bons sauts ne furent pas rares avec des séquences de 2 à 3 points pour des groupes de 20 à 30. Quelques formations à 40 et plus furent réalisées en joignant les relativeurs de Milko avec ceux de Dave.
Le groupe de Patrick Passe a commencé la semaine en étant constitué de plus de 50 personnes. Le premier point était le plus souvent complet, mais le deuxième avait généralement besoin de quelques secondes de chute supplémentaire pour pouvoir être achevé. Ces fins de sauts un peu frustrantes portaient à conclure que le groupe était trop chargé et avec des niveaux techniques panachés. À la veille des sélections pour le World Team 2004, ces sauts à plus de 50 furent toutefois loccasion pour certains de montrer à lorganisateur leur aptitude à piquer et effectuer de longues approches avec fluidité, qualité indispensable pour ceux qui souhaitent participer aux prochaines tentatives de record du monde de grande formation à 372 organisées en Thaïlande en février prochain. Peu avant le milieu de la semaine, le groupe sest allégé progressivement avec le départ de ceux venus seulement pour 2 ou 3 jours. Les sauts sont alors devenus très qualitatifs avec régulièrement de jolies séquences à 4 ou 5 points pour un groupe dune trentaine, et se réduisant à la vingtaine au cours des deux derniers jours du boogie.
Le gros point positif de lEspace Boogie 2004 à Vichy fut sans nul doute cette cadence de saut soutenue issue dune organisation huilée à force dexpérience. LAntonov 72 fut lascenseur des temps modernes dont les montées incessantes permettaient aux participants de réaliser un nombre sympathique de sauts au quotidien. Deux bonnes demi-journées de mauvais temps seulement furent à déplorer, avec bonne anticipation de lorganisation pour relancer la machine aux prémices de léclaircissement dun ciel plombé.
Les critiques les plus négatives furent relatives à linfrastructure, son camping chargé, ses douches en nombre insuffisant, son chapiteau banal et lambiance tiède qui en émanait. Il est vrai que Joël Cruciani avait habitué à plus de distinction au cours dune décennie de boogies.
"Relancer lEspace Boogie à Vichy nest pas si simple, explique lorganisateur. Tributaire de la météo, une telle organisation représente une prise de risque financièrement importante. Les frais fixes de mise en place sont très élevés. Ils résident principalement dans la mise en place de lavion, les assurances dont le coût est plus important dans le milieu de laéronautique depuis les attentats du 11 septembre, la livraison du kérosène, la location du chapiteau et des sanitaires ainsi que tout le matériel nécessaire au bon déroulement de cette manifestation. À deux reprises, jai déjà été échaudé par un bilan très négatif à lissue des boogies 98 et 99. Certains choix simposaient donc afin que le boogie de Vichy reprenne vie sans que le prix du saut ne devienne exorbitant. Il a fallu réduire les frais relatifs à linfrastructure et principalement éviter la location dun chapiteau de "luxe" habituellement mis en place au cours des précédents boogies à Vichy. Dautre part, nous avons voulu minimiser volontairement les fêtes du soir, par souci de sécurité. En effet, fatigue, chaleur et altitude ne font pas bon ménage dans la pratique du parachutisme. Par exemple au cours du boogie 99, nous avons constaté quun parachutiste sétant blessé grièvement à latterrissage le matin avait un taux dalcoolémie élevé suite à une nuit "chargée". Cette année, le boogie sest déroulé sans aucun accident, juste une fracture suite à un mauvais atterrissage. Et sil y a un bilan à tirer, cest bien celui-là. Le souci de lorganisation et de léquipe technique est dabord de gérer la sécurité du mieux possible, danticiper les situations à risque et de les éviter. La vie sur le terrain durant une semaine de boogie peut être pesante et définitivement préjudiciable à la sécurité des parachutistes. Un espace bruyant, des nuits courtes, labus dalcool sont autant de facteurs qui peuvent être à lorigine daccidents graves. Le but est donc de créer une ambiance suffisamment chaleureuse en soirée sans occasionner les divers excès préjudiciables à la sécurité générale.
Nous avons également constaté que lemplacement du boogie cette année occasionnait beaucoup moins de problème de trafic sous voile, contrairement aux années précédentes où lactivité se déroulait de lautre côté du terrain. Sa grande cible et les alentours attiraient un grand nombre de voiles. Cette centralisation en phase dapproche provoquait certains croisements malsains qui furent parfois à lorigine daccidents graves. Je suis convaincu que lemplacement de cette année, avec un boogie concentré autour des bâtiments de laéroport, est plus adapté à la sécurité et au fonctionnement quexige un rassemblement comme celui du boogie de Vichy. Cette réédition fut loccasion de découvrir un nouvel environnement et comment la vie parachutiste sy articule. Lan prochain, lorganisation Espace Boogie tirera profit de cette nouvelle expérience en optimisant lutilisation des lieux. Lextension de la zone de camping est par exemple possible. Quelques points bénéficieront aussi dun réaménagement plus adapté."
Comme lavait annoncé Joël Cruciani au cours du briefing général de Vichy 2003, le boogie connaîtra lédition 2004 et 2005. Contractuellement, lavion moldave promet dêtre au rendez-vous. La plupart des 600 inscrits ont apprécié son retour. Et même si tout ne fut pas parfait pour tout le monde au cours de cette réédition, le boogie de Vichy reste pour beaucoup un rendez-vous incontournable que nombreux souhaiteront ne pas manquer lannée prochaine, et celle qui suit...
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